L`ÉCO-SOCIALISME, NOTRE CONVICTION, NOTRE ACTION

publicité
L'ÉCO-SOCIALISME,
NOTRE CONVICTION,
NOTRE ACTION,
NOTRE HORIZON
Contribution des socialistes de SeineMaritime pour défendre l'éco-socialisme.
Contribution Thématique présentée par :
BACHELAY Guillaume
LES PREMIERS SIGNATAIRES:
Guillaume Bachelay, Christophe Bouillon, Valérie Fourneyron, Luce Pane, Sandrine
Hurel, Catherine Troallic, Estelle Grelier, Didier Marie, Nelly Tocqueville, Nicolas Rouly,
Nicolas Mayer-Rossignol, Frédéric Sanchez, Yvon Robert
LES SIGNATAIRES:
Valérie Auvray, Marc Avenel, Nicole Baudouin, Dominique Bernard, Laurent
Bonnaterre, Mélanie Boulanger, Serge Boulanger, Jean-Claude Boutant, Matthieu
Brasse, Alexandre Canet, Pierre Carel, Alexandre Cherichi-Malaga, Bastien Coriton,
Denis Cotton, Guillaume Coutey, Eric De Falco, Vincent Decorde, Jean-Marie
Delafosse, Baptiste Detalminil, Christine Dunet, Isabelle Fadili, Jean-Louis Fournier,
François Foutel, Dominique Gambier, Jean-Germain Gantois, Danie Gonzalez,
Charlotte Goujon, Yves Guest, Aurélie Hanivel, Patrick Jaquet, Karinne Jung,
Elizabeth Labaye, David Lamiray, Karim Latrèche, Elise Lebaudy, Jacques Lemarié,
Manuel Llorca, Laurent Logiou, Matthieu Manero, Patrick Manoury, Florence MartinPéréon, Marc Massion, Pierre Méliand, Djoudé Merabet, Frédéric Noël, Martial Obin,
Jacques-Antoine Philippe, Dominique Piednoël, Olivier Rabaey, Michel Souhaité,
Christian Vacher, Henri Wattiez…
TEXTE DE LA CONTRIBUTION
La question démocratique et la question sociale ont fondé le combat socialiste.
Jusqu’aux dernières décennies du 20ème siècle, la question écologique n’en était
pas une : la nature était avant tout une force redoutable et redoutée ; sa soumission,
nécessité vitale, devait assurer essor de la production et progrès de la science et des
techniques. La nature devait être maîtrisée pour permettre à l’humanité de s’en
émanciper.
Cette représentation et cette organisation des rapports entre l’humanité et son
environnement n’est plus soutenable. Il en va de la survie collective, celle de l’humain
et de la planète qui ne font qu’un. Il y a urgence : en 2014, la « dette écologique »,
la date à partir de laquelle l’humanité vit à crédit sur son stock d’énergies
renouvelables, a été atteinte le 19 août – en l’an 2000, c’était le 1er novembre. De
surcroît, dans un monde interdépendant, complexe, instable, la diversification des
sources d’approvisionnement en énergies est aussi un enjeu géostratégique.
Dès 2003, Laurent Fabius avait ouvert la voie du renouvellement de la doctrine
socialiste en proposant la notion de « social-écologie » afin de conjuguer écologie,
justice sociale, développement économique, citoyenneté. Dans notre Déclaration de
principes de 2008, nous inscrivions « la prise en compte de la planète au même rang
de leurs finalités fondamentales que la promotion du progrès et la satisfaction
équitable des besoins ». En 2009, la convention nationale pour un nouveau modèle
de développement économique, social et écologique a jeté les bases d’une
économie qualitative et productive, coopérative et compétitive. En 2011, dans le
projet socialiste, nous appelions à « porter la France et l’Europe en tête de
l’économie verte et de la lutte contre le changement climatique ». Lors de la
campagne présidentielle de 2012, François Hollande a porté l’ambition de faire de la
France la nation de l’excellence environnementale, qu’il s’agisse du mix énergétique,
de la tarification progressive pour garantir l’accès de tous à l’énergie et inciter à une
consommation responsable, de la rénovation thermique de qualité pour les
logements. Enfin, dans notre charte d’identité pour le progrès humain adoptée en
2014, nous l’affirmons : « le temps presse : il n’y a pas de deuxième Terre. Un
changement de modèle s’impose pour mettre en harmonie développement
économique, démarche écologique et justice sociale ».
