Le kératocône - Technolens CH

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Le kératocône
Une brochure d’information pour les praticiens et les personnes
concernées©
Version 2010
Raphael L. Eschmann
Avec la collaboration de P.D. Dr. Béatrice Frueh, Birgit Kreuter, Andrea Müller-Treiber, Leo Neuweiler, Karin Spohn et Frank
Widmer
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Avant-propos
De nos jours, les exigences en matière d’acuité visuelle sont de plus en plus grandes. Déjà de petites
faiblesses de la vue peuvent être très gênantes dans la vie quotidienne; dans certaines circonstances
elles représentent même un danger. La correction optique des amétropies doit être faite en tenant
compte du genre et de l’évolution de l’affection. Des contrôles réguliers chez l’opticien et
l’ophtalmologue sont indispensables.
A côté des amétropies connues il y a le kératocône, une altération de la cornée qui entrave
durablement la vision. L’évolution est sournoise et selon le genre, le type ou le stade de la maladie, la
personne concernée ne se rend compte de l’affection qu’après un certain temps.
On parle beaucoup de kératocône dans les milieux professionnels intéressés. Outre les questions
d’étiologie (cause et raison), de genèse (origine et développement), de morphologie (configuration et
structure des tissus), de classification (phénotype), d'épidémiologie (fréquence et lieu d’apparition)
ainsi que d’hérédité (antécédents) il s’agit d’étudier les possibilités d’aides optiques. Le but d’un
soutien optique optimal est de procurer au patient le plus grand confort visuel et de le lui assurer le
plus longtemps possible.
Beaucoup de personnes atteintes de ce mal aimeraient comprendre l’aspect de la maladie et les
moyens de correction. Nous aimerions donc offrir un maximum d’informations et tentons de les
présenter sous une forme qui permettra également aux non-professionnels de comprendre la situation
d’une personne atteinte d’un kératocône.
Le kératocône et ses conséquences sont vécus très différemment par les divers individus. Des
informations approfondies quant aux interrogations individuelles devraient donc être réunies auprès
de l’opticien et de l’ophtalmologue traitant. De nouvelles découvertes provenant de la science et de
l’enseignement de la médecine ainsi que des nouvelles technologies pour la fabrication d’aides
optiques, ouvrent de nouveaux débouchés sur des possibilités d’application qui permettent d’optimiser
les moyens de correction et le confort visuel.
Pour assurer un suivi exemplaire, un dialogue franc entre le patient et le thérapeute est donc de
première importance.
La multiplication, la traduction, l'archivage sur microfilms ainsi que l’enregistrement et le traitement
sur systèmes électroniques ne sont autorisés qu’avec l'approbation explicite des auteurs.
Les déclarations suivantes ne prétendent pas être exhaustives et représentent l’opinion des
auteurs au moment de la réalisation de cet ouvrage
Berne, février 2010
Adresses pour la correspondance :
Raphael Eschmann, M.Sc.Optom.
Visiting Associagte Professor PCO
Eschmann – Contactlinsen
Kramgasse 54
CH-3000 Bern 8
Tél.
++41 31 311 73 13
Fax
++41 31 312 37 17
E-mail [email protected]
Le kératocône-une brochure d’information pour
les praticiens et les personnes concernées Version 2010
Beatrice Frueh, Prof. Dr. med.
Universitäts-Augenklinik
Inselspital
Freiburgstrasse
CH-3010 Bern
Tél.
++41 31 632 85 38
Fax
++41 31 381 70 66
E-mail
[email protected]
Raphael Eschmann
Christoph Ecke, Beatrice Frueh,
Birgit Kreuter, Andrea Müller-Treiber,
Leo Neuwiler, Karin Spohn, Frank Widmer
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Table des matières
1.
Introduction
1.1
1.2
1.3
2.
Le kératocône
2.1
2.2
2.3
2.4
2.5
2.6
2.7
2.8
2.9
3.
Les yeux et la vision
Amétropies
Correction des amétropies
La cornée saine
Les différentes ectasies d’une cornée altérée par la maladie
Fréquence du kératocône
Aspect clinique du kératocône
Aspects du kératocône
Quand le kératocône apparaît-il
Evolution éventuelle du kératocône
Qui peut être atteint d’un kératocône
Le kératocône est-il héréditaire
Les possibilités de correction du kératocône
3.1
3.2
3.3
Les limites des lunettes
Les lentilles de contact
Les mesures chirurgicales
4.
Interprétation des images du vidéokératographe
5.
Remarques finales
5.1
5.2
5.3
5.4
6.
Recommandations bibliographiques
6.1
6.2
6.3
7.
A quoi faut-il spécialement faire attention
Trucs et astuces pour les porteurs (porteuses) de lentilles de contact
Qu’apportera l’avenir et quels sont les pronostics
Auteurs
Livres spécialisés
Médias électroniques, liens vers la littérature spécialisée
Médias électroniques, liens pour communiquer entre personnes concernées
Littérature
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1.
Introduction
1.1
Les yeux et la vision
Avant que la lumière ne tombe sur la rétine (3) avec la fovéa (4) et y projette une image
inversée de l’objet contemplé, elle traverse la cornée (7), l’humeur aqueuse (11) qui se trouve
derrière, puis le cristallin (10) et finalement le corps vitré (1) de l’œil. L’iris (8) règle la quantité
de lumière qui entre par la pupille (9) et les fibres musculaires du corps ciliaire ont pour tâche
de bomber plus ou moins le cristallin (10) selon la distance de l’objet examiné, pour maintenir
ainsi la capacité visuelle et le confort optique.
Coupe de l’œil (schématique)
La sclérotique (6) entoure le globe oculaire pour se transformer sur le devant en cornée. Sous
la sclérotique on trouve la choroïde (2), fortement vascularisée et qui approvisionne l’œil en
éléments nutritifs et qui se transforme dans un premier temps en corps ciliaire (12) puis en
iris (8).
La cornée (7) est la délimitation antérieure de l’œil et sert, avec le globe oculaire, à projeter la
lumière sur la rétine (3) de façon à ce qu’une image nette en résulte. La cornée est fortement
bombée et transparente. Chez les amétropes qui portent des lentilles de contact, celles-ci
nagent sur le film lacrymal qui se trouve directement sur la cornée.
L’humeur aqueuse (11) est un liquide qui remplit l’espace dans la partie antérieure de l’œil
entre l’arrière de la cornée et l’avant du cristallin. La forme de l’œil est essentiellement
garantie par la pression intraoculaire de l’humeur aqueuse.
Le cristallin (10) forme avec la cornée (7) la majeure partie de l’appareil de réfraction de l’œil.
En outre, il a la capacité de projeter sur la rétine (3) des images nettes d’objets se trouvant à
différentes distances.
Le corps ciliaire (12) permet au cristallin de changer de courbure et, est donc responsable de
la mise au point de près (autofocus). L’humeur aqueuse (11) est produite dans les appendices
ciliaires.
Le corps vitré (1) est une masse gélatineuse qui remplit l’espace entre le cristallin et la rétine.
Il sert essentiellement, à l’instar de l’humeur aqueuse (11), au maintien de la forme de l’œil.
La rétine (3) est la partie sensible à la lumière et constitue, avec la cornée, la partie la plus
importante pour la vision. Elle contient les cellules optiques (bâtonnets et cônes rétiniens) et
transforme la lumière à l’aide des environ 125 millions de cellules optiques ou récepteurs en
impulsions électriques. La fovéa (4) se trouve exactement en face de la pupille. C’est la zone
qui donne la meilleure acuité visuelle.
Le nerf optique (5) transmet les impulsions électriques à travers les fibres nerveuses pour être
traitées par le cerveau. L’endroit où le nerf optique rejoint la rétine n’est pas sensible à la
lumière (papille).
La conjonctive est une muqueuse qui tapisse le passage entre le globe oculaire et les
paupières et forme un double pli devant l’orbite. Sur le bord des paupières et à l’endroit de la
transition de la sclérotique à la cornée la conjonctive est fermement reliée à son support, tout
en restant très mobile.
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1.2
Amétropies
1.2.1
L’emmétropie
La longueur de l’œil est en juste rapport avec le système de réfraction. Des rayons
ayant une incidence parallèle sur l’œil convergent en un foyer sur la rétine et l’image
qui y est projetée est nette.
Source: www.klinikum-dessau.de
1.2.2
L’hypermétropie
L’œil est trop court par rapport au système de réfraction. Les rayons ayant une
incidence parallèle sur l’œil convergent en un foyer non pas sur mais derrière la
rétine. Grâce à la faculté du cristallin de modifier la réfraction partiellement ou
entièrement, l’hypermétropie peut être compensée jusqu’à un certain degré. Pour la
correction on se sert de verres convexes (correction positive).
Source: www.klinikum-dessau.de
1.2.3
La myopie
L’œil est trop long par rapport au système de réfraction. Les rayons ayant une
incidence parallèle sur l’œil convergent non pas sur mais devant la rétine. Le cristallin
ne peut compenser la myopie. Le myope à une mauvaise vue de loin. Pour la
correction on se sert de verres concaves (correction négative).
Source: www.klinikum-dessau.de
1.2.4
Astigmatisme régulier ou irrégulier
La plupart du temps, ce défaut visuel est associé à une hypermétropie ou à une
myopie. Les rayons parallèles convergent non pas en un foyer mais sur deux lignes
focales.
