Approche sociologique de la notion de culture

publicité
Approche sociologique de la notion de culture Abrégé du cours Séquence 1 Genèse de la sociologie – Emile Durkheim Cf. Cuche > « Au cours du XIXe siècle, l’adoption d’une démarche positive dans la réflexion sur l’homme et la société aboutit à la création de la sociologie et de l’ethnologie comme disciplines scientifiques » (p. 17) Héritage de la philosophie des Lumières > il y a unité de l’homme Reste à penser la diversité de l’homme dans cette unité, d’où le recours à la notion de culture Cf. Cuche « Sociologue plutôt qu’ethnologue, Durkheim n’en développait pas moins une sociologie à orientation anthropologique. En effet, il avait pour ambition de comprendre le social dans toutes ses dimensions et sous tous ses aspects, y compris la dimension culturelle, à travers toutes les formes de sociétés » (p. 26) Séquence 2 Les règles de la méthode sociologique (1895) Programme scientifique pour étudier les faits sociaux. Durkheim est un héritier de la pensée rationaliste. Et même s’il s’en défend dans la conclusion de son ouvrage, il est l’héritier et le contemporain d’une certaine forme de philosophie qui, depuis Rousseau et Hegel, s’attache à penser l’homme et les sociétés auxquelles il appartient, notamment à travers la philosophie politique. On retrouve chez lui une véritable conviction que la Science ouvre le chemin du juste et du vrai, conviction qui se comprend aisément dans cette fin de XIXe siècle où s’affrontent partisans du rationalisme et partisans du spiritualisme. Laurent Mucchielli signale avec justesse dans son introduction combien Les Règles de la méthode sociologique nécessite d’être contextualisé car c’est un ouvrage qui œuvre à la légitimation d’une certaine vision scientifique de la sociologie. Ainsi, cet ouvrage est aussi une tentative de contrer une certaine anthropologie qui voit la totale détermination du social par le biologique, en s’appuyant sur « une théorie raciale inégalitariste en vertu de laquelle chaque race physique correspond à un degré d’évolution humaine, c’est-­‐à-­‐dire de développement mental et d’organisation sociale » (p. 22) Comme l’explique lui-­‐même Durkheim, dans une époque colonialiste et profondément inégalitariste, aucun phénomène ne peut être placé « sous la dépendance incontestée de la race » et « les formes d’organisation les plus diverses se rencontrent dans des sociétés de même race, tandis que des similitudes frappantes s’observent entre des sociétés de races différentes » (p. 25) La méthode que présente Durkheim est une méthode dont il veut prouver la scientificité. C’est pourquoi on trouvera des références constantes à la biologie et à la médecine, sciences conjointes qui connaissent une révolution sans précédent lors du XIXe siècle avec Darwin et Claude Bernard et qui influenceront la philosophie (Marx), la sociologie naissante et même la littérature (Zola). Comme il l’explique dans sa conclusion, dans laquelle Durkheim prêche pour une autonomisation de sa discipline, la sociologie ne cependant pas être confondue avec les autres disciplines scientifiques et notamment la psychologie (ce qu’il explique très précisément au chapitre V). Pour lui, il y a autonomie des faits sociaux et ces faits ne dépendent pas de la psychologie individuelle du sujet : « La cause déterminante d’un fait social doit être cherchée parmi les faits sociaux antécédents, et non parmi les états de la conscience individuelle ». Il convient, pour Durkheim, est c’est un des éléments de cette méthode sociologique, de rechercher l’objectivation du fait social sans préjuger de sa nature en s’enfermant dans les fameuses « pré-­‐notions », synonymes de « préjugés ». Il convient plus généralement de ne pas se laisser aveugler par sa propre culture et donc de mettre à distance les représentations qu’elle porte et qu’elle projette sur les autres cultures. D’où cette règle fondamentale énoncée par Durkheim : « les phénomènes sociaux sont des choses et doivent être traités comme des choses ». C’est-­‐à-­‐dire qu’il faudra parvenir au plus près de la matérialité brute du fait social, sans se laisser piéger par la représentation qui l’entoure. De fait, cette posture scientifique impliquera de bien utiliser la preuve qui permettra cette objectivation d’un fait social. Cette découverte de la preuve nécessite elle aussi une méthodologie que Durkheim décrit précisément dans le dernier chapitre de son livre. Enfin, il s’agira pour lui d’expliquer le plus possible le social « par le social », c’est-­‐à-­‐dire d’éviter l’explication psychologique pour se référer à l’ensemble par lequel le fait social est régi, la société, dont il s’agira de découvrir les mécanismes précis. Note : En cela, Durkheim va s’appliquer à une étrange naturalisation de cet ensemble qui est lui aussi, évidemment et plus que tout autre concept sociologique, une construction sociale et collective. Durkheim le dit très clairement : il n’adhère pas aux positions de Rousseau ou Hobbes qui considèrent que la société est un ensemble de contraintes que s’impose artificiellement l’individu par obligation de socialisation (p. 245-­‐249, à lire). Cependant, il attache une étrange importance à la discipline, brouillant un peu sa conception constructiviste et objectiviste. Peu importe, même si Durkheim oriente idéologiquement, tout de même, sa méthode sociologique, il la fait s’approcher au plus près d’une déconstruction possiblement objective d’un fait social, principal souci de son