Oui, le temps presse. C’est pourquoi nous sommes, en Seine-Maritime, en France, à
l’échelle de l’Europe et du monde, des éco-socialistes.
1) En Seine-Maritime, des politiques publiques territoriales innovantes
La Seine-Maritime est l’un des premiers départements producteurs d'énergie en
France, mais aussi l’un des premiers consommateurs. Nous sommes donc
particulièrement concernés par l’enjeu de la transition énergétique.
La Région Haute-Normandie a ainsi initié plusieurs dispositifs qui ont « fait école »,
où cohérence et solidarité sont les maîtres-mots, tels le chèque-énergie qui permet
de soutenir des travaux de rénovation thermique des logements ou le soutien à
l’achat des véhicules électriques. Elle soutient également le développement des
entreprises liées à la transition énergétique (c’est notamment la vocation de
l’ambitieux appel à projet régional pour les énergies) et une politique de transports
durables basée notamment sur la multimodalité et l’éco-mobilité. Par son soutien aux
infrastructures portuaires, notamment aux Grands ports maritimes du Havre et de
Rouen, la collectivité est aux avant-postes de la croissance bleue. Première région
pour l’éolien en mer, avec deux parcs éoliens offshore, plusieurs sites industriels et
de maintenance, un futur centre de recherche et un site d’essais démonstrateur, la
Région a très vite saisi les enjeux en termes de qualification et d’emploi et propose,
depuis plusieurs années, des formations adaptées, en lien avec l’Etat et les branches
professionnelles, à tous les niveaux pour répondre aux besoins de la filière et
valoriser les métiers.
Le Département de Seine-Maritime a également été, lui aussi sur la durée, à l’origine
de nombreuses politiques environnementales innovantes : pour aider au maintien
d'une bonne qualité de l'eau, lutter contre les pollutions, promouvoir et soutenir la
réduction des déchets, mener une politique exemplaire en matière d’Espaces
Naturels Sensibles, investir massivement pour la préservation des falaises,
notamment à travers le projet « Grand Site » d’Etretat, informer le public sur l'activité
des centrales nucléaires et prévenir les risques des marnières et des cavités
souterraines.
La social-écologie est aussi une cause parce que notre territoire – c’est un atout et
c’est une fierté – est une terre d’agriculture, d’élevage et de pêche. En la matière, les
collectivités à direction socialiste, de la Région aux communes en passant par le
Département et les structures intercommunales, mènent des initiatives pour soutenir
les filières courtes, favorisent les schémas d’urbanisme où les terres cultivables sont
préservées, promeuvent la biodiversité notamment avec l’adoption récente du
Schéma Régional de Cohérence Ecologique, s’engagent non seulement dans la
valorisation des clos masures dont la vocation originelle lutte contre les inondations,
ainsi que dans la préservation des haies, et accompagnent les professionnels.
L’environnement et la transition énergétique sera l’un des piliers de la future région
Normandie. Parmi ses atouts, elle pourra compter sur sa façade maritime, ses 610 km
de côtes du Mont Saint Michel au Tréport, sur les deux grands ports et les six ports
de commerce et de pêche qui y déploient leur activité pour constituer la première
façade portuaire de France, sur le développement économique et technologique lié
aux énergies marines renouvelables, et d’abord à Cherbourg et au Havre pour la
production de mâts et pales d’éoliennes off-shore. Enfin, le développement durable
est un gisement pour l’activité touristique, sur le modèle de la Cité de la Mer à
Cherbourg-Octeville, parc à thème qui a déjà accueilli deux millions et demi de
visiteurs.
2) La transition énergétique et écologique au cœur du quinquennat
Depuis mai 2012, nous agissons pour faire de la France une nation volontaire,
exemplaire, solidaire en matière de transition énergétique et d’excellence
environnementale. Le mot a son importance : transition. Il s’agit bien de transformer,
en tous domaines, nos modes de production, de consommation, de déplacement, en
mobilisant les capacités économiques, les forces sociales, les leviers institutionnels et
administratives, l’action des services publics, la dynamique associative, l’énergie
citoyenne.