En cas d’astigmatisme régulier, la cornée et/ou le cristallin présentent une surface
avec deux rayons de courbure différents. On appelle ces courbures « méridiens » et
ils se situent, comme les lignes focales qu’ils produisent, perpendiculairement l’un sur
l’autre. La réfraction respective est de la même force dans chaque méridien. Pour la
correction on se sert de verres avec cylindre qui présentent, à l’instar de l’œil, dans
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deux différents méridiens des effets dissemblables. La position de l’axe doit
correspondre aux méridiens de l’œil.
L’astigmatisme irrégulier est provoqué la plupart du temps par une maladie ou une
lésion de la cornée. Quand des déformations irrégulières de la surface cornéenne ou
des altérations dans une des couches de la cornée ne permettent plus d’obtenir une
image valable, la correction avec des verres de lunettes n’est plus possible.
1.2.5
1.3
Presbytie
La presbytie est un effet naturel du processus de vieillissement du cristallin et elle
touche aussi bien les emmétropes que les amétropes de tout genre. Personne n’y
échappe et la presbytie augmente avec l’âge jusqu’à ce qu’elle ait atteint un palier
stable. Elle se manifeste en général entre la 45e et 50e année quand le pouvoir
d’accommodation du cristallin est réduit ou a disparu. Toutefois, il peut y avoir
perception subjective si une amétropie préalable n’avait pas été corrigée.
Correction des amétropies
1.3.1
Verres ophtalmiques
A l’exception de l’astigmatisme irrégulier toutes les amétropies sus-mentionnées
peuvent être corrigées avec des verres ophtalmiques. Selon l’anomalie on utilise des
verres sphériques ou cylindriques mono- ou multifocaux en verre de silicate ou en
matière organique (plastique).
1.3.2
Lentilles de contact
Les lentilles de contact flottent sur le film lacrymal devant la corné. Grâce aux larmes
qui se trouvent sous la lentille nombre d’irrégularités de la surface antérieure de la
cornée peuvent être compensées. Comme elles se déforment moins, les lentilles
flexibles perméables aux gaz se prêtent nettement mieux à cet usage que les lentilles
souples hydrophiles. Nous reviendrons sur l’emploi spécifique des lentilles de contact
en cas de kératocône au paragraphe 3.2.
1.3.3
L’orthokératologie (lentilles en port nocturne)
Les lentilles sont portées la nuit et non pas pendant la journée et servent à la
correction d’astigmatismes modérés et de myopies allant jusqu’à –5 dpt. Il s'agit-là
d’un remodelage de la cornée non invasif et réversible par déplacement du tissu
cornéen.
Ce système de correction est contre-indiqué en cas de kératocône et d’autres
altérations semblables de la cornée.
1.3.4
Chirurgie réfractive
Aujourd’hui on connaît plusieurs méthodes pour traiter les divers défauts visuels. Mais
selon les derniers acquis de la science, toutes ces méthodes sont inadéquates en cas
d’affections de la cornée. Ainsi, en présence d’un kératocône, il y a contre-indication.
Ci-dessous vous trouverez une sélection des procédés les plus courants :
RK =
Kératotomies radiaires
Des incisions radiaires profondes de la cornée changent la réfraction. Aujourd’hui ce
procédé est rarement utilisé et réservé à des cas spéciaux.
PRK =
Kératectomie photo réfractive
On enlève l’épithélium de la cornée pour traiter ensuite la couche qui se trouve
dessous (le stroma) au laser Excimer. Des myopies jusqu’à –5.0 dioptries peuvent
être traitées par ce procédé.
Lasik =
Laser in situ Kératomileuisis
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Avec un instrument spécial on soulève un mince volet de la cornée (épithélium et
couche de Bowman). Ensuite on traite au laser Excimer la couche qui se trouve
dessous (stroma), puis on replace le volet.
Possibilités de corrections sphériques :
+4.00 à –8.00 dpt.
Correction de l’astigmatisme :
au maximum 4.00 dpt.
Lasek = Kératektomie Laser (sub)épithélial
On ramollit l’épithélium cornéen avec une solution d’alcool pour pouvoir le soulever.
La couche qui se trouve dessous (stroma) est traitée au laser Excimer. Ensuite on
recouvre la cornée traitée de l’épithélium.
Possibilités de corrections sphériques :
+4.00 à –8.00 dpt.
Correction de l’astigmatisme :
au maximum 4.00 dpt.
ICR =
Anneau intra-cornéen
On implante au centre de la périphérie cornéenne, au niveau du stroma, deux
segments d’anneaux, qui modifient indirectement la réfraction au centre.
Possibilités de corrections sphériques :
-2.00 à –5.00 dpt.
Il est possible d’implanter deux segments d’une épaisseur différente.
Après l’implantation d’anneaux intra-cornéens
ICL =
Lentille intra-oculaire
Implantation d’une lentille artificielle derrière la pupille (iris), sur le cristallin naturel.
Possibilités de corrections sphériques :
-8.00 à –25.00 dpt et +4.00 à + 12.00 dpt.
Lentille intra-oculaire implantée derrière l’iris,
visible lors d’une pupille fortement dilatée.
IOL =
Lentille intra-oculaire
Remplacement du cristallin par une lentille artificielle à réfraction optimisée. L’œil
devient ainsi pseudophake. Il perd sa faculté innée de mise au point rapprochée (auto
zoom).
Possibilités de corrections sphériques :
+12.00 à -30.00 dpt.
IOL-LC = Lentille intra-oculaire de la chambre antérieure
Implantation d’une lentille artificielle devant la pupille (iris). Elle repose sur l’angle de
la chambre antérieure ou est fixée à l’iris.
Possibilités de corrections sphériques :
-8.00 à -25.00 dpt. et +4.00 à +12.00 dpt.
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Lentille intra-oculaire de la chambre antérieure fixée à l’iris
Il n’a pas été jugé utile d’illustrer les autres méthodes mentionnées ci-dessus, puisque le processus
ne pouvait être démontré de façon satisfaisante.
2.
Le kératocône
2.1
La cornée saine
La cornée humaine est un élément constituant du derme oculaire extérieur et se
transforme vers l’arrière en sclérotique. La cornée est composée de 6 couches, ayant
chacune une structure et une tâche différentes : l’épithélium, la membrane basale, la
membrane de Bowman, le stroma, la membrane de Descemet, l’endothélium.
L’épithélium est la couche supérieure de la cornée et se compose d’un tissu formé par
plusieurs couches de cellules. Il est relativement vulnérable mais se régénère bien et
rapidement. L’épithélium et le film lacrymal ont une fonction de protection contre les
micro-organismes. L’hydratation optimale de la surface – très importante pour le
confort lors du port de lentilles - se fait grâce à une substance visqueuse, produite par
les cellules gobelet qui se trouvent dans la conjonctive.
L’épithélium forme la membrane basale qui se trouve directement en dessous.
La membrane de Bowman peut être considérée comme la couche supérieure,
comprimée du stroma. Elle possède une relativement haute résistance mais ne peut
se régénérer après une blessure sans laisser de cicatrices.
Le stroma se compose de fibres, de substances intermédiaires et de cellules
(kératocytes). C’est la couche la plus épaisse.
La membrane de Descemet est la membrane basale pour l’endothélium et s’épaissit
avec l’âge. Elle peut se régénérer après une perte de substance. Comme il n’y a
pratiquement pas de fibres élastiques, elle peut présenter des fissures béantes (plis
de Descemet).
L’endothélium est fait d’une seule couche. Son importance pour l’alimentation et la
transparence de la cornée est capitale. Après une blessure et/ou des troubles de
métabolisme persistants, les lacunes occasionnées par les cellules manquantes
seront comblées par migration et dilatation des cellules voisines car le tissu ne peut
pas se régénérer.
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Film lacrymal
Assise superficielle
Assise
intermédiaire
Assise basale
Membrane basale
Epithélium
Membrane basale
Membrane de Bowman
Stroma
Membrane de Descemet
Endothélium
Coupe histologique de la cornée illustrant
l’emplacement des structures mentionnées
Pour accroître la stabilité de la cornée, l’épithélium est fixé à son support par de
profonds ancrages qui plongent jusque dans le stroma.
Des modifications dans la structure de la membrane basale et de la zone de Bowman
(BZ) lors de kératocône porte plus ou moins atteinte (selon le stade de la maladie)
tant à la structure qu’à l’ancrage de l’épithélium. Par conséquent, la cornée perd sa
faculté de résistance mécanique, ce qui peut entraver le confort de port et
l’accoutumance aux lentilles de contact. Les restrictions quant au port de lentilles sont
donc dictées non seulement par la topographie mais aussi en grande partie par la
morphologie de la cornée.
Images de la surface cornéenne sphérique
2.2
Images de la surface cornéenne avec
astigmatisme régulier
Les différentes ectasies d’une cornée altérée par la maladie
Parmi les différentes courbures irrégulières mentionnons les apparitions suivantes.
2.2.1
Le kératocône
Le kératocône est une maladie non-inflammatoire de la cornée, attaquant la plupart du
temps les deux yeux et ayant tendance à progresser. Le renflement ressemble le plus
souvent à un cône et il ne concerne qu’une partie de la cornée. Le kératocône se
déclare la plupart du temps entre la deuxième et troisième décennie de la vie.
Vue latérale du renflement de la cornée
du kératocône
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Image au kératographe
d’un kératocône
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2.2.2
Le kératoglobe
Le kératoglobe est une altération maladive de la cornée, extrêmement rare et qui
touche en général les deux côtés. Le renflement est sphérique et affecte toute la
cornée. Il s’agit là d’une malformation congénitale.
Vue de face du renflement de toute
la cornée d’un kératoglobe
2.2.3
Image au kératographe
d’un kératoglobe
La dégénérescence pellucide marginale
La dégénérescence pellucide marginale est une atteinte de la cornée rarissime qui se
manifeste d'habitude des deux côtés. Les ectasies se trouvent sur la partie
périphérique inférieure de la cornée. Cette maladie se déclare le plus souvent vers la
troisième ou quatrième décennie de la vie.
Partie inférieure amincie de la cornée d’une
dégénérescence pellucide marginale
Image au kératographe
d’une dégénérescence pellucide marginale
2.3
Fréquence du kératocône
En définitive nous ne pouvons donner une indication quant à la fréquence du kératocône. Une
des raisons est que sa fréquence dépend fortement de la répartition géographique. D’autre
part, il existe différentes formes de cornée qui peuvent avoir l’apparence d’un kératocône peu
important - donc subjectivement pas perçus dans son aspect clinique – resté au stade initial.
La littérature parle d’env. 50 cas par 100'000 habitants.
2.4
Aspect clinique du kératocône
Sous le terme kératocône on entend une maladie non-inflammatoire de la cornée à tendance
progressive, dû à des troubles du métabolisme. Au cours de son évolution, les zones
centrales et para-centrales de la cornée subissent un renflement et la cornée s’amincit à cet
endroit. Aux stades avancés de la maladie on constatera la formation de cicatrices.
L’acuité visuelle peut être fortement entravée par cette maladie. La correction de la vue peut
se faire au début avec des lunettes mais à un stade plus avancé seulement avec des lentilles
de contact rigides. Quand il n’est plus possible d’adapter des lentilles parce que la maladie a
trop progressé, il faut procéder à une transplantation de la cornée pour une réhabilitation
visuelle.
On obtient des résultats positifs en traitant le tissu cornéen par réticulation du collagène (voir
3.3.4) pour stabiliser le développement du kératocône. Des observations sur 7,5 ans ont
démontré que le traitement est avant tout efficace aux premiers stades de la maladie. Des
tests pour corriger la forme de la cornée en implantant des segments d’anneaux sont
également en cours. Le kératocône ne peut être guéri.
2.4.1
Modification du tissu
Changements histologiques
Lors d’un kératocône les changements de structure se rencontrent surtout dans la partie
antérieure de la cornée. Ainsi la couche supérieure, l’épithélium, est plus mince que
d’habitude et présente des irrégularités structurelles. La membrane basale et la membrane de
Bowmann, qui se trouvent juste dessous, montrent une composition altérée, un
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amincissement partiel, une segmentation et des traces de cicatrices. Dans le stroma de la
cornée on rencontre également des modifications dans la composition des fibres de collagène
et des altérations de la forme et de la fonction des cellules du stroma, les kératocytes.
Changements bio-chimiques
Les changements mentionnés sont en majorité dus à un dysfonctionnement des enzymes qui
règlent le maintien et le renouvellement des cellules cornéennes. Ainsi trouve-t-on dans le
stroma de cornées affectées par un kératocône une augmentation des enzymes qui dégradent
le tissu et une diminution des enzymes qui freinent l’apoptose, c’est-à-dire la mort cellulaire
génétiquement programmée. En définitive, il en résulte une perte de tissu et par conséquent
un amincissement de la cornée.
En outre, les cornées atteintes de kératocônes ont un nombre réduit de ces enzymes qui
rendent inactifs les déchets nuisibles provoqués par les radicaux libres. Les substances
portant atteinte au tissu augmentent, ce qui entraîne une progression de l’apoptose dans le
stroma de la cornée.
Alors que les cellules ayant subi un dommage irréversible meurent, les atteintes réversibles
peuvent être rétablies par des processus de réparation. La cornée du kératocône se trouve
donc dans un état d’agression constant, ce qui mène à une détérioration du tissu et à la
formation de cicatrices dans la zone de l’ectasie.
On constate un amincissement du stroma et un ramollissement de la cornée dus aux
modifications. La capacité mécanique est réduite 2 fois et demie.
2.4.2
Manifestations symptomatiques
Symptômes subjectifs
Puisque la cornée est protubérante, une myopie progressive s’installe, ce qui est perçu par le
patient comme une détérioration de la vue. Par ce renflement, la surface cornéenne devient
plus ou moins irrégulière ce qui génère un astigmatisme irrégulier progressif et la distorsion
des images accélère la détérioration de l’acuité visuelle qui – à ce stade – ne peut plus être
rétablie par le port de lunettes. Comme le kératocône se manifeste avec un décalage dans le
temps entre un œil et l’autre, la détérioration de la vue sera donc plus marquée d’un côté.
Tous ces symptômes sont souvent accompagnés d’une forte sensibilité à la lumière.
Signes objectifs
Les symptômes objectifs d’un kératocône peuvent être détectés par un professionnel
(ophtalmologue ou opticien) avec des instruments spéciaux. On constatera par exemple
un resserrement des rayons de courbure cornéens ainsi qu’un décalage des repères de
test à l’ophtalmomètre, un instrument pour la mesure des rayons de courbure. La
progression du kératocône génère en général un astigmatisme plus important et les
axes pour la correction de l’astigmatisme sont souvent changeants pour une bonne
correction lunettes. Les mesures du vidéokératographe ne permettent pas toujours de
définir le stade d’avancement du kératocône.
Au stade avancé, la paupière inférieure forme un renflement en regardant vers le bas, ce
qui est un signe de Munson.
Amincissement de la cornée dans la zone atteinte
par un kératocône au stade avancé, visible avec
une lampe à fente
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Lignes de fissure de Vogt de la membrane Descemet
et formation de cicatrices sur la zone convexe.
(Illustration: W. Sickenberger)
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Piquetés en forme de tourbillon sur un kératocône
après coloration à la fluorescéine.
Hydrops aigu après rupture de l’endothélium et
de la membrane de Descemet
A la lampe à fente on peut constater une protubérance de la cornée hors de la moyenne
ainsi qu’une altération de la structure cornéenne, comme un amincissement et la
formation de cicatrices dans la zone de l’ectasie, des enkystements ferrugineux dans la
périphérie de l’ectasie au niveau de la couche cornéenne supérieure (anneau de
Fleischer) et des fissures dans la zone cornéenne postérieure (stries de Vogt). Lors d’un
examen avec un produit de diagnostic colorant (la fluorescéine) on verra apparaître sur
la couche supérieure de la cornée (l’épithélium) un motif coloré typique (piquetés en
forme de tourbillon).
En procédant à l’examen de la vue on constatera une augmentation de la myopie allant
de paire avec l’aggravation de l’astigmatisme et même la meilleure correction en
lunettes n’empêchera pas la diminution de l’acuité visuelle.
2.5
Aspects du kératocône
Du point de vue de la phénoménologie les différentes formes du kératocône peuvent se
classer dans 4 catégories, au moyen d’images à la fluorescéine avec une lentille sur l’œil. Les
frontières entre ces différentes formes établies peuvent cependant être fluctuantes.
L’aspect morphologique du kératocône peut également être quantifié par des données
mesurables. Il s’agit de paramètres tels que l’emplacement, la disposition et le diamètre de
l’endroit où la cornée est proéminente, de l’emplacement et du diamètre de la zone
d’amincissement, de la différence de courbure des rayons cornéens dans les demi-méridiens
principaux ainsi que de la différence de flèche entre l’apex de la cornée et la périphérie
cornéenne indemne.
2.5.1
Degré
Classement selon Amsler (élargi selon Muckenhirn)
Une première classification du kératocône se fait uniquement sur la base des valeurs
centrales mesurées avec l’ophtalmomètre (kératomètre) et des résultats
morphologiques obtenus avec la lampe à fente.
Angle
d’Amsler
Rayons
cornéens
[mm] *
Acuité
visuelle
avec
lunettes
1
2
3
0° - 3°
4° - 9°
> 9°
>7.5
6.5 – 7.5
5.8 – 6.5
1.0 – 0.8
0.2 – 0.8
0.1 – 0.2
4
Pas mesurable
<5.8
<0.1
Tableau d’après Amsler
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Acuité
Transparence
visuelle
de la cornée
avec
lentilles
de-contact
>1.0
normale
0.8 – 1.0
normale
0.4 – 0.8
légèrement
trouble au
centre
0.2 – 0.4
fortement
trouble au
centre
Epaisseur
de la cornée
[mm]
Excentricité
0.5
0.3 – 0.5
0.2 – 0.3
< 0.8
0.8 – 1.2
1.2 – 1.5
<0.2
>1.5
*Rayon du méridien même grandeur que le repère test
Raphael Eschmann
Christoph Ecke, Beatrice Frueh,
Birgit Kreuter, Andrea Müller-Treiber,
Leo Neuwiler, Karin Spohn, Frank Widmer
13
Le classement initial selon Amsler a été élargi par Muckenhirn en prenant en compte
l’excentricité de la cornée. L’excentricité sert de mesure pour l’aplatissement périphérique de
la cornée et constitue donc un repère important pour la fabrication de la lentille. Plus
l’excentricité est grande, plus le dégagement périphérique est plat.
