EESC-2015-06779-00-00-DISC-TRA (FR) 2/4
Les transitions énergétiques et numériques sont inéluctables et elles offrent des perspectives
extrêmement prometteuses pour l'innovation et pour la croissance de l'emploi. Elles soulèvent
également quelques défis, d'où la nécessité d'une réflexion accrue au niveau national et européen sur
le rôle des partenaires sociaux et sur la nécessité d'un cadre réglementaire. Cette conférence, il me
semble, constitue une étape dans ce sens.
Investir dans la transition énergétique permettrait de réduire notre dépendance par rapport au pétrole
et au gaz et d'atteindre nos objectifs de réduction de la production de gaz à effets de serre. Cette
transition est aussi une source d'innovation et de développement économique qui permettrait de créer
des emplois durables et non délocalisables. L'intensité de main-d'œuvre dans le secteur des énergies
renouvelables étant supérieure à celle du secteur du nucléaire ou des énergies fossiles, les emplois
créés seraient bien plus nombreux et mieux répartis que ceux qui seraient perdus. À cela s'ajoute
«l'effet induit sur l'emploi»: si l'on importe moins d'énergie, l'argent économisé pourra être réinjecté
dans l'économie, via le pouvoir d'achat, ce qui générera de l'activité et de l'emploi dans l'ensemble
des secteurs de l'économie.
Pour tirer le meilleur parti de cette évolution – ou, selon l'économiste Rifkin, de cette «révolution»
combinant la transition énergétique et un bouleversement du système de l'information –, il faut gérer
efficacement les défis induits. Il est impératif d'assurer la requalification et l'accompagnement des
travailleurs dans ces nouveaux emplois. Cela exige des investissements considérables dans la
technologie, l'éducation, l'organisation, la formation de nouveaux profils professionnels, des modes de
financement nouveaux et des politiques adéquates.
Il est important de souligner que si l'on demande aujourd'hui aux citoyens européens s'ils sont
favorables à l'exploitation de sources renouvelables pour la production de l'énergie, leur réponse sera
oui, à l'unanimité. Mais le financement de cette transition ne doit pas être supporté par les classes
défavorisées: on ne peut pas imposer cette transition à des milliers de familles qui vivent aujourd'hui
de l'extraction et de l'utilisation du charbon sans préparer, suffisamment tôt, une alternative. On ne
peut pas non plus exiger que la facture des nouvelles sources d'énergie soit répartie de manière
horizontale entre tous les consommateurs: les consommateurs les plus démunis, ceux qui gagnent à
peine de quoi subvenir à leurs besoins, ne peuvent pas être mis à contribution de la même manière que
les consommateurs plus aisés.
Si je parle de cela, c'est parce que de nombreuses associations citoyennes et les syndicats de
travailleurs qui vivent de la production d'énergies non renouvelables me font part, en tant que
président du Comité, de leurs inquiétudes.
Le dialogue social doit également être renforcé dans les nouveaux secteurs, dans les nouveaux
États membres, dans les nouvelles formes d'emploi, là où les acteurs sont peu structurés. Par
exemple, en Allemagne, les nouvelles entreprises actives dans le secteur des énergies renouvelables
ne sont pas couvertes par les accords conclus par les partenaires sociaux, ce qui rend les travailleurs
plus vulnérables. Il n'y a pas de débat sur la qualité des emplois dans ce secteur.