La loi sur la transition énergétique et pour la croissance verte, portée par Ségolène
Royal et dont le Parlement achèvera bientôt l’examen, fixe les objectifs qui
orienteront la politique énergétique française sur la durée : réduction de 40 % des
émissions de gaz à effet de serre en 2030 et division par quatre en 2050 ; réduction
de 50 % de notre consommation énergétique finale d’ici 2050 ; diminution de la
consommation d’énergies fossiles de 30% à l’horizon 2030 ; part des énergies
renouvelables dans notre consommation énergétique portée à 32% en 2030 et du
nucléaire dans la production d’électricité à 50% à l’horizon 2025. C’est un texte qui
permettra, dans sa mise en œuvre, des avancées majeures dans des domaines tels
que l’isolation thermique des bâtiments afin d’économiser l’énergie et faire baisser les
factures ; la promotion de l’éco-mobilité, via notamment le soutien au déploiement
des véhicules électriques et des bornes de recharge, en lien avec les Métropoles et
les intercommunalités ; la lutte contre le gaspillage et promotion de l’économie
circulaire ; la diversification du mix énergétique même avec le soutien aux capacités
de recherche et industrielles des filières industrielles d’énergies renouvelables
(hydroélectricité, énergies solaires, énergies marines, biogaz, etc.), à la localisation de
leur production en France, pour renforcer notre indépendance énergétique et créer
de l’activité et des emplois.
En ce sens, le Gouvernement et la majorité parlementaire impulsent aussi la transition
énergétique de nos modes de production en préparant le développement des filières
d’avenir de l’économie verte en plein essor : reconnaissance de l’économie sociale et
solidaire au cœur de l’économie, création de la Banque publique d’investissement
(bpifrance) avec ses directions régionales qui contribue – c’est l’une de ses missions
inscrites dans la loi – à la croissance durable, notamment en favorisant le soutien aux
TPE, PME et ETI des secteurs et métiers de la transition énergétique, de la mobilité
durable, des éco-matériaux, des réseaux intelligents ; plans de la Nouvelle France
industrielle tels la voiture pour tous consommant moins de 2 litres aux 100 km, la
chimie verte, l’avion du futur, révolution aéronautique qui ne consomme pas une
goutte de kérozène, les biocarburants ou les navires écologiques. Le Gouvernement
soutient également le développement du financement des infrastructures de
transports.
Pour la qualité de vie, pour la préservation de l’environnement, pour l’emploi et le
pouvoir d’achat, pour le développement économique et l’attractivité des territoires,
nous appelons à la poursuite de ce mouvement et nous nous y impliquerons de tout
notre cœur et de toutes nos forces. Le futur projet de loi sur la biodiversité devra
pleinement prendre en compte l'enjeu de la préservation des ressources naturelles et
de la sauvegarde des espèces. Notre pays doit mieux valoriser la biomasse,
renforcer le recyclage des déchets, qu’ils soient ménagers ou agricoles, et davantage
valoriser les formidables opportunités de la croissance bleue – la France possède le
deuxième espace maritime au monde – et de notre espace forestier. Nous plaidons
aussi des interventions économiques aux entreprises intégrant davantage les enjeux
permettant de favoriser les activités, les métiers, les projets de la croissance durable,
s’inspirant ainsi à l’échelle nationale des pratiques mises en œuvre par la Région
Haute-Normandie notamment. Tout doit être encouragé en la matière par la
puissance publique : investissements productifs, innovation – technologique, mais
pas seulement –, labellisation et certification, plans de formation, relocalisations
d’activité, projection à l’export, etc. Enfin, parce qu’un consommateur est aussi un
citoyen, nous souhaitons le développement de l’information sur l’empreinte carbone
des produits et des services.
3) L’enjeu européen, le défi planétaire
L’entrée de notre Terre-patrie dans un nouveau modèle de développement appelle
une nouvelle universalité – des « Lumières vertes », pourrait-on dire : le rôle de la
France, fidèle à son histoire et à sa vocation, est d’être à l’avant-garde, aux avantpostes de cette nouvelle révolution. « Après les droits de la personne, a dit le
Président Hollande lors de la conférence environnementale de novembre 2014, nous
allons poser les droits de l'humanité, c'est-à-dire le droit pour tous les habitants de la
Terre à vivre dans un monde dont le futur n'est pas compromis par l'irresponsabilité
du présent ».
Cette capacité à entraîner les autres pays s’est déjà vérifiée en Europe : c’est le
couple franco-allemand qui a permis l’aboutissement de l’accord européen d’octobre
2014 – qui fixe des objectifs précis en matière pour la réduction des émissions de
gaz à effet de serre d'ici 2030, la part des renouvelables et la réduction de la
consommation d'énergie au même horizon. C’est la France, également, qui s’est
impliquée pour préserver le système européen des quotas – qui, parce qu’il assure
que le carbone a un prix et donc un coût, garantit la solidarité avec les pays les
moins engagés à ce stade dans la transition énergétique.
L’Union européenne, première puissance économique mondiale, a des devoirs
particuliers : nous voulons donc qu’elle accélère. Une part substantielle, essentielle,
du plan de la Commission Juncker de 315 milliards d’euros annoncé en novembre
2014 – et pour lequel le gouvernement français et les députés du Parti socialiste
européen au Parlement de Strasbourg se sont particulièrement battus – doit être
dédiée à la transition énergétique et écologique. Fidèles à notre proposition formulée
de longue date – dès 2005 – d’« écluses sociales et environnementales » dans les
échanges commerciaux entre l’Union et les autres régions puissances du globe, nous
militons activement pour une taxe carbone aux frontières de l’Europe dont les
recettes pourraient être dédiées au financement de la transition énergétique et aux
infrastructures de transports collectifs. Pour relever l’ensemble de ces défis, l’Union
doit se doter d’une véritable Communauté des énergies : des premiers pas ont été
accomplis dans cette direction, d’autres doivent suivre.
Bien sûr, l’urgence environnementale appelle une action à l’échelle globale. Afin de
soutenir la prise de conscience des enjeux et d’enclencher la dynamique
multilatérale, la France a annoncé, c’était en septembre dernier, qu’elle abonderait à
hauteur d’un milliard de dollars supplémentaires le Fonds vert des Nations unies
destiné aux pays en voie en développement. Mais les initiatives nationales, si elles
demeurent indispensables, doivent pouvoir s’appuyer sur des normes édictées à
l’échelle mondiale car le combat climatique ne peut s’arrêter là où ont été tracées les
frontières des Etats ou là où s’affirment les intérêts particuliers et à court terme des
multinationales. C’est pourquoi nous préconisons la création d’une organisation
mondiale de l’environnement (OME), instance internationale capable de définir et de
faire appliquer les régulations nécessaires à la protection de la planète.
Mais 2015, c’est l’année capitale, l’année fondamentale, l’année qui doit aboutir aux
décisions cruciales pour limiter le réchauffement climatique à 2 degrés à la fin du
siècle : c’est l’année de la Conférence sur le climat (COP21) qui réunira 195 pays et
40 000 participants du 30 novembre au 11 décembre au Bourget, près de Paris. Il
s’agit d’y bâtir ce que Laurent Fabius, qui la présidera, a appelé « l’Alliance de Paris
pour le Climat ». Elle repose sur quatre principaux piliers : un accord universel
juridique contraignant, une série d’engagements nationaux, un paquet financier
comprenant notamment la dotation du Fonds vert pour le Climat, un encouragementrecensement des initiatives prises à travers le monde par les communes, les régions,
les États, les grandes entreprises. Pour la réussite de ce rassemblement planétaire,
nous appelons notre Parti à porter une voix résolument offensive, en lien avec la
société civile, en direction des citoyens, en associant ses élus locaux et nationaux,
qui permette à tous les socialistes et sociaux-démocrates du monde de se mobiliser
autour de propositions partagées afin de faire prévaloir l’intérêt général qui est aussi
l’impératif environnemental.
*
Socialistes, nous revendiquons le combat pour la préservation de l’environnement,
que nous situons à même hauteur que notre engagement pour une économie
innovante, une société juste, une fraternité laïque. Pour nous, répondre à l’urgence
écologique consiste à amplifier l’action engagée depuis l’alternance de 2012,
défendre et promouvoir les politiques publiques territoriales de gauche, investir tous
les échelons de l’action pour faire advenir un monde où les générations futures
pourront vivre, et pas simplement survivre. C’est cela, être des éco-socialistes.
Contacter les auteurs de la
contribution :
[email protected]
Téléchargement