2.5.1
Apparence et emplacement de la proéminence
On définit ces phénotypes par l’interprétation de la surface de contact d’une lentille à
géométrie postérieure connue à l’image à la fluorescéine. Il en résulte une différence
purement qualitative; un avis quantitatif n’est pas possible.
Pour simplifier, on peut classer les kératocônes selon leur forme, c’est à dire : globale,
ovale, circulaire et en forme de coupole. La transition entre des différents aspects
peut cependant être fluctuante et une délimitation stricte des diverses catégories de
forme n’est pas possible.
Schéma d’un kératocône global
Schéma d’un kératocône ovale
Schéma d’un kératocône circulaire
Schéma d’un kératocône en forme de coupole
Afin d’effectuer un contrôle ultérieur optimal de la zone touchée par le kératocône, il est
important de déterminer le genre et la position de la modification de l’apex ainsi que l’
amincissement de la cornée et les modifications de l’épaisseur de celle-ci.
2.5.2
Aspect de la cornée après un examen au vidéokératographe
Les vidéokératoscopes (kératographes) offrent la possibilité de déterminer la forme de la
cornée grâce à une multitude de points de mesures (jusqu'à 22'000) et sur une zone de
contrôle plus étendue que ne le permet les mesures traditionnelles effectuées à
l’ophtalmomètre (kératomètre) avec lequel peu de points sont définis. Cette multiplicité de
points de contrôle est évaluée par différents procédés mathématiques et peut ainsi donner des
informations précieuses sur la forme de la cornée ainsi que sur une modification.
Une classification sommaire et une « normalisation » sont établies selon les informations
obtenues sur la situation de la zone apicale en fonction de la totalité de la surface cornéenne.
Des différenciations de ces "normes", sont des données supplémentaires utilisées pour définir
l’aspect des divers kératocônes. En cas de besoin, ces données peuvent aussi être utilisées
pour une adaptation de lentille de contact de forme particulière. L'échelle de couleurs s’étend
du bleu pour les rayons cornéens plats, passant par le jaune et le vert jusqu’au rouge pour les
rayons serrés.
Le kératocône-une brochure d’information pour
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Raphael Eschmann
Christoph Ecke, Beatrice Frueh,
Birgit Kreuter, Andrea Müller-Treiber,
Leo Neuwiler, Karin Spohn, Frank Widmer
14
Topographie cornéenne pour une cornée sphérique
Topographie de la cornée avec un léger astigmatisme
régulier
Kératocône centré (rapport de la pointe du cône-apex)
décentration vectorielle env. 1.5 mm horizontale/verticale
Kératocône décentré temporal
Kératocône en forme de sablier (bow-tie), cette forme
aussi, comme la « normale » peut être décentrée
Kératocône latéral (hémisphérique)
Kératocône décentré vers le bas
Le kératocône-une brochure d’information pour
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Kératocône cicatrisé (auto guérison de la zone de
l’apex)
Raphael Eschmann
Christoph Ecke, Beatrice Frueh,
Birgit Kreuter, Andrea Müller-Treiber,
Leo Neuwiler, Karin Spohn, Frank Widmer
15
Cette classification élargie de la topographie cornéenne représente un grand progrès pour les
contrôles ultérieurs lors de modifications, mais également pour l'adaptation de lentilles de contact.
Avec certains appareils, en plus de la topographie cornéenne, il est aussi possible de mesurer
l’épaisseur et la forme de la surface cornéenne postérieure.
2.6
Quand le kératocône apparaît-il
Le kératocône apparaît généralement dans la deuxième ou troisième décennie de vie. Des
dispositions visibles ne se manifestent pas dans tous les cas. Ces formes de kératocônes dites
« frustes » ne compromettent pas forcément ou que peu la vision et sont détectées par hasard
ou éventuellement plus tard.
2.7
Evolution éventuelle du kératocône
Le kératocône est une affection – la plupart du temps progressive - dont les causes précises et
les mécanismes sont encore largement méconnus. En général les deux yeux sont atteints par
la maladie, cependant dans des proportions différentes. Le kératocône apparaît fréquemment
des deux côtés à différents stades. Le diagnostic est établi généralement entre la deuxième et
la troisième décennie de vie. L’évolution de la maladie varie énormément d’un individu à
l’autre. Jusqu'à l'âge d'environ 35-40 ans, on doit s'attendre à voir progresser la maladie et
donc une modification progressive de la cornée et des maux subjectifs. Ensuite, un état stable
s’installe généralement. Une nouvelle modification progressive peut survenir par poussée.
Pendant les périodes où la maladie progresse, la courbure des rayons cornéens se resserre
dans la zone concernée. La stabilité de la cornée étant très diminuée, une déchirure peut se
produire à l’arrière de la cornée et l’humeur aqueuse, ce liquide qui se trouve derrière la
cornée, peut s’y infiltrer. On parle alors de kératocône aigu (hydrops). Le kératocône aigu
guérit en laissant une cicatrice. Cela conduit généralement à une stabilisation de la cornée, de
sorte que l’évolution de la maladie s’interrompt.
Si la maladie progresse fortement, c’est-à-dire qu'on en vient à des courbures des rayons
cornéens extrêmes et à un fort amincissement du stroma, il faut envisager une transplantation
de la cornée.
2.8
Qui peut être atteint d’un kératocône
Le kératocône apparaît fréquemment lorsqu’il y a des prédispositions génétiques aux réactions
allergiques. On le retrouve également souvent chez les personnes atteintes de trisomie 21
(syndrome de Down, mongolisme). On le soupçonne aussi d’avoir un lien avec des maladies
systémiques, où la constitution du tissu conjonctif est partiellement déréglée, comme par
exemple dans le syndrome d’Ehlers-Danlos ou de Marfan et lors de maladies des yeux comme
l’amaurose congénitale de Leber, la rétinite pigmentaire ainsi que la rétinopathie des
prématurés.
2.9
Le kératocône est-il héréditaire
Il est très probable qu’il existe une prédisposition génétique au kératocône, toutefois le
processus héréditaire exact n'est pas clairement élucidé. En général, le kératocône est
considéré comme autosomal récessif ou irrégulièrement dominant. On n'a pas encore pu
identifier les facteurs susceptibles de déclencher cette maladie lors d’une prédisposition.
Il est vraisemblable qu’un composant mécanique favorise l’apparition du kératocône s’il existe
une prédisposition génétique. Chez les patients présentant un kératocône, le nombre de
personnes se frottant les yeux est nettement plus élevé que dans la population normale. En
plus, il semblerait que le taux plus élevé des radicaux libres dans les rayons UV favoriserait le
développement du kératocône.
Dans environ 6 - 15% des cas il semblerait que plusieurs membres d’une famille soient
touchés par cette maladie. En outre le kératocône est plus répandu dans les populations
isolées.
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16
3.
Les possibilités de correction du kératocône
3.1
Les limites des lunettes
Avec des verres de lunettes on peut corriger toutes les amétropies décrites précédemment, à
condition que la surface de la cornée ait une courbure régulière et permette une bonne image
sur la rétine. Si cela n'est pas le cas, comme lors d’un kératocône avancé, une lentille de
contact flexible, perméable aux gaz est généralement utilisée pour égaliser la surface de la
cornée à l’aide des larmes.
3.2
Les lentilles de contact
Les lentilles de contact doivent corriger d'une part les irrégularités de la surface de la cornée et
d'autre part l'amétropie. Le film de larmes situé entre la cornée et la lentille de contact égalise
optiquement l’irrégularité de la surface cornéenne. Selon les connaissances actuelles, les
lentilles de contact ne représentent pas une mesure prophylactique ni thérapeutique. Elles
servent seulement à l'amélioration de l’image optique et à réhabiliter ainsi la vue.
Des études ont montré que la détérioration de l’acuité visuelle lors d’un kératocône est due à
une mauvaise projection de l’image par la cornée déformée et moins transparente et non à la
rétine.
Un grand nombre de matières et de géométries différentes sont à disposition pour
l’équipement en lentilles de contact.
3.2.1
Lentilles de contact souples, hydrophiles
Elles se distinguent par la facilité d’accoutumance et – dès le début - par l’absence de
sensation de corps étranger. Comme une deuxième peau elles épousent la forme de la
cornée. Si celle-ci est déformée, les lentilles ne peuvent apporter qu’une correction
limitée. Les avancées de la technologie permettent aujourd’hui une application réduite
aux cas où la déformation cornéenne ne dépasse pas une certaine mesure.
L’emplacement du renflement par rapport à la cornée joue également un rôle essentiel.
Lentille souple pour kératocône
3.2.2
Lentilles de contact rigides, perméables aux gaz
Les lentilles de contact rigides, perméables aux gaz sont le seul moyen de correction
lors d’un kératocône avec surface cornéenne irrégulière. Elles égalisent optiquement la
surface cornéenne et permettent ainsi une image rétinienne de qualité, ce qui est la
condition de base pour une bonne acuité visuelle.
A cause du renflement de la cornée lié au kératocône, il y a déformation par rapport à
un œil sain. L’équipement en lentille d’un tel œil demande des aptitudes particulières
de l’adaptateur.
La déformation consiste avant tout en un déplacement du point culminant de la cornée
(apex), la plupart du temps vers le bas du côté nasal. Ceci provoque un fort
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aplatissement de la cornée vers le haut et en même temps un important resserrement
vers le bas.
Vu que subjectivement et objectivement les lentilles de contact sont le mieux
supportées lorsqu’elles couvrent régulièrement la cornée (synchronisme), le traitement
par lentille de contact à rotation symétrique devient de plus en plus difficile, à mesure
que le renflement augmente.
Le spécialiste en lentilles de contact dispose aujourd’hui d’une grande gamme de
formes spéciales pour l’équipement en cas de kératocône. Il s’agit par exemple de
lentilles à rotation symétrique disposant d’un grand dégagement périphérique
(excentricité) ou encore de lentilles hémisphérique-torique avec un aplatissement du
bord incorporé dans la partie supérieure pour correspondre à l’important aplatissement
de la cornée vers le haut. D’autre part, on peut aussi se servir de lentilles
asymétriques avec lesquelles on essayera d’obtenir une répartition régulière de l’appui
dans toutes les 4 directions (demi-méridiens).
Exemples d'une lentille à rotation symétrique
(illustrations: G. Poeltner)
Exemple d’une lentille spéciale asymétrique pour l’équipement d’une cornée avec un kératocône prononcé
présentant un apex décentré vers le bas (Illustrations: G. Pöltner)
Puisque les patients atteints de kératocône ont en général une sensibilité cornéenne
accrue, des lentilles de contact de grands diamètres, et offrant ainsi une plus faible
sensation de corps étranger que celles décrites plus haut, sont également utilisées. On
parle alors de lentilles mini-sclérales. Leur diamètre correspond au diamètre de la cornée.
Comme les lentilles de contact rigides, elles existent en plusieurs géométries.
Lors de kératocône prononcé, une adaptation avec des lentilles de plus grands diamètres
est nécessaire, on parle alors de lentilles sclérales. Ce genre d’adaptation offre la
possibilité de mieux corriger la surface de la cornée et permet à la lentille de rester
centrée et de tenir sur l’œil.
Lors de l’adaptation, il faut considérer que chaque lentille de contact pour kératocône,
représente une charge mécanique et métabolique supplémentaire pour une cornée déjà
traumatisée. C’est pourquoi, outre à la forme de la lentille et au mode d’adaptation, on
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18
accordera un grand soin au choix de la matière. Pour équiper des patients atteints de
kératocône on choisira donc des matières de première qualité, à très haute perméabilité
et bonne mouillabilité. Il s’agit d’éviter de nouvelles atteintes aux fonctions cornéennes
par un manque d’oxygène supplémentaire et une charge mécanique. Généralement on
aura recours aux lentilles de contact qu’une fois que les verres de lunettes ne donnent
plus de résultats satisfaisants.
Les lentilles de contact pour kératocône sont des pièces uniques, réalisées
individuellement sur mesure et conforme à la géométrie, à la puissance et à la matière
qui correspondent le mieux à la cornée en cause. Ces lentilles sont fabriquées par des
spécialistes possédant le savoir-faire nécessaire, que l’on trouve également en Suisse.
Vu ces exigences élevées, l'adaptation des lentilles de contact ne devrait être pratiquée
que par des spécialistes de lentilles de contact expérimentés et dûment formés dans
cette discipline.
En dehors de l'adaptation, il faut accorder le plus grand soin aux contrôles ultérieurs, en
surveillant de très près la compatibilité de la lentille sur l’œil. Cela exige de l’expérience et
de l’assurance pour pouvoir diagnostiquer jusqu’au plus petit changement de la structure
cornéenne.
Les points suivants sont à contrôler:
• Définir à la lampe à fente le centrage, l’assise dynamique et la surface de la lentille par
rapport à la cornée.
• Evaluer l’aspect morphologique de la cornée sans les lentilles en notant le résultats.
• Mesurer la forme de la cornée, de préférence avec le vidéokératographe pour
surveiller les modifications.
• Un examen de la vue donne des renseignements sur la puissance et la qualité optique
de la cornée et de l’ensemble de l’oeil.
• Si les résultats de ces mesures nécessitent des modifications, des lentilles de contact
appropriées seront fabriquées.
3.2.3
Lentilles de contact en système "piggyback"
Dans de rares cas, surtout lors de cornées très délicates et très sensibles aux
poussières, on peut prévoir la combinaison d’une lentille souple et d’une lentille rigide
perméable. On adaptera une lentille "de correction" rigide sur une lentille "porteuse"
souple.
3.2.4
Lentilles de contact de type Janus / lentille hybride
Ce sont des lentilles de contact avec un noyau central rigide et une périphérie souple,
on allie ici l’avantage d’une qualité optique parfaite de la lentille rigide et le confort
spontané de la souple. Toutefois, la perméabilité de cette lentille est très faible. La
fabrication d’une telle lentille est très complexe et, jusqu’à ce jour, ce type n’a pas
réussi à s’imposer. Des problèmes comme l’adaptation, la reproductibilité, la résistance
mécanique et les soins semblent limiter son application à grande échelle.
Lentille hybride sur l’œil
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19
3.2.5
Déroulement de l’adaptation de lentilles de contact lors de kératocône
Les lentilles de contact nécessaires aux patients concernés n’existent pas encore lors
du premier rendez-vous. La géométrie de ces lentilles sera définie en plusieurs étapes,
puis spécialement fabriquées sur mesure. Ci-après, voici la procédure possible du
processus d'adaptation:
- Test d’acuité visuelle non corrigée, avec lunettes existantes et avec les nouvelles
données mesurées, c’est à dire les valeurs de réfraction actuelles.
- Prise de mesure des différents paramètres de la cornée, comme les diamètres
horizontaux et verticaux, les rayons centraux, la topographie complète de la surface
postérieure et antérieure de la cornée et son épaisseur.
- Des premières lentilles de mesure sont calculées, si disponibles remises, autrement
commandées auprès d’un fabricant qualifié et spécialisé.
- Pose des lentilles de mesure, première évaluation du comportement et de l’assise des
lentilles à l’aide d’un colorant de larmes, détermination de la correction résiduelle et
des acuités visuelles possibles. Si l’image de la lentille sur l’œil correspond à la
version simulée sur le vidéokératographe, la géométrie sera définie et les lentilles
fabriquées sur mesure. La durée de l’adaptation sera alors écourtée. Ce processus
peut se répéter, jusqu'à ce que le but visé quant à la compatibilité et à l’acuité visuelle
soit satisfaisant.
- Les données sont transmises au fabricant pour qu’il puisse réaliser sur cette base les
lentilles définitives.
- Lors de la réception et livraison des lentilles, instruire soigneusement le(la)
porteur(porteuse) à la manipulation, l’entretien et le temps de port pour la période
d’adaptation.
- Lors des contrôles ultérieurs, on examinera la compatibilité de la lentille sur l’œil ainsi
que l’acuité visuelle atteinte. Si de faibles modifications devaient être nécessaires, les
lentilles pourraient éventuellement être retouchées par le fabricant ou le spécialiste luimême. Si des modifications importantes sont nécessaires, des lentilles de mesure
différentes seront commandées pour optimiser l’adaptation.
- Généralement, des contrôles réguliers de l’assise, du résultat ainsi que de l'état des
lentilles sont effectués tous les 8-12 mois. En cas de problème, il faut se rendre sans
attendre chez le spécialiste.
La durée d’une première adaptation, y compris la phase d’accoutumance, peut être de
plusieurs semaines selon les données du problème.
Lentille torique pour
kératocône observé à la
fluorescéine
3.3
Lentille torique de kératocône
de grand diamètre
Lentille de kératocône
asymétrique
Les mesures chirurgicales
3.3.1
L’Epikératoplastie
Après élimination de la couche épithéliale centrale, une fine couche de cornée sera
cousue sur la propre cornée. Cette mince couche de cornée à pour but de corriger
l’amétropie. Cette procédure n'est plus appliquée aujourd'hui.
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20
3.3.2
Kératoplastie lamellaire et kératoplastie perforante
On distingue la kératoplastie lamellaire et la kératoplastie perforante. Avec la
kératoplastie lamellaire on détermine la profondeur cornéenne exacte du tissu à
remplacer; avec la kératoplastie perforante, la cornée est remplacée dans son
intégralité, c’est à dire que l’œil sera ouvert entièrement pendant l'opération.
Il existe une technique récente appelée kératoplastie lamellaire profonde : avec cette
opération, on enlève les couches de la cornée une à une, jusqu'à ce qu’il ne reste
dans l'œil récepteur plus que la membrane de Descemet et l’endothélium. Sur ces
couches restantes, une cornée de donneur sans endothélium est cousue. Cette
opération est techniquement très exigeante, elle a toutefois pour le patient plusieurs
avantages, en particulier le maintien de la propre couche de cellules endothéliales qui
est normale lors d’un kératocône. Il est préférable de pratiquer une kératoplastie
lamellaire si la cornée n’est pas déformée par des cicatrices dans la zone de
transplantation.
Tissus de donneurs
Aussi bien dans la kératoplastie lamellaire que dans la perforante, il s'agit de
transplantations de tissu humain. C'est pourquoi les cornées de donneurs sont
soumises à des contrôles de qualité stricts. Ils comprennent aussi des tests
sérologiques, dont des tests sanguins afin d'exclure tous risques d’infections, comme
par exemple le virus HIV. Il en résulte un pourcentage de sécurité proche des 100%
pour le receveur. Lors de tests positifs ou dans des cas douteux, la cornée ne sera pas
utilisée pour la transplantation. La cornée du donneur peut être gardée, selon la
méthode, jusqu'à quatre semaines dans une banque des yeux, ce qui permet
- contrairement à la transplantation d’autres organes - de pouvoir planifier l’opération.
Opérations
Les deux types d’opérations peuvent être faits sous anesthésie locale (piqûre autour
de l’œil) ou en anesthésie générale. La narcose présente un peu plus de sécurité pour
l’œil et a souvent la préférence des patients.
La durée de l’opération s'élève à environ 80 minutes pour la kératoplastie lamellaire et
à 45 minutes pour la perforante, l’hospitalisation dure jusqu'à trois jours. La durée de
l'incapacité de travail est très différente, pour une activité de bureau on doit compter
environ trois semaines à 100%.
Suites post-opératoires
Jusqu'au retrait des fils (lamellaire environ 8 mois, perforante environ 11 mois) on doit
appliquer des gouttes de cortisone sur l’œil opéré. Cette thérapie est adaptée
individuellement et sert à la prévention du rejet du tissu de donneur. Des comprimés
ou d'autres gouttes oculaires ne sont prescrits que dans les cas spéciaux. La cicatrice
de la cornée opérée est très vulnérable, c'est pourquoi il faut éviter tout impact. Même
après le retrait des fils il faut observer cette précaution car la cornée cicatrise
lentement. C’est pour cette raison que les fils sont laissés aussi longtemps. La cicatrice
restera toujours fragile.
Lors d’une kératoplastie perforante, toutes les couches de fibres nerveuses sont
sectionnées. La cornée étant moins sensible pendant la cicatrisation, la sensation de
douleur sera moins prononcée en cas de blessure ou d’inflammation
La fréquence des rejets varie lors de transplantations de cornée, elle est rare lors de
kératocône. Les rejets apparaissent en général au cours de la première année qui suit
l'opération.
Les complications possibles sont le glaucome (= augmentation de la pression de l’œil),
la cataracte ou des infections.
La durée de vie" d’une kératoplastie lamellaire est théoriquement sans limite, celle de
la kératoplastie perforante est en moyenne de 10 ans.
L'acuité visuelle varie très fortement au cours des premiers mois après l'intervention.
Dans certains cas, des lunettes ou des lentilles de contact peuvent être adaptées
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21
même avant le retrait des fils. Après le retrait des fils, la correction nécessaire peut
changer fortement.
Lentilles de contact après une kératoplastie
Environ 2 à 4 % seulement des patients ayant subi une kératoplastie n’ont plus besoin
de correction optique. 6% des cas peuvent être corrigés avec des lunettes. Un
astigmatisme important et des cornées irrégulières apparaissent souvent après
l’intervention. 86 % des patients ont besoin d’une lentille de contact après une
kératoplastie, la correction avec des lunettes ne permettant pas d’optimiser l’acuité et
le confort visuels.
La forme de la cornée sera mesurée au moyen de différentes méthodes de mesure.
Les mesures avec un vidéokératographe peuvent donner une bonne description de la
topographie cornéenne. Plus la surface de la cornée est régulière, plus le résultat des
mesures sera fiable. Les irrégularités dans la zone de transition de la cornée du
receveur au donneur ne permettent souvent d’analyser que la zone de transplantation.
Chaque kératoplastie est individuelle car les formes de la cornée peuvent être très
différentes.
Pour l’adaptation de lentilles de contact rigides, il est indispensable d’utiliser une
lentille avec des paramètres connus afin d’évaluer le centre, la périphérie et la zone de
transition. Si l’image correspond avec la version simulée du vidéokératographe,
l’adaptation sera écourtée et une géométrie de lentille appropriée réalisée. Le principe
de l’adaptation est à peine différent de celui décrit sous chapitre 3.2.5.
La lentille de contact peut en principe être plus petite que le greffon mais ne doit pas
gêner la zone de suture ou être plus grand que la kératoplastie, elle doit rester mobile.
Les lentilles de contact après une kératoplastie sont presque toujours des pièces
uniques de fabrication spéciale.
A chaque adaptation il faut tenir compte de la charge mécanique et métabolique de la
lentille de contact
A cause des irrégularités et du besoin d’oxygène important de la cornée et tout
spécialement du greffon, les lentilles de contact souples ne sont pas indiquées.
Dans de rares cas, une correction chirurgicale de la courbure est nécessaire, soit pour
adapter une lentille de contact soit s’il y a intolérance aux lentilles.
Points de suture après une kératoplastie
perforante
Le kératocône-une brochure d’information pour
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Vue en coupe à la lampe à fente d’une cornée
après kératoplastie avec une différence de niveau
visible entre la cornée porteuse et la cornée
implantée .(Photo G. Pöltner)
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22
Lentille de contact rigide après kératoplastie observée à la fluorescéine.
Topographie de la surface de la cornée en plusieurs variantes après une kératoplastie perforante. Elle peut
être symétrique, mais dans la plupart des cas elle est asymétrique et irrégulière.
3.3.
Anneaux intra-cornéens
L’implantation d’un anneau intra-cornéen (voir chapitre 1.3.3) permet de stabiliser le
cône et de diminuer la myopie et la courbure irrégulière. Bien que dans la plupart des
cas, l’acuité visuelle est améliorée avec ou sans lunettes, une lentille de contact doit
être adaptée après l’intervention chirurgicale. La tolérance aux lentilles est alors
nettement améliorée. Une opération est utile si l’adaptation en lentilles n’est plus
possible et si la greffe de la cornée devient inévitable. Dans le cas de cicatrices
cornéennes centrales, cette opération est inutile.
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23
L’opération est réalisée sous anesthésie locale. La préparation du tunnel cornéen se
fait avec des instruments spéciaux ou à l’aide du Laser femtoseconde. Selon
l’avancement du kératocône, un ou deux segments sont insérés dans le tunnel. Les
résultats obtenus sont une meilleure tolérance aux lentilles de contact avec aucune
diminution de l’acuité visuelle. Après l’intervention, la topographie est modifiée et c’est
seulement après 4 à 6 mois que l’on peut véritablement évaluer le résultat. Grâce à
l’amélioration de la tolérance aux lentilles de contact, la greffe de la cornée peut être
reportée. En Suisse l’implantation d’anneaux intra-cornéens est prise en charge par les
assurances-maladies si les lentilles de contact ne sont pas tolérées et si l’acuité
visuelle avec des lunettes est insuffisante.
Equipement en lentilles de contact après l’implantation d’anneaux
intra-cornéens.
La cornée est en règle générale plus plate et le kératocône plus petit après l’opération.
Pour les porteurs de lentilles de contact avant l’intervention, une nouvelle adaptation
doit être réalisée en tenant compte des nouvelles données.
Le début de l’adaptation après l’intervention est à convenir avec le l’ophtalmologue
traitant.
Kératocône après implantation de segments intra-cornéens
Topographie avant l’implantation d’anneaux intra-cornéens (en haut à gauche), après 1 mois (en haut à
droite), après 4 mois (en bas à gauche ) et après 1 année (en bas à droite) . L’effet sur la topographie est
important, la cornée est devenue nettement plus plate et l’astigmatisme s’est réduit.
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3.3.4.
Crosslinking du collagène cornéen
Le Crosslinking du collagène cornéen est un processus photochimique qui a pour but
la stabilisation mécanique de la cornée afin de freiner la progression du kératocône. Le
Crosslinking est déjà utilisé depuis plusieurs années dans la chirurgie cardiaque, l’ OtoRhino-Laryngologie ou l’orthopédie. Cette méthode est pratiquée depuis 1998 pour
augmenter la résistance de la cornée en cas de kératocône.
L’intervention s’effectue sous anesthésie locale. L’épithélium de la cornée est éliminé
sur un diamètre de 9mm environ (Abrasio). Puis des gouttes de Riboflavine (Vitamine
B2) sont administrées. La cornée est ensuite exposée pendant 30 minutes à un
rayonnement UV pour permettre la création de ramifications supplémentaires entre les
fibres de collagène. Pendant l’irradiation UV, la Riboflavin est appliquée à intervalles
réguliers de 5 minutes. Un seul traitement permet d’augmenter la stabilité de la cornée
de 300%.
Le traitement a pour but de stabiliser le kératocône à un stade précoce et de freiner sa
progression. Pour éviter un endommagement de l’endothélium, la cornée devrait avoir
une épaisseur de 400µm au minimum.
Le Crosslinking permet la stabilisation mais pas la guérison du kératocône. Une étude
a démontré l’arrêt de la progression de la maladie avec un faible taux de complication
chez presque tous les patients traités. Dans 68% des cas l’acuité visuelle s’est
améliorée légèrement et dans 50% des cas des rayons cornéens plus plats ont pu être
observés.
