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cette préoccupation est encore trop souvent reléguée au second plan parmi les
personnes issues des milieux les plus défavorisés.
De leur côté, les personnes malades revendiquent de plus en plus d’autonomie, disent
leur besoin de comprendre leurs pathologies et de discuter leur traitement dans
l’objectif d’une parfaite adhésion à la stratégie de soins et d’une meilleure vie avec la
maladie. Une maladie déclarée mobilise beaucoup de forces et peut en générer tout
autant comme en témoignent les « survivors » dans le champ du cancer du sein en
particulier. L’impression de livrer un « combat » est souvent partagée par les
personnes malades, mais également par leurs proches qui peuvent parfois s’engager
intensément dans leur accompagnement.
En fin de vie, le parcours santé de la personne est jalonné de difficultés, parfois dues
à des incompréhensions des uns ou des autres, à la douleur, à l’affliction des proches
et, dans le pire des cas, à l’errance et à l’obstination déraisonnable dans les protocoles
curatifs et aux insuffisances des soins palliatifs persistantes dans notre pays.
Dans toutes ces situations, les personnes peuvent être aidées par des proches, des
professionnels à l’écoute et éventuellement par des « compagnons virtuels »
mobilisant éventuellement l’intelligence artificielle et ayant pour fonction de soutenir
l’engagement des individus, tant pour améliorer leur bien-être que pour doper la
motivation qui, parfois, manque aux personnes malades auxquelles sont prescrits des
traitements lourds d’effets secondaires.
A ces différents stades du parcours de santé des personnes correspondent des
besoins et des capacités différents qui dépendent à la fois du niveau d’inclusion sociale
des personnes concernées, de leurs ressources personnelles, de la place qu’occupe
la santé dans leur propre échelle de valeurs, de la gravité des pathologies dont elles
souffrent et de l’intensité de leur implication personnelle dans la gestion de leur vie
avec la maladie.
Pour chacun des épisodes de la vie, et pendant la maladie, les outils numériques
peuvent être réellement utiles. Ils peuvent concourir à rompre l’isolement en
permettant aux personnes de « réseauter » sur le net, ils contribuent à démocratiser
l’accès à l’information médicale, trop longtemps retenue par des sachants peu
partageurs, ils facilitent la diffusion des campagnes publiques qui tirent également parti
de l’audience de certains medias numériques, ils permettent l’échange et le partage
de données dématérialisées, etc.
La m-santé (pour « santé mobile »), les datas et les algorithmes dessinent ainsi de
nouveaux rapports individuels et collectifs à la santé. Ils repoussent les limites parfois
trop contraignantes de chacune des séquences du parcours de santé des personnes
et proposent, de fait, un système de santé plus connecté, plus transparent, moins
cantonné à ses seules ressources humaines et plus ouvert à la coordination des soins ;
bref, plus proche des attentes contemporaines.
S’il y avait des craintes à formuler, c’est autour de la faible conscience des risques de
mésusage des données de santé par certains fournisseurs de solutions de e-santé.
Sans doute, les facilitations considérables que ces outils apportent en vie réelle