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Approche clinique dans la prise en charge du nodule thyroïdien
Dans l’algorithme proposé par les Européens, la scintigra-
phie est proposée en cas de TSH basse et/ou de GMN. Nous
préférons réaliser une scintigraphie thyroidïenne avant
toute cytoponction.
La Figure 1 résume l’algorithme proposée dans le diagnos-
tic et la prise en charge du nodule thyroidien et appliqué
dans notre institution.
FAUT-IL SUIVRE UN NODULE “BÉNIN”
OU UN GOITRE MULTINODULAIRE?
Une nouvelle échographie sera eectuée 6 à 18 mois après
la première échographie. Une nouvelle cytoponction à
l’aguille ne sera eectuée en cas de cytologie non contri-
butive ou modication du nodule ou s’il augmente de plus
de 50%. L’échographie pourra ensuite être répétée tous
les 2 à 5 ans.
Le traitement médical n’est jamais prescrit aux USA. Il a sa
place, en tous cas en Belgique, chez des jeunes patients
qui ont un petit goitre nodulaire sans signe d’autonomie.
L’indication opératoire sera proposée en cas de signes com
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pressifs, en cas d’augmentation du volume du nodule, en
cas d’irradiation externe, en cas de signes radiologiques
suspects ou parfois pour des raisons esthétiques. Le radio-
iode pourrait être proposé dans le traitement des GMN non
toxique et des études européennes ont montré qu’il était
able et ecace entrainant une diminution goitre et des
symptômes obstructifs. Il pourrait être considéré en cas de
contre- indication opératoire.
CONCLUSION
La publication des recommandations dans la prise en
charge des nodules thyroïdiens a considérablement facil-
ité le travail du clinicien. Toutefois cette prise en charge
variera en fonction des continents, des pays et des régions,
en fonction de la facilité avec laquelle le clinicien a accès à
des techniques performantes et en fonction de son expéri-
ence personnelle. Le couple échographiste et cytologiste
reste la pierre angulaire dans la décision thérapeutique.
Toutefois c’est le clinicien qui, in ne, décidera avec son
patient la meilleure stratégie à adapter en respectant le
dogme universel: PRIMUM NON NOCