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- La première renvoie
&
la spécificité des rapports des peuples pasteurs
à leur environnement. Il est bien connu,
en effet que ces peuples sont plus
attachés à leur bétail qu'à la terre,
même
si l'agriculture constitue souvent une
composante non négligeable de l'économie et procure la majeure partie des subsis-
tances.
Dans ces sociétés là, la propriété collective du sol ne détermine pas les
rapports entre producteurs.
Ce sont au contraire les rapports noués entre les
individus dans le cadre de la production pastorale qui déterminent les conditions
de l'accès au sol
et les formes
d'appropriation des ressources exploitées en
commun
(BONTE,
1977).
Si l'élevage joue un rôle prépondérant dans ces sociétés où l'accès à
la terre est libre et la mobilité forte (la résidence
comme les
champs sont pério-
diquement transférés
'
1,
c'est parce que le bétail constitue non seulement une
forme privilégiée d'accumulation de la richesse,
mais
surtout le fondement
maté-
riel indispensable de toutes les négociations sociales (en vue de l'établissement
de relations d'alliance,
d'obligation ou de soutien entre les individus et les
familles, de coopération dans le travail etc).
-
La seconde raison tient au fait qu'à la faveur de leur mobilit$ perma-
nente, les peuples pasteurs ont eu une histoire évènementielle plus tumultueuse,
donc plus riche que celle des communautés d'agro-pasteurs sédentaires. L'histoire
des communautés
peu1
du Ferlo comme celle des sociétés Touareg et Bororo
témoi-
gne de nombreux contacts entre les pasteurs et les populations sédentaires envi-
ronnantes. Ces relations ont revêtu des formes différentes, tantôt pacifiques et
orientées vers les échanges commerciaux, tantôt belliqueuses.
Les recherches entreprises sur les sociétés pastorales ne présentaient
guère d'intérêt pour l'administration coloniale.
La raison en-est que les choix
économiques opérés par le colonialisme français en Afrique ne concernaient que
les équipements et le développement des cultures commerciales.
"Ce
n'est qu'assez longtemps après l'installation de
1'Administration
française en A.O.F. que les pouvoirs publics se sont intéressés à l'élevage. Les
gouvernants
portèrent d'abord leur attention sur l'organisation administrative
du Territoire, la création de routes,
de ports, de voies ferrées, le développe-
ment de l'agriculture, etc...,
toutes activités qui paraissent plus immédiatement
utiles"
(FEUNTEYN,
1955).
(1)
.-
Les pasteurs du Ferlo considèrent que "Le
Peu1
n'a pas de résidence fixe.
Il s'installe là où il peut trouver des pâturages".