Guida Rist 2008 pag singole

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L'expérience de la
Délégation des Frontières
DOMINICAINES
DANS LE MONDE
Une Délégation sous le patronage des saints Cyrille, Méthode et Nicolas. Elle
naît en 2006, héritage de ce qui fut réalisé à Bari. Les actions en cours à Kaboul,
en Slovénie et à Londres. A la paroisse de Tamai. La prière œcuménique mensuelle. Sr. Sonia, à l'Institut Œcuménique de Bossey (Suisse).
“Père, que tous soient un”
Notice qui annonce les réunions mensuelles de la prière œcuménique
qui s'est tenue à la paroisse de Tamai (Italie)
(Jn 17, 21)
Bien des fois, les mots ont plusieurs sens. C'est ainsi que la dénomination de notre Délégation
peut faire penser à des limites, à
des confins, plus qu'à une porte, à
une possibilité d'entrée ou d'élargissement des espaces. Quelle
véritable signification faut-il donc
lui attribuer, et quelle fut la motivation de sa constitution? Quelle
sollicitation le Conseil général
avait-il reçue pour qu'en mars
2006, il l'ait instituée?
Il avait su voir, dans les petites
réalités de Kaboul, de Slovénie et
de Londres, des présences prophétiques qui, par-delà leur fragilité et leur petitesse, étaient chargées de potentialités; des réalités
isolées géographiquement, mais
toutes porteuses d'un message
fort de dialogue et d'unité qui les
rapprochait.
Le Chapitre général de l'Union
(2005/2006) nous avait fortement
appelées à faire quelque chose
pour développer notre présence
sur ces lieux où les fractures du
passé et celles d'aujourd'hui sont
encore ressenties comme des plaies ouvertes . De ce fait, le Conseil
général ayant été sensible à cet
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Église paroissiale de Tamai ( Italie ) : un moment de prière
appel pressant, a confié à la Délégation et, par elle, à notre famille
religieuse, la mission de répondre
aux instances de témoignage, de
service gratuit, de dialogue, de
partage, de communion que ces
lieux réclament, se référant surtout au désir de Jésus : "Père, que
tous soient un".
Une mission particulièrement
œcuménique avait été confiée à
la communauté de Bari, ouverte
en 2007 et fermée en 2009. Et
comme "rien de ce qui a de la valeur ne meurt", et qu'une mission
n'est pas donnée à des murs mais
bien à des personnes vivantes,
cette mission continue en ceux
qui s'engagent à la vivre.
En me transférant à Tamai j'ai retrouvé, parmi les choses importantes à conserver, un document
sur la formation oecuménique
daté du 20 mai 1993, promulgué
par le Groupe Mixte de Travail entre l'Eglise Catholique et le Conseil Œcuménique des Eglises.
Lors d'une rencontre pour les
prieures d'Italie - entre 19942000, on me chargea de présenter ce précieux document à cette
Assemblée. Sa découverte fut
pour moi une confirmation de
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l'action de Dieu qui prépare de
longue date ce qui adviendra.
L'expérience de Bari et cette découverte – un petit signe - m'ont
encouragée à proposer au Conseil pastoral de la Paroisse une
prière œcuménique mensuelle.
L'initiative proposée a été accueillie favorablement. Un bon
groupe de personnes désireuses
d'approfondir leurs connaissances sur l'œcuménisme et de prier
pour que se réalise le rêve de Jésus y participent. C'est pourquoi
nous sommes certaines que
l'œcuménisme spirituel – défini
comme 'l'âme de tout le mouvement œcuménique existe déjà,
puisque le désir de Jésus et celui
de ces personnes sont en train de
se rencontrer.
A ce propos, j'aime rapporter un
encouragement qui m'est parvenu d'un oecuméniste passionné –
également professeur d'œcuménisme, le Père Enrico Sironi, CRSP
(Barnabite):
"Quelle belle initiative que cette
prière œcuménique mensuelle à
la paroisse! Laissez-vous conduire
par l'Esprit du Seigneur qui crée
l'unité dans la diversité et la diversité dans l'unité. Aidons-nous à
grandir vers la plénitude de l'unité visible dans le Christ, de tous
ses disciples, mais aussi à respecter les diversités légitimes, toujours enrichies par l'échange des
dons.
L'expérience de la prière œcuménique aidera aussi la paroisse à
croître toujours plus unie. A faire
naître des fleurs et des fruits de
communion. Bravo!"