livre. Exemple de fait social : le suicide Définition du normal et du pathologique selon Durkheim Cf. Durkheim p. 155-­‐190 Une approche durkheimienne de la notion de culture Cf. Cuche « La pensée de Durkheim n’était donc pas dépourvue d’une grande sensibilité à l’égard de la relativité culturelle, qui provenait de sa conception générale de la société et de la normalité sociale. Il abordait cette question en adoptant une démarche relativiste : la normalité est relative à chaque société et à son niveau de développement. Sa conception de la normalité se voulait donc purement descriptive et fondée sur une sorte de « moyenne » propre à chaque type de société » (p. 28) Le normal est contingent et possède des définitions différentes suivant les cultures. Encore faut-­‐il ici définir ce qu’est une culture, car c’est une notion polysémique, qui, en outre, a varié dans l’histoire et selon les pays. Séquence 3 Genèse sociale du mot et de l’idée de culture Cf. Cuche : Introduction « La notion de culture est inhérente à la réflexion des sciences sociales. Elle leur est nécessaire en quelque sorte pour penser l’unité de l’humanité dans la diversité autrement qu’en termes biologiques. Elle semble fournir la réponse la plus satisfaisante à la question de la différence entre les peuples, la réponse « raciale » apparaissant de plus en plus discréditée au fur et à mesure des avancées de la génétique des populations humaines » (p. 5) Notion de culture qui se révèle l’outil adéquat pour en finir avec les explications naturalisantes des comportements humains. Cf. Cuche : Premier chapitre : « Genèse sociale du mot et de l’idée de culture » « L’invention de la notion de culture est en elle-­‐même révélatrice d’un aspect fondamental de la culture au sein de laquelle a pu se faire cette invention, et qu’on appellera pour le moment, faute d’un terme plus adéquat, la culture occidentale. Inversement, il est significatif que le mot « culture » n’ait pas d’équivalent dans la plupart des langues orales des sociétés qu’étudient habituellement les ethnologues. Cela n’implique pas évidemment (…) que ces sociétés n’aient pas de culture, mais qu’elles ne se posent pas la question de savoir si elles ont ou non une culture et encore moins de définir leur propre culture » (p. 9) Evolution du mot dans la langue française du Moyen Âge au XIXe siècle Le débat franco-­‐allemand sur la culture La notion allemande de Kultur tend, à partir du XIXe siècle à la délimitation et à la consolidation des différences nationales Johann Gottfried Herder et le « génie national » (Volksgeist) Culture et civilisation : « de façon de plus en plus marquée au cours du XIXe siècle, les auteurs romantiques allemands opposent la culture, expression de l’âme profonde d’un peuple, à la civilisation définie désormais par le progrès matériel lié au développement économique et technique » (p. 15) En France, « Culture » s’entend plus collectivement au cours du XIXe siècle et quitte la sphère de la culture de l’individu. Il désignera les caractères propres d’une communauté mais en restant marqué par l’universalisme. La culture s’entend avant tout comme « culture de l’humanité » « L’idée universaliste française de la culture va de pair avec la conception élective de la nation, issue de la Révolution : appartiennent à la nation française, expliquera Renan, tous ceux qui se reconnaissent en elle, quelles que soient leurs origines » (p. 16) Séquence 4 Conception universaliste et conception particulariste de la culture Cf. Cuche : Deuxième chapitre : « L’invention du concept scientifique de culture » Tylor et la conception universaliste de la culture Première définition du concept ethnologique de culture en 1871 : « Culture ou civilisation, pris dans son sens ethnologique le plus étendu, est ce tout complexe qui comprend la connaissance, les croyances, l’art, la morale, le droit, les coutumes et les autres capacités ou habitudes acquises par l’homme en tant que membre de la société » (Cuche, p. 18) Premier ethnologue à aborder les faits culturels avec une visée générale et systématique. Le premier aussi à étudier la culture sous tous ses aspects : matériels, symboliques et corporels. Boas et la conception particulariste de la culture « Selon lui, le concept pseudo-­‐scientifique de « race » humaine , conçue comme un ensemble permanent de traits physiques spécifiques d’un groupe humain, ne résiste pas à l’examen. Les prétendues « races » ne sont pas stables, il n’y a pas de caractères raciaux immuables. Il est donc impossible de définir une « race » avec précision, même en recourant à la méthode dite des moyennes. La caractéristique des groupes humains sur le plan physique est leur plasticité, leur instabilité, leur métissage. Par ses conclusions, il anticipait sur les découvertes plus tardives de la génétique des populations humaines » (p. 21) Définition de l’ethnocentrisme Retour sur Durkheim et l’approche unitaire des faits de culture Séquence 5 L’anthropologie culturelle Cf. Cuche : Troisième chapitre : « Le triomphe du concept de culture » L’héritage de Boas (p. 35-­‐36) Malinowski et l’observation participante Ruth Benedict et les « types culturels » Margaret Mead et la transmission culturelle Abraham Kardiner Ralf Linton Séquence 6 Approche structurale de la culture et limites du culturalisme Cf. Cuche : Troisième chapitre : « Le triomphe du concept de culture » Les leçons de l’anthropologie culturelle L’approche structurale de la culture Culturalisme et sociologie 
Téléchargement