Le Crosslinking permet une stabilisation de la cornée mais le kératocône subsiste et
une correction avec des lunettes ou des lentilles de contact reste nécessaire.
Ce traitement, documenté sur 8 ans, est relativement nouveau et des milliers de
patients ont été traités dans le monde entier. Appliquer le traitement chez les patients
plus âgés n’est pas utile car la liaison des fibres de collagène s’établie naturellement
au cours des années. Il est probable que les kératocônes stables se rigidifient aussi
naturellement. Le Crosslinking n’est pas pris en charge par les assurances maladies.
L’implantation d’anneaux intra-cornéens et le Crosslinking sur le même oeil sont
possibles. Il semble que l’ordre dans lequel ces opérations sont entreprises ait peu
d’importance. Si le kératocône progresse rapidement, il est conseillé de pratiquer le
Crosslinking en premier. La combinaison Crosslinking et traitement au laser Excimer
est encore en cours d’expérimentation.
Symptômes et complications après le Crosslinking
- Rougeurs très marquées pendant 2 semaines suivant l’opération
- Sensation de corps étranger (grattements, picotements et brûlures pendant 6 à 8
semaines).
- Vue floue pendant 6 à 8 semaines suivant l’opération.
- Augmentation de la sensibilité à la lumière pendant les premières semaines suivant
l’opération
- Augmentation du risque d’infection de la couche d’épithélium pendant la guérison
- Opacités sub-épithéliales, halos jusqu’à 6 mois après le traitement
- Réduction du contraste
- Vision floue
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Opacités sub-épithéliales, halos
Topographie cornéenne de la progression du kératocône du 05/2003 au 09/2009. Le Crosslinking
permet de stabiliser la maladie et de freiner la progression.
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Film sur la procédure chirurgicale du Crosslinking mis à disposition par Frau
Prof. Dr. med. Beatrice Frueh, clinique ophtalmique universitaire de l’hôpital de l’Ile, Berne.
Pour visionner le film, ouvrir le fichier sur le CD.
Procédure chirurgicale du Crosslinking
-
Préparation de l’oeil à l’aide d’un écarteur
Lavage à la Betadine (désinfectant)
Lavage à la solution BSS
Abrasion de l’épithélium
Rinçage à la solution BSS
Épongeage
Application de la Riboflavin (vitamin B2)
Examen à la lampe à fente
Rayonnement aux UV-A
Application d’une lentille pansement
Retrait de l’écarteur
Application de gouttes antibiotiques
Equipement en lentilles de contact après le Crosslinking
Le crosslinking n’étant pas une intervention thérapeutique, la cornée garde la forme
d’un kératocône. La moitié des patients présente un aplatissement de la cornée après
le traitement, les lentilles de contact doivent donc être réadaptées et éventuellement
modifiées.
Même après la réticulation UV la cornée garde la forme bombée d’un kératocône dont
il faut tenir compte lors de l’adaptation des lentilles de contact (voir chapitres 3.1 et
3.2). Après l’intervention l’œil peut être plus sec et l’abrasion de l’épithélium rend la
cornée plus sensible.
Le début de l’adaptation après l’intervention est à convenir avec le l’ophtalmologue
traitant. Dans un premier temps les contrôles seront plus rapprochés car la
topographie de la cornée peut subir des modifications et influencer ainsi l’assise des
lentilles de contact. Dans des cas isolés, plusieurs adaptations en l’espace d’une
année sont nécessaires.
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Topographie cornéenne avant le Crosslinking (les 2 images supérieures) montre une nette
progression de la maladie. La cornée est plus bombée avec plus d’astigmatisme. La cornée est
encore irrégulière un mois après le traitement (en bas à gauche). Une année après le traitement
la topographie se présente comme avant l’intervention, la progression du kératocône à été
stoppé (en bas à droite).
Topographie cornéenne 2 mois après le Crosslinking
L’assise de la lentille réadaptée après le
Crosslinking observée à la fluorescéine.
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Le même œil 7 mois après le Crosslinking
L’assise de la même lentille 7 mois après
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28
4.
Interprétation des images du vidéokératographe
Ces images de la surface de la cornée montrent le tracé des rayons défini par des couleurs. Pour
mesurer la surface de la cornée, un disque Placido est projeté sur la cornée et l’image est
analysée à l’aide d’un programme de calcul.
Les zones cachées par des ombres, la paupière supérieure et inférieure ne peuvent pas être
mesurées. De ce fait le nombre de données à analyser est réduit. Ces zones cachées pourront
ensuite être extrapolées du résultat de l’analyse. Opacité et cicatrices sur la cornée empêchent
partiellement la reproduction d’une image par le disque Placido. Plus le quotient de données est
élevé, plus sûres seront les mesures. La fenêtre de mesure a un diamètre maximum de 8.0. Sur
les représentations suivantes, le tracé des rayons est indiqué par des couleurs diverses.
4.1 Cornée sphérique
Cette image est caractéristique d’une cornée
sphérique. Les rayons sont similaires dans les
différents méridiens. Les rayons deviennent plus
grands vers la périphérie, ce qui indique une
forme asphérique.
4.2 Astigmatisme régulier
Astigmatismus rectus
Le méridien le plus plat se situe à 0°
et perpendiculairement le rayon plus serré
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Astigmatismus inversus
A peu près horizontalement, la
cornée est plus cambrée que
verticalement
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4.3 Astigmatisme irrégulier – kératocône (KK)
Progression du kératocône sur l’œil droit
Image du 23.07.2003
Image du 11.05.2005
Progression du kératocône sur l’oeil gauche
Image du 23.07.2003
Image du 11.05.2005
Kératocône sur l’œil droit temporal
Kératocône sur l’œil gauche temporal
Les positions du kératocône entre l’œil droite et l’œil gauche sont souvent inversées, bilatérales temporales,
nasales ou inférieures.
A la progression du kératocône les rayons cornéens centraux se resserrent et l’excentricité augmente. Les
kératocônes peuvent se présenter centrés ou décentrés. La zone amincie de la cornée se trouve à l’Apex.
.
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4.4 Degénération pellucide marginale
C’est une forme spéciale de la modification de la cornée.
L’image presque symétrique par rapport à l’axe, prise par le
vidéokératographe, est caractéristique (kissing birds).
Les rayons de la cornée se resserrent dans la partie inférieure
et cette zone resserrée se situe
4.5 Cornée irrégulière après kératoplastie perforante
La cornée n’a plus la même forme après une kératoplastie perforante, elle peut présenter des caractéristiques
différentes.
4.6 Spectacle blur
Après 1 semaine sans lentille:
on voit nettement un astigmatisme
rectus .
.
Après 2 jours sans lentille:
la cornée est déformée par le
positionnement bas d’une lentille RPG
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Après 2 jours sans lentille :
la cornée a commencé à
retrouver sa forme d’origine
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4.7 Post LASIK
L’aplatissement de la cornée au laser a permis de corriger la myopie.
4.8 Ortho-Kératologie
Les topographies de la cornée pendant l’adaptation de lentilles Ortho-k. L’image en haut à gauche montre la
cornée avant le port des lentilles de contact. L’image en haut à droite après la première nuit. Un anneau s’est
formée après 5 jours (en bas à gauche) qui ne s’est presque pas modifié après 10 jours de port (en bas à droite)
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32
5.
Remarques finales
Lors d'une dégradation de l'acuité visuelle avec un kératocône ne pouvant plus être corrigée
par des verres de lunettes, le patient peut être secouru par le port de lentilles de contact qui lui
procureront un confort acceptable et un temps de port dépendant des circonstances.
5.1
A quoi faut-il spécialement faire attention
En plus d’un équipement en lentilles de contact toujours en adéquation, il est très important de
suivre dès le début les conseils de bonne manipulation et d’hygiène des lentilles. Seul des
lentilles bien entretenues offrent à long terme une solution acceptable. En plus du soin apporté
aux produits d’entretien, l’entretien et le remplacement régulier du récipient pour les lentilles de
contact sont importants.
5.2
Trucs et astuces pour porteurs (porteuses) de lentilles de contact
Pour obtenir le meilleur résultat optique possible on se sert en général de lentilles rigides
perméables à l’oxygène. L’assise sur des topographies cornéennes plus ou moins irrégulières
peut conduire à une sensibilité accrue aux poussières. Si possible on évitera également des
conditions ambiantes très poussiéreuses ainsi que les courants d'air, de même on se gardera
d’une exposition aux rayons de soleil trop intenses (lunettes de soleil et/ou de protection).
Cosmétiques et lentilles de contact
Pour le lavage des mains il ne faudrait pas utiliser de savon gras ou parfumé. Les crèmes pour
la peau peuvent souiller les lentilles de contact ou en changer la couleur (les crèmes solaires
aussi). Il faut donc faire attention à ne pas appliquer ces produits trop près des yeux. Quant à
la laque pour cheveux ou autres sprays, fermez les yeux en les appliquant ou mettez les
lentilles après.
Poussières / Pollen et lentilles de contact
Surtout au printemps, les personnes allergiques doivent attacher une attention particulière à
l’hygiène des lentilles et réduire éventuellement le temps de port. Dans un environnement
poussiéreux ou en période de pollen, on peut soit enlever les lentilles de temps à autre ou
directement les «traiter» sur l’œil, en instillant quelques gouttes d’une solution humectante. La
sensation de corps étranger sous la lentille et toute gêne peuvent être ainsi résolues de
manière simple et efficace.
