
L’Anesthésie par Inhalation à Objectif de Concentration
L’objectif de cette technique est de permettre la variation des concentrations inspirée
et expirée des gaz et agents d’anesthésie indépendamment du débit de gaz frais et
l’administration des gaz et vapeurs régulée par les valeurs de concentrations cibles
choisies par l’anesthésiste. Il devient alors possible d’administrer l’anesthésie en
circuit fermé, avec un débit de gaz frais couvrant les besoins métaboliques du patient
(plus les fuites éventuelles du circuit). Pour atteindre cet objectif, l’agent halogéné doit
être administré dans le circuit par injection directe de liquide ou de vapeur. Pour
prévenir les risques de surdosage ou de sous dosage, le débit de l’agent anesthésique
est délivré automatiquement en fonction de la concentration alvéolaire de consigne
choisie par l’anesthésiste.
Avec un circuit filtre classique, l’anesthésiste règle le débit de gaz frais et la
concentration délivrée de l’agent halogéné pour atteindre la valeur désirée de
concentration alvéolaire dans un délai minimum puis il effectue manuellement les
ajustements de concentration délivrée et de débit de gaz nécessaire pour maintenir,
diminuer ou augmenter la concentration alvéolaire tout au long de l’anesthésie.
L’adjonction de protoxyde d’azote dont la MAC s’ajoute à celle de l’agent halogéné
permet de raccourcir les délais d’atteinte de la MAC totale souhaitée.
Avec un système réalisant l’anesthésie par inhalation à objectif de concentration,
l’anesthésiste fixe avant l’induction les valeurs de consigne des concentrations d’agent
halogéné et de protoxyde d’azote (donc de FIO2), et l’appareil va administrer la
quantité de gaz et d’agent anesthésique nécessaire pour obtenir rapidement et
maintenir ces concentrations quel que soit le débit de gaz frais. La régulation en
boucle des concentrations d’agent et de gaz anesthésique requiert la connaissance du
volume du circuit et de sa constante de temps ( α = Volume / débit de gaz frais). La
constante de temps du circuit est le temps nécessaire pour obtenir une concentration
inspirée égale à 63 % de la concentration délivrée. Si la concentration cible est la
concentration alvéolaire, il faut ajouter le volume de la CRF à celui du circuit pour
calculer la constante de temps totale du circuit et du patient. Selon la loi exponentielle,
la concentration alvéolaire atteint 98 % de la concentration délivrée au bout de 4
constantes de temps. Afin d’accélérer le délai d’atteinte de la concentration alvéolaire
de consigne et d’éviter des oscillations de la concentration alvéolaire réelle autour de
la valeur de consigne, il faut diminuer la constante de temps du circuit. Ce résultat
peut être obtenu par un grand débit de gaz entretenu par une turbine dans un circuit
fermé, comme c’était le cas dans l’appareil Physioflex TM qui n’est plus
commercialisé .
Pour permettre des variations rapides des concentrations inspirée et alvéolaire en
fonction des nécessités de l’anesthésie, il faut un système d’injection de vapeur ou de
liquide performant. De plus, le débit maximum de l’injecteur doit être limité afin
d’éviter tout risque de surdosage massif en cas de dysfonctionnement.
Le fonctionnement du système d’anesthésie en circuit fermé, c’est à dire avec
réinhalation totale des gaz expirés (moins le CO2) exige le monitorage du volume de
gaz présent dans le circuit. En effet, une consommation en excès par rapport au débit
de gaz frais entraîne une baisse de la ventilation pulmonaire, inversement, un excès de
gaz devra être évacué par la valve de surpression.