Je suis certaine qu'une telle expérience peut aussi se faire dans nos
communautés.
L'expérience qui suit, racontée
par Sr. Sonia qui l'as vécue, confirme la valeur de la ligne d'un œcuménisme construit dans le respect
réciproque des différentes identités; identités ouvertes au dialogue dans la dimension de l'amour
comme dans celle de la théologie, tout en demeurant enracinées dans un engagement de recherche de l'unité, dans la charité
et dans la vérité.
Sr M. Consuelo Serafin
Une année
et vie religieuse
oecuménique...
Une année à Château de Bossey
comme membre de la communauté religieuse œcuménique : tel
est le projet promu par l’Institut
œcuménique de Bossey, qui dépend du CEC (Conseil Œcuménique des Eglises) en collaboration avec le Conseil Pontifical
pour la promotion de l’unité des
Chrétiens.
Quand en septembre dernier
s’est fermée la communauté de
Bari, à laquelle j’appartenais, la
possibilité de vivre cette expérience œcuménique s’est offerte à
moi. Et c’est ainsi que de septembre 2009 à septembre 2010 je me
suis trouvée ici, dans ce petit pays
entouré de très belles montagnes
et baigné par le Lac de Genève, à
20 km de la ville de Genève.
Fondé en 1946, l’Institut rassemble, pour l’apprentissage œcuménique, l’étude académique et les
échanges personnels, des personnes provenant de diverses
églises, cultures et sphères. Ce
qui caractérise et distingue cet
Institut œcuménique c’est l’aspect communautaire, en effet, la
Une partie de la communauté religieuse oecuménique - Institut œcuménique de Bossey (Suisse)
vie académique et la vie communautaire coexistent bien.
Chaque année au mois de septembre arrivent à Bossey de 30 à
40 étudiants issus de tous les
Continents .
Plusieurs d’entre eux suivent seulement les cours du premier semestre qui aboutissent à la qualification du Graduate School,
d’autres poursuivent jusqu’au
Master.
Au cours de l’année académique
2009-2010 ont été présents 40
étudiants, d’environ 25 églises
différentes, de confession et de
dénomination chrétiennes ; d’autres, des pasteurs (hommes et
femmes) luthériens, réformés,
pentecôtistes et méthodistes,
prêtres et moines catholiques et
orthodoxes, beaucoup de jeunes
laïcs engagés, et notre communauté œcuménique constituée de
deux Sœurs luthériennes de la
Tanzanie : Sr Adventyna et Sr
Jerda ; deux Sœurs orthodoxes
de l’Eglise Orthodoxe-Syriaque :
Sr Theodora de l’Iraq et Sr Fadia
de la Syrie ; deux Sœurs catholiques dominicaines : Sr Carolyn
des philippines et Sr Sonia de
l’Italie. Notre devoir ici consiste
d’une part en une présence spirituelle parmi les étudiants, la fréquentation des cours comme tous
les autres étudiants et avec eux,
ensemble, la participation aux travaux de groupe et aux discussions
qui font partie du cheminement
universitaire, d’autre part le devoir de préparer la prière œcuménique qui a lieu chaque soir du
lundi au vendredi dans la chapelle
de l’ l’Institut. Au début de notre
expérience, nous sœurs, lors
d’une rencontre communautaire,
nous avons “inventé” la prière
œcuménique, de manière à ce
qu’elle fût l’expression des trois
traditions : orthodoxe-syriaque,
catholique et luthérienne.
Durant toute l’année, divers
groupes de travail du CEC sont
venus à Bossey pour des rencontres de travail et de formation ; ce
fut l’occasion pour partager, bien
que brièvement, expériences, de-
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derne !
Le dialogue et la confrontation
ont été notre pain quotidien pour
chercher à comprendre, clarifier
et approfondir le point de vue de
l’autre ; en effet, provenant de diverses parties du monde, avec
des cultures et des formations diverses, nous avons expérimenté
la profondeur et la radicalité de
notre diversité.
Les loisirs à Bossey
mandes et projets ; quand le
temps le permettait, ils ont participé à notre prière du soir.
Les diverses expériences vécues
durant l’année : la visite aux paroisses dans la Suisse allemande
au cours du mois de novembre, le
voyage à Taizé en décembre et à
Rome à la fin de janvier, ont offert
l’opportunité aux étudiants de
connaître des réalités “autres”
que leur vécu quotidien et “différents” de ce qu’ils imaginaient ;
pour nous tous, ce furent un défi
et une opportunité pour compléter les visions partielles et/ou corDeux témoins dans le domaine œcuménique
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riger les visions
tordues.
A Taizé nous
avons rencontré une communauté protestante-catholique ( et pas
seulement catholique comme le pensaient
quelques étudiants ) qui cherche,
dans la prière et dans la vie communautaire, à vivre l’unité et à
concrétiser tous les jours une réconciliation entre Chrétiens, une
communauté “où la bonté du
cœur est vécue très concrètement, et où l’amour est au cœur
de tous” (Frère Roger).
A Rome les étudiants ont eu la
possibilité de visiter un des lieux
de la chrétienté antique, de
connaître
l’organisation
de
l’Eglise Catholique, de rencontrer
quelques représentants qui travaillent au Conseil Pontifical pour
la promotion de l’unité des Chrétiens, de participer à une audience papale et de découvrir
une ville à la fois antique et mo-
De là le défi
du dialogue ! N’ont pas manqué les difficulté, méprises et incompréhensions. Cependant le
climat né entre nous étudiants a
été de dialogue et d’accueil des
diversités : ceci, je le pense,
constitue le don le plus beau qui
nous a tous enrichis ; ceci, je le
crois, est aussi le chemin que notre Famille religieuse est en train
d’accomplir depuis ces dernières
années au cours desquelles nos
communautés sont devenues et
sont en train de devenir toujours
plus internationales et multiculturelles. Un tel accueil des diversités, une telle “unité-dans-la-diversité” est don, défi, engagement, prophétie.
Au cours du mois de février la
moitié des étudiants, leur cheminement académique terminé, ont
regagné leur pays, les autres ont
Le Château de Bossey, le bâtiment du réfectoire et la tour
poursuivi avec le Master, tandis
que pour nous les Sœurs débutait
un cours de spiritualité œcuménique. Au mois de mars, avec notre responsable, “la pasteur” luthérienne Heller Dagmar, nous
nous rendions à la communauté
religieuse œcuménique - protestante de Grand-Champ, une localité voisine de Neufchâtel. L’objectif de ce voyage : connaître la
vie religieuse dans le Protestantisme,
partager
pendant
quelques jours son expérience et
sa vie.
Le second semestre, pour nous
les Sœurs, moins intense et moins
organisé que le premier, m’a donc
permis de trouver le temps pour
approfondir l’histoire de l’Eglise
dans sa “lutte” et son pèlerinage
dans le temps, l’Eglise et la spiritualité orthodoxe, qui depuis toujours me fascinent, et l’histoire du
mouvement œcuménique.
Très intéressant et stimulant fut le
séminaire interreligieux organisé
au mois de juillet avec comme
thème Construire une communauté interreligieuse. A ce séminaire participaient : nous, les
Chrétiens de la communauté de
Bossey (Sœurs et étudiants),
quelques jeunes musulmans provenant de la Palestine, de la Turquie, de l’Egypte, de l’Indonésie
et des Etats-Unis et deux jeunes
juifs de Jérusalem. Ce fut un mois
très intense centré sur l’approfondissement des trois grandes religions abrahamites, par leçons,
travaux de groupe, échanges
d’expérience, participation à la
prière dans la Synagogue, dans la
Mosquée et dans l’Eglise. À cette
occasion aussi nous avons expérimenté la pénibilité et le défi du
dialogue. Particulièrement difficile a été le dialogue entre les
jeunes juifs et palestiniens, à
cause de la situation qui depuis
plus de 60 ans continue à tourmenter le voisin du MoyenOrient. Que de souffrance et que
de colère dans le cœur de Badia,
David, Adrian, Sahar, Arzu.....
Si le dialogue œcuménique entre
Chrétiens n’est pas simple, ardu
est le dialogue interreligieux,
mais les deux représentent un
grand défi : le défi pour nous
Chrétiens, de témoigner “unis”
du Christ Ressuscité, Fils de Dieu
et Sauveur de l’homme, le défi
pour tous (Juifs, Chrétiens et Musulmans) de construire la paix et la
justice pour offrir aux générations
futures une société pacifiée et pacifiante.
Sr M. Sonia Mele
Sr Sonia Mele, à gauche, auteur de l'article, avec deux sœurs
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