Sécheresse et lentilles de contact
Pendant les périodes de chauffage, dans un environnement climatisé ou en été, un
dessèchement de la surface des lentilles peut survenir. Des solutions mouillantes améliorent
largement le confort. Il existe différents produits donnant de très bons résultats pour les
problèmes les plus divers.
Protection UV et lentilles de contact
La plupart des nouveaux matériaux ont un filtre UV intégré. Toutefois, pour que les yeux soient
protégés de façon optimale, une paire de lunettes avec une bonne protection UV est
importante. Les verres phototropes, qui foncent au soleil, peuvent au besoin être pourvu d’une
correction résiduelle, comme l’astigmatisme ou une correction de près en cas de presbytie.
Ecran et lentilles de contact
Lors du travail à l’écran, on constate souvent une réduction automatique de la fréquence des
clignements. Il est donc important de cligner sciemment à intervalles réguliers quand on
travaille longtemps à l’écran. Au besoin on peut utiliser une solution humectante.
Pour les vacances et les voyages
Si votre acuité visuelle est meilleure avec des lunettes, ayez-en toujours une paire de réserve
à portée de main. Ne les mettez pas dans la valise mais dans votre bagage à main. Pensez
également à une solution humectante. Elle vous sera utile si le confort du port diminue à cause
d’un port prolongé ou de la sécheresse.
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Veillez à ce que vous ayez assez de produit d’entretien sur vous. Si besoin, demandez au
spécialiste ou au pharmacien de votre lieu de séjour un produit alternatif. Après votre retour,
vous devriez toutefois revenir à votre produit habituel.
Contrairement aux lentilles souples hydrophiles, les lentilles perméables à l’oxygène peuvent à
la rigueur être nettoyées avec du shampoing pour cheveux et être conservées à l’état sec
durant la nuit.
Si les lentilles devaient être rincées exceptionnellement à l'eau, utilisez la même qualité que
vous prendriez pour vous brosser les dents ou de l’eau minérale non-gazeuse. Cela ne devrait
se faire qu’en cas d'urgence, puisque l'eau de réservoir peut contenir des parasites et
provoquer ainsi des infections cornéennes importantes. Ne pas mettre les lentilles en contact
avec des crèmes de protection solaires, elles pourraient devenir hydrophobes et intolérables.
Si, avant un séjour prolongé à l'étranger, un contrôle des lentilles est souhaité, il devrait avoir
lieu au moins 2-3 semaines avant la date de départ. Il reste alors suffisamment de temps, si
une éventuelle modification, un nettoyage ou un remplacement des lentilles étaient
nécessaires.
5.3
Qu’apportera l’avenir et quels sont les pronostics
En général on peut considérer que le kératocône en soi n’entraîne pas la cécité. Dans
quelques cas très rares une progression spontanée et rapide du kératocône (Hydrops) peut
causer des dommages au tissu cornéen. Les opacités naissant ainsi peuvent temporairement
porter atteinte au confort et provoquer une forte diminution de l’acuité visuelle mais contribuent
toutefois à la stabilisation du tissu. Il peut être nécessaire d’avoir recours à une intervention
chirurgicale pour rétablir entièrement l'acuité visuelle.
Selon la forme du kératocône, il est nécessaire de porter des lentilles de contact pour obtenir
une qualité de vision maximale ainsi qu’une bonne acuité visuelle.
La progression du kératocône peut rendre une intervention chirurgicale inévitable. Que ce soit
pour des raisons de structure du tissu et/ou de la topographie de la cornée, par suite d’une
incompatibilité aux lentilles ou encore à cause des limites techniques de fabrication, qui ne
permettent pas de réaliser la géométrie adéquate.
5.4
Auteurs
Christoph Ecke, staatl. gepr. Augenoptikermeister
Raphael Eschmann, M.Sc.Optom., Visiting Associate Professor PCO
Beatrice Frueh, Prof. Dr. med.
Birgit Kreuter, Dipl. Ing. (FH) Augenoptik
Andrea Müller-Treiber, Prof., Dipl. Ing. (FH) Augenoptik, M.Sc.Optom.
Leo Neuweiler, M.Sc.Optom.
Karin Spohn, Dipl. Ing. (FH) Augenoptik
Frank Widmer, Dipl. Ing. (FH) Augenoptik
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34
6.
Recommandations bibliographiques
6.1
Livres spécialisés
6.1.1
6.1.2
6.1.3
6.1.4
6.1.5
6.1.6
6.1.7
6.1.8
6.1.9
6.1.10
6.1.11
6.1.12
6.1.13
6.1.14
6.1.15
6.1.16
6.1.17
6.1.18
6.1.19
6.1.20
6.1.21
6.1.22
6.1.23
Klinisches Wörterbuch; Pschyrembel, de Gruyter Verlag, ISBN 3-11-014183-3
Cornea; Nathan Efron, Butterworth Heinemann, ISBN 0 7506 4798 1
Primary Care of the Anterior Segment; Louis J. Catania, Appleton & Lange,
ISBN 0 8385 7911 6
Cornea Color Atlas; Krachmer Palay; Mosby, ISBN ?
Diagnosis, Contact Lens Prescribing, and Care of the Keratoconus Patient;
Karla Zadnik & Joseph T. Barr, Butterworth Heinemann, ISBN 0 7506 9676 1
Refraktive Chirurgie der Hornhaut; Theo Seiler, Enke Verlag, ISBN 3-13-118071-4
Dictionary of visual Science; David Cline, Chilton Trade Book Publishing,
Fourth Edition, ISBN 0-8019-7862-9
Primary Care of the Anterior Segment; Louis J. Catania, Appleton & Lange,
ISBN 0-8385-7911-6
Anterior Segment Complications of Contact Lens Wear; Joel A. Silbert, Butterworth
Heinemann, ISBN 0-7506-7116-5
Contact Lenses; Anthony J. Phillips & Janet Stone, Butterworths, ISBN 0-407-93275-5
The Eye in Contact lens Wear; John Larke, Butterworths, ISBN 0-407-00220
Clinical Eye Atlas;Daniel H. Gold & Richard Alan Lewis, AMApress, ISBN 1-57947-192-7
Contact Lenses: Treatment Options for Ocular disease; Michael G. Harris, Mosby,
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Complications of Contact Lens Wear; Alan Tomlinson, Mosby, ISBN 0-8016-6309-1
Kontaktlinsen-Anpassung; M. Ruben, Gustav Fischer Verlag, ISBN 3-437-10525-6
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J.B. Lippincott Company, ISBN 0-397-51139-6
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Klassifikation von Spaltlampenbefunden; Wolfgang Sickenberger, Fachinformation CIBA
Vision, ISBN ?
Contact Lenses; Ken Daniels, Slack, ISBN 1-55643-345-4
Kontaktlinsen Hygiene; Andreas Berke & Sandor Blümle, Verlag Bode,
ISBN 3-9800378-5-1
Anatomie des Auges; Werner Maidowsky,Verlag Neues Optikerjournal Bode,
ISBN 3-9800378-0-0
Cornea Color Atlas; J.H. Krachmer, D.A. Palay, Mosby Verlag, ISBN 0-8151-5147-0
Kontaktlinsen Know-how; Andrea Müller- Treiber, Verlag Deutsche Optikerzeitung (2009);
ISBN 978-3-922269-92-2
6.2 Médias électroniques, liens vers la littérature spécialisée
6.2.1
6.2.2
6.2.3
6.2.4
Digital Journal of Ophthalmology - http://www.djo.harvard.edu/
National Eye Institute at the National Institutes of Health - http://www.nei.nih.gov/
Med Help - http://www.medhelp.org/
The Collaborative Longitudinal Evaluation of Keratoconus (CLEK) Study http://www.optometry.ohio-state.edu/CLEK/
6.3 Médias électroniques, liens pour communiquer entre personnes concernées
6.3.1
6.3.2
6.3.3
6.3.4
6.3.5
6.3.6
6.3.7
http://www.keratokonus.ch/
http://www.keralens.de/
http://www.optometrie.de/service/keratoko.htm
http://www.optometrie.de/media/keratokonus.htm
http://www.nkcf.org/
http://www.kcenter.org/
http://www.keratoconus-group.org.uk/
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6.3.8
6.3.9
6.3.10
6.3.11
7.
http://www.lowvision.org/keratoconus.htm
http://home.revealed.net/ddwyer/kc.html
http://www.discoveryfund.com/keratoconus.html
http://www.csmc.edu/nkcf/
Littérature
7.1.
7.2
7.3
7.4
7.5
7.6
7.7
7.8
7.9
7.10
7.11
7.12
7.13
7.14
7.15
7.16
7.17
7.18
7.19
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Cette brochure d’information contient des extraits du livre « Kontaktlinsen Know-how » d’Andrea
Müller-Treiber, Verlag Deutsche Optikerzeitung (2009), ISBN 978-3-922269-92-2
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36
Ce travail a été soutenu par les entreprises suivantes
________________________________________________________________
Recherche, développement et fabrication de lentilles de contact
www.technolens.com
Fabricant de produits d’entretien pour lentilles de contact
www.contopharma.ch
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