UNIVERSITE MOHAMMED V- SOUISSI FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE -RABAT- ANNEE: 200 THESE N°: La prise en charge des brûlures graves de l'enfant en milieu de réanimation THESE Présentée et soutenue publiquement le :……………………….. PAR Mlle. Soumia BOUGASSA Née le 23 Décembre 1982 à Béni-mellal Pour l'Obtention du Doctorat en Médecine MOTS CLES Brûlure grave – Epidémiologie – Clinique – Traitement - Enfant. JURY Mr. CH. HAIMEUR Professeur d'Anesthésie Réanimation Mme. Salma ECHERIF EL KETTANI Professeur d'Anesthésie Réanimation Mme. R. BELKACEM Professeur de Chirurgie Pédiatrique Mme. B. BENJELLOUN DAKHAMA Professeur de Pédiatrie PRESIDENT RAPPORTEUR La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 1 La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 2 Toutes les lettres ne sauront trouver les mots qu’il faut….. Tous les mots ne sauraient exprimer la gratitude, l’amour, le respect, la reconnaissance. Aussi, c’est tout simplement que : Je dédie cette thèse à … La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 3 A Allah Tout puissant Qui m’a inspiré Qui m’a guidé dans le bon chemin Je vous dois ce que je suis devenue Louanges et remerciements Pour votre clémence et miséricorde La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 4 A ma merveilleuse mère,Lalla Kenza Source inépuisable de tendresse, de patience et de sacrifice. C’est pour moi un jour d’une grande importance, car je sais que tu es à la fois fière et heureuse de voir le fruit de ton éducation et de tes efforts inlassables se concrétiser. Aucun mot, aussi expressif qu’il soit, ne saurait remercier à sa juste valeur, l’être qui a consacré sa vie à parfaire mon éducation avec un dévouement inégal. C’est grâce à ALLAH puis à toi que je suis devenue ce que je suis aujourd’hui. J’espère ne jamais te décevoir, ni trahir ta confiance et tes sacrifices. Puisse ALLAH m’aider pour rendre un peu soit-il de ce que tu m’as donné. Puisse ALLAH t’accorder santé, bonheur et longue vie. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 5 A mon très cher père Mohamed Tu as été et tu seras toujours un exemple pour moi par tes qualités humaines, ta persévérance et ton perfectionnisme. Tu m’as appris, le sens du travail, de l’honnêteté et de la responsabilité. Ta bonté et ta générosité extrême sont sans limites. Tes prières ont été pour moi d’un grand soutien moral tout au long de mes études. Aucun mot, aucune dédicace ne saurait exprimer mon respect, ma considération et l’amour éternel pour les sacrifices que tu as consenti pour mon éducation et mon bien être. Je souhaite que cette thèse t’apporte la joie de voir aboutir tes espoirs et j’espère avoir été digne de ta confiance. Puisse Dieu être le témoin de ma profonde reconnaissance, te garder et te procurer santé et longue vie afin que je puisse te combler à mon tour. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 6 A monstrès cher frère Oussama Réda Aucune dédicace, aucun mot, aucune expression aussi élaborée soit-elle, ne pourrait traduire au juste la valeur, le respect, la reconnaissance et l’Amour que je te porte. Puisse Dieu te protéger et t'accorder santé, bonheur et longue vie. Milles merci et merci. A ma chère sueur souad et son mari A ma petite sœur Bahia Les mots ne sauraient exprimer l’étendue de l’affection que j’ai pour vous et ma gratitude. Je vous dédie ce travail avec tous mes vœux de bonheur, de santé et de réussite. Je vous souhaite une vie pleine de bonheur, de santé et de prospérité. Que ALLAH vous bénisse et vous protège. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 7 A la mémoire de mes grands parents paternels J’aurais bien aimé que vous soyez parmi nous pour que vous nous partagiez ce bonheur. Puisse dieu vous réserver sa démence à sa bien large miséricorde et vous accueillir en son vaste paradis auprès des prophètes et des saints. A mes grands parents maternels : Que ce travail soit le témoignage de mon affection et mon attachement. Puisse Dieu vous procurer santé et longue vie. A Mes Oncles, à Mes Tantes, A Mes Cousins et Cousines A Tous les Membres de la Famille Bougassa En témoignage de l’affection que je vous ai toujours réservé. J’espère que vous trouverez à travers ce travail l’expression de mes sentiments les plus chaleureux. Je vous souhaite une vie pleine de bonheur et de réussite. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 8 A mes amies d’enfance Jihan Benslim, Rahal Hanane, A mes camarades de promotion Bekhat ghizlan, bourfoune ghizlane, sbetri naOUal, B Majdouline, F zahra ;Siham ;Laila … Les mots ne sauraient exprimer l’entendue de l’affection que j’ai pour vous et ma gratitude. Je vous dédie ce travail avec tous mes vœux de bonheur, de santé et de réussite. Je vous souhaite une vie pleine de bonheur, de santé et de prospérité. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 9 A tous ceux qui me sont chers et que j’ai omis de citer. A tous ceux qui ont participé de près ou de loin à l’élaboration de ce travail, avec une attention particulière à Dr. A. Hicham A toute personne m’ayant consacré un moment pour m’aider, me conseiller, m’encourager ou simplement me sourire. A tous ceux qui ont pour mission cette pénible tâche de soulager l’être humain et d’essayer de lui procurer le bienêtre physique, psychique et social. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 10 Remerciements La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 11 A notre Maître, Président de thèse, Monsieur le Médecin Colonel C. HAIMEUR Professeur de réanimation médicale A L’H.M.I.M.V- Rabat Nous sommes très sensibles à l'honneur que vous nous faites en acceptant la présidence de notre jury de thèse. Votre culture scientifique, votre compétence et vos qualités humaines ont suscité en nous une grande admiration, et sont pour vos élèves un exemple à suivre. Veuillez accepter, cher Maître, l'assurance de notre estime et notre profond respect. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 12 A notre Maître, Rapporteur de thèse Madame le professeur Salma Cherif El Kettani Professeur de réanimation -anesthésie A l’hôpital d’enfant - Rabat Nous vous remercions cher Maître de la bienveillance que vous nous avez réservé en nous inspirant ce travail. Vous n’avez jamais hésité à nous réserver une large part de votre temps pour nous diriger et nous conseiller dans l’élaboration de ce travail. Notre reconnaissance n’a d’égal que notre admiration pour vos qualités intellectuelles et humaines. Nous vous prions, cher Maître, de recevoir nos remerciements renouvelés ainsi que les assurances de notre très haute considération et grande estime. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 13 A notre Maître et Juge de thèse, Monsieur le professeur BELKASSEM Professeur de chirurgie pédiatrique A L’hôpital d’enfant- Rabat Nous sommes particulièrement reconnaissant pour l’honneur que vous nous faites en acceptant de jurer notre travail. Notre gratitude est grande pour l’intérêt que vous avez montré à l’encontre de notre travail. Veuillez trouver dans cet ouvrage le témoignage de notre profonde reconnaissance et respect. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 14 A notre Maître et Juge de thèse, Madame le professeur Benjloun Dakhamat A Professeur de pédiatrie A L’hôpital d’enfant- Rabat Nous sommes très sensibles par l’honneur que vous nous faites en acceptant de jurer notre travail. Par votre simplicité et votre modestie, vous nous avez montré la signification morale de notre profession. Veuillez trouver à travers ce modeste travail la manifestation de notre plus haute estime et de nos sentiments les plus respectueux. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 15 Sommaire Introduction ................................................................................................................... 1 Rappel .............................................................................................................................. 3 I. Définition ..................................................................................................... 4 II. Histologie et physiologie de la peau ........................................................... 4 III. Physiopathologie ......................................................................................... 9 i. Phase précoce des premières 48h .................................................... 9 A. Réponse inflammatoire ...................................................... 9 B. Phénomènes généraux ........................................................ 13 ii. Phase secondaire ............................................................................... 17 A. Phénomènes locaux ..................................................................... 17 B. Phénomènes généraux ............................................................... 18 C. Complications infectieuses ......................................................... 19 IV. Etiologies ...................................................................................................... 22 1. Les brûlures thermiques ..................................................................... 22 2. Les brûlures électriques ...................................................................... 23 3. Les brûlures chimiques ....................................................................... 34 V. Critères de gravité ....................................................................................... 36 1. L’âge ..................................................................................................... 36 2. La superficie ........................................................................................ 36 3. La profondeur...................................................................................... 36 4. La localisation ...................................................................................... 37 5. L’étiologie............................................................................................. 38 6. Le terrain ............................................................................................. 39 7. Autres facteurs .................................................................................... 39 VI. Classification ................................................................................................ 40 La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 16 1. L’étendue ............................................................................................. 40 2. La profondeur...................................................................................... 41 3. Scores pronostiques ............................................................................. 42 VII. Prise en charge thérapeutique .................................................................... 45 A. Réanimation pré hospitalière du brûlé ........................................... 45 B. Réception en milieu hospitalier ........................................................ 50 C. Prise en charge spécialisée ................................................................ 51 1. Traitement général ................................................................. 51 2. Traitement local ..................................................................... 73 3. Traitement chirurgical........................................................... 76 Etude pratique ................................................................................................................. 84 A. Matériel et méthodes ........................................................................................... 84 B. Résultats ................................................................................................................ 90 C. Discussion ............................................................................................................. 139 I. Epidémiologie .............................................................................................. 140 a. Incidence............................................................................................ 140 b. Profil des parents .............................................................................. 140 c. Profil du brûlé ................................................................................... 142 1) L’âge .................................................................................... 142 2) Le sexe.................................................................................. 143 3) Le terrain ............................................................................. 143 4) La fratrie ............................................................................. 144 5) La répartition mensuelle .................................................... 144 II. Données cliniques........................................................................................ 145 1) L’heure de la brûlure ....................................................................... 145 2) Les circonstances et mécanismes .................................................... 145 3) Le type ............................................................................................... 147 La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 17 4) La localisation ................................................................................... 147 5) La surface cutanée brûlée ................................................................ 148 6) La profondeur................................................................................... 148 7) Le délai de consultation ................................................................... 149 III. Prise en charge ............................................................................................. 150 1) Soins locaux ......................................................................................... 150 2) Réanimation hydro électrolytique ..................................................... 150 3) Support ventilatoire ............................................................................ 152 4) Analgésie .............................................................................................. 155 5) Antibiothérapie .................................................................................... 156 6) Réchauffement ..................................................................................... 157 7) La protection gastrique....................................................................... 157 8) Le changement de pansement ............................................................ 157 IV. Evolution ..................................................................................................... 158 Problèmes et suggestions ................................................................................................ 161 Conclusion ...................................................................................................................... 165 Résumé ............................................................................................................................. 167 Bibliographie ................................................................................................................... 174 La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 18 Liste des abréviations AINS : anti inflammatoire non stéroïdien ABSI : abbreviad burn severely index C3G : céphalosporine de 3éme génération CPK : créatine phosphokinase ECG : électrocardiogramme ECBU : examen cytobactériologique des urines EGP : excision chirurgicale précoce HEA : hydroxy éthylamidon HER : hôpital d‟enfants Rabat IRM : imagerie par résonance magnétique LDH : lacticodéshydrogénase NMDA : N-Méthyl –D-Aspartate NO : monoxyde d‟azote PCA : patient controlled analgesia PEP : positive end pression PVC : pression veineuse centrale SCB : surface cutanée brûlée SDMV : syndrome de défaillance multiviscérale SDRA : syndrome de détresse respiratoire aigue SIRS : syndrome inflammatoire à réponse systémique TDM : tomodensitométrie TNF : tumor necrosis factor UCP : urgences chirurgiles pédiatriques La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 19 Introduction La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 20 Introduction Les brûlures font partie des grands problèmes de santé publique de notre pays dont ils partagent malheureusement les caractéristiques classiques: une fréquence élevée, une importante morbidité, une défaillance des infrastructures spécialisées, un coût élevé de la prise en charge. Pourtant, une prévention possible est à notre portée. Les brûlures sont aussi une pathologie sociale, c‟est à dire du sous développement : elles affectent plus volontiers les populations pauvres, où la promiscuité, le manque d‟hygiène, la pénurie matérielle, l‟ignorance, puis ultérieurement, la difficulté d‟accès aux soins sont des ingrédients explosifs. Le présent travail se veut une étude rétrospective sur 86cas des brûlures graves chez l‟enfant observées sur une période de 3 ans, s‟étalant de Janvier 2005 à Décembre 2007 au service d‟anesthésie réanimation pédiatrique polyvalente à l‟hôpital d‟enfants de Rabat. Le but de notre travail est l‟étude du profil étiologique, clinique, évolutif ainsi que la prise en charge des enfants brûlés au service d‟anesthésie réanimation pédiatrique polyvalente de l‟hôpital d‟enfants de Rabat. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 21 Rappel La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 22 Rappel : définition –histologie et physiologie de la peau I. DEFINITION : [1,2] La brûlure est une destruction partielle ou totale du revêtement cutané, voire des structures sous-jacentes, par un agent thermique, chimique, électrique ou par des radiations ionisantes. Qu‟elle que soit son étiologie, elle met en jeu le pronostic vital dès qu‟elle dépasse 20% de la surface corporelle chez l‟adulte et 8 à 10% de la surface corporelle chez l‟enfant. II.HISTOLOGIE ET PHYSIOLOGIE DE LA PEAU : [3, 4, 5, 6, 7,8] La peau (1,7 à 2 m2 de surface) peut être considérée comme un organe à part entière, aux multiples fonctions de thermorégulation, de rétention des fluides et de protection, en régulant les pertes caloriques, protéiques et hydriques. D'autre part, il s'agit d'une barrière bactériologique et immunitaire qui protège l'organisme des agressions extérieures. Trois couches la caractérisent : l'épiderme, le derme, l'hypoderme. La jonction dermoépidermique est une zone transitionnelle conditionnant l'adhérence de l'épiderme au derme. À cette structure complexe, sont associées les annexes épidermiques profondément enchâssées dans le derme (follicules pilosébacés, glandes sudoripares). Épiderme C'est un épithélium malpighien kératinisé. Les kératinocytes représentent la classe cellulaire majoritaire parmi les mélanocytes, les cellules de Langerhans et les cellules de Merckel. L'épiderme est divisé en cinq couches qui s'organisent de la superficie vers la profondeur en : Stratum corneum ou couche cornée ; Stratum lucidum ou couche claire ; La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 23 Rappel : définition –histologie et physiologie de la peau Stratum granulosum ou couche granuleuse ; Stratum spinosum ou corps muqueux de Malpighi ; Stratum germinatum ou couche basale. Les différentes étapes de la différenciation s'échelonnent de la naissance d'une cellule fille jusqu'à sa mort et sa desquamation. La durée totale est de 28 jours. Le renouvellement constant de l'épiderme est fondé sur un équilibre entre mitoses et desquamation. Jonction dermoépidermique C'est une matrice extracellulaire hautement spécialisée, impliquée dans de nombreux processus biologiques. Elle est composée d'une membrane basale et de fibrilles d'ancrage reliant l'épiderme au derme. À sa face profonde, l'épiderme est fixé au derme par les hémidesmosomes. Derme C'est un tissu conjonctif fibroélastique réunissant un contingent cellulaire et une matrice extracellulaire. Il se divise en derme papillaire, mince et superficiel, qui se moule à l'assise cellulaire profonde de l'épiderme, et en derme réticulaire, plus épais et profond. Le contingent cellulaire est principalement représenté par les fibroblastes, les histiocytes et les monocytes. Les fibroblastes sont responsables de la synthèse des macromolécules de la matrice extracellulaire. Lors de la cicatrisation, les fibroblastes deviennent des myofibroblastes dotés d'un pouvoir de contractilité à l'origine de la contraction des plaies. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 24 Rappel : définition –histologie et physiologie de la peau La matrice extracellulaire a une structure tridimensionnelle constituée de différentes classes de collagènes qui lui confèrent solidité et flexibilité. À ces collagènes s'associent l'élastine qui confère au derme son élasticité, les fibres de réticuline, responsables de l'architecture dermique et les glycoprotéines (protéoglycanes et glycoprotéines de structure). Hypoderme Il est constitué de tissu conjonctif lâche et différencié et répond au tissu graisseux sous-cutané. Il livre passage aux vaisseaux et aux nerfs destinés au derme. Annexes Elles traversent l'épiderme et le derme. Elles réunissent un appareil pilosébacé et des glandes sudoripares. Ce sont des enclaves épidermiques profondément enchâssées dans le derme qui participent à la cicatrisation des brûlures du deuxième degré profond, dans lesquelles la couche basale est quasiment détruite. Rappel de la vascularisation de la peau La vascularisation de la peau est riche et les excisions de peau font saigner abondamment. Cette vascularisation comporte : Une vascularisation parallèle faite de réseaux sous dermiques et hypodermiques : La destinée primordiale de la vascularisation cutanée est le derme, l‟épiderme n‟est pas vascularisé mais s‟alimente par imbibition à partir du derme. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 25 Rappel : définition –histologie et physiologie de la peau Les vaisseaux intradermiques sont alimentés par deux réseaux parallèles sous-jacents, sous dermique et hypodermique qui permettent la circulation de proche en proche tout le long de la peau. La vascularisation cutanée directe : Les artérioles naissent d‟artères secondaires et se distribuent spécifiquement à la peau. Elles accomplissent un trajet dans l‟hypoderme et s‟anastomosent avec les réseaux parallèles. Autres branches vasculaires : Elles incluent des perforantes myocutanées, un réseau fascio-cutané et une branche neuro-cutanée. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 26 Rappel : définition –histologie et physiologie de la peau Figure 1. Histologie de la peau. 1. Pore ; 2. lamelles de kératine ; 3. couche cornée ; 4. couche granuleuse ; 5. corps muqueux de Malpighi ; 6. couche basale germinative (kératinocytes + mélanocytes) ; 7. corpuscules de Meissner ; 8. plexus nerveux sousépidermique ; 9. glande sébacée ; 10. corpuscule de Pacini ; 11. poil ; 12. plexus nerveux profond ; 13. lobules graisseux ; 14. vaisseaux ; 15. glandes sudoripares ; 16. fibres de collagène ; 17. fibres de réticuline ; 18. fibres d'élastine ; 19. fibroblastes ; 20. cellules de Langerhans. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 27 Rappel : physiopathologie des brûlures III. PHYSIOPATHOLOGIE DES BRULURES. [9,10,11,12,13,14,15,16,17,18,19,20,21,22,23,24,25,26,27,28,29,30] La brûlure grave n‟est pas une simple maladie cutanée, lorsqu‟elle est étendue, elle entraîne de profonds déséquilibres de l‟homéostasie qui peut mettre la vie du patient en danger. La connaissance de l‟origine de ces perturbations, de leur importance et de leur évolution dans le temps est essentielle à une prise en charge efficace du brûlé. Les déséquilibres sont autant plus graves et précoces que la lésion cutanée est plus étendue. Ils persistent d‟autant plus longtemps et exposent ainsi à des complications d‟autant plus nombreuses que la brûlure est plus profonde. En pratique ce n‟est que pour les brûlures du 2 ème ou du 3 ème degré dont la surface dépasse 10% de la surface corporelle que les problèmes se posent. i Phase précoce des 48 premières heures. A. Réponse inflammatoire et perturbations hydro électrolytiques : Il existe une fuite massive et brutale dès les premières minutes après la brûlure. L‟importance de cette plasmorragie dépend de la surface lésée. Elle peut dépasser 1 litre au cours de la première heure, lorsque les brûlures atteignent plus de 50% de la surface corporelle. L‟ypovolémie résultante peut entraîner un choc hypovolémique et engager le pronostic vital. Sa compensation est donc en premier plan du traitement d‟urgence des premières heures. Les mécanismes de ces perturbations sont en rapport avec : La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 28 Rappel : physiopathologie des brûlures a. Libération des médiateurs de l’inflammation : La dénutrition des protéines par la chaleur entraîne une activation du complément par l‟intermédiaire de la xanthine oxydase, du facteur de Hageman et de la libération de radicaux libres. La cascade ainsi initiée se poursuit par la libération d‟histamine, de kinines, de prostaglandines, de cytokines (TNF, IL1, IL6) et de produits oxydants. b. Vasodilatation et hyperperméabilité de l’endothélium capillaire : Ces effets vasculaires sont secondaires à la libération de médiateurs de l‟inflammation dont le rôle est de favoriser l‟attraction des leucocytes circulants et leur diapédèse. c. Plasmorragie : L‟extravasion plasmatique, conséquente à ces modifications, est une sorte d‟effet secondaire inévitable de la réaction de l‟organisme. Elle concerne initialement l‟albumine qui fuit vers le secteur interstitiel de la zone lésée et provoque ainsi une diminution de la pression oncotique, déséquilibrant les échanges transcapillaires en faveur d‟une fuite d‟eau et d‟électrolytes. Au total, c‟est du plasma sans les grosses molécules protidiques qui s‟accumule dans l‟espace interstitiel et est soustrait à la volémie. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 29 Rappel : physiopathologie des brûlures Brûlure profonde Médiateurs systémiques Cytokines Oxyde nitrique Endotoxines Médiateurs locaux Histamine Prostaglandines Bradykinine Oxyde nitrique Sérotonine Réponse systémique Immunosuppression Hypermetabolisme Catabolisme protéique Sepsis secondaire Défaillance multiviscérale Figure 2 : Médiateurs impliqués dans la réponse inflammatoire de la brûlure. d. Formation des oedèmes Ces fuites plasmatiques sont responsables non seulement d‟une hypovolémie mais aussi de la formation des oedèmes et, dans le cas de brûlures de 2 ème degré, de celle de liquide de phlyctènes et des exsudats. Ces perturbations sont maximales des les premières minutes suivant la brûlure, diminuant par la suite progressivement pour disparaître après environ 24 heures. Les oedèmes formés peuvent provoquer des compressions vasculaires qui risquent d‟aggraver les lésions et peuvent même entraîner, en cas de brûlures circulaires profondes, des nécroses ischémiques extensives. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 30 Rappel : physiopathologie des brûlures Par ailleurs, lorsque la perméabilité normale de l‟endothélium sera restaurée, la récupération des liquides d‟œdème par le système lymphatique exposera (en cas de maintien de la volémie à la normale par les perfusions) à une hyervolémie secondaire dont il faudra tenir compte dans la poursuite de la réanimation hydro électrolytique. e. Autres perturbations : Au niveau des tissus lésés, deux autres phénomènes sont responsables d‟une majoration des fuites hydriques : une hyperosmolarité du milieu interstitiel, en relation avec l‟afflux de molécules et de diverses particules provenant des cellules détruites et une évaporation de surface dont l‟intensité dépend des conditions du traitement local. Ces pertes, en relation avec l‟hyperosmolarité et l‟évaporation, persisterontbeaucoup plus longtemps que celles générées par l‟hyperperméabilité capillaire. A distance des territoires brûlés, il ne semble pas y avoir d‟augmentation durable de la perméabilité capillaire, à la condition que la réanimation initiale ait permis d‟éviter l‟hypovolémie et les phénomènes d‟ischémie-reperfusion. Néanmoins, on constate une fuite hydro électrolytique explicable par la baisse de la concentration plasmatique de l‟albumine et donc de la pression oncotique. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 31 Rappel : physiopathologie des brûlures B. Phénomènes généraux D‟une réaction locale, la réaction inflammatoire devient un phénomène général avec retentissement au niveau cellulaire et organique 1. Retentissement cellulaire. Au niveau de la cellule musculaire, on note une altération de l‟ATPase membranaire avec envahissement sodé intracellulaire. Au niveau de la fibre myocardique, il existe un trouble de la mobilisation du Ca sacroplasmique, en rapport avec un dysfonctionnement du second messager IP3. 2. Retentissement organique. Le poumon, le cœur, le cerveau, le foie et plus généralement tous les organes sont atteints lors d‟une brûlure étendue. Cette atteinte est due à l‟action des médiateurs de l‟inflammation. 2-1 Perturbations pulmonaires : La réaction inflammatoire, initiée au niveau des zones brûlées, va diffuser à l‟ensemble de l‟organisme, notamment au niveau pulmonaire. Les médiateurs de l‟inflammation initialement secrétés de façon bénéfique vont, par excès, devenir délétères et toxiques. L‟hypoxémie trouvant son origine dans cette réaction inflammatoire exagérée répond classiquement à trois principaux mécanismes qui concourent tous à l‟établissement d‟un trouble du rapport ventilation/ perfusion : Les modifications de la perméabilité capillaire à l‟origine de l‟oedème interstitiel qui siègent au niveau des zones brûlées, vont également exister au La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 32 Rappel : physiopathologie des brûlures niveau pulmonaire et constituer un obstacle à la diffusion alvéolo-capillaire de l‟oxygène. La formation de mocro-agrégats dans la lumière des capillaires pulmonaires est à l‟origine de la constitution de zones alvéolaires ventilées mais non perfusées, associée à une hypertension artérielle pulmonaire. La libération des médiateurs broncho constricteurs et vasoactifs ([PAF], thromboxane, sérotonine, histamine, radicaux libres) de l‟inflamation entraîne une diminution du débit alvéolaire, une augmentation de la capacité résiduelle pulmonaire et du volume de fermeture. Cette réaction inflammatoire est à l‟origine de lésions pulmonaires comparables à celles retrouvées en cas d‟agression de la muqueuse bronchique par inhalation de fumée. 2-2 Dépression myocardique. Au niveau du myocarde, toute brûlure de plus de 40% entraîne une dépression myocardique avec des anomalies de la contraction et de relaxation .Cette atteinte cardiaque est précoce et touche, chez l‟enfant, le ventricule gauche principalement. De nombreux facteurs sont impliqués : l‟hypovolémie, les radicaux libres, le tumor necrosis factor (TNF) et l‟hormone antidiurétique sécrétée de façon inappropriée. De plus, un peptide de petit poids moléculaire, libéré par l‟intestin au décours de la brûlure, aurait un effet inotrope négatif. Enfin, il a été noté une diminution de l‟affinité des récepteurs adrénergiques qui expliquerait la réponse diminuée aux médicaments vasopresseurs et rencontrée lors du choc du brûlé. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 33 Rappel : physiopathologie des brûlures 2-3 Au niveau du cerveau. L‟hypertension intracrânienne avec hypoperfusion cérébrale est une complication fréquente chez les brûlés graves à la phase aiguë de la réanimation. Il existe par ailleurs un trouble de l‟utilisation cérébrale du glucose. Ces anomalies pourraient expliquer la survenue de l‟encéphalopathie du brûlé. 2-4 Au niveau du foie Il existe une stimulation de la synthèse des protéines de l‟inflammation au dépend de la préalbumine. Ce phénomène est lié à l‟action des cytokines (IL 1 et IL 6) ; par ailleurs, la glycogénolyse est stimulée par le glucagon et les catécholamines. 2-5 Autres perturbations Toutes les grandes fonctions peuvent être touchées par les perturbations entraînées par les brûlures étendues : a) Perturbations métaboliques Les brûlures étendues entraînent un hypermétabolisme considérable pouvant multiplier par plus de deux les besoins caloriques normaux. Mécanismes : Cet hypermétabolisme répond à plusieurs mécanismes dont la connaissance débouche sur des mesures thérapeutiques efficaces. -Pertes de chaleur en relation avec la perte de l‟isolant cutané et l‟évaporation à la surface de la brûlure. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 34 Rappel : physiopathologie des brûlures -Sécrétion massive, en réponse au stress, d‟hormones calorigènes (catécholamines, glucagon, cortisol). -Libération de produits de l‟inflammation à partir de la brûlure (cytokines, radicaux libres, prostaglandines). Conséquences : Cet emballement métabolique est responsable d‟une négativation des bilans calorique et protidique avec néoglucogenèse, d‟une fonte musculaire et d‟un diabète de stress en relation avec une résistance à l‟insuline et l‟abondance des secrétions d‟hormones hyperglycémiantes. En l‟absence de mesures thérapeutiques adéquates, la conséquence principale de ces perturbations est l‟installation rapide d‟une dénutrition, elle-même responsable d‟une absence de cicatrisation et d‟une dépression immunitaire. b) La fonction rénale : Les brûlures électriques ou les brûlures thermiques étendues et profondes peuvent entraîner une libération massive de myoglobine qui, précipitant en milieu acide, peut bloquer les tubules rénaux et être ainsi responsable d‟une insuffisance rénale aigue. c) Le tube digestif : Les ulcères de Curling sont devenus, avec les progrès de la réanimation précoce et la nutrition entérale, exceptionnels. Les perturbations les plus fréquemment rencontrées sont des diarrhées apparaissant le plus souvent au cours des périodes de sepsis. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 35 Rappel : physiopathologie des brûlures d) L‟hémostase : Il existe au cours des premiers jours une hypocoagulabilité de consommation. Une thrombopénie, proportionnelle à l‟étendue des lésions, apparaît vers le 3 ème jour chez tous les patients gravement brûlés. Ultérieurement existe au contraire une tendance à l‟hypercoagulabilité en rapport avec l‟importance des processus inflammatoires. Au total la brûlure est un phénomène local et général, aboutissant à la création d‟un oedème majeur tant au niveau des tissus sains que des tissus lésés. Ce phénomène entraîne l‟installation d‟un choc hypovolémique responsable d‟une ischémie rénale (insuffisance rénale aiguë), cutanée (aggravation des lésions), mésentérique (translocation bactérienne) et gastrique (hémorragies digestives). Par ailleurs, de nombreux organes sont la cible des médiateurs de l‟inflammation (cœur, poumon, foie). Une défaillance multiviscérale de très mauvais pronostic peut alors apparaître. ii. Phase secondaire. Elle s‟étend du troisième jour au recouvrement complet des surfaces brûlées. Alors que persiste une fuite hydrosodée importante, apparaissent les problèmes d‟infections liés à une dénutrition et une immunodépression sévère. A. Phénomènes locaux La fuite hydrique se poursuit, essentiellement par évaporation à partir des surfaces brûlées. Chez l‟adulte, ces pertes sont évaluées à 0,3 ml/ cm2/24h de surface exsudante (0,81 ml/cm2/24h sur lit fluidisé) ,ces pertes sont majorées chez l‟enfant. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 36 Rappel : physiopathologie des brûlures B. Phénomènes généraux. Les tissus brûlés continuent de relarguer des médiateurs de l‟inflammation (cytokines, radicaux libres, prostaglandines) ces médiateurs et surtout les cytokines IL6, IL1 et TNF agissent sur l‟axe hypothalamo- hypophysaire en : a. Déréglant la régulation thermique (déplacement du thermostat autour de 38,5 C°). b. Stimulant les hormones catabolisantes : les catécholamines et le glucagon sont responsables d‟une augmentation de la consommation d‟oxygène, d‟une protéolyse, d‟une lipolyse et d‟une néoglucogenèse hépatique accrue. c .Inhibant les hormones anabolisantes, avec diminution de la synthèse de l‟hormone de croissance et de l‟insuline- like grouwth factor et en induisant une insulinorésistance. S‟installe donc un état d‟hypermétabolisme responsable d‟une dénutrition sévère. Celle-ci, associée à l‟augmentation de certains médiateurs (PGE2, TNF, IL6), aboutit à une dépression immunitaire tant humorale (diminution de la synthèse des immunoglobulines) que cellulaire (diminution de l‟activité cytotoxique des lymphocytes T). La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 37 Rappel : physiopathologie des brûlures C. Complications infectieuses. Elles représentent la principale cause de mortalité chez les grands brûlés et le principal facteur de morbidité. a .Origines : La rupture de la barrière cutanée représente une porte d‟entrée d‟autant plus importante que la surface de la brûlure est plus étendue et d‟autant plus durable que la lésion est plus profonde et reste non couverte pendant longtemps. Une translocation bactérienne au niveau du tube digestif pourrait, même si la preuve formelle de son existence n‟a jamais été apportée chez l‟homme, être à l‟origine de bactériémies, voir de septicémies. Une dépression immunitaire marquée est retrouvée chez tous les grands brûlés. Elle touche aussi bien l‟immunité humorale que l‟immunité cellulaire. Elle est en relation avec les effets suppresseurs de certains médiateurs, déversés massivement dans la circulation pour atténuer la réaction inflammatoire systémique. En quelque sorte, entre de maux, représentés par le danger potentiel de l‟infection et celui immédiat de la flambée inflammatoire, l‟organisme choisit le moindre, c'est-à-dire le risque infectieux. Cette dépression immunitaire est augmentée par la dénutrition. b. Caractéristiques de l’infection. La présence, après quelques jours d‟évolution, de germes pathogènes au niveau d‟une brûlure doit être considérée comme normale tant qu‟il n‟existe pas de signes d‟infection locale ou générale. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 38 Rappel : physiopathologie des brûlures L‟infection correspond à un débordement des moyens de défense de l‟organisme par la virulence des germes, elle fait courir un double risque au brûlé : local (arrêt de la cicatrisation, approfondissement des lésions, échec de greffes) et général (septicémies). Les germes les plus souvent en cause dans ces complications septiques sont Pseudomonas aeruginosa et Staphylococus aureus. Brûlures . Plaie Intestin Diminution de la masse fonctionnelle Translocation. Poumon Lésions d‟inhalation Tissu nécrotique Infection locale Inflammation Mobilisation cellulaire. Surproduction de médiateurs préinflammatoires. SIRS Dépression immunitaire SDMV INFECTION SDRA Figure 3 : Réaction inflammatoire et infection chez le brûlé grave. SIRS : syndrome inflammatoire à réponse systémique SDMV : syndrome de défaillance multiviscérale SDRA : syndrome de détresse respiratoire aiguë La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 39 Rappel : physiopathologie des brûlures Brûlures graves Médiateurs systémiques Perturbation hydro électrolytique Fuite plasmatique Hypovolémie Fuite hydrique Déshydratation Fuite en électrolytes Cytokines Oxyde nitrique Endotoxine Médiateurs locaux histamine prostaglandines Bradykinines. Oxyde nitrique. Sérotonine. Hyponatrémie Réponse systémique Immunosupression Hypermétabolisme Catabolisme protéique Sepsis secondaire Défaillance multiviscérale. Figure 4 : Physiopathologie des brûlures. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 40 Rappel : Etiologies IV. ETIOLOGIES : [5,23,30,31,32,33,34,35,36,37,38,39,40,41,42] La brûlure correspond à une destruction cutanée secondaire à des agents thermiques, chimiques ou électriques. La spécificité de l‟agent causal entre en ligne de compte dans la constitution des lésions. En effet, un type bien précis de lésions dépend souvent d‟un agent déclenchant particulier et des conditions dans lesquels il agit. 1. Les brûlures thermiques : Elles sont les plus fréquentes. Elles peuvent être subdivisées en 3 volets : a. Les brûlures par contact, solide ou liquide : Les brûlures par liquide vont entraîner des brûlures étendues mais peu profondes contrairement aux brûlures par contact solide (fer à repasser)qui sont responsables de brûlures plutôt localisées mais souvent très profondes. b. Les brûlures par flamme La flamme de butane entraîne des lésions dites en mosaïque faite de lésions profondes et de lésions superficielles .Les brûlures par liquide inflammable (essence ou alcool à brûlé) sont plus graves, responsables de lésions étendues et profondes. La gravité est accrue lorsque ces brûlures par flamme surviennent dans un espace clos avec risque de lésions respiratoires d‟inhalation, qui aggravent le pronostic. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 41 Rappel : Etiologies c. Les brûlures par rayonnement Elles peuvent être dues aux rayons ultra violets du soleil et sont souvent très étendues mais peu profondes. Cependant, ces lésions seront d‟autant plus graves qu‟elles surviennent chez le petit enfant sans protection solaire. Les autres types de brûlures par rayonnement sont liés aux rayons X ou autres radiations nucléaires. L‟atteinte est plus complexe, profonde et évolutive. 2. Les brûlures électriques L‟électrisation correspond au passage d‟un courant électrique à travers le corps humain et l‟ensemble des conséquences physiopathologiques de ce passage L‟électrocution est un terme réservé à toute électrisation immédiatement mortelle par fibrillation ventriculaire. Les brûlures électriques peuvent revêtir deux aspects : Elles peuvent être secondaires à l‟étincelle électrique appelée (flash), responsable d‟un fort dégagement de chaleur, et qui correspond en fait à une brûlure thermique. Beaucoup plus graves sont les brûlures électriques vraies dues au passage du courant entre un point d‟entrée et un point de sortie. Les lésions sont toujours très profondes par effet Joule le long des axes vasculo-nerveux. Le point d‟entrée, souvent minuscule, cache la véritable lésion souvent musculaire, survenant au contact de l‟os chauffé par le courant. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 42 Rappel : Etiologies La basse tension est responsable de la grande majorité des accidents domestiques pour lesquels les deux tiers des victimes sont des enfants, de même que des accidents médicaux avec les défibrillateurs et les bistouris électriques unipolaires .La gravité de ces électrisations à basse tension est le risque d‟accidents cardiovasculaires aiguë. La haute tension, quant à elle, est responsable des accidents du travail ou lors de jeux d‟enfants ou d‟adolescents escaladant les pylons. I. Manifestations cliniques. a. Atteintes cardiaques et vasculaires a-1 Fibrillation ventriculaire Elle est la cause la plus fréquente du décès immédiat, en particulier dans les électrisations par bas voltage et haute fréquence. Des fibrillations ventriculaires différées de quelques heures ont été rapportées. Elles justifient un monitorage du rythme cardiaque de 48 heures lorsqu'une symptomatologie clinique spontanément résolutive (palpitations, syncope...) ou des anomalies électrocardiographiques, même minimes, sont notées lors de l'examen initial. La présence de lésions cutanées d'entrée et de sortie impose la même précaution. a-2 Autres arythmies Des arythmies mineures sont fréquentes (10 à 46 % des électrisations). Elles sont à type de tachycardie sinusale. Les tachycardies ventriculaires et atriales sont parfois associées à des troubles de la conscience ou à des convulsions. Ces anomalies pourraient survenir dans 50 % des cas lorsqu'il existe une anomalie sur l'électrocardiogramme initial. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 43 Rappel : Etiologies a-3 Ischémie myocardique De mécanismes variés, elle peut s'installer avec du bas ou du haut voltage. Le diagnostic de ces lésions est difficile. Les modifications enzymatiques et même les mouvements de troponine sont d'interprétation délicate en raison de lésions cutanées et musculaires associées. Les examens tels que l'échographie sont utiles. Des variations spontanément résolutives du segment ST sont possibles. Courant d'ischémie, lésion après électrisation. Scintigraphie myocardique. Lacune dans le territoire antérieur après électrisation. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 44 Rappel : Etiologies a-4 Asystolie Elle est le fait plutôt du courant continu ou de haut voltage (certaines lignes à très haute tension, 3e rail du métro, foudre). a-5 Troubles de la conduction Les noeuds sino-auriculaire et atrioventriculaire sont vulnérables à l'égard de l'électricité. La présence d'un simple bloc auriculoventriculaire du 1 er degré doit imposer un suivi cardiologique. Ces anomalies peuvent persister et doivent être recherchées chez les patients survivant à une électrisation. a-6 Atteintes vasculaires Elles sont fréquentes, car la résistance de la paroi vasculaire au courant est faible alors que l'intensité électrique délivrée sur le trajet du courant est élevée. Des spasmes artériels, des lésions de la média, des thromboses veineuses complètes sont décrits. Ces lésions prédominent dans les artérioles et peuvent se révéler jusqu'à 3 jours après l'accident. Après un foudroiement, une instabilité hémodynamique transitoire peut résulter d'une dysautonomie du système nerveux autonome responsable de spasmes vasculaires et d'une hypertension artérielle. b. Lésions neurologiques b-1 Atteintes neurologiques centrales Les comas, les simples pertes de connaissance, les manifestations convulsives, l'atteinte de la commande respiratoire bulbaire sont classiques lors du passage du courant au niveau de l'extrémité céphalique. Les atteintes du système nerveux autonome génèrent d'importantes manifestations La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 45 Rappel : Etiologies cardiovasculaires. Les explorations précoces par radioéléments peuvent aider à établir un pronostic. Parfois, les lésions intéressent progressivement plusieurs sites encéphaliques, pouvant entraîner une aphasie, puis ultérieurement une amaurose. Il s'agit d'atrophie, ou de dégénérescence cérébrale de mécanisme inconnu, mise en évidence à l'imagerie par résonance magnétique (IRM). . Les entrées de courant au niveau du cortex sont susceptibles d'entraîner des désordres de type syndrome extrapyramidal, mouvements athétosiques et myoclonies. Gliose cérébrale frontale droite secondaire à un œdème cervical sur brulure cervicale etendue. b-2 Atteintes rachidiennes. Les fractures ou luxations, en particulier au niveau du rachis cervical, sont liées, soit à une chute, soit directement à la contraction musculaire contemporaine de l'électrisation. Des protrusions discales par ce mécanisme direct ont été décrites. L'examen neurologique et rachidien est impératif ; la tomodensitométrie rachidienne voire l'IRM s'imposent chez le patient La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 46 Rappel : Etiologies inconscient en même temps que l'exploration cranioencéphalique. Les paralysies sont la plupart du temps incomplètes. L'hypothèse de l'atteinte vasculaire est avancée et pourrait expliquer la dégénérescence privilégiée de la corne antérieure de la moelle épinière, vascularisée par des vaisseaux de petit diamètre. b-3 Atteintes nerveuses périphériques. Au niveau des nerfs et des plexus, des lésions de section ou d'arrachement peuvent exister, donnant lieu à des séquelles définitives avec des atteintes plus ou moins complètes dans le territoire correspondant. b-4 Atteintes sensorielles Ophtalmologiques. Il s'agit initialement de kératoconjonctivites survenant lors de flash électrique et de passage de courant par l'extrémité céphalique. Dès le stade initial, l'examen ophtalmologique spécialisé a pour objet de rechercher ces lésions, de rechercher des atteintes rétiniennes et d'infirmer la présence d'une cataracte antérieure à l'accident. Son apparition ultérieure sera alors imputée à l‟accident. Les cataractes liées à l'électrisation sont fréquemment bilatérales et parfois d'apparition successive. Le traitement chirurgical est en général efficace et le pronostic Fonctionnel est celui des lésions ophtalmologiques associées. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 47 Rappel : Etiologies Cataracte post électrisation. Cochléovestibulaires. L'oreille peut être lésée si elle se trouve sur le trajet du courant. L'examen met en évidence une hémorragie de la membrane tympanique ou de l'oreille moyenne, une atteinte de la cochlée et des canaux de l'appareil vestibulaire. Ces atteintes peuvent ouvrir la porte à des complications locorégionales à type de mastoïdite, de thrombose des sinus, de méningite et d'abcès cérébraux. La perte d'audition peut être immédiate ou différée. c. Atteintes cutanées et musculaires. Elles sont, après les détresses cardiaques, respiratoires et neurologiques, la deuxième ligne de mise en jeu du pronostic vital. D'autre part, elles engagent le pronostic fonctionnel et esthétique. c-1 Lésions musculaires Les cellules musculaires réagissent à plusieurs types d'agression par le développement d'un oedème, d'une ischémie, voire d'une nécrose. En profondeur au contact de l'os, zone de haute résistance, l'effet Joule est majeur. Les cellules musculaires de grande taille sont sensibles au phénomène d'électroporation. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 48 Rappel : Etiologies Enfin, les troubles vasculaires et les compressions liées aux brûlures cutanées profondes compriment les muscles. Il s'agit donc de cellules altérées, dans un compartiment aponévrotique trop étroit, parfois comprimées par des lésions plus superficielles. Localement, ces lésions évoluent vers une nécrose qui fera rapidement le lit des séquestres septiques. Sur le plan général, cette rhabdomyolyse libère de la myoglobine dont la précipitation au niveau du tubule rénal est à l'origine d'une néphropathie tubulo-interstitielle. Cette dernière est favorisée par une fréquente hypovolémie et une hémolyse associées à une acidose métabolique. Le syndrome des loges se développe pendant les premières 48 heures. Dans les premiers moments, l'hyperkaliémie fait toute la gravité de cette insuffisance rénale. La préservation du pronostic fonctionnel procède d'un parage à minima, alors que la préservation du pronostic vital impose souvent des gestes délabrants. La prise des pressions intramusculaires et les explorations par IRM ne remplacent pas les données de l'examen clinique réalisé par un chirurgien entraîné. En revanche, la cinétique de libération des enzymes d'origine musculaire (lacticodéshydrogénases [LDH] et créatine phosphokinase [CPK]) rendrait compte de l'importance des lésions musculaires. Cette corrélation entre l'importance des lésions et la cinétique enzymatique est d'autant plus utile que le risque rénal est proportionnel à la masse musculaire détruite. La pigmentation des urines est liée à la présence d'hémoglobine et de myoglobine. Le dosage plasmatique de myoglobine est utile. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 49 Rappel : Etiologies c-2 Brûlures cutanées. Elles sont d'aspect très variable selon la nature du courant et les mécanismes du contact. Brûlures électrothermiques vraies par contact. Elles sont à l'origine d'une lésion d'entrée et d'une lésion de sortie. Lors d'une électrisation par bas voltage à 50 Hz, les points de contact sont souvent discrets et doivent être recherchés soigneusement. Visibles, ils siègent sur la pulpe des doigts et des orteils, des lèvres. Masqués, ils siègent au niveau des zones pileuses. Lorsque les portes d'entrée et de sortie sont proches, la quantité d'électricité délivrée dans un faible volume entraîne des brûlures sévères (lèvres chez l'enfant). Les marques électriques de Jellinek sont caractérisées par un petit cratère blanc nacré, entouré d'un halo inflammatoire. Lors des électrisations par haut voltage, la peau revêt un aspect brun ou chamois avec une pellicule d'épiderme nécrosé en surface. Ces lésions sont sèches et dans les heures suivant l'électrisation, un oedème dur s'installe en regard des zones cutanées saines adjacentes. Il traduit le plus souvent l'atteinte musculaire. Brûlure électrique par bas voltage de la main. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 50 Rappel : Etiologies Brûlure électrique par bas voltage des lèvres Brûlure électrique par haut voltage avec carbonisation du membre supérieur et aspect en griffe des doigts. Brûlures électrothermiques par arc externe Elles sont le fait des très hauts voltages. Un amorçage d'arc est généré entre le patient et le conducteur. Il peut dans ce cas produire un tatouage métallique. Les brûlures sont le plus souvent seulement cutanées; il n'existe pas de véritable passage du courant à travers l'organisme. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 51 Rappel : Etiologies Brûlures par flash Elles surviennent lors d'une explosion ou d'un amorçage au niveau d'une boîte électrique. Les lésions sont le plus souvent superficielles. Cependant, l'inflammation des vêtements ou la création d'un incendie sont à l'origine de lésions thermiques classiques et souvent profondes. d. Atteintes respiratoires La tétanisation des muscles respiratoires ou la sidération des centres de commande du système nerveux central peut entraîner un arrêt respiratoire dès l'accident. Le contact électrique direct ou le traumatisme associé provoquent parfois des lésions pleurales ou des ruptures bronchiques compliquées d'un pneumothorax suffocant. e.Lésions digestives Le passage du courant provoque exceptionnellement une destruction de la paroi abdominale. Dans les électrisations majeures par courant à haute tension, les lésions peuvent prendre un aspect de criblage avec de multiples points de nécrose. Des ulcérations digestives et des perforations gastro-intestinales de révélation secondaire, même en l'absence de lésions de surface apparentes, sont rapportées. Aspect de criblage d'une brûlure électrique La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 52 Rappel : Etiologies 3. Les brûlures chimiques Les brûlures chimiques représentent environ 2 % de l'ensemble des brûlures. Elles étaient surtout observées dans le cadre des accidents domestiques et du travail, mais elles sont de plus en plus souvent observées après une agression. Il est impossible de faire la liste exhaustive des produits en cause : acides, bases, composés organiques comme les phénols ou les dérivés du pétrole, agents non organiques comme le lithium, le sodium ou le phosphore, etc. Les lésions observées ne sont pas seulement cutanées, mais également respiratoires, digestives ou oculaires. Elles sont la conséquence de la dénaturation des protéines, de la saponification des graisses, de la chélation du calcium et dans certains cas, de réactions exothermiques. Certains agents ont en outre une toxicité générale : métabolique, rénale, hépatique, neurologique, ou hématologique. L'aspect des brûlures chimiques varie avec le produit en cause et la nature des tissus lésés. Les lésions sont en général profondes, mais l'aspect clinique initial est souvent difficile à apprécier. Les bases ont un pouvoir pénétrant plus fort et plus prolongé que les acides. Le mode de contact est un facteur déterminant des lésions : les brûlures par projection et ruissellement de produit caustique sont punctiformes, linéaires ou en « nappe », alors que lesbrûlures par imprégnation massive des vêtements ou immersion de la victime touchent de grandes surfaces cutanées. La gravité des brûlures chimiques est liée au pronostic vital, fonctionnel et esthétique : La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 53 Rappel : Etiologies Le pronostic vital est engagé pour les brûlures chimiques étendues, ainsi qu'en cas d'ingestion, d'inhalation et de toxicité générale du produit incriminé ; Le risque fonctionnel correspond aux corrosions du globe oculaire, ou des doigts ; Le risque esthétique est lié aux brûlures du visage, du décolleté et des mains. Brûlure chimique par caustique, en « mosaïque », initialement considérée comme superficielle et non cicatrisée à 6 mois d'évolution La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 54 Rappel : Critères de gravité de la brûlure V. CRITERES DE GRAVITE DE LA BRULURE : [43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50,51] La gravité de la brûlure de l‟enfant détermine la nécessité d‟une hospitalisation et le choix de la structure adaptée. Elle est appréciée selon différents facteurs : 1. L’âge La règle de Baux (définie par : âge+surface brûlée>100=décès) qui reste le meilleur critère pronostic chez l‟adulte, est strictement inversée chez l‟enfant. Les séquelles cicatricielles sont à l‟inverse moins importantes chez le nourrisson .Au-delà de 18 mois, l‟évolution des cicatrices se fait sur un mode hypertrophique et entraîne des séquelles esthétiques et fonctionnelles, en particulier à cause du retentissement sur la croissance. 2. La superficie Indépendamment de la profondeur, on estime qu‟une brûlure est grave dès qu‟elle dépasse 10% de la surface cutanée totale (SCT), et qu‟elle est très grave lorsqu‟elle dépasse 50% de la surface cutanée. 3. La profondeur L‟évaluation de la profondeur est importante car elle détermine le potentiel de guérison spontanée, la durée prévisible de cicatrisation et la nécessité de mettre en œuvre un traitement préventif de séquelles hypertrophiques à distance. C‟est une évaluation clinique qui doit se faire à la phase initiale, avant le traitement local par topique, car c‟est à ce moment là qu‟elle est plus facile à réaliser. C'est dire l‟importance du premier examen, rarement effectué par un spécialiste. Souvent cet examen est difficile, notamment chez le petit enfant (absence de pilosité, sensibilité difficile à explorer) et en cas de brûlures par La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 55 Rappel : Critères de gravité de la brûlure liquide chaud. Dans ce dernier cas, la brûlure superficielle est faussement rassurante à la phase initiale et la profondeur n‟est correctement évaluée qu‟après 10 jours de soins locaux. 4. La localisation 4.1-Les brûlures de la face : Elles représentent un triple risque : vital, fonctionnel (oculaire) et esthétique. Un œdème majeur peut se développer et occlure rapidement les paupières, mais aussi la filière respiratoire. La modification de la voix, la présence de suie dans les voies aériennes, des brûlures péri-orificielles et des vibrisses, une irritation oculaire sont des signes évoquant un syndrome d‟inhalation de fumée avec atteinte respiratoire où générale (intoxication au monoxyde de carbone ou au cyanure). Lorsque la brûlure est consécutive à l‟absorption d‟un liquide chaud (biberon réchauffé), les lésions sont endo et péribuccales, il existe une difficulté à la déglutition. Le risque est celui d‟une épiglotitte avec obstruction. En cas de projection de liquide chaud, les lésions oculaires ne sont pas rares, contrairement aux brûlures par flamme ou explosion ou l‟atteinte du globe oculaire n‟est retrouvée que chez les patients qui ont perdu connaissance. 4.2-Les brûlures du périnée et des organes génitaux externes : Elles se caractérisent par un danger infectieux par contamination fécale. Les lésions anales vraies sont rarissimes. Les brûlures de la verge, même superficielles, provoquent un œdème qui peut être rapidement obstructif et nécessiter un sondage vésical précoce. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 56 Rappel : Critères de gravité de la brûlure 4.3-Les brûlures circulaires profondes des membres : Elles sont responsables d‟un effet de garrot avec ischémie distale. Il faut parfois pratiquer des incisions de décharge ou escarrotomies (intéressant la peau brûlée). 4.4-Les brûlures des mains et des pieds : Elles présentent un risque fonctionnel majeur. Elles sont fréquentes : 31% des brûlures de l‟enfant touchent les mains selon Mercier et col. La préservation d‟une circulation digitale efficace impose parfois des incisions de décharge précoces. La chute des ongles est de pronostic péjoratif. Les brûlures de la paume de la main sont liées au contact avec un objet chaud : plaque ou porte de four, fer à repasser. L‟épaisseur de la peau à ce niveau permet le plus souvent d‟éviter les greffes. 5. L’étiologie a. La brûlure thermique. Les brûlures par immersion sont beaucoup plus étendues, significativement plus profondes du fait de la durée de l‟immersion. Les lésions par projection de liquide huileux sont souvent moins étendues mais plus profondes. Les brûlures par flamme sont observées chez les enfants les plus âgés plutôt de sexe masculin. Elles sont plus graves. Deux parties du corps sont menacées : la tête et les mains entraînant de graves séquelles fonctionnelles et esthétiques. La brûlure électrique Il faut faire systématiquement un électrocardiogramme(ECG) et chercher un orifice de sortie au niveau des pieds car il peut passer parfois inaperçu puisque ces brûlures sont indolores (3 ème degré).Elles vont être évolutives car leur étendue peut s‟aggraver en fonction des lésions vasculaires provoquées par le passage du courant. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 57 Rappel : Critères de gravité de la brûlure Les brûlures chimiques Elles sont plus évolutives. Il faut donc d‟extrême urgence rincer la surface en contact avec l‟agent causal à l‟eau pendant 15 à 20 min. Le contexte familial, la maltraitance L‟évaluation est primordiale dans la décision d‟hospitalisation, les brûlures ne pouvant être traitées en ambulatoire que si de bonnes conditions d‟hygiène sont réunies. Par ailleurs, les brûlures de l‟enfant semblent être un moyen fréquent de sévices : selon Martens et coll. 31% ne sont pas des accidents. L‟examen complet de l‟enfant, la lecture de son carnet de santé, l‟analyse de la cause et de la topographie des lésions, et le comportement des parents, permettant en général de dépister les cas de maltraitance et de prendre les mesures appropriées. 6. Le terrain Des antécédents pathologiques particuliers pouvant se décompenser et aggraver le pronostic sont recherchés : un diabète, une pathologie vasculaire, hépatique ou rénale. 7. Autre facteurs de gravité Associations à d‟autres lésions (inhalation, traumatisme). Des complications survenant au cours du traitement ambulatoire (surinfection, déshydratation). La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 58 Rappel : Classification IV. CLASSIFICATION [23, 43, 52, 53,54] 1. Etendue : C‟est le principal critère de gravité. Chez l‟enfant, la classique règle des 9 (tête= 9%, membre supérieur=9%, tronc=36%, membre inférieur=18%) de Wallace ne s‟applique pas, en raison de l‟importance du segment céphalique. L‟évaluation de l‟étendue de la brûlure doit tenir compte de l‟âge pour la tête, les cuisses et les jambes, en se référant aux tables de Lund et Browder. Tableau I : table de Lund et Browder [16] De la Partie du corps naissance 1 an 5 ans 10 ans 15 ans à 11 mois Tête 19 17 13 11 9 Cou 3 3 3 3 3 Tronc 26 26 26 26 26 Fesses 4 4 4 4 4 1 1 1 1 1 Bras 7 7 7 7 7 Main 2.5 2.5 2.5 2.5 2.5 Cuisse 5.5 6.5 8.5 8.5 9.5 Jambe 5 5 5.5 6 6.5 3.5 3.5 3.5 3.5 3.5 Organes génitaux Pied La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 59 Rappel : Classification En pratique on peut calculer l‟étendue de la brûlure en utilisant comme référence la paume de la main du sujet qui représente 1% de la surface cutanée. 2. Profondeur : La brûlure est classée selon les différents degrés : premier degré, deuxième degré superficiel, deuxième degré profond et enfin troisième degré. Figure 5 : Evaluation de la profondeur L‟évaluation de la profondeur est clinique, elle se fait sur l‟aspect de la brûlure : du plus superficiel au plus profond : Aspect rouge vif correspond au 1er degré et au 2ème degré superficiel. Aspect rose pâle à une brûlure du 2ème degré intermédiaire superficielle. Blanc piqueté de rouge au degré intermédiaire profond. L‟aspect chamois ou noir au 3ème degré. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 60 Rappel : Classification C‟est surtout la présence ou l‟absence de douleur qui permet de classer les brûlures en superficielles et profondes. Certains auteurs proposent une classification plus simple en 2 groupes, selon les conséquences thérapeutiques : lésions superficielles (partial thicknesss des anglo-saxons) qui guérissent spontanément et les lésions profondes (full thickness) qui exigent un traitement chirurgical. 3. Scores pronostiques : Au terme de cette évaluation clinique, on peut déjà établir un pronostic. Il existe plusieurs scores. Les plus utilisés sont : Le score de Baux : il correspond à la somme de l‟âge et du pourcentage de la surface brûlée. Le nombre obtenu permet de définir les chances de survie du patient. un score de Baux >75 prédit un mauvais pronostic. L’Unit Burn Standard (UBS) : il est utile en cas de brûlure profonde, il correspond à la formule suivante. Surface corporelle brûlée totale + (surface corporelle totale brûlée profonde×3). UBS>100=brûlure grave. UBS>150=brûlure gravissime. Abbreviad Burn Severity Index (ABSI) , prend en considération l‟âge, le sexe, les lésions d‟inhalation, les brûlures de 3 ème degré et le pourcentage de surface corporelle brûlée. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 61 Rappel : Classification figure5 : 2e degré profond figure6 : 2e degré superficiel La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 62 Rappel : Classification Tableau 2 : Etude de la profondeur des brûlures. Ancienne classification Niveau d’atteinte Classification simplifiée Aspect clinique Evolution 1 er degré Couche cornée de l‟épiderme Ne doivent pas être comptées comme brûlures Erythème douloureux, coup de soleil Guérison et desquamation en 48h. 2ème degré superficiel Epiderme ; membrane basale intacte pas d‟atteinte dermique. superficielles Douleurs+++ Phlyctènes à paroi épaisse socle suintant persistance de mélanocytes. Guérison spontanée en 10j. 2ème degré profond ou intermédiaire superficiel Ecrêtement de la basale ; très légère atteinte dermique. superficielles Douleurs+++ Phlyctènes à paroi épaisse Socle suintant Guérison spontanée en 15j. cicatrice dyschromique. 2ème degré profond ou intermédiaire Profond 3 ème degré Douleur+++, anesthésie partielle, phanères adhérents, vitropression++, couleur blanche avec pétéchies rouges. Anesthésie, couleur variable, texture de cuir, aspect sec, phanères non adhérents, vitropression. Guérison aléatoire en plus de trois semaines, cicatrices majeures. Greffes obligatoires La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 63 Rappel : prise en charge thérapeutique III. PRISE EN CHARGE THERAPEUTIQUE DES BRULURES. A. Réanimation préhospitalière du brûlé. [55,56,57,58,59,60,61,61,62,63,64,65,66] La prise en charge préhospitalière vise à prévenir les complications immédiates et à préserver le pronostic vital à court terme. Elle s‟adresse habituellement à un patient qui souffre d‟un choc hypovolémique, d‟une dette d‟oxygène, d‟hypothermie, et de douleurs intenses, ce tableau peut se compliquer d‟une détresse respiratoire due aux circonstances ou aux localisations des brûlures, et des conséquences des éventuels traumatismes associés. Chacun de ces paramètres impose des soins de réanimation, le traitement local de la brûlure demeurant au second plan. 1. Premiers secours : Interrompre l‟exposition de la victime à l‟agent brûlant et alerter les secours constituent les priorités. 1-1 Dans les brûlures thermiques. -Pour les brûlures peu étendues (moins de 10% de surface), le refroidissement des lésions n‟a de chance d‟être efficace que s‟il intervient dans les 15 premières minutes. Les bienfaits expérimentaux de cette méthode sont bien argumentés : effet antalgique, diminution de l‟histamino-libération, limitation de l‟extension de la brûlure. Cette indication doit être modulée en cas de brûlures étendues surtout chez l‟enfant en raison du risque d‟hypothermie. Les pansements d‟hydrogel (water-jel*, brulstop*) délimitent mieux la zone à refroidir et ont un effet antalgique remarquable mais exposent aux même risques d‟hypothermie. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 64 Rappel : prise en charge thérapeutique L‟eau froide est en effet le meilleur traitement d‟urgence de la brûlure. De plus, c‟est un «médicament» disponible partout, ce qui dispense de recourir à d‟autres «moyens de bord» qui ont une solide réputation d‟efficacité dans le grand public bien qu‟étant tout à fait inappropriés car ce sont des facteurs d‟aggravation des conséquences des brûlures (dentifrice, Vinaigre, beurre…) Dans certains pays le «cooling»est devenu une mesure de secourisme systématique. Il est donc souhaitable que cette notion soit diffusée par les professionnels de la santé avec un message très simple : «brûlure ? Vite sous l‟eau !». - En cas de brûlures étendues, l‟enfant doit au contraire être réchauffé et enveloppé dans une couverture isotherme aluminée. Le cooling doit être cependant pratiqué prudemment chez l‟enfant : il faut refroidir la brûlure et non le brûlé. L‟hypothermie qui en résulte entraîne une vasoconstriction sévère rendant problématique la pose d‟un abord veineux. 1-2 Dans les brûlures électriques. Il faut secourir la victime sans prendre de risque. V. S‟il s‟agit de basse tension : il faut couper le courant. En cas de problème d‟accessibilité, il est possible d‟utiliser des matières non conductibles à condition qu‟elles soient sèches. VI. S‟il s‟agit de haute tension : le recours à un service habilité et compétent est nécessaire. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 65 Rappel : prise en charge thérapeutique Il faut toujours éviter de s‟approcher car il y a un risque d‟arc électrique. Une fois le courant interrompu, il faudra soutenir la victime car la chute est inévitable. Conduite à tenir d’urgence devant un électrisé. Protéger La victime et le sauveteur en coupant le courant pour supprimer la cause et éviter les électrisations en série. Alerter Secours médicalisés spécialisés (pompiers, SAMU…) immédiatement Nécessité d‟un bilan et de soins spécialisés. Secourir Immédiatement Position latérale de sécurité (PLS) si simple perte de connaissance Bouche à bouche (BAB) si arrêt ventilatoire Massage cardiaque externe (MCE) si arrêt circulatoire En attendant l‟arrivée des secours spécialisés. 1-3 Dans les brûlures chimiques : Il faut enlever les vêtements imprégnés d‟agents chimiques acides ou caustiques, et laver les zones exposées. Mais il n‟est pas indiqué d‟enlever les vêtements brûlés surtout s‟ils adhèrent aux lésions. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 66 Rappel : prise en charge thérapeutique La victime porteuse d‟une atteinte oculaire doit être acheminée vers un service d‟ophtalmologie après mise en condition : lavage abondant, ablation des fragments et pansement occlusif. Le traitement médical initial comprend des collyres antibiotiques et cicatrisants. La surveillance et le traitement ultérieur sont assurés par l‟ophtalmologiste. 2. Soins médicaux pré hospitaliers. 2-1 Réanimation hydro électrolytique Elle doit être précoce, des apports différés ou insuffisants sont responsables de besoins ultérieurs majorés. Deux voies veineuses périphériques posées en zone saine de préférence sont nécessaires. La pose d‟une voie veineuse centrale n‟est justifiée qu‟en cas d‟échec de l‟abord périphérique. La voie intra osseuse en zone saine est un recours envisageable chez le petit enfant. Le prélèvement sanguin pour doser l‟oxyde de carbone précède l‟oxygénothérapie en cas d‟exposition au CO. Un apport de 2 ml/kg/% de la surface cutanée brûlée les 6 premières heures peut être recommandé. En l‟absence d‟évaluation précise de la surface corporelle brûlée, un apport de 20 ml/kg de cristalloïdes au cours de la 1ere heure peut être proposé. Seul un état de choc persistant malgré un apport en cristalloïdes adéquat justifie un apport de 20ml/kg de colloïdes non protéiques type hydroxyéthylamidon (HEA). La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 67 Rappel : prise en charge thérapeutique 2-2 Réanimation respiratoire : La réanimation respiratoire par oxygénothérapie par masque haute concentration est toujours indiquée car la dette en oxygène est constante chez tout brûlé grave, majorée par une éventuelle lésion respiratoire associée. L‟intubation endotrachéale est indiquée en cas de détresse respiratoire clinique, de brûlures graves du visage et du cou et de troubles de conscience. Elle ne doit pas être différée si la réaction oedémateuse risque de compromettre la liberté des voies aériennes. 2-3 Analgésie et sédation : Les indications d‟anesthésie générale préhospitalière sont exceptionnelles. Par contre, la douleur est majeure et nécessite une analgésie profonde. Les analgésiques de niveau 1 et 2 sont inefficaces et le recours aux morphinomimétiques est le plus souvent nécessaire. 2-4 Transport : Au terme de la mise en condition initiale, l‟équipe médicale choisit en fonction du tableau clinique et de la proximité géographique des différents plateaux techniques entre l‟admission directe en centre spécialisé, et un relais en hôpital général. Ce relais est indiqué si le contexte impose un bilan traumatologique et une mise en condition complémentaire, et permet de réaliser d‟éventuels gestes chirurgicaux d‟urgence. Au total, en cas de brûlures profondes intéressant plus de 10% de SC, de lésion respiratoire primitive suspectée, de brûlure du visage, des mains et en regard d‟articulation, l‟hospitalisation en centre spécialisé est indiquée. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 68 Rappel : prise en charge thérapeutique La qualité de la mise en condition est garante de la sécurité du transport. Le brûlé est immobilisé en prévenant les compressions prolongées. L‟habitacle sanitaire est chauffé entre 25 et 33 °C. Les soins visent à maintenir les apports hydro électrolytiques et entretenir analgésie et sédation. Le monitorage comprend au minimum éléctrocardioscope, oxymétrie pulsée, pression artérielle non invasive et température centrale. B. Réception en milieu hospitalier : La prise en charge doit être méthodique : - L‟oxygénothérapie est de règle. - Connaître les circonstances de la brûlure. - Mettre en place un cathéter dans une voie veineuse de gros calibre, si possible, en zone non brûlée. - Poser une sonde vésicale permettant de mesurer la diurèse horaire. - Evaluer avec précision la surface brûlée. - Mettre en place une sonde nasogastrique, si la brûlure dépasse 30% de la surface cutanée ou s‟il existe des troubles de la conscience. - Peser le patient si possible ou s‟informer de son poids. - Après analgésie, nettoyer la brûlure à l‟eau stérile additionnée d‟antiseptique et éplucher les phlyctènes. - Faire des incisions de décharge pour les brûlures circulaires du 3 ème degré. - Panser les brûlures après badigeonnage par topiques antibactériens. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 69 Rappel : prise en charge thérapeutique - Pratiquer une prophylaxie antitétanique. - L‟antibiothérapie de principe est rejetée par la plupart des équipes : seule peut se justifier l‟administration de pénicilline G en présence de brûlures profondes et souillées. - Faire les examens paracliniques initiaux : ionogramme sanguin, numération formule sanguine (NFS), fonction rénale, gaz du sang, radiographie thoracique ; dans les brûlures étendues et profondes, il faut rechercher une hémolyse intra vasculaire, en observant la couleur des urines et celle du plasma après centrifugation. C. Prise en charge spécialisée 1.Traitement général : [67,68,69,70,71,72,73,74,75,76,77,78,79,80,81,82,83,84,85,86,87,88] Les mesures de réanimation priment sur le traitement local. 1-1 Réanimation hydro électrolytique. a. Voie d’abord : Une voie veineuse doit être mise en place. La règle de Demling (voie veineuse périphérique en zone non brûlée > voie veineuse périphérique en zone brûlée > voie veineuse centrale en zone non brûlée > voie veineuse centrale en zone brûlée) doit être respectée ; elle minimise le risque infectieux. Si une voie centrale s'avère nécessaire, l'abord fémoral est le plus simple chez l'enfant ; dans tous les cas, on doit s'assurer du bon fonctionnement et de la bonne fixation de la voie veineuse. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 70 Rappel : prise en charge thérapeutique Si l'enfant est d'emblée en choc hypovolémique, la voie intra-osseuse, peut être une alternative à la voie veineuse, à condition d'être posée en zone non brûlée. «L‟abord tibial supérieur permet d‟atteindre un débit de perfusion de 100ml/h et de rétablir rapidement une perfusion tissulaire efficace chez le jeune enfant». Une sonde gastrique est systématiquement mise en place, une vidange gastrique est effectuée, et l'enfant est gardé à jeun. b. Quantité L'enfant a une surface corporelle rapportée au poids beaucoup plus importante que l'adulte. Les formules de perfusion reposent donc chez l'enfant, sur une estimation des surfaces brûlées. L'utilisation de formules adaptées à l'adulte (type Evans) basée sur le poids et le pourcentage de surface cutanée brûlée, peut conduire à sous-estimer les besoins du nourrisson. La règle la plus communément utilisée chez l'enfant est la règle de Carvajal : dans les premières 24 heures, 2 000 mL · m-2 de surface corporelle totale + 5000 mL · m-2 de surface corporelle brûlée. La moitié de ce volume doit être perfusée dans les huit premières heures /à la brûlure. dans les jours qui suivent et jusqu'à recouvrement de la brûlure, les besoins varient selon la méthode de traitement (mise sous pansement ou exposition à l'air). Les volumes perfusés doivent être adaptés de façon pluriquotidienne, en tenant compte d'éléments fournis par la surveillance. À titre indicatif, on peut s'aider de la formule suivante : 1 500 mL · m-2 de surface corporelle totale + 3 750 mL · m-2 de surface cutanée brûlée. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 71 Rappel : prise en charge thérapeutique Les volumes perfusés doivent être adaptés de façon pluriquotidienne en tenant compte de différents éléments : De la température centrale, majoration de 12% par degré au dessus de 37 degré De l‟utilisation de lit fluidisé qui multiplie par deux les pertes evaporatives. Des apports caloriques, l‟essentiel étant de maintenir un apport hydrique de 1.5 ml/kcal chez le nourrisson et de 1,25 ml/ kcal chez l‟enfant. Besoin de base Besoins lies à la brûlure 1er jour Jours suivants 2000 ml/m2 1500 ml/m2 5000 ml/m2 3750 ml/m2 c. Nature des solutés perfusés : Cristalloïdes isotoniques L'utilisation des solutés cristalloïdes isotoniques permet la restitution du capital sodé physiologique. Le Ringer Lactate (sodium : 130 mmol · L-1) reste le produit de référence. Cependant, l'utilisation des cristalloïdes isotoniques présente des inconvénients : importance des volumes perfusés, augmentation des oedèmes au niveau de la brûlure, hypoprotidémie accentuée. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 72 Rappel : prise en charge thérapeutique Cristalloïdes hypertoniques Les solutés hypertoniques (sodium : 240 à 300 mmol · L-1) ont été proposés pour réduire les volumes perfusés, réduire l'oedème et améliorer la fonction cardiaque chez l'enfant gravement brûlé. Leur utilisation est très controversée ; ils ont été rendus responsables d'une augmentation de la mortalité et de l'incidence de survenue d'insuffisance rénale. Ils exposent de plus aux risques d'hypernatrémie, d'hyperosmolarité et de convulsions. Sicertaines équipes adoptent une solution intermédiaire, en perfusant des solutés moins hypertoniques (180 mmol · L-1), la plupart des auteurs proscrivent l'utilisation des solutés hypertoniques chez l‟enfant. Solutés d'albumine Les solutés d'albumine humaine diluée à 4 % sont les plus utilisés notamment chez l'enfant. La déperdition protéique étant maximale dans les huit premières heures, le pouvoir oncotique de ce soluté est transitoire lors de la période initiale. Il a été montré de plus une majoration de l'eau intrapulmonaire lorsqu'on associe Ringer lactate et albumine dans la réanimation initiale. Enfin, le maintien d'une albuminémie supérieure à 25 g · L-1 chez l'enfant brûlé n'entraîne ni diminution des volumes perfusés lors de la réanimation initiale, ni amélioration du pronostic global. Pourtant, la plupart des auteurs recommandent son utilisation en association avec les cristalloïdes. Passé le délai des huit premières heures, l'adjonction d'albumine (1 g · kg-1) entraîne une restauration précoce et durable de l‟hémodynamique. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 73 Rappel : prise en charge thérapeutique Colloïdes de synthèse Les dextrans 40 et 70 ont un pouvoir d'expansion rapide et durable. Leurs effets secondaires (réaction anaphylactique, tubulopathie, troubles de la coagulation) en limitent l'utilisation. Les hydroxyéthylamidons ont un effet très favorable sur l'hémodynamique générale. Pourtant, le recul manque pour recommander leur utilisation en routine chez le brûlé grave. Ces produits ne sont pas dénués d'effets secondaires (troubles de la coagulation, néphrotoxicité). Leur administration est cependant possible jusqu'à 33 mL · kg-1 · j-1. d. Surveillance : Elle doit rester le seul guide d‟un remplissage efficace. Surveillance clinique. La pression artérielle et la fréquence cardiaque sont moins fiables que la diurèse, car elles peuvent être influencées par plusieurs facteurs (douleur par exemple).La mesure de la pression artérielle par le brassard est en outre souvent difficile chez le grand brûlé. Les modifications de l‟état de conscience, l‟agitation, la prostration peuvent être les signes d‟alerte d‟une hypovolémie. Diurèse horaire. C‟est le critère de surveillance le plus utilisé. Il est considéré comme le meilleur indicateur de la perfusion tissulaire et rénale. Le débit urinaire souhaité est au-delà de 2 ml/kg/h selon l‟âge chez l‟enfant. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 74 Rappel : prise en charge thérapeutique Mais il faut savoir que ce paramètre peut être pris en défaut lors de polyuries par diurèse osmotique au glucose ou au sodium ou, à l‟inverse, lors des hémoglobinuries responsables d‟insuffisance rénale. Hématocrite. Il reflète les variations du volume plasmatique, en dehors des modifications de la masse globulaire qui ne surviennent que lors de brûlures étendues et profondes. L‟hématocrite est élevé pendant les 24 premières heures malgré le remplissage, à cause de l‟importante translocation liquidienne qui survient à cette période. Des valeurs comprises entre 0 ,45 et 0,55 sont considérées comme souhaitables. Un hématocrite élevé associé à une diurèse basse reflète une insuffisance d‟apport liquidien. En présence d‟une diurèse importante, il témoigne d‟une diurèse osmotique. Un hématocrite bas signe un excès de remplissage ou une hémolyse : dans ce dernier cas l‟hémoglobinémie et l‟hémoglobinurie sont anormalement élevés Pression veineuse centrale (PVC). La PVC est un mauvais guide de remplissage en phase initiale : généralement basse pendant cette période, elle pourrait conduire à une surcharge pulmonaire si elle servait de guide pour le débit des perfusions. La mesure de la PVC n‟est intéressante que quand elle s‟élève au cours du remplissage, car elle témoigne alors de l‟apparition ou de la progression d‟une défaillance cardiaque : l‟emploi de médiateurs cardio-inotropes est alors justifié. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 75 Rappel : prise en charge thérapeutique La surveillance de la PVC est importante lors de la phase de mobilisation des oedèmes, et qui survient après la 36 ème heure. Une augmentation peut justifier l‟utilisation des diurétiques proscrits lors de la période de remplissage. 1-2 Réanimation respiratoire : Une détresse respiratoire est fréquente au cours d'une brûlure thermique étendue. Elle peut être liée à plusieurs mécanismes : asphyxie en cas de brûlure faciale ou pharyngée, inhalation de fumées, intoxication oxycarbonée ou cyanhydrique, constriction thoracique, fatigue respiratoire due à l'hypermétabolisme, ou SDRA lié à l'action des médiateurs de l'inflammation. En cas de brûlures profondes de la face, l'intubation s'impose. Elle doit être précoce, car l'intubation différée peut être périlleuse lorsque l'oedème est constitué. En cas d'inhalation de fumée, il faut pratiquer un bilan lésionnel et une toilette bronchique. Ce geste thérapeutique doit être effectué à travers un bronchoscope rigide, par un spécialiste ORL expérimenté, au bloc opératoire. La fibroscopie est réalisée dans un deuxième temps pour le bilan lésionnel distal. En cas d'oedème des voies aériennes supérieures, il y a indication à une intubation préventive, même en l'absence d'insuffisance respiratoire. En effet la décompensation respiratoire risque d'être très brutale et l'intubation d'autant plus difficile que l'oedème se sera développée. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 76 Rappel : prise en charge thérapeutique La défaillance respiratoire par striction thoracique nécessite la réalisation d'incisions de décharge. En cas de brûlures très étendues (> 40 %), l'intubation est indiquée pour faire face à l'augmentation considérable des besoins métaboliques. Quel que soit le mécanisme de la défaillance respiratoire, la surinfection pulmonaire est fréquente (50 % des cas) et grave (mortalité multipliée par deux). La prise en charge ventilatoire d'un oedème lésionnel chez l'enfant associe une ventilation avec pression positive de fin d‟expiration (PEP) à des mesures qui tendent à diminuer le barotraumatisme (ventilation en pression contrôlée, voire hypercapnie permissive). En cas d'échec, d'autres techniques peuvent être utilisées, telle l‟administration de monoxyde d‟azote, la jet-ventilation, voire l'assistance respiratoire extracorporelle. 1-3 Analgésie et sédation La prise en charge de la douleur est un élément fondamental du traitement des brûlures. Chez l'enfant brûlé, comme chez l'adulte, la douleur admet plusieurs composantes : douleur de fond, douleur provoquée par les actes thérapeutiques, les mouvements et la rééducation, douleur due à la régénération des terminaisons nerveuses. Ces différentes formes de douleur doivent être évaluées et traitées spécifiquement. Prise en charge de la douleur de fond : En cas de brûlure grave, nécessitant une assistance ventilatoire (inhalation de fumée, brûlure cervicofaciale profonde, brûlure thoracique constrictive...), l'analgésie et la sédation reposent généralement sur l'association d'un La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 77 Rappel : prise en charge thérapeutique morphinomimétique et d'une benzodiazépine. Les agonistes liposolubles sont utilisés préférentiellement à la morphine dans cette indication. Le fentanyl est 100 fois plus puissant que la morphine. Sa demi-vie d'élimination augmente de façon importante en cas de perfusion prolongée avec pour conséquence un risque d'accumulation et de dépression respiratoire retardée. Le sufentanil est 1000 fois plus puissant que la morphine. Il tend à remplacer le fentanyl pour l'analgésie et la sédation continue car son accumulation est moindre. Le rémifentanil est caractérisé par une demi-vie contextuelle exceptionnellement courte et indépendante de la durée d'administration mais aussi par l'absence d'analgésie résiduelle à l'arrêt de la perfusion. Cette propriété n'est pas nécessairement un avantage en cas de brûlure grave, quand il existe une douleur de fond importante. L'hypnotique de choix pour la sédation continue en réanimation est le midazolam qui possède une demi-vie d'élimination plus courte que les autres benzodiazépines mais qui fait néanmoins l'objet d'une accumulation importante en cas d'utilisation prolongée. Les alternatives sont peu nombreuses. Le propofol reste contre-indiqué pour la sédation au long cours en réanimation pédiatrique, à cause du risque d'acidose métabolique et de défaillance myocardique caractérisant le « propofol infusion syndrome » .Il peut néanmoins être utilisé ponctuellement au moment du sevrage ventilatoire. Les phénomènes de tolérance et d'hyperalgésie sont particulièrement marqués chez le patient brûlé exposé à de fortes doses de morphinomimétiques dès les premiers jours. La tolérance correspond à la nécessité d'augmenter les doses administrées pour obtenir le même effet antalgique. Elle se développe plus rapidement lors d'une administration en perfusion continue que lors de La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 78 Rappel : prise en charge thérapeutique l'utilisation de bolus intermittents. La tolérance n'est pas expliquée par une down-regulation des récepteurs opioïdes. Au niveau cellulaire, elle est associée à une modification des systèmes de seconds messagers qui altère l'homéostasie calcique. L'hyperalgésie correspond à l'exacerbation de douleurs latentes et ne peut s'exprimer que lorsque ces douleurs sont recherchées par des stimulations d'intensité contrôlée. Le lien entre ces deux notions a fait l'objet de développements récents autour d'études expérimentales conduites chez l'animal. Il apparaît ainsi que les morphinomimétiques sont capables d'induire une hyperalgésie chez l'animal normal et de la renforcer chez l'animal algique. Cette hyperalgésie, interprétée comme la mise en jeu de processus adaptatifs, explique à elle seule l'apparition d'une tolérance et peut être prévenue par l'administration d'antagonistes des récepteurs N-méthyl-D-aspartate (NMDA). Les perspectives thérapeutiques qui découlent de ces travaux sont nombreuses. Il faut s'astreindre à une prescription plus juste des morphiniques pour l'analgésie en réanimation, en s'appuyant notamment sur un monitorage de la sédation afin d'optimiser l'équilibre. Chez l'enfant moins sévèrement brûlé, la morphine est sans conteste le traitement antalgique de choix à la phase aiguë et c'est l'agent dont la pharmacologie a été la mieux étudiée aux âges extrêmes de la vie et dans différentes circonstances pathologiques comme la brûlure. La demi-vie plasmatique est prolongée chez le nouveau-né et le prématuré à cause de l'immaturité des voies métaboliques hépatiques. La clairance de la morphine augmente ensuite considérablement au cours des 3 premiers mois de la vie pour atteindre des valeurs identiques puis supérieures aux valeurs adultes chez les enfants d'âge préscolaire. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 79 Rappel : prise en charge thérapeutique Chez le patient brûlé, on observe à la phase initiale une mauvaise distribution tissulaire avec augmentation des pics sériques. Les études réalisées à la phase secondaire sont éparses et contradictoires. Chez l'adulte, certains auteurs observent des valeurs de clairance systémique normales, de 14,8 à 40,3 ml kg-1 min-1, avec conservation des rapports M3G/morphine et M6G/morphine. En revanche, d'autres auteurs rapportent une diminution importante de la demivie d'élimination : 36,9±6,4 min chez l'enfant brûlé versus 126±38 min chez l'enfant témoin. En cas de brûlure grave, la voie intraveineuse est la voie d'administration préférentielle durant les premiers jours. La dose efficace doit être atteinte par paliers selon le principe de titration. L'analgésie est entretenue par une perfusion continue (20-50 μg kg-1 h-1) supplémentée par des bolus injectés par les patients (analgesie controlée par le patient PCA) ou par les infirmières (enfants âgés de moins de 6 ans, brûlures et pansements entravant l'utilisation du boutonpoussoir). Il faut diviser ces doses de départ par 2 chez le nouveau-né et le nourrisson de moins de 3 mois. La voie orale est utilisée en relais ou d'emblée lorsque les lésions sont plus limitées. La dose nécessaire est habituellement comprise entre 0,2 et 0,5 mg kg -1 6 fois par 24 heures. Des interdoses permettent de contrôler les épisodes douloureux intercurrents. Une fois que les besoins antalgiques sont stabilisés, l'utilisation d'une présentation à libération prolongée permet de diminuer le nombre de prises en conservant une analgésie stable et de bonne qualité. Les agonistes-antagonistes et les agonistes faibles (nalbuphine, codéine, tramadol) n'ont pas leur place en début de traitement du fait de l'effet plafond. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 80 Rappel : prise en charge thérapeutique L'association codéine-paracétamol est aujourd'hui l'un des traitements les plus prescrits chez l'enfant brûlé. Mais il n'y a en réalité aucune donnée scientifique ni aucune étude comparative pour justifier cette attitude. Les antalgiques non morphiniques visent à diminuer les doses de morphinomimétiques nécessaires et si possible les effets secondaires dans une optique d'analgésie multimodale. Cette notion, considérée comme très importante dans d'autres situations de douleur aiguë comme la douleur postopératoire, n'a pas été véritablement explorée chez le patient brûlé. En l'absence de données spécifiques, on peut néanmoins retenir que le paracétamol à la dose de 60 mg kg-1 j-1 procure une épargne morphinique de l'ordre de 20 à 30 % sans diminution des effets secondaires et que les anti inflammatoire non stéroïdiens (AINS) peuvent offrir une épargne plus importante, de l'ordre de 30 à 60 %, et une diminution significative des effets secondaires. Il semble en outre que les AINS exercent un effet favorable sur l'hypercatabolisme, chez le brûlé . Cependant, leurs effets délétères sur l'hémostase primaire et sur la perfusion glomérulaire en cas d'hypovolémie invitent à différer leur utilisation de quelques jours en cas de brûlure étendue avec fuite plasmatique importante. Analgésie et sédation pour pansement de brûlure. Les douleurs provoquées par les actes thérapeutiques sont souvent plus intenses que les douleurs liées à la brûlure elle-même, particulièrement chez l'enfant. De plus, les douleurs provoquées ont tendance à s'aggraver en cours d'hospitalisation, avec la répétition des actes thérapeutiques, l'apparition de nouveaux foyers douloureux (sites donneurs d'autogreffes) et la progression de l'épithélialisation qui autorise une rééducation plus agressive. Chez les jeunes La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 81 Rappel : prise en charge thérapeutique enfants, le caractère hautement itératif des soins, quotidiens, voire pluriquotidiens au début, est propice au développement de phénomènes de mémorisation et de conditionnement qui doivent être évités par une prise en charge adaptée. L'anesthésiste réanimateur est donc confronté à des objectifs relativement contradictoires : d'un côté prodiguer analgésie, sédation et amnésie suffisante ; de l'autre interférer le moins possible avec l'apport nutritionnel, la reprise des activités et le retrait progressif des dispositifs médicaux invasifs (sonde trachéale, cathéter central, sonde vésicale, ...) qui constituent des portes d'entrées pour les infections nosocomiales d'autant plus redoutables qu'ils sont laissés en place plus longtemps. Chez l'enfant gravement brûlé et qui nécessite une assistance ventilatoire, la prise en charge de la douleur provoquée par les soins repose sur une majoration transitoire de l'analgésie et de la sédation. Les principales difficultés tiennent à l'organisation des séances pour qu'elles se déroulent dans des conditions optimales tout en interférant le moins possible avec l'alimentation entérale, l'équilibre thermique, la lutte anti-infectieuse et le sevrage ventilatoire. Chez l'enfant en ventilation spontanée, la simple majoration des doses de morphine suffit rarement à réaliser les actes thérapeutiques comme les pansements dans de bonnes conditions. Lorsque l'enfant est pris en charge dans un service de proximité, une anesthésie générale avec ses contraintes en termes de jeûne préanesthésique, de sécurisation des voies aériennes, et de surveillance postinterventionnelle est sans La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 82 Rappel : prise en charge thérapeutique doute la solution la plus sûre. L'utilisation d'agents de courte durée d'action (halogénés, propofol, rémifentanil) paraît souhaitable dans ce contexte. En centre spécialisé, des soins de durée raisonnable, inférieure à 30 minutes, sont couramment réalisés sous sédation plus légère, sans intubation trachéale. Les objectifs poursuivis sont de limiter la durée de sédation profonde aux temps les plus douloureux du soin, de favoriser la reprise précoce de l'alimentation entérale et de minimiser la sédation résiduelle. Pour autant, il ne faudrait pas que ces notions conduisent à imposer à l'enfant douleur, stress et dépense énergétique inutile. Il faut notamment insister sur les effets délétères de la diminution du diamètre des voies aériennes lors de la sédation, induisant une surcharge de travail ventilatoire (intérêt d'une ventilation non invasive en pression positive) et sur les effets délétères de l'hypothermie (intérêt d'un contrôle strict de la température des locaux). La kétamine est un agent particulièrement intéressant dans ce contexte car elle déprime peu la ventilation et entraîne peu de vasoplégie. L'association au midazolam et à un morphinique liposoluble permet d'utiliser une dose réduite, de l'ordre de 1 mg kg-1, dose pour laquelle on attend également un effet antagoniste des récepteurs NMDA (effet antihyperalgésique). Dans ces conditions, il est rare d'observer des effets psychodysleptiques graves. Il est néanmoins important de les surveiller par un accompagnement verbal et une observation attentive du comportement de l'enfant pendant toute la durée du soin. Par la suite, ou d'emblée lorsque les lésions sont moins sévères, la sédation pour pansement de brûlure peut faire appel à une prémédication orale par morphine et benzodiazépine complétée par l'administration de mélange La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 83 Rappel : prise en charge thérapeutique protoxyde d'azote/oxygène. Compte tenu du délai de résorption, la morphine doit être administrée sous forme de comprimé à libération immédiate, au minimum 40 minutes avant le soin .La dose est de 0,2 à 0,5 mg kg-1. D'autres agonistes puissants comme l'hydromorphone et l'oxycodone sont régulièrement utilisés dans cette indication hors de France. Il existe également à l'étranger des sucettes au fentanyl qui permettent une administration orale transmuqueuse. Cette forme galénique, spécialement conçue pour les enfants, s'est avérée plus efficace qu'une prémédication orale à l'hydromorphone chez l'enfant brûlé. Les benzodiazépines sont utilisées en association avec les morphiniques pour leurs propriétés anxiolytiques, sédatives et amnésiantes. Le midazolam est administré par voie orale ou rectale 20 à 30 minutes avant le soin. Le mélange protoxyde d'azote/oxygène est proposé pour la sédation lors des pansements de brûlure depuis plus de 30 ans. Lorsque le mélange protoxyde d'azote/oxygène est administré par des infirmières ou des médecins non anesthésistes mais préalablement formés, il procure de façon constante un état de sédation légère sans perte du contact verbal. Dans ces conditions, le risque d'incident ou d'accident pouvant être à l'origine d'une détresse vitale est extrêmement réduit. Toutefois, en cas de prémédication au midazolam, on peut observer de façon non exceptionnelle une sédation plus importante. Il est donc nécessaire que les personnels de soin qui administrent le mélange protoxyde d'azote/oxygène aux enfants brûlés soient bien formés à cette pratique et qu'ils sachent interrompre l'administration de mélange en cas de perte du contact verbal. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 84 Rappel : prise en charge thérapeutique 1-4 Confort thermique et nutrition. La brûlure entraîne un hypermétabolisme majeur à partir de la 48e heure et pendant les premières semaines d'évolution. Il diminue à partir du 15e jour jusqu'à obtention de la couverture cutanée. De plus, la mobilisation, les changements de pansement, la kinésithérapie, la douleur, l'infection, l'exposition à l'air et bien d'autres facteurs accentuent encore cette dette métabolique. Il est donc fondamental d'assurer une analgésie efficace et de maintenir autour du patient un environnement thermique adéquat (30 à 35 °C), afin de limiter les échanges thermiques avec l'environnement. Avant l'âge de 6 mois, le nourrisson est particulièrement exposé au risque d'hypothermie. L'utilisation d'un lit radiant est alors nécessaire. L'alimentation normale est insuffisante dès que la brûlure dépasse 20 % de la surface corporelle totale (dépense calorique majorée de 40 à 100 %). Une hyper alimentation s'impose par voie entérale, parentérale ou en association. La nutrition entérale est la voie de choix, elle peut être débutée précocement. Elle ne présente pas les risques infectieux rencontrés avec la nutrition parentérale. En outre, en préservant l'intégrité de la muqueuse intestinale, elle prévient les phénomènes de translocation bactérienne. Son utilisation peut néanmoins être limitée par l'iléus gastrique (augmentation des résidus gastriques) ou par la survenue d'une diarrhée. L'association avec une nutrition parentérale est alors nécessaire. La détermination des apports caloriques, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, est peu codifiée chez l'enfant. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 85 Rappel : prise en charge thérapeutique Sur le plan quantitatif : la formule de Hildreth est utilisée par de nombreuses équipes : 1 800 kcal · m-2 de surface cutanée totale + 2 200 kcal · m-2 de surface cutanée brûlée. Sur le plan qualitatif : Les hydrates de carbone sont la principale ressource énergétique chez le brûlé. Ce besoin en glucose est en rapport avec un métabolisme aérobie très augmenté au niveau des tissus brûlés où 80% du glucose utilisé y est transformé en lactate. Il existe une augmentation de la glucogénolyse hépatique et une élévation de la néoglucogenèse à partir des acides aminés glucoformateurs, principalement de l‟alanine. Il a été montré à l‟aide d‟isotopes stables que le taux d‟infusion de glucose permettant d‟obtenir la synthèse protéique optimale se situait entre 4,7 et 6,8 mg/kg/min. Une intolérance glucidique peut apparaître, notamment en contexte septique. Elle se traduit par l'apparition d'une hyperglycémie, d'une glycosurie et est associée à une insulinorésistance. Une insulinothérapie peut être nécessaire si la glycémie dépasse 10 mmol · L-1. Les lipides : de nombreux travaux ont rapporté une augmentation de la lipolyse après l‟agression thermique. L‟équipe d‟Alexander a particulièrement étudié l‟apport quantitatif des lipides exogènes sur un modèle animal: il ressort que l‟apport optimal des lipides exogènes s‟élevé à 15% de la ration énergétique non protéique. Cet apport permet la balance azotée et la rétention azotée musculaire et hépatique les plus importantes, les taux de transferrine les plus élevés, associés à une infiltration graisseuse hépatique faible par rapport à d‟autres types d‟apport lipidique. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 86 Rappel : prise en charge thérapeutique Actuellement, la plupart des auteurs recommandent un apport lipidique ne dépassant pas 30% de l‟apport calorique glucidolipidique. Les protides : Un apport excessif d'acide linoléique (précurseur des prostaglandines) serait à éviter. Les apports protéiques sont proportionnels à l'étendue et à la profondeur de la brûlure, d'où la formule de Davies : 3 g d'azote/kg + 1 g d'azote/1 % de surface cutanée brûlée, en maintenant un rapport calorico-azoté de 100 à 150 kcal/1 g d'azote. Les oligo-éléments et les vitamines : une supplémentation en zinc, cuivre et sélénium est souhaitable chez l'enfant brûlé, de même qu'en vitamines B6, B9, B12 et C. La surveillance de l'état nutritionnel est difficile chez l'enfant brûlé. Le poids est soumis aux variations du bilan hydrique et n'est utilisable, comme critère de surveillance, qu'à partir du 15e jour. La balance azotée est de pratique difficile chez le brûlé, les pertes azotées, notamment cutanées, étant peu évaluables (20 à 25 % des pertes azotées totales). Les protéines sériques de transport, telles albumine, préalbumine, transferrine, chutent très rapidement après une brûlure et ne peuvent être considérées comme des indices nutritionnels fiables. De fait, l'appréciation clinique " subjective " est fondamentale. L'absence d'épidermisation spontanée, l'absence de prise des greffes et la lyse secondaire de l'épiderme après greffe sont des signes de dénutrition probable. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 87 Rappel : prise en charge thérapeutique 1-5 Lutte contre l'infection Diagnostic Le diagnostic d'une infection locale ou générale est particulièrement difficile chez l'enfant brûlé. En effet, en dehors de toute infection, il peut exister un état hyperinflammatoire avec température centrale élevée, hyperleucocytose et élévation des protéines de l'inflammation (CRP, orosomucoïdes). Ce syndrome fébrile est trompeur et doit être différencié d'un syndrome septique vrai. Certaines associations séméiologiques sont, en revanche, en faveur d'une infection : troubles digestifs et notamment diarrhée, désorientation temporospatiale, hypothermie, intolérance au glucose ou thrombopénie < 100 000 · mm-3 en dehors de la phase initiale des premières 48 heures. Le diagnostic positif d'une infection repose en fait sur la surveillance étroite des sites menacés : Au niveau de la peau, toute brûlure non excisée, est infectée au 15e jour. Les sources de contamination sont multiples, exogènes (personnel soignant par transmission manuportée, eau de bain mal décontaminée) ou endogènes (germes de l'oropharynx, des fèces et de la peau saine). Le diagnostic de l'infection de brûlure repose sur l'écouvillonnage, qui ne dépiste que la contamination de surface, et sur la numération de germes par gramme de tissus par examen histopathologique de la biopsie avec coloration de Gram. Le poumon est une cible privilégiée de l'infection chez les brûlés, surtout en cas de détresse respiratoire et d'oedème lésionnel. Le diagnostic positif d'une infection pulmonaire fait appel aux radiographies thoraciques, aux prélèvements distaux protégés, voire à la fibroscopie avec brosse chez le grand enfant (sonde d'intubation de diamètre 5 ou plus). La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 88 Rappel : prise en charge thérapeutique Les infections sur cathéters veineux centraux sont redoutables. Elles sont dépistées par des hémocultures quantitatives sur cathéter associées à des écouvillonnages du point de ponction. Les infections urinaires sur sondes urinaires sont fréquentes (alitement, oligurie). Une surveillance régulière cytobactériologique des urines s'impose. Germes en cause Ils ont pour origine des sources exogènes (air ambiant, personnel soignant, eau des bains) ou endogènes (tube digestif, peau saine adjacente). Le streptocoque béta- hémolytique du groupe A a une importance historique : c‟est le premier germe qui a permis d‟établir une relation claire entre l‟infection de la brûlure et le décès du brûlé. Ce germe est, de nos jours, plus rarement en cause. Staphylococcus epidemidis, présent sur la peau à l‟état normal, peut se développer de façonexcessive. Toutefois, la contamination de la peau par le Staphylococcus aureus est plus fréquente et plus redoutable. Cette colonisation persiste longtemps et constitue une menacepermanente pour le brûlé. La fréquence de colonisation cutanée par le pyocyanique dépend beaucoup des méthodes thérapeutiques, notamment du degré hygrométrique autour de la brûlure. Le terrain paraît jouer ici un rôle essentiel dans la progression de l‟infection car cette dernière est observée chez les patients âgés ou atteints des brûlures les plus graves. La virulence du germe explique l‟atteinte cutanée en profondeur et la diffusion sanguine. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 89 Rappel : prise en charge thérapeutique Les autres germes à gram négatif les plus souvent rencontrés sont Escherichia Coli, Klebsielle, Enterobacter et Proteus. Leur fréquence est nettement inférieure à celle des bactéries précédentes. Des infections sporadiques à caractère plus ou moins épidémique (Acinetobacter, Providencia,Xanthomonas) ont été parfois observées. Les germes anaérobies sont peu fréquents : Clostridium perfringens peut être (rarement) responsable d‟infection précoce de brûlures souillées ou de brûlures profondes avec nécrose musculaire. Des contaminations cutanées à bactéroïdes ont été décrites après brûlures électriques, brûlures périorales ou périanales. Il est devenu classique de souligner que la flore cutanée évolue au cours du temps chez un même brûlé : Dans les premiers jours existe une colonisation par les bactéries à Gram positif, notamment le staphylocoque. Par la suite, les bactéries à Gram négatif s‟associent aux premières, puis deviennent prédominantes (pyocyanique en particulier). Enfin, le retour du staphylocoque, le streptocoque, puis la flore saprophyte sont observés. Prévention Elle repose sur les mesures d'hygiène de lutte contre les infections croisées et notamment contre les contaminations manuportées (lavage des mains, port de gants). D'autres mesures telle que l'isolement strict ou l'utilisation de flux laminaires ont tendance à être abandonnées. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 90 Rappel : prise en charge thérapeutique Les pansements utilisant des topiques antibactériens sont très employés. On peut utiliser la sulfadiazine argentique (Flamazine®) éventuellement combinée au nitrate de cérium (Flamacérium®). Il s'agit d'un produit peu allergisant, peu toxique et dont l'application n'est pas douloureuse. Le mafénide (Sulfamylon®) diffuse bien à l'intérieur de l'escarre, mais son application est douloureuse et peut entraîner une réaction cutanée érythémateuse. D'autres antiseptiques tels que la chlorhexidine (Hibitane®) peuvent être utilisés, la polyvidone iodée (Bétadine®) est à proscrire chez le nourrisson (risque d‟hyperthyroïdie en cas d‟utilisation sur une surface étendue de ce produit iodé). Les produits contenant du camphre (Biogaze®) sont en revanche à éviter chez l‟enfant < 30 mois ; ils exposent au risque de convulsions. La dessiccation de l'escarre par exposition à l'air vise à empêcher le développement bactérien en asséchant l'escarre et le plasma exsudé, pour former une croûte peu favorable à la croissance des micro-organismes. Elle nécessite l'exposition de la brûlure à un air chaud et sec. Cette méthode présente des avantages certains, même si on lui a reproché la possibilité de développement d'une infection invasive avant la formation de la croûte et l'augmentation des pertes par évaporation (notamment sur lit fluidisé). La balnéothérapie dans une eau additionnée d'antiseptique (chlorhexidine, hypochlorite de soude) vient en complément des autres thérapeutiques locales. Traitement curatif Une antibiothérapie est indiquée en cas d'infection généralisée. Elle doit être adaptée aux données acquises par la surveillance du brûlé et aux données écologiques bactériennes du service. Parfois une antibiothérapie " à l'aveugle " La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 91 Rappel : prise en charge thérapeutique est débutée devant un tableau septique sévère. La plupart des auteurs recommandent dans ce cas une triple association du type céphalosporine de 3 e génération + vancomycine + amikacine. La posologie des antibiotiques doit être adaptée aux données pharmacocinétiques du brûlé (augmentation du volume de distribution, diminution des protéines plasmatiques, augmentation de la filtration glomérulaire). L'antibiothérapie est aussi indiquée en prophylaxie, pour " encadrer " un geste chirurgical. Par contre, la prévention des infections précoces à streptocoque béta-hémolytique, responsable de la classique scarlatine du brûlé, est très discutée. 1-6 prophylaxie antitétanique La prophylaxie antitétanique est obligatoire pour la plupart des auteurs, elle s‟effectue généralement vers le 6ème jour après fonte des œdèmes et normalisation de la protidémie. 2. Traitement local : [89, 90,91, 92,] Le traitement local permet de prodiguer les premiers soins d‟urgence chez le brûlé. Il va diriger la cicatrisation, par les différents pansements pour les brûlures traitées à titre externe, et assurer une couverture cutanée rapide et de qualité pour les brûlures profondes. 2-1 En urgence : Dés l‟arrivée, les premiers soins sont réalisés sous couvert d‟une anesthésie générale éventuelle. Les zones lésées sont nettoyées à l‟aide d‟un antiseptique type polyvidone iodée ; en cas d‟atteinte du cuir chevelu, un rasage de la zone La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 92 Rappel : prise en charge thérapeutique lésée est réalisé. En cas de brûlure profonde et circulaire des membres, un examen soigneux et la prise de pressions intratissulaires dans les loges musculaires concernées permet de détecter un éventuel syndrome de loges. Si la pression mesurée dépasse 35 mm Hg, des incisions de décharge (aponévrotomies) sont réalisées, le bilan initial en termes de surface lésée, de profondeur des lésions et de lésions associées étant réalisé, l‟ensemble des brûlures est mis sous pansement occlusif des l‟admission. 2-2 Le pansement : Il comprend toujours un lavage, un rinçage, l‟application d‟un antiseptique dilué, la mise à plat des phlyctènes, l‟excision des zones dévitalisées, un éventuel rasage, et la couverture par un pansement constitué d‟un topique et d‟une protection. a. Le lavage. C‟est le préalable indispensable à la mise en place d‟un antiseptique. Il est réalisé par un savon dilué au 1/3 : chlorhexidine ou polyvidone iodée en solution moussante (Hibiscub*, bétadine Scrub*). Le séchage, après rinçage, est obtenu par tamponnement ou en laissant à l‟air. L‟antiseptique est alors appliqué : chlorhexidine à 0,05% (Hibidil*) ou polyvidone iodée à 1% (Betadine* dermique à 10% diluée au 1/10). b. L’excision des phlyctènes : Elle peut être différée au deuxième ou troisième pansement. La limite est alors évidente entre les zones avec et sans décollement. L‟enfant est aussi plus calme et moins algique, ce qui facilite le soin. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 93 Rappel : prise en charge thérapeutique c. Les différents pansements : Les types de pansements sont variables en fonction de la phase de la brûlure qui passe par 3 stades anatomo- cliniques : la détersion, le bourgeonnement et l‟épidérmisation. C-1 Les pansements gras classiques : Après nettoyage au sérum salé, on applique une couche de compresses grasses, neutres (non bioactives) puis une couche de compresses humides (au sérum salé) puis une couche de compresses absorbantes (dites américaines) et enfin un bandage élastique (bandes de Velpeau).Ce type de pansement va calmer les douleurs pour les brûlures superficielles et accélère l‟élimination des escarres par un effet de ramollissement pour les brûlures profondes. C-2 Les pansements aux enzymes protéolytiques de détersion. Leur usage ne doit pas dépasser quelques jours car elles sont irritantes. C-3 Les pansements du bourgeonnement Pro-inflamatoires, ils favorisent la formation du bourgeon charnu : pansement gras type compresses vaselinées ou tulle gras. C-4 Les pansements anti-inflammatoires : Ils sont indiqués lorsque le bourgeon charnu devient excessif, hypertrophique (ex : biogaze HN ou corticotulle). C-5 Les pansements anti-infectieux : Le plus utilisé est la sulfadiazine argentique (flammazine) en couche épaisse dès le premier pansement, renouvelé quotidiennement pendant 5 à La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 94 Rappel : prise en charge thérapeutique 10jours. ce produit possède un effet analgésique, des propriétés antibactériennes locales (sulfamide), mais est contre-indiqué chez le nouveau-né. Après une semaine d‟évolution, le pansement est réalisé tous les 3 jours en l‟absence de complication. Il est constitué par l‟association de tulle gras largement imprégné d‟un topique (bétadine pommade à 10 %) Lorsque la surface est étendue, ou chez le petit enfant (pour diminuer les phénomènes douloureux), il est préférable d‟utiliser de la crème biostin* qui entraîne moins de douleur résiduelle après le pansement. En cas d‟infection, la polyvidone iodée est utilisée préférentiellement ou remplacée par le sulfat de néomycine si un staphylocoque est isolé. Une autre alternative est représentée par les pansements hypocycloïdes (type duoderm) qui absorbent les exsudats et maintiennent un milieu humide réglé, favorable à la cicatrisation de la plaie. 2-3 L’exposition à l’air : L‟exposition à l‟air du grand brûlé a été adoptée par plusieurs écoles. C „est une méthode intéressante mais qui nécessite de grands moyens : flux fluidisés, climatisation, stérilisation rigoureuse, humidification de la chambre du malade. De plus, elle n‟a pas fait la preuve de sa supériorité sur la méthode classique. 3. Traitement chirurgical. [93, 94, 95, 96, 97, 98,99] 3-1 Les incisions de décharge : Ces techniques sont impératives lorsqu‟il existe des lésions circulaires profondes au niveau des membres, du cou ou du thorax. Elles sont pratiquées de La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 95 Rappel : prise en charge thérapeutique façon prophylactique avant que n‟apparaissent les signes de compression sousjacente : - Au niveau cervico-thoracique : compression des voies respiratoires et troubles de la mécanique ventilatoire ; - Au niveau des membres : les lésions circulaires profondes créent un effet de garrot. L‟œdème sous-jacent entraîne une augmentation rapide des pressions dans les loges musculaires puis une interruption des flux vasculaires. Les incisions de décharge peuvent être avec un minimum de matériel (lame de bistouri, pinces à hémostase, fils de sutures). Les incisions doivent être parallèles à l‟axe du membre, cou, tronc, pour ouvrir le garrot cutané. Dans certains cas, notamment de brûlures électriques, des aponévrotomies peuvent être réalisées en cas de troubles ischémiques des masses musculaires. L‟efficacité de la décompression est immédiate et s‟apprécie sur : - L‟exsudation du liquide interstitiel dans l‟incision. - La réparation des pouls distaux et capillaires, la recoloration des tissus non brûlés. - Et une meilleure efficacité respiratoire après libération cervicale et thoracique. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 96 Rappel : prise en charge thérapeutique 3-2 La blépharorraphie : Elle peut être réalisée en urgence afin de protéger la cornée. Elle consiste en une occlusion temporaire de la fente palpébrale. 3-3 Les excisions chirurgicales : Elle consiste en l‟exérèse du tissu profondément brûlé, dans la première semaine qui suit la brûlure, suivie immédiatement ou non d‟une greffe, dite excision greffe précoce (EGP). Il en existe 2 types : EGP de sauvetage et EGP fonctionnelle. a. L’EGP de sauvetage : Son intérêt essentiel chez le grand brûlé réside dans le fait qu‟elle va éliminer les tissus nécrotiques, ceux- là mêmes qui pérennisent la réaction inflammatoire, l‟hypermétabolisme, le risque infectieux et la diminution des dépenses immunitaires. C‟est donc uns excision à visée vitale qui facilite la réanimation du brûlé grave. b. L’EGP fonctionnelle : Elle s‟adresse aux brûlures profondes en zones fonctionnelles : plis de flexion, face, cou, mains. Elle permet de court-circuiter la phase de bourgeonnement en passant de la détersion à l‟épidémisation. Or c‟est justement au cours de la phase de bourgeonnement que la cellule fibroblastique acquiert des propriétés contractiles (myofibroblaste) et que le collagène peut être synthétisé en excès, avec pour conséquence l‟apparition de brûlures hypertrophiques et rétractiles. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 97 Rappel : prise en charge thérapeutique 3-4 Les greffes : Selon l‟origine de la peau greffée, nous distinguons 3 types de greffes : les autogreffes, les xénogreffes et les homogreffes. Une autre alternative est représentée par les substituts de peau synthétique. a. Les autogreffes : Elles proviennent du patient lui-même. Elles correspondent à un fragment de peau totalement détaché de son site donneur pour être fixé sur un site receveur qui va la revitaliser. Les greffes sont classées suivent leur épaisseur et selon leur utilisation en greffon continu ou en filet. a-1 Selon l‟épaisseur de la greffe on distingue : Les greffes de peau totale : Prélevées au bistouri, elles donnent un bon résultat esthétique car elles ne se rétractent pas. Elles sont surtout utilisées au niveau de la face. Néanmoins, les sites donneurs sont très limités. La rançon cicatricielle laissée par le prélèvement est acceptable. Les greffes de peau mince : Prélevées au dermatome, elles emportent l‟épiderme jusqu‟aux papilles dermiques. Le site donneur va cicatriser spontanément (à l‟aide de soins locaux). Elles offrent ainsi la possibilité de prélever de grandes quantités de peau, mais leur inconvénient majeur est qu‟elles rétractent plus facilement. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 98 Rappel : prise en charge thérapeutique Les greffes de peau semi-épaisse Elles emportent l‟épiderme et une partie du derme laissant en place les annexes épithéliales qui permettront la cicatrisation du site donneur. Intermédiaires entre les deux greffes précédentes, les greffes de peau semiépaisse donnent un bon résultat esthétique et fonctionnel. Ces greffes sont utilisées surtout au niveau des zones fonctionnelles. a-2 Selon l‟utilisation de la greffe on distingue : Les greffes continues : Les greffes sont passées dans un ampli greffe, appareil qui va réaliser des incisions afin d‟augmenter la surface finale du greffon (de 1 à 6 fois, en fonction des mailles du filet). L‟intérêt essentiel est d‟obtenir une plus grande surface, à partir d‟une zone de prélèvement réduite. Elles sont très utilisées chez le grand brûlé. Mais lorsque la surface brûlée est importante, les zones de prélèvement sont réduites et le recours à d‟autres techniques est nécessaire pour couvrir le brûlé. Les greffes en filet b. Les homogreffes : Les homogreffes sont prélevées à partir d‟un donneur vivant, d‟un cadavre frais ou d‟une banque de peau. Ce sont en fait des pansements biologiques temporaires, car elles seront rejetées au bout de 3 semaines (du fait de la très forte antigénicité de la peau).Elles sont surtout utilisées chez le grand brûlé après une excision chirurgicale, le temps que ces sites donneurs cicatrisent et autorisent des autogreffes. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 99 Rappel : prise en charge thérapeutique Au Maroc, ces techniques sont réalisées uniquement à partir de donneurs vivants, le besoin d‟une banque de peau est urgent. c. Les xénogreffes : Les greffes d‟origine animale se comportent aussi comme un pansement biologique temporaire. Ces techniques ne sont pas pratiquées au Maroc à l‟heure actuelle. d. Les substituts cutanés : L‟integres* qui est un substitut cutané biosynthétique intégrable, est composé de deux couches : une partie de derme bovin recouverte par un film de silicone. Ce substitut dermique va être réhabilité par l‟organisme et le film de silicone sera remplacé par une autogreffe. Le résultat fonctionnel et esthétique est satisfaisant. e. Les cultures de kératinocytes : A partie de biopsies cutanées de quelques centimètres carrés, réalisées sur le patient dès son arrivée au centre des brûlés, les cellules sont mises en culture et permettent, au bout de 3 semaines, d‟obtenir de grandes surfaces d‟épiderme. Toutefois leur finesse rend ces revêtements épidermiques trop fragiles. 3-5 Respectives d’avenir : peau totale reconstruite. Les recherches actuelles s‟orientent vers un modèle de peau totale reconstruite, ensemencée avec des cellules souches qui, en se différenciant, seront capables de recréer différentes couches cellulaires de la peau et tout particulièrement la membrane basale. L‟objectif final est d‟arriver chez le grand brûlé à une cicatrice rapide et de qualité. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 100 Rappel : prise en charge thérapeutique 4. Indications Le traitement local suffit dans 50% des cas à obtenir une cicatrisation de bonne qualité en moins de 2 semaines. Les brûlures non cicatrisées à l‟issue du deuxième degré profond et du deuxième degré bénéficient d‟une greffe en moyenne au 15 ème jour après l‟hospitalisation. 5. Prise en charge ultérieure des cicatrices : Elle est nécessaire car la cicatrisation du brûlé n‟est qu‟une première étape. La cicatrisation définitive ne sera obtenue qu‟au bout d‟une voire deux années. En effet, au cours de cette période, les phénomènes inflammatoires continuent d‟évoluer au début pour s‟atténuer ultérieurement : c‟est la maturation ou le remodelage de la cicatrice. Cependant, ces phénomènes peuvent au contraire se pérenniser et entraîner des séquelles de brûlures hypertrophiques et rétractiles. Il existe plusieurs moyens pour diminuer les signes inflammatoires cicatriciels. 5-1 La pressothérapie Elles correspondent au port d‟un vêtement compressif aux fibres élastiques multidirectionnelles, fabriqué sur mesure, et porté de façon quasi permanente 24 heures/24. Son rôle est de comprimer les cicatrices afin de réduire l‟œdème et l‟inflammation (la presso-thérapie asphyxie le fibroblaste et l‟empêche de synthétiser le collagène). Son coût reste élevé au Maroc La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 101 Rappel : prise en charge thérapeutique 5-2 Les massages : Ils sont pratiqués à l‟aide de pommades cicatrisantes (type émulsion réparatrice Addax*) ou anti-inflammatoires qui vont assouplir les cicatrices. Un massage quotidien, pendant un an et jusqu‟à atténuation des signes inflammatoires, est indispensable. 5-3 Les cures thermales, douches filiformes : Ces techniques permettent une accélération de la maturation cicatricielle avec un assouplissement cutané. De plus, elles calment le prurit, souvent intense qui existe chez le brûlé. 5-4 La kinésithérapie : Afin de prévenir le risque rétractile au niveau des zones fonctionnelles, le port d‟orthèses de posture et une kinésithérapie active (en faisant coopérer le patient) son préconisés. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 102 Matériel et méthodes La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 103 Matériels et méthodes A. CHOIX DES PATIENTS Il s‟agit d‟une étude rétrospective, elle concerne une série de patients ayant présenté une brûlure grave, hospitalisés au service de réanimation pédiatrique de l‟hôpitald‟enfants de Rabat (HER) du centre hospitalier Ibn Sina; et ceci du 1 er janvier 2005 au 31décembre 2007. La recherche des dossiers a été effectuée à partir des registres d‟hospitalisation du service. B. PRESENTATION DU SERVICE DE REANIMATION DURANT LA PERIODE D’ETUDE : - Le service de réanimation pédiatrique est à vocation médicochirurgicale. - La capacité litière du service de réanimation pédiatrique est de 12 lits ; le taux d‟occupation moyenne est de 100%. - Le nombre de respirateurs au cours de l‟année 2005 était de 3, au début de l‟année 2006 ce nombre a augmenté à 4 ; puis vers la fin de l‟année un 5ème respirateur a pu être acquis. - Durant cette période, le monitorage disponible est très limité : 2 oxymétres pulsés et 2 scopes. - Deux infirmiers sont repartis au service par tranche horaire. - Aucun kinésithérapeute n‟est affecté au service. - Un parent est autorisé à demeurer aux cotés de son enfant hospitalisé La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 104 Matériels et méthodes C. Critères d’inclusion : critères de gravités d’admission en réanimation : - Brûlure>10% de SCT chez l‟enfant,>5% de SCT chez le nourrisson. - Brûlure profonde>3% de SCT. - La prise en charge des brûlures graves de l‟enfant en milieu de réanimation - Matériel et méthodes - Brûlure de la face avec œdème important ou atteinte oculaire. - Brûlure associée à une atteinte des voies respiratoires. - Brûlure du périnée et des organes génitaux externes. - Brûlures circulaires profondes. - Brûlures électriques. - Brûlures chimiques étendues. - Suspicion de maltraitance. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 105 Matériels et méthodes D. FICHE D’EXPLOITATION Nous avons adopté pour l‟ensemble de nos patients une fiche d‟exploitation standardisée qui a permis l‟étude des paramètres suivants : I. Données épidémiologiques. Profil des parents : - L‟âge - La profession - Le niveau d‟instruction - Les antécédents - La situation familiale - Le niveau socio-économique - La couverture sociale - Le lieu d‟habitat - La répartition géographique Profil du brûlé : - L‟âge - Le sexe La prise en charge des brûlures graves de l‟enfant en milieu de réanimation Matériel et méthodes - Le terrain La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 106 Matériels et méthodes - La scolarité - La fratrie - La répartition saisonnière - La répartition annuelle II. Données cliniques. Profil de la brûlure - l‟heure - les circonstances de la brûlure - le type - le mécanisme - l‟agent causal - la localisation - l‟étendue - la profondeur - l‟UBS - les lésions associées - le délai d‟acheminement à l‟hôpital - le mode de transport La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 107 Matériels et méthodes III. Données thérapeutiques. IV. Données évolutives et complications. La prise en charge des brûlures graves de l‟enfant en milieu de réanimation Matériel et méthodes A. Nos résultats. B. Méthodologie statistique. Dans notre étude, les variables sont exprimés en effectifs et en %, et sont comparés en analyse univariée par le test Khi 2 ou Fisher exact. Une valeur de P< 0,05 est considérée comme significative. La prise en charge des brûlures graves de l‟enfant en milieu de réanimation La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 108 Matériels et méthodes Résultats La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 109 Chapitre1 : les données épidémiologiques de l’étude. CHAPITRE1 : LES DONNEES EPIDEMIOLOGIQUES DE L’ETUDE. A. L’effectif de notre étude. Notre étude a concerné 86 patients admis au service de réanimation pédiatrique entre le 1er janvier 2005 et le 31 décembre 2007. Nombre de brûlés Nombre total d‟hospitalisés pourcentage 2005 2006 2007 total 42 19 25 86 731 813 745 2289 7 ,7% 2 ,4% 3,4% 3,8% B. Profil des parents. 1. L’âge Durant la période d‟étude, (79,06%) des mères, (61,62%) des pères sont âgés entre 20 et 40 ans. % 90 79,1 80 70 61,6 60 50 mére pére 40 30,2 30 20 11,6 9,3 10 1,2 0 1,2 0 <20ans [20-40ans[ [40-60ans[ >60ans Figure1 : la répartition des brûlures selon l‟age des parents. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 110 Chapitre1 : les données épidémiologiques de l’étude. 2. La profession Nous notons que 90,7% des mères sont sans profession contre 14% des pères. % 100 90,7 86,05 90 80 70 60 sans profession 50 avec profession 40 30 9,3 20 13,95 10 0 mére pére Figure 2 : la répartition des brûlures selon la profession des parents. 3. Le niveau d’instruction Dans notre série, le niveau d‟instruction des parents n‟est pas mentionné dans la majorité des cas. 4. Les antécédents Dans notre série, on note les antécédents familiaux suivants : Parents diabétiques : 8,2% des pères, 5,8% des mères. Parents hypertendues : 5,8% des pères, 2.3% des mères. Parents asthmatiques : 2,3% des pères, 1,2% des mères. Terrain psychiatrique : 3,5% des pères, 2,3% des mères. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 111 Chapitre1 : les données épidémiologiques de l’étude. % 81,4 75,5 mére pére 2,3 3,5 1,2 2,3 0 4,7 pa th as th m e au tre s 5,8 ps yc hi at ri di ab èt e ht a 2,3 qu es 5,8 8,1 au cu n 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 Figure 4 : la répartition des brûlures selon les antécédents des parents. 5. La situation familiale On note que 91,8% des mères sont mariées, 1,2% célibataires, 3,5% divorcées et 3,5% veuves. célibataire 1,2 divorcée 3,5 veuve 3,5 mariée 91,8 0 20 40 60 80 100 % Figure 5 : La répartition des brûlures selon la situation familiale mères La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 112 Chapitre1 : les données épidémiologiques de l’étude. 5. Le niveau socio-économique Dans notre étude, 59,3% des cas sont de niveau socio-économique bas. % 59,3 60 50 39,5 40 30 20 1,2 10 0 bas moyen haut Figure 6 : La répartition des brûlures selon le niveau socio-économique des parents. 6. La couverture sociale Nous notons que plus de trois quarts de la population étudiée 79% n‟ont pas de couverture sociale. oui 21% oui non non 79% Figure 7 : La couverture sociale La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 113 Chapitre1 : les données épidémiologiques de l’étude. 8 Le lieu d’habitat Dans notre série, 27% des enfants brulés sont issus du milieu rural contre 73% du milieu urbain. rural 27% urbain rural urbain 73% Figure8 : la répartition des brûlures selon le lieu d‟habitat. 9. La répartition géographique Ci-après la répartition géographique des patients brûlés objet de l‟étude. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 114 Chapitre1 : les données épidémiologiques de l’étude. Kénitra 19,4 Tiflet 19,1 Salé 15 Temarra 11,5 Rabat 9,1 Khemisset 3,5 Ain Louh 3,5 Meknès 3,5 Ouazzane 2,3 Moulay bouselham 2,3 Romani 1,2 Skhirat 1,2 El gharb 1,2 Taza 1,2 Fès 1,2 Kalat Sraghna 1,2 Chaouen 1,2 Tanger 1,2 Larache 1,2 0 5 10 15 20 25 % FIGURE 9 : la répartition des brûlures selon les régions. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 115 Chapitre1 : les données épidémiologiques de l’étude. C. Profil du brûlé 1. L’âge Nous pouvons remarquer que la grande majorité des patients atteints de brûlures graves 79,12% apartienent à la première enfance avec un pic entre 3 mois et 2 ans, la moyenne d‟âge de la population étudiée étant de 3 ans et 2 mois. Notons qu‟il y avait 2 nourrissons de 5 mois, 2 de 6 mois et 1 de 40 jours. % 37,2 40 35 30 25 15,45 20 10,45 15 4,7 10 5 1,2 0 <3mois 3mois&2ans 2&6ans 6&12ans 12&15ans Figure 10 : La répartition des brûlures selon les tranches d‟âge. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 116 Chapitre1 : les données épidémiologiques de l’étude. 2. Le sexe On note une prédominance masculine 56% avec un sexe ratio de 1,27 (M/F). 44% masculin 56% féminin Figure 11 : la repartition des brulures selon le sexe. 3. Le terrain Dans notre étude 95,3% de brûlés graves sont sans antécédents pathologiques.les antécédents sont rapportés chez : 1. 1 enfant anémique. 2. 1 enfant asthmatique. 3. 1 enfant avec retard mental. 4. 1 enfant épileptique. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 117 Chapitre1 : les données épidémiologiques de l’étude. % 95,2 100 90 80 70 60 50 40 30 20 1,2 10 1,2 1,2 1,2 0 aucun anémie asthme retard mental épilepsie Figure12 : les antecedents des patients atteints de brulures. La scolarité Dans notre série, on note 18,6% d‟enfants d‟âge scolaire dont 31% non scolarisés. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 118 Chapitre1 : les données épidémiologiques de l’étude. 31% enfants scolarisés enfants non scolarisés 69% Figure 13 : Le nombre d‟enfants scolarisés. 4. La fratrie (nombre d’enfants moins de 15 ans) Nous notons que sur les 86 cas étudiés, la fratrie de moins de 15 ans vivant entre 2 et 4 enfant sous le même toit est de 60,5%. % 60,46 70 60 50 36,04 40 30 20 5,81 10 0 1 2à4 >5 Fratries<15ans Figure 14 : Le nombre d‟enfants moins de 15 ans vivant sous le même toit. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 119 Chapitre1 : les données épidémiologiques de l’étude. 6. La répartition mensuelle (saisonnière) On remarque que le pic de ces accidents se fait ressentir pendant les deux saisons de printemps (avril-mai) et d‟automne (septembre-octobre), au cours desquelles, 25% et 27%respectivement de brûlures ont été enregistrés. La prise en charge des brûlures graves de l‟enfant en milieu de réanimation Chapitre1: les données épidémiologiques de l‟étude % 14 12 10 8 6 4 2 ju ille t ao se ut pt em br e oc to br no e ve m dé br e ce m br e ju in ai m av ril ja nv i er fé vr ie r m ar s 0 Figure 15 : la répartition saisonnière des brûlures. 7. Début mois / année. Comparativement avec l‟année 2005(48,8% des cas de brûlures), les années 2006 et 2007 ont enregistré un nombre moins important de cas recueillis, soit un recul de 26,7%et 19,7% respectivement La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 120 Chapitre1 : les données épidémiologiques de l’étude. % 48,83 50 45 40 29,07 35 30 22,1 25 20 15 10 5 0 2005 2006 2007 Figure 16 : La répartition annuelle des brûlures. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 121 Chapitre 2 : les données cliniques CHAPITRE 2 : LES DONNEES CLINIQUES 1. L’heure de la brûlure Les brûlures sont plus fréquentes l‟après midi (45 cas soit 52,3%) que les matinées ou les soirées. % 52,3 60 50 37,2 40 30 16,3 20 10 0 08h-12h 12h-20h 20h-08h Figure17 : La répartition selon l‟heure de brûlure. 2. Les circonstances Durant la période d‟étude, 76,7% des accidents sont survenues à domicile, dont 26,1% à la cuisine, 31,9% à la salle à manger, 11,6% à la salle de bain et 30,4% dans d‟autres pièces. Le bain maure constitue également une circonstance favorable à la survenue des brûlures par liquides chauds chez les enfants de notre série avec 9 cas soit 10,5% La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 122 Chapitre 2 : les données cliniques Trois cas(3, 5%) de syndrome de Lyell ont été retrouvés. Deux cas (2,3%) de brûlures graves sont survenus au cours de barbecues ou de jeux avec des briquets. Un cas particulier de brûlure grave est survenu chez un enfant de 14 ans lors d‟un accident de travail. Aucun cas de sevice ni d‟agressions n‟est rapporté. % 76,7 3,5 1,2 tra va il lo is ir s 2,3 ac cid en td e le ye ll e 5,8 in ce nd i m au re 10,5 ba in ac cid en td om es t iq ue 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 Figure18 : la répartition des brûlures selon les circonstances de survenue La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 123 Chapitre 2 : les données cliniques 3. Le mécanisme La brûlure thermique est la cause quasi exclusive avec un taux de 93,02% (80 cas) dont : l‟ébouillemantement, mécanisme le plus prépondérant (68,75%) :l‟eau (54 ,5%), le thé (20,2%), le café (13,7%), l‟huile (7,8%), la soupe (3,8%). la brûlure par flamme est retrouvée dans 28,75% des cas : l‟explosion des petites bouteilles de butane représente une cause fréquente de brûlure par flamme dans notre étude avec 20% cas alors 8,75% cas connaissent comme agent causal les bougies. La brulure par solide chaud ainsi que la brûlure électrique sont retrouvées dans 1,25% des cas chacune. La brulure chimique et la brûlure électrique sont responsable de la brulure dans 3,5% des cas chacune La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 124 Chapitre 2 : les données cliniques % 93 100 90 80 70 60 50 40 30 20 3,5 3,5 0 10 0 thermique chimique électrique radique Figure19 : La répartition des brûlures selon le mécanisme. 80 70 60 50 40 30 20 10 0 68,75 20 8,75 ab le m in f la m % liq ui de bo ug ie 1,25 ch au d so lid e de m e f la m eb ou ille m an te m en t bu ta ne 1,25 Figure20 : L‟agent causal des brûlures thermiques La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 125 Chapitre 2 : les données cliniques 4. Le type Dans notre série, 84,9% accidents sont individuels. 15% individuel collectif 85% Figure21 : la répartition des brûlures selon le type de l‟accident. 5. L’examen clinique à l’admission a. La localisation La région brûlée touche surtout le membre supérieur (89,5%), le tronc (77,9%) et le membre inférieur (75,6%). La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 126 Chapitre 2 : les données cliniques % 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 89,5 77,9 75,6 60,5 30,2 face cou tronc membre sup membre inf 3,5 7 périnée et organes génitaux externes cuir chevelu % Figure22 : la répartition des brûlures selon la localisation. b. La surface cutanée brûlée Dans notre série, 48,8% cas ont une SCB entre 40 et 60%, la SCB moyenne est de 29%. SCB% La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 127 Chapitre 2 : les données cliniques 1,2 sup à60 48,8 40et60 30,3 20et40 19,7 inf à20 etendu 0 10 20 30 40 50 % Figure 23 : la répartition des brûlures selon la surface cutanée brûlée. c. La profondeur Dans notre série, parmi les 86cas : -53cas ont des brûlures de 2 ème degré soit un taux de (61,7%). -4 cas présentent des brûlures de 3ème degré (4,6%). -(31,4%) cas associent des brûlures de 3ème et de 2ème degrés, et 2,3% des cas de 3ème +2éme +1er degrés. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 128 Chapitre 2 : les données cliniques 2,3 3ème+1erdegrés 4,6 3èmedegré 31,4 2ème+3èmedegrés 61,7 2ème degré % 0 10 20 30 40 50 60 70 Figure24 : la répartition des brûlures selon la profondeur. d. L’UBS L‟appréciation de la profondeur à l‟admission est approximative, d‟où la difficulté de l‟évaluation pronostique par l‟UBS. On note que 46,5% cas ont un UBS< 40%, 40,7% des cas entre 40 et 80%, et 12,8% des cas entre 80 et 120%. UBS% La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 129 Chapitre 2 : les données cliniques 12,8 80-120% 40,7 40-80% 46,5 0-40% 0 10 20 30 40 50 % Figure25 : La répartition des brûlures selon l‟UBS. e. L’état hémodynamique Dans notre série, 82 malades 95% avaient un état hémodynamique stable, contre 5% ont été admis dans un état de choc hypovolémique. 5% stable instable 95% Figure 26 :L‟état hémodynamique à l‟admission La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 130 Chapitre 2 : les données cliniques f. L’examen neurologique On note que 73 malades (84,9%) sont conscients à l‟admission. % 84,9 90 80 70 60 50 40 30 9,3 20 5,8 10 0 conscient obnibulé comateux Figure 27 : L‟état de conscience à l‟admission. 6. Les lésions associées On note que : 11 malades (12,8%) sont porteurs de lésions respiratoires associées, ces malades ont été victimes de brûlures par incendies (45,5%) et ou par explosion d‟une bouteille de butane (54,5%). -Un malade avait un traumatisme crânien. Un malade a présenté une lésion ophtalmique à type de cataracte La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 131 Chapitre 2 : les données cliniques 12,79 14 12 10 8 6 4 1,16 1,16 2 0 respiratoire traumatique ophtalmique % Figure 28 : La répartition des brûlures selon les lésions associées. 7. Le délai d’acheminement à l’hôpital Dans notre étude, on constate que la majorité des patients (84.9%) se rendent à l‟hôpital le premier jour de la brûlure, dont 61,6% dans les 4 premières heures qui suivent l‟accident. Le délai d‟acheminement à l‟hôpital est de 11heures. Les patients parvenue en réanimation le sont soit d‟emblée quand il s‟agit de cas graves initialement, soit après un séjour aux urgences chirurgicales pédiatriques. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 132 Chapitre 2 : les données cliniques 52,3 60 50 32,6 40 30 11,6 20 3,5 10 % 0 <4h 4h-24h 24h-72h >72H Figure 29 : la répartition des brûlures selon le délai d‟acheminement à l‟hôpital. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 133 Chapitre 2 : les données cliniques 8. Le mode de transport Durant la période d‟étude, seulement 12 % ont bénéficié d‟un transport par ambulance. 12% transport par ambulance transport par les familles 88% Figure 30 : la répartition des brûlures selon le mode de transport. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 134 Chapitre 2 : les données thérapeutiques CHAPITRE3 : LES DONNEES THERAPEUTIQUES. A. Prise en charge sur les lieux de l’accident On note que 77,3% des premiers gestes ont été effectués par les parents dont le refroidissement était le chef de fil des premiers soins avec un taux de 31 ,9%. 23% OUI NON 77% Figure 31 : La prise en charge à domicile % 35 31,9 30 22,8 25 20 14,7 15 11,3 10,3 10 4,5 5 4,5 au cu n r al er te hé nn é e de nt if r ic rl e co ur an t ge co up e dé sh ab illa re fr o id iss em en t 0 Figure 32 : Le mode de prise en charge à domicile La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 135 Chapitre 2 : les données thérapeutiques B. Dans l’unité sanitaire de transition Dans notre série, avant l‟évacuation à l‟hôpital d‟enfants de Rabat, un relais hospitalier en milieu non spécialisé, souvent géographiquement obligatoire, est nécessaire chez 68 malades (79%), leur prise en charge n‟est pas mentionnée dans la majorité des cas. C. Aux urgences Les 86 patients de notre série sont vus initialement au niveau des UCP où ils ont bénéficié d‟une voie veineuse périphérique, d‟un pansement après une appréciation de leur degré de brûlures. Ils sont ensuite adressés au service de réanimation. D. Au service de réanimation Prise en charge initiale i. réanimation hydro électrolytique et hémodynamique La réhydratation Le recours à la voie veineuse périphérique pour la réhydratation est retrouvé chez tous les patients, 31 cas (36%) ont bénéficié de deux voies veineuses périphériques. La formule utilisée est la formule de Carjaval (5000 ml/m2 de surface brûlée + 2000 ml/m de surface corporelle). La voie veineuse centrale est nécessaire chez 34 malades (39,5%) : fémorale (25,6%), jugulaire (14%), d‟emblée chez 5 malades devant des états de choc hypovolémique. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 136 Chapitre 2 : les données thérapeutiques Le recours à la voie intra osseuse n‟est pas retrouvé dans cette série. Support vasoactif Dopamine, dobutamine, adrénaline, sont administrés chez 5 patients (5,8%) présentant des états de choc à la phase initiale. % 100 100 90 80 70 60 50 36 25,6 40 30 14 20 10 0 1VVP 2VVP FEMORALE VVP JUGULAIRE VVC Figure 33 : la voie veineuse VVC : voie veineuse centrale VVP: voie veineuse périphérique ii. Réanimation respiratoire 1) L’oxygénothérapie Tous les patients bénéficient systématiquement à l‟admission d‟oxygénothérapie à raison de 3 à 6l/min par lunette nasale. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 137 Chapitre 2 : les données thérapeutiques 2) L’intubation et ses critères Dans notre série, 15 patients soit 17,4% ont nécessité l‟intubation soit en urgence (9,3%), soit après une surveillance rapprochée (8,1%). Les causes de l‟intubation ont été dominées par une détresse respiratoire : L‟indication de l‟intubation est posée d‟emblée dès l‟admission pour 8 malades : Devant un arrêt respiratoire pour 3 malades. Devant l‟apparition de troubles de conscience pour 5 malades. Son indication est différée pour 7malades : 2 malades devant l‟apparition d‟un œdème cervical et 5 malades pour des états de choc Tous les patients ayant bénéficié d‟une intubation ont eu recours à la suppléance ventilatoire (17,4% des admis), la durée moyenne de la ventilation mécanique étant de 2,79% jours avec des extrêmes de 1 et 8 jours Le mode de la ventilation mécanique à l‟admission est le mode contrôlé La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 138 Chapitre 2 : les données thérapeutiques oui 17% oui non non 83% différée d'emblée Figure 34 : L‟intubation arrêt respiratoire 20 trouble de conscience 33,3 détresse respiratoire 46,7 % 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 Figure 35 : L‟intubation, son délai et ses critères. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 139 Chapitre 2 : les données thérapeutiques 3) La trachéotomie Aucun malade n‟a été trachéotomisé. iii. Le sondage vésical Une sonde vésicale est posée chez 82 patients ( 95%). non 5% oui non oui 95% Figure 36: Le sondage vésical. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 140 Chapitre 2 : les données thérapeutiques iv. La sonde gastrique Une sonde gastrique est posée chez 71 patients (83% des cas). non 17% oui non oui 83% Figure 37 : La sonde gastrique. v. Les soins locaux Les premiers soins sont généralement réalisés au niveau des urgences chirurgicales à base de flammazine. vi. L’antibiothérapie Dans notre série, 65 patients (76%) sont mis sous antibiothérapie dés l‟admission La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 141 Chapitre 2 : les données thérapeutiques 24% OUI NON 76% Figure 38 : L‟antibiothérapie Dés l’admission Pénicilline M 28 43,4% Pénicilline M+ aminoside Pénicilline G C3G Ampicilline 18 15 1 3 23,3% 23,2% 1,5% 4,6% La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 142 Chapitre 2 : les données thérapeutiques vii. Le traitement antalgique Le soulagement de la douleur du brûlé est une priorité. Tous les patients ont reçu un traitement à visée antalgique. Le paracétamol est le chef de fil des antalgiques, il est prescrit chez 96,6% des cas : seul (15,2%), en association avec la codéine (50% des cas). La codéine seule est prescrite chez (6,9%) des cas. La morphine est administrée chez 27,9% des patients, 66,7% en intra veineuse et 33,3% par voie sous cutanée. Morphine paracétamol Paracétamol + codéine Codéine 13 43 6 15,2% 50% 6,9% Morphine + Morphine + Paracétamol+ Paracétamol : Codéine : 14 10 cas : cas 8 cas en s/c 16 cas en IV 27,9% viii. Les autres traitements a. Les matelas anti -escarres Dans notre série, 21 patients (24%) ont bénéficié de matelas anti escarres, selon la disponibilité. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 143 Chapitre 2 : les données thérapeutiques 24% non oui 76% Figure 39 : Les matelas anti escarres. b. La protection gastrique L‟association d‟une protection gastrique est réalisée chez 63 patients 73 pour lutter contre la gastrite de stress en utilisant les anti sécrétoires, dont 70,9% injectable et 2,1% par voie orale. non 27% oui non oui 73% Figure 40 : Protection gastrique. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 144 Chapitre 2 : les données thérapeutiques c. Les médicaments locaux Antibiotiques collyres, pommades ophtalmiques (antibiotique), bain de bouche et sérum physiologique pour les brûlures du visage avec atteinte des yeux sont prescrits. d. Le réchauffement Le réchauffement des patients est assuré par le chauffage central. Prise en charge Secondaire a. Changement de pansement Le changement de pansement avec excision des zones dévitalisées est effectué au niveau du bloc opératoire pour 70 (81,4%) des cas toutes les 48 heures, au niveau même de la réanimation pour 7,1% des cas et au niveau des UCP pour 11,5% des cas. b. Les antiémétiques Ils ont été administrés chez (32,3 %) des malades en cas de vomissement. c. Le gavage Quarante quatre patients soit (51,16%) ont bénéficié d‟un apport nutritif supplémentaire par gavage selon les délais suivants : J2 J3 J4 10 CAS 30 CAS 4 CAS 22 ,7% 68,2% 9,1% d. Vaccination antitétanique Tous les malades ont bénéficié d‟une prophylaxie antitétanique . La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 145 Chapitre 4 : les bilans parcliniques CHAPITRE4 : LES BILANS PARACLINIQUES. Tous les malades ont bénéficié d‟un bilan biologique initial de référence: hémogramme, hémostase, ionogramme sanguin, urée sanguine, créatinémie, pour l‟appréciation biologique de l‟efficacité de l‟hydratation, la recherche des troubles hydro électrolytique de la phase initiale et le retentissement de la fuite liquidienne sur la fonction rénale,un complément d‟examen est demandé en fonction du contexte , un ECG en cas de brûlure électrique, une TDM en cas de lésions associées ( polytraumatisé). bilan Hémogramme Ionogramme Fonction rénale Anomalie Anémie Hb<6 g/dl Anémie Hb >6<8g/dl Thrombopénie : 11, 6% 10 6,9% 6 Hyperleucocytose 11,6% 10 Hypoprotidemie <35g/l. Hyperkaliémie Hypokaliémie TP-TCK Pourcentagenombre Insuffisance rénale fonctionnelle Normal chez tous les malades. 2,3% 2 53,5% 46 3,5% 3 5,8% 5 1,2% 1 TDM cérébrale faite chez un malade présentait un traumatisme crânien, elle s‟est révélée normale. ECG Fait chez les 3 patients porteurs de brûlures électriques, il s‟est révélé pathologique dans 1 un cas : tachycardie sinusale. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 146 Chapitre 5 : le profil évolutif et les complications CHAPITRE5 : LE PROFIL EVOLUTIF ET LES COMPLICATIONS A. Le devenir Soixante quatre patients ont bien évolué (74,4%): 1patient sortant. Un seul a été transféré au service de chirurgie A. 62 patients ont été transférés au service de chirurgie C. 22 patients sont décédés (25,6%). % 42,8 45 40 30,2 27 35 30 25 20 15 10 5 % 0 3 premiers jours 3-7j >7j Figure41 : La répartition selon le délai de transfert au service de chirurgie La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 147 Chapitre 5 : le profil évolutif et les complications % 73,1 80 70 60 50 40 25,6 30 20 1,1 10 1,1 0 chhirurgie C décès sortants chirurgie A Figure 42 : La répartition des brûlures selon le devenir des malades. B. Les complications Un bilan infectieux est systématique en cas de fièvre, ce bilan comporte un écouvillonnage de la peau, un examen cytobactériologique des urines, un prélèvement bronchique par aspiration trachéale, hémocultures ; l‟ablation et la mise en culture des cathéters sont décidées en cas de suppuration locale. 1. Les complications respiratoires (9,30 %) chez les malades ventilés. Parmi les 15 malades ventilés, 8malades ont présentés des complications : 4 patients (50 %) ont développé une pneumopathie nosocomiale survenant dés le 3ème jour, les germes responsables étant le pseudomonas (2 cas), l’acinetobacter (1 cas) et le staphylocoque aureus ( 1 cas). La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 148 Chapitre 5 : le profil évolutif et les complications 2 patients (25%) ont présenté un barotraumatisme, (pneumothorax, dont un associé à un emphysème sous cutané étendu jusqu‟au cou), ils ont bénéficié d‟un drainage thoracique. 1 patient (12,5%) a présenté une pleurésie bilatérale à j 2 de son admission. 1 patient (12,5%) a développé une atélectasie. 2. Les complications digestives (48,83 %) L‟atteinte digestive est présente chez : 21patients (50%) par les vomissements 7 patients (16,6%) par la diarrhée 6patients (14,5%) par l‟hémorragie digestive, notons que ces malades ont été mis initialement sous pansement gastrique et qu‟ils présentaient des vomissements. 2 patients (4,7%) par une ascite de moyenne abondance, un à j3 et l‟autre à j7 de leur admission. 6 patients (14,2%) par un ballonnement abdominal. 3. Les complications métaboliques (84,9%) Elles sont répertoriées pour : 46patients (63%) : hypoprotidémie (10- 25g/l). 16 patients (23%) : anémie. 9patients (12,2%) dyskaliemie (3 hyperkaliémie et 6 hypokaliémie). 1seul cas (1,4%) présentait une insuffisance rénale et deux cas (2,73%) une thrombopénie. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 149 Chapitre 5 : le profil évolutif et les complications 4. L’infection urinaire (3,5%) L‟infection urinaire est présente chez 3 patients (3,48%) %) et les germes incriminés sont ; enterobacter, staphylocoque DNase+, prottéus. Malade Jours Germe Traitement Malade1 Malade2 Malade3 J8 J4 J4 Enterobacter Imipenem+aminoside Staphylocoque DNase+ Céftazidime+peni M amikacine+ Protéus réttgené Ceftriaxone+amikacine 5. Le choc septique (16,3%) Quatorze patients soit (17,4%) des cas ont développé un choc septique. Jours Nombre Pourcentage [2j-5j [ [5j-7j [ >7j 3 5 7 20% 33,3% 46,7% Le développement du choc septique en fonction du séjour au service. C. Le décès Durant la période de notre étude 22 patients (25,6%). sont décédés. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 150 Chapitre 5 : le profil évolutif et les complications 1. En fonction de l’âge La moitié des enfants décédés avaient un âge entre 2 et 5 ans. La prise en charge des brûlures graves de l‟enfant en milieu de réanimation % 50 50 45 40 35 27,3 30 18,3 25 20 15 4,4 10 5 0 <2 ans 2-5ans 5-7ans 7-15ans Figure 43 : La répartition des décès en fonction de l‟âge. 2. En fonction du sexe 59,1% des décès étaient de sexe féminin. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 151 Chapitre 5 : le profil évolutif et les complications 41% masculin féminin 59% Figure 44 : La repartition des deces en fonction du sexe. 3. En fonction de l’étendue 8 décès (36,4%) avaient une SCB entre 20 et 40%. 8 décès (59,1%) entre 40 et 60%. 1décès (4,5%) supérieur à 60%. La SCB moyenne des enfants décédés était de 37,9% versus 24% chez les survivants. 4. En fonction de la profondeur 59,1% des décès avaient une brûlure de 3ème degré. 40,9% avaient une brûlure de 2ème degré. 5. En fonction du score UBS. 54,5% des décès avaient un UBS entre 80% et 120%. 45,4% des décès avaient un UBS entre 40% et 80%. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 152 Chapitre 5 : le profil évolutif et les complications 6. En fonction de l’agent causal 12 cas (54,5%) de nos patients décédés avaient présentés une brûlure par flamme de butane, et 10 cas (45,5%) par ébouillantement. 7. En fonction du délai d’acheminement à l’hôpital. 16 décès avaient été acheminés à l‟hôpital les premières 24h suivant la brûlure dont 8 décès les premières 4 heures qui suit l‟accident. 6 décès ont été recensés après un délai d‟acheminement entre 24h et 72h. 8. En fonction de la cause de décès décès tardif Le choc septique était les causes directes de décès. choc septique 72,7 décès precoce choc hupovolemique 13,7 défaut de respirateur 9,1 oedéme cervical compressif 4,5 0 10 20 30 40 50 60 70 80 % Figure46 : Les causes de décès La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 153 Chapitre 5 : le profil évolutif et les complications 9. En fonction du délai de décès 50 % 50 45 40 27,3 35 22,7 30 25 20 15 10 5 0 1jour 1ere semaine 2éme semaine Figure 47 : La répartition des décès en fonction du séjour en réanimation. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 154 Chapitre 5 : le profil évolutif et les complications Tableau 5 : profil des décès Total =86 Age Survivants =64 <2ans 36 41,86% 30 2-6ans 32 37,2% 21 Décédés =22 46% 6 27,27% 32,8% 11 45% Pourcentage significatif P=0,18 6-12ans 9 10,46% 5 7,8% 4 18,18% 12-15ans 9 10,46% 8 12,5 1 4,55% 52 59,3% 37 57,8% 15 52 34 39,53% 27 42,1% 7 34 Haut 1 1,16% 1 1,6% 0 1 Urbain 63 89% 57 89% 6 27,27% Rural 23 27% 7 10,9% 16 72,72% Scolarisé 11 69% 9 14,1% 2 9,1% Non scolarisé 5 31% 2 3,12% 3 13,6% <20% 17 19,8% 17 26,6% 0 0 26 30,32% 13 20,3% 8 36,4% Bas Niveau socioéconomique Lieu d’habitat Age scolaire Etendue Moyen 20-40% P=0,18 P=0,02 P=0,33 P=0,0001 40-60% profondeur >60% 2degré 3degré 2+3degré 1+2+3degré 42 48,83% 34 53,4 % 13 1 1,16% 0 53 61,62% 44 4 4,56% 1 37 31,4% 17 2 2,32% 2 0 68,7% 1,56% 26,7% 3,12% 59,1% 1 4,54% 9 40 ,9% 3 13,6% 10 45,45% 0 0 La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 155 Chapitre 5 : le profil évolutif et les complications Score UBS Agent causal <40% 40-80% 80-120% Thermique Electrique chimique localisation P=0,001 80 93% 3 3,5% 58 90,6% 3 4,7% 22 100% 0 P=0,33 3 3 0 3,5% 4,7% 34 53% 18 81,8% Tronc MS 67 77,9% 61 95,3% 16 72,7% 77 89,5% 65 75,5% 58 90,6% 55 85,9% 19 86,3% 10 45,45% Périnée 3 1 2 <4h 4h-24h 24h-48h 45 52,3% 28 32,5% 41 64,1% 4 20 31,25% 8 18,18% 36,36% 10 11,6% 3 3,48% 3 0 31,8% 13,6% stable instable Examen neurologique 0 0 12 54,54% 10 45,45% 52 60,5% 48h-72h Etat hémodynamique 40 62,5% 23 35,9% 1 1,16% Face MI Délai d’acheminement 40 46,5% 35 40,7% 11 12,8% Conscient 3,5% 1,5% 4,6% 0 82 85,34% 62 96 ,9% 7 3 P=0,05 9,1% P=0,001 20 90,9% P=0,49 4 4,65% 2 3 ,12% 73 84,88% 61 83,6% 2 9,1% 12 54,54% P=0,001 13 15,11% 3 4,7% 8 36,36% Lésions associées respiratoires 11 12,8% 2 3,12% 9 40,9% P=0,001 T C associée 1 1 1,5% 0 0 P=0,57 inconscient 1,16% La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 156 Chapitre 5 : le profil évolutif et les complications PRISE EN CHARGE A L’ADMISSION Support vasoactif 5 Ventilation mécanique 15 17,44% 4 ATB l’admission à Oui 5,8% 65 75,6% 1 1,5% 4 6,25% 11 50% 59 92,2% 6 18,18% P=0,01 P=0,0001 27,27% P=0,001 non 21 24,4% 5 7,8% 16 72,72% 46,9% 1 COMPLICATION PP nosocomiale 4 4,65% 3 4,54% Pulmonaire P=0,57 barotraumatisme 2 2,32% 1 1,56% 1 4,54% Digestive 42 48,83 30 46,87% 12 54,54% Urinaire 3 3 Hypoprotidémie 46 53,5% 28 43,8% 18 81,8% P=0,01 Anémie 16 18,6% 11 17,2% 5 P=0,69 Choc septique 15 17,4% 3 12 54,54% P=0,0001 3,48% 4,7% 4,68% 0 13,18% 22 ,7% La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation P=0,53 P=0,71 157 Discussion La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 158 Discussion : épidémiologie I. EPIDEMIOLOGIE A. L’incidence L‟incidence de la brûlure en générale et de la brûlure en milieu pédiatrique plus particulièrement est difficile à évaluer dans notre contexte étant donné la rareté des études au niveau national. L‟absence de centres spécialisés et la difficulté de l‟accès font que bon nombre de patients n‟arrivent pas à l‟hôpital. Dans notre série, 86 cas des brûlures graves ont été hospitalisés sur une période de 3 ans. Un pic de fréquence maximale (44 cas) a été enregistré en 2005 mais en 2006 et 2007 ce nombre est diminué presque de la moitié, seulement 25 cas en 2007. Sur une étude au CHU Ibn Rochd [100] de Casablanca sur une période de 2 an de janvier 1992 à décembre 1993, 59 cas de brûlures étendues de l‟enfant ont été colligés à l‟hôpital d‟enfants de Casablanca. Une étude française de Stéphane Guero [44] rapporte que 937 enfants brûlés ont été répertoriés sur une période de 12 mois. Une étude gabonaise [101] rétrospective sur cinq ans (août 1993-aout 1998) a porté 104 patients admis en réanimation. B. Profil des parents Dans notre série, on note que 21 patients (24,4%) ont des parents suivis par des affections de longue durée (diabète, hypertension, pathologie psychiatrique asthme). La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 159 Discussion : épidémiologie Sept patients ont un parent seul : 3 mères célibataires. 1divorcée. 3 veuves. Le niveau socio-économique bas pour 59,30% des cas le niveau socioéconomique bas et 70,06% n‟ont pas de couverture sociale. L‟étude française de N Cepon –Degardin [102] révèle que un quart des patients était issu de milieux défavorisées où les faibles moyens matériels, le niveau socio-culturel bas, l‟hygiène précaire et l‟alcoolisme parental étaient souvent associés Tableau II. Répartition des difficultés sociales retrouvées chez 53 familles parmi les 197 étudiées (ALD = Affection de longue durée). Hygiène défectueuse 12 Niveau culturel bas 7 Revenus bas 15 Parent seul ou 13 Ethylisme parenta l3 Parent malade en ALD 3 Total 53 Notre série rapporte 26,75% des cas de brulures en milieu rural .Pour Stephane Guero les brûlures représentent 20,6% des accidents d‟enfants recensés en milieu rural. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 160 Discussion : épidémiologie Selon C Mercier et MH blond [1O3], les accidents surviennent plus en zone urbain (72%) qu‟en zone rurale. «La brûlure de l‟enfant n‟est pas une maladie mais la conséquence d‟un manque de vigilance.» C. Profil du brûlé : 1 L’âge Les résultats de notre étude concordent avec ceux des études nationales et internationales : 79,12% appartiennent à la première enfance avec un pic entre 3 mois et 2 ans, la moyenne d‟âge de la population étudiée étant de 3 ans et 2 mois. Une étude française de Stéphane Guero [44] a montré que l‟age moyen des enfants brûlés est de 37mois avec un pic entre 1 et3 ans. Razik and Coll [104] (étude sur adulte et enfants) retrouvent que 46.5% des victimes sont des enfants, dont 38.5% ont moins de 2 ans. Lahbabi et Adnane [100] retrouvent que l‟âge moyen des enfants brûlés est de 3 ans et demi. D‟autres études nationales [105-106-107] trouvent que les enfants brûles hospitalisés ont une moyenne d‟âge de 5 ans. Il ressort de ces résultats que la fréquence des brûlures chez les enfants est liée à l‟inexpérience, à l‟absence de surveillance parentale et, la présence à leur portée de matériel inflammable. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 161 Discussion : épidémiologie La tranche d‟âge de 0 à 3ans est la plus représentative où l‟enfant fait ses premiers pas et où il prend connaissance du milieu environnant. 2. Le sexe Les garçons ont une légère majorité dans notre série (55,82%). Dans la littérature, pour Stéphane Guero [44] les garçons représentent 62% contre 38% filles. Une étude togolaise [108] montre que les garçons représentent 56,7% contre 43,3% filles. Les garçons sont plus exposés du fait de leur turbulence plus importante entre 3 et 15ans, ils découvrent les attraits de la technique, sont tentés de confectionner des feux d‟artifice, manipulent des appareils électriques sans prendre des précautions et enfin découvrent un grand désir à imiter les adultes. 3. Le terrain Dans notre étude, 95,34 % des brûlés graves sont sans antécédents pathologiques. Stéphane Guero [44] a trouvé 88% des enfants brûlés sans antécédents, ni notion de maltraitance. Pour C Mercier et MH Blond [103], s‟agit aussi le plus souvent des enfants sans antécédents pathologiques, ni contexte de maltraitance (seulement suspectée 12 fois) sur une série de 697 cas. En dehors de l‟âge, l‟existence d‟un terrain pathologique est un facteur aggravant important de la brûlure, la préexistence de pathologies cardiaques et neurologiques, d‟une insuffisance rénale, d‟une dépression immunitaire ou d‟un diabète est péjorative. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 162 Discussion : épidémiologie 4. La fratrie Dans notre série, nous notons que parmi les 86cas étudiés, la fratrie de moins de 15 ans vivant entre 2 et 4 enfants représente 60,46% des observations. Selon C Mercier et MH Blond [103] 44,1% des enfants brûlés sont issus d‟une famille nombreuse (3 enfants ou plus). Pour N Capon –Degardin et V.Martinot-Duquenoy [102] la fratrie est supérieure à trois dans 75% des cas. 5. La répartition mensuelle Dans notre série, les brûlures graves sont rapportées tout le long de l‟année, avec deux pics en printemps et en automne. Ces résultats concordent avec l‟étude de Bendoha [10] qui a rapporté un rehaussement de la fréquence des brûlures en hiver et en été. Certains auteurs rapportent que les brûlures du nourrisson et de l‟enfant d‟age préscolaire sont particulièrement fréquentes en hiver et que chez l‟enfant d‟age scolaire c‟est l‟été. Pour les deux études françaises de Stéphane Guero [44] et C Mercier and MH Blond [103] les brûlures chez l‟enfant surviennent tout au long de l‟année sans prédominance de saison . La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 163 Discussion : Données cliniques II. LES DONNEES CLINIQUES 1. L’heure de la brûlure Dans notre étude, on constate que les brûlures sont plus fréquentes l‟après midi (12h-20h). Celà concorde avec l‟étude de Bendoha [10] et Maurage [109]. 2. Les circonstances et mécanismes Dans notre étude, l‟accident domestique constitue l‟étiologie principale de brûlures graves chez l‟enfant : 76,74%, dont l‟ébouillantement est le mécanisme le plus prépondérant 63,95% eau (54,54%), thé (18,18%), café (12,72%), huile (5,81%), soupe (3,48%). La brûlure par flamme est retrouvée dans 26,74 % des cas, l‟explosion des petites bouteilles de butane représente une cause fréquente de brûlures avec 18,6 % des cas alors 8,13 % des cas connaissent pour agent causal les bougies. Les brûlures électriques sont observées chez 3,5% des enfants. L‟enquête épidémiologique française [103] de Mercier et MH Blond révèle qu‟il s‟agit presque exclusivement d‟un accident domestique (94,82%), à l‟intérieur de la maison (94%) généralement le domicile familial (91,38%), l‟étude rapporte 16 incendies (2,36%) 13 accidents de loisirs (1,92%), une brûlure iatrogène avec une bouillotte était observée chez un nouveau- né de 24h, en maternité .La pièce ou survenait le plus souvent l‟accident était le cuisine (62,41%) puis la salle de bain (16,24%), les autres pièces (salle de séjour, salon, chambre) regroupées représentaient (12,23%). le principale mécanisme de l‟accident était le contact avec un liquide chaud (72,95%), ce liquide était non La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 164 Discussion : Données cliniques gras dans (89,6%) des cas, il s‟agissait d‟une projection dans la majorité des cas (81,35%), d‟une immersion dans (18,65%). L‟enfant se brûle aussi avec un solide chaud (four, fer à repasser, gazinière) dans (9,36%) des cas. Les flammes étaient en cause chez 60 enfants (soit 6,77%) une brûlure provoquée par le courant électrique était observée dans (6,43%) des cas. Voici une comparaison avec nos études Mercier et MH Blond Accident domestique Cuisine 94,82% 62,4% Salle à manger S Guero Notre étude 87% 76,74% 26,1% 31,9% Salle de bain 16,2% 11,6% Autres pièces 12,2% 30,4% Bain maure 10,5% L‟étude de Stéphane Guero [44] (étude réalisé chez l‟enfant brulé) révèle qu‟il s‟agit d‟un accident domestique 87% le plus souvent dans la cuisine. La brûlure est occasionnée par : - La projection (53%) d‟un liquide chaud : eau de cuisson (21%) ou aliment (24%). La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 165 Discussion : Données cliniques - Les flammes : deuxième cause de brûlures (17%) elle est plus grave, l‟accident est en rapport avec un produit volatil (essence ou alcool) (7%) ou avec des installations électriques défectueuses (6%). - L‟immersion dans l‟eau chaude sanitaire (12%). - Le contact des mains avec un objet chaud (four, fer a repasser) 9%. - Brûlures électriques 7%. - Brûlures chimiques 1%. L‟étude de Razik [104] montre que chez la moitié des enfants, les brûlures sont survenues au cours des jeux à proximité de flamme ou de liquide chaud, La bouteille de gaz de 3 kg a été incriminée dans plus de la moitié des cas (64,2%) et dans notre série elle est en cause chez (19,32%) des cas ; il s‟agit d‟un grand facteur de risque de brûlures vues l‟imprudence de l‟utilisateur et son étanchéité douteuse. Dans notre étude on note 3 cas de syndrome de Leyll et ceci se concorde avec l‟étude de Beyihe G et Biman F [110]. 3. Le type Dans notre série, 89% des accidents sont individuels. Pour Stéphane Guero [44] ce pourcentage est de (84,88%). 4. La localisation Dans notre série, la localisation la plus fréquente est celle du membre supérieur (89,53%), du tronc (77,9%) et du membre inférieur (75,58%). La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 166 Discussion : Données cliniques L‟enquête épidémiologique française [103] a montré que les localisations les plus touchées étaient situées dans la partie supérieure du corps (face 35,8%, tronc 44,7%, membre supérieur 31%). Pour Razik [104] les zones les plus fréquemment brûlés sont le tronc 67%, le membre supérieur 82,1% et le membre inférieur 75%. L‟étude nationale de Lahbabi [102] rapporte une prédilection pour le visage (47%) ainsi que celle du périnée (47%), alors que Chikhaoui A [105] (étude faite au service) rapporte une prédilection pour le membre supérieur de 70%, le tronc 65% ainsi que le membre inférieur 60%. 5. La surface cutanée brûlée. Dans notre étude (30,32%) de patients ont des brûlures d‟une superficie de 20 à 40% contre 48,8% avec une SCB entre 40 et 60%, et un seul cas (1 ,2%) > à 60%. La SCB moyenne est de 29% alors que Razik [104] a trouvé que les patients avaient dans 60.7% des cas des brûlures étendues avec une surface corporelle brûlée supérieure à 60%. Cette différence des résultats pourrait s‟expliquer par le fait que l‟ébouillantement (qui est la principale étiologie dans notre série) est responsable de brûlures moins étendues que la flamme (cause principale chez Razik). 6. La profondeur Dans notre série, 61,6 % des patients sont brûlés au 2 ème degré, 31,39% au 2éme et 3 ème degrés et 4,6% au de 3 ème degré .Ceci rejoint avec les résultats d‟une étude du service [1] sur 107 cas milieu de réanimation pédiatrique, où 83,2% des brûlures sont du 2éme degré, 9,4% du 3éme degré, et 7,5% sont des brûlures associées de 3 ème et 2 ème degrés profond. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 167 Discussion : Données cliniques Cette appréciation de profondeur reste toujours approximative à cause de la difficulté de préciser la profondeur à l‟admission. Ainsi la cotation UBS pour évaluer le pronostic ne sera possible que dans des rares cas. Le taux de mortalité tout de même élevé pour les brulures de 2ème degré pourrait s‟expliquer par une sous estimation de la cotation UBS. 7. Le délai de consultation La majorité de nos patients sont vus le premier jour de la brûlure dont 52,32% les 4 premières heures qui suivent l‟accident. Le délai de consultation est d‟autant plus court que la brûlure est grave et témoigne d‟une certaine prise de conscience de la part de la population des dangers d‟une brûlure. Une étude de Boukind [89] a démontré qu‟un délai d‟hospitalisation supérieur à 6 heures représente un facteur de mauvais pronostic (soient des patients en provenance d‟une zone Située au-delà de Casablanca). La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 168 Discussion : prise en charge II. PRISE EN CHARGE 1. Soins locaux Nos patients ont été tous réceptionnés initialement au niveau des urgences (UCP) ou ils sont vu par l‟interne de garde à qui il incombe de déterminer la sévérité de la brûlure, tâche qui n‟est pas aisée dans les conditions d‟urgence, le degré de la brûlure étant difficile à déterminer et encors moins l‟UBS. Cette difficulté est également favorisée par le fait que sur les lieux de l‟accident des thérapeutiques ancestrales sont appliquées, le cooling étant peu connu chez le grand public. Des produits comme le dentifrice, le henné, colorent la zone brûlée en rendant pénible au praticien la détermination de la sévérité. Les soins aux urgences comprennent un lavage, un rinçage, l‟application d‟un antiseptique, la mise à plat des phlyctènes et la couverture par un pansement constitué d‟un topique et d‟une protection (flammazine). 2. Réanimation hydro électrolytique. Une fois en réanimation les patients bénéficient d‟une réhydratation selon le protocole Carjaval. Pour R Cremer – A.Dorkenoo [111] la mise en place d‟une perfusion étant décidée comme suit : La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 169 Discussion : prise en charge Surface exsudante <10% exsudante Brûlure profonde >10% Perfusion >5% <5% Oui Vomissements <5% Non réhydratation per os Indication de la perfusion chez l’enfant [111] Le recours à la règle de Park land hospital est inadapté chez l‟enfant vu qu‟elle est basée sur le poids et la surface cutanée brûlée ce qui peut amener à sous estimer les besoins chez le nourrisson. Pour Carjaval [85] la règle de Carjaval est la plus adaptée chez l‟enfant. Dans notre étude les solutés perfusés étaient le sérum salé isotonique les premières 24 heures, puis introduction progressive du sérum glucosé isotonique. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 170 Discussion : prise en charge La surveillance est assurée par l‟évaluation de la diurèse par sondage vésical. La prise en charge des brûlures graves de l‟enfant en milieu de réanimation Dans la littérature le Ringer Lactate reste le produit de référence [83]. L‟administration de colloïdes se fera à partir de la 8 ème ou de la 12 ème heure lorsque la protidémie descend en dessous de 35g/l. le meilleur produit reste alors l‟albumine. De 0à8 heures, le débit prescrit sera au départ destiné à perfuser 2 ml/ kg/% puis 1ml/kg/% pour les 16 heures suivantes. Ce débit sera ensuite modifié en fonction de l‟état clinique du patient et en particulier de sa diurèse [112]. Le recours à la voie veineuse centrale a été nécessaire chez 39, 53% des patients de notre série dont14, 70% des cas d‟emblée et 85,29% des cas au cours des complications survenant lors de l‟évolution au niveau de la réanimation. La mise en place de cette voie, même en dehors des complications est cependant intéressante chez le brûlé grave car la surveillance de la PVC est souhaitable si la brûlure dépasse 40% de la surface corporelle, Chez l‟enfant elle est le bon reflet des pressions de remplissage [113]. 3. Support ventilatoire. Dans notre étude, tous les malades sont mis systématiquement à l‟admission sous oxygénothérapie. La ventilation mécanique est jugée nécessaire dans 25,58% des cas. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 171 Discussion : prise en charge Pour Klein M.B [83] : l‟oxygénothérapie systématique par l‟inhalation d‟O2 à haute concentration se justifie par la dette en oxygène qui est constante et la fréquence de l‟intoxication oxycarbonée associée. L‟intubation trachéale et la ventilation mécanique sont indiquées en cas de brûlures d‟une superficie supérieure à 60% de la surface corporelle, ou de détresse respiratoire clinique patente. Une intubation préventive ne doit jamais être différée de plus de quelques heures ou en cas de brûlures cervico-faciale, car l‟aggravation progressive de l‟œdème s‟accélère entre la 4 ème et la 8 ème heures d‟évolution .Tout retard excessif risque d‟aboutir à une situation asphyxique. Cremer et Coll [111] codifient le recours à la ventilation assistée comme suit : La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 172 Discussion : prise en charge Brûlures profondes de la face, dyspnée inspiratoire, conscience altérée Notion de fumée ou de flamme incendie en espace clos, brûlure de la face ou des vibrisses, toux rarement de la suie, bronchospasme oui laryngoscopie oui Brûlure Intubation Normale Erythème, suite bronchoscopie Surveillance Brûlure, suie Erythème, hypersécrétion Indication de l’intubation des enfants brûlés [111] La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 173 Discussion : prise en charge 4. Analgésie. Le soulagement de la douleur est une prioritaire. Dans notre série 100% des patients ont reçus un traitement à visée antalgique, le paracétamol et la codéine sont utilisés dans la majorité des cas, la morphine a été administrée chez 27,90% des cas. Pour M.Bertin [113] les analgésiques de niveau 1 et 2 sont inefficaces et le recours aux morphinomimétiques est le plus souvent nécessaire. De faible dose de benzodiazépines à visée anxiolytique potentialisent l‟analgésie Pour Stephane Guero [44] la prise en charge des douleurs prolongées spontanées par nociception relève principalement de la morphine orale ou intraveineuse, délivrée 24h sur 24. Le paracétamol et le propacétamol sont rarement suffisants. Les anti inflammatoires non stéroïdiens sont très efficaces pour certaines localisations, notamment pour les brûlures des pieds, les douleurs rebelles à ces traitements peuvent relever d‟un mécanisme de désafférentation accessible au clonazépam. Les douleurs provoquées au moment des bains imposent le recours aux techniques d‟anesthésie générale. Pour Coats T J et Edwards C [114], dans le cas de brûlures du 1er et 2ème degré superficiel, les douleurs sont au premier plan, car les terminaisons nerveuses ne sont pas détruites, les anti-inflammatoires non stéroïdiens suffisent généralement. Les brûlures superficielles bénéficient du refroidissement procuré par les pansements de type gel qui font baisser la température cutanée à environ 28°C, ce qui correspond au point antalgique. En urgence, la kétamine à dose antalgique La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 174 Discussion : prise en charge est très efficace (à associer aux benzodiazépines- pour prévenir l‟effet dysphorique).Pour les brûlures intermédiaires, l‟usage d‟opioïdes est nécessaire. Une étude locale du service [1] menée en 2004 montre que l‟analgésie est presque systématique mais on remarque un changement du comportement concernant le produit utilisé: la morphine était le produit utilisé quasiexclusivement au service de réanimation pédiatrique entre 1997 et 1999 pour lutter contre la douleur, par la suite le paracétamol a été utilisé de plus en plus souvent associé à la codéine. 5. Antibiothérapie Dans notre série, 86% des cas ont été mis sous antibiotique dès l‟admission à type : pénicilline M (62,15%), pénicilline G (20,27%) ou ampicilline (4,05%) des cas. Dans l‟étude de K.Ouazzani [1], l‟antibiothérapie systématique à spectre étroit est de mise : 100% des patients ont été mis sous antibiotique type péni G ou ampicilline. Dans l‟étude gabonaise de Pierre Nzoghe Ngmema [101] la prescription de pénicilline ou de l‟association amoxicilline -acide clavulanique suffisait dans les atteintes simples, elle visait l‟éradication des germes tellurique et du staphylocoque doré saprophyte de la peau. Cette antibiothérapie de départ était réadaptée au cours de l‟évolution en fonction du contexte infectieux local ou général et des germes isolés. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 175 Discussion : prise en charge Pour H.Carsin [2] aucune antibiothérapie ne se justifie à ce stade de la brûlure. Seules les lésions du périnée, les lésions souillées ou très profondes ayant nécessité escarrotomies sont traitées par de la pénicilline G, éventuellement associée à l‟oranidazole ou métronidazole en cas de risque fécal. 6.Réchauffement Le réchauffement des patients est assuré par chauffage central permettant de maintenir un environnement thermique adéquat en l‟absence de matériels plus sophistiqué (lit radiant). 7. La protection gastrique. La protection gastrique était de mise chez 73,25% des cas de notre étude, à type d‟anti sécrétoire H2. Pour H.Carsin [2] l‟administration d‟antiacide à visée gastriques n‟est pas utile chez un patient bien réanimé, les hémorragies digestives à ce stade sont devenues exceptionnelles, les anti sécrétoires sont donc réservés aux patients ayant des antécédents ulcéreux. 8. Le changement de pansement Le changement de pansement est réalisé au bloc opératoire central pour 77,90 % des cas, au niveau même de la réanimation pour 9,30%et au niveau des UCP pour 12,79% des cas. La fréquence de ce changement était en moyenne d‟un pansement toute les 48h mais ce délai n‟a pas toujours être respecté vu la difficulté de coordination avec les services de chirurgie . La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 176 Discussion : évolution IV. L’EVOLUTION Dans notre étude, 74,41% des cas ont connu une évolution favorable dont : 72,1 % ont été transférés au service de chirurgie C, 1.16% au service de chirurgie A. Le taux de mortalité est de 25,58%, ce taux a connu une baisse significative par rapport aux études précédemment réalisée au service [115] :56% de décès [1] 51% de décès, ayant pour cause directe le choc septique. La brûlure est la première cause de mortalité dans le service de réanimation de CHU Ibn Rochd, cette mortalité est de l‟ordre de 20% [116] (étude à tout âge confondue). Ce taux reste élevé quand on sait que le taux de mortalité par brûlure aux Etats-Unis ne dépasse pas 10% [117] (étude à tout âge confondue). Une enquête nationale [118] révèle que le taux de mortalité par brûlure à l‟échelle nationale est de l‟ordre de 12%, essentiellement en rapport avec un collapsus cardio-vasculaire (33.2%) et un choc septique (51.7%). Dans notre étude le choc septique (50%) et la défaillance multi organique (31,81%) étaient les causes directes de décès. L‟incidence du sepsis a été diminuée de 16,27% des cas de notre étude sachant que dans une étude précédente faite au service en 2004 le choc septique a conserné 43% des patients et il est incriminé dans la très grande majorité des cas de décès. Dans les pays développés l‟incidence du sep sis a été réduite, et les décès sont le plus souvent liés à la défaillance respiratoire : une étude américaine trouve une différence significative entre les taux de mortalité chez les enfants La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 177 Discussion : évolution avec une SCB de 21 à 83% ayant des lésions respiratoires dues à l‟inhalation (13.9%) et sans inhalation (29%) [117]. L‟enquête épidémiologique française [99] révèle que sur les 697 patients inclus dans l‟étude seul 6 décès ont été enregistrés dont 5 porteurs de lésions d‟inhalation. Barrow et Coll [117] ont déterminé qu‟une surface brûlée entre 50 et 73% est associée à 10% de mortalité. Dans notre série la surface cutanée brûlée moyenne des enfants décédés était de 37.90% versus 24% chez les survivants, 59,1% des décès avaient une brûlure de 3eme degré. L‟âge est également un facteur de mauvais pronostic, la vulnérabilité devant la brûlure étant maximale chez les enfants de moins de 5 ans : 77,27% des décès ce qui concorde avec les données de la littérature [117]. Les facteurs de mauvais pronostic de notre série sont : - Le milieu rural - Etendu> 40% - Profondeur 3ème degré ou 2 + 3ème degré. - Score UBS > 80% - Localisation face + périnée - Délai d'acheminement > 24h - L'état comateux à l'admission - Lésion respiratoire associé - Support vasoactif La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 178 Discussion : évolution - Ventilation mécanique - La non ATB à l'admission - Hypoprotidemie - Choc septique Il parait donc évident que ce taux de mortalité (même s‟il est diminué par rapport aux études précédentes reste élevé par rapport à la littérature) est directement imputable à une prise en charge inadéquate dans une structure polyvalente qui constitue un environnement a grand risque infectieux pour cet immunodéprimé sans peau, d‟autant plus que la couverture cutanée n‟est qu‟exceptionnellement faite à un stade précoce. Cette différence pourrait aussi s‟expliquer par des séries étrangères qui ne concernent par uniquement les brûlures graves en milieu de réanimation pédiatrique, mais plutôt des enfants brûlés de gravité variables, ou bien des séries adultes et enfants regroupés. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 179 Problèmes et suggestions La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 180 Problèmes et suggestions Problèmes et suggestions Problèmes En dehors de l‟hôpital Déficience de service de ramassage ce qui fait que certains patients arrivent tardivement a l‟hôpital. Certains gestes incorrects sont encore pratiqués telle que l‟application de dentifrice et henné qui aggravent l‟état local du brûlé. Méconnaissance de (cooling), mesure simple aux bienfaits certains s‟il est réalisé immédiatement. Large diffusion de l‟utilisation de la bouteille du gaz de 3 kg malgré l‟insécurité à son utilisation. Equipement défectueux à la maison et absence de surveillance des enfants à l‟intérieur du domicile familiale même. L‟hôpital. Absence de structures spécialisée dotée d‟une équipe, La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 181 multidisciplinaire rompue à cette activité. Problèmes et suggestions Les suggestions Limiter le nombre de brûlés Le seul moyen est la prévention : Primaire et secondaire : information et éducation par les différents moyens : presse écrite, télévision, école, affiches….etc. dans ce cadre différents conseils peuvent être donnés à la population pour la mise en garde contre les risques représentés par la manipulation des corps inflammables. Tertiaire : avec un programme de soin proprement dit. Il est souhaitable de créer un centre à Rabat pour les soins des brûlés selon des normes bien définies. Ce centre aura pour missions les soins des brûles (prise en charge multidisciplinaire ; réanimateurs, chirurgiens, kinésithérapeutes, psychologues, dermatologues, médecins rééducateurs, infirmiers spécialisés), la formation du personnel soignant (médecins et infirmiers) et la réalisation d‟enquêtes épidémiologiques qui seront à la base des campagnes de prévention. Il sera alors doté d‟antennes pour chaque région, dont la mission sera la mise en condition des grands brûlés et leur transfert, ainsi que le traitement des patients brûlés qui ne nécessitent pas des soins particuliers. Au fur et à mesure du développement de ces antennes, elles se transformeront en unité régionale de brûlés. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 182 Problèmes et suggestions Améliorer le ramassage Insister sur le danger des pratiques ancestrales. Enseigner certains gestes salvateurs aux secouristes : refroidissement immédiat, manœuvre de “ stopper –tomber- rouler ” en cas de brûlure par flamme… Se doter d‟équipes et d‟équipements des premiers soins performants. Les dossiers médicaux doivent être pris avec une attention particulière et tous les paramètres évolutifs être consignés, d‟autant plus qu‟il s‟agit de dossiers qui vont servir pendant des années pour le suivi, les consultations ultérieures doivent être mentionnées sur les dossiers pour pouvoir suivre ces malades. De même le traitement chirurgical doit être toujours consigné. Traitement d‟avenir Malgré tous les progrès du traitement, nous sommes encore à la préhistoire de la brûlologie, deux grandes révolutions sont à espérer : D‟une part la compréhension des étapes de la cicatrisation avec l‟espoir de pouvoir accélérer et contrôler l‟ensemble du processus de réparation cutanée. D‟autre part la création d‟une peau artificielle anallergique immédiatement disponible pour tout brûlé. La prise en charge des brûlures graves de l‟enfant en milieu de réanimation La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 183 Conclusion La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 184 Conclusion La brûlure est un accident fréquent et grave chez l‟enfant avec des conséquences fonctionnelles, esthétiques et psychologiques parfois dramatiques, facilement évitables par une prévention visant l‟enfant, la famille et le personnel médical. Le progrès de la réanimation (correction des troubles hémodynamiques, le traitement et la prévention des complications) a permis de diminuer considérablement la mortalité liée à la brûlure. Au terme de cette étude épidémiologique, nous pouvons dire que les enfants paient un lourd tribut aux brûlures. Ceci ne pourrait être améliorer que par une meilleure stratégie hospitalière dans la prise en charge des brûlés, et qui se doit être multidisciplinaire nécessitant l‟intervention de l‟anesthésiste, du biologiste, de l‟infectiologue et du chirurgien, et un développement de la prévention et de l‟information. Malgré tout, il persistera toujours de tels accidents dus à l‟imprudence liée à l‟âge. Dans ce cas il faut essayer de diminuer la morbidité et les séquelles par une prise en charge optimale. La brûlure : il vaut mieux la prévenir que la guérir La prise en charge des brûlures graves de l‟enfant en milieu de réanimation La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 185 Résumés La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 186 Résumés Résumé La brûlure entraîne une destruction du revêtement cutané à l‟origine d‟une réponse inflammatoire locale et générale dont les complications peuvent être mortelles. Le but de notre travail est l‟étude du profil étiologique, clinique, évolutif ainsi que la prise en charge chez l‟enfant brûlé admis au service de réanimation pédiatrique polyvalente de l‟hôpital d‟enfant s de rabat. Notre étude est rétrospective sur 3ans et regroupe 86 enfants victimes de brûlures graves. L‟âge moyen est de 3 ans et 2 mois, 55,8% sont des garçons, 59,3% sont issus d‟un bas niveau socio-économique. L‟accident est domestique dans 76,7% des observations où il survient à domicile, il a lieu au bain maure dans 10,5% des cas. L‟ébouillantement est le mécanisme le plus prépondérant avec un taux de 63,9%, la brûlure par flamme de butane et 7,13% par bougie, alors que la brûlure électrique et le syndrome de Lyell ne sont retrouvés que chez 3,5% des cas. Le délai d‟acheminement à l‟hôpital est de 11 en moyen. La brûlure est le plus souvent du 2ème degré (61,6% des cas). La surface cutanée brûlée est inférieure à 20% chez 11,4% des enfants, entre 20% et 40% chez 26,14%, entre 40% et 60% chez 61,37% et supérieure à 60% chez 1,13% des victimes. Les brûlures intéressant le membre supérieur (90,9%), le tronc (79,6%) le membre inférieur (72,73%), la face (63,64%) et le périnée (3,4%). La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 187 Résumés Une réanimation hémodynamique et respiratoire est instituée à la phase initiale, la ventilation mécanique est nécessaire dans 17,4% des cas, associée au réchauffement, à l‟analgésie, l‟antibiothérapie et protection gastrique. Le taux de mortalité est de 25,6% avec pour cause directe le choc septique (50%) des cas et la défaillance multiviscérale (31,8%) des cas, 77,27% des décès sont âgés de moins de 5ans, la surface cutanée brûlée moyenne chez les enfants décédés est de 37,9% versus 24% chez les survivants, 54,54% des décès avaient un UBS entre 80% et 120%. En vue de ce travail, nous insistons sur l‟importance de la prévention primaire par l‟éducation des parents surtout des mères des familles, mais aussi la nécessité de créer une unité spécialisée pour les brûlés. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 188 Résumés Summary The burning leads to destruction of the skin to cause an inflammatory response which local and general complications can be fatal. The goal of our work is the study profiling etiological, clinical, evolutionary and care for children burned admitted to the pediatric intensive care unit for multi-child hospital in Rabat, our study is retrospective on 3 years and group 86 victims of serious burns. The average age is 3 years and 2 months, 55.82% are male, 59.3% are from low socio-economic development. The accident home in 76.74% of the observations or it occurs at home, he held Moorish bath in 10.46% cases, The scalds is the most dominant with a rate of 63.95%, by the burning flame is found dabs 26.74% of cases by 18.6% butane flame and 7.13% by candle burns while the eclectic and Lyell's syndrome are found among the 3.48% case. The deadline for delivery in hospital the is 11hours on average. The burn is most often 2nd degree (61.62% of cases). The burned skin surface is less than 20% from 11.36% of children between 20% and 40% to 26.14% from 40% and 60% from 61.37% and 60% higher at 1.13 of victims. The burns affecting the upper limb (90.91%), trunk (79.55%), the less (72.73%), face (63.64%) and perineum (3.41%). La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 189 Résumés A hemodynamic and respiratory resuscitation is established upon the initial phase, mechanical ventilation is necessary in 17, 4% of cases associated with the warming in analgesia, antibiotics and gastric protection. The mortality rate is 25.58% with the direct because septic shock (50%) cases and my failure multi visceral (31.81%) cases, 77.27% of deaths are children under 5 years the average surface skin burned children died of 37.90% versus 24% among survivors, 54.54% of deaths were UBS between 80% and 120%. Seen from this work, we stress the importance of primary prevention through education of parents especially mothers of families, but also the need to create a specialized unit for burn victims. La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 190 Résumés La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 191 Résumés La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 192 Bibliographie La prise en charge des brûlures graves de l’enfant en milieu de réanimation 193 Bibliographie [1] OUAZZANI CHAHDI .K Thèse de médecine, faculté de médecine de Rabat : N°64, Année 2004. [2] CARSIN.H, H.LE BEVER, L.BARGUES, J.STEPHANAZZI. BURN INJURIES. EMC-(Elsevier Masson SAS, Paris) medicine d‟urgence, 25-030-D-40; 2007. [3] A LAKHAL, LE COADON, THOMAS DELAPORTE, JEAN-CHRISTOPHE BICHET, FREDERIC LAMBERT, DANIEL CANTALOUCBE. Chirurgie des brûlures graves au stade aigu. EMC-consulte 2000 Elsevier Masson SAS paris. [4] ECHINAUD C, LATARJET J, CONSTITUTION DE LA LESION. IN. C ECHINAUD, J ED LATRAJET (ED). Les brûlures – Paris, Masson : 1993 ; 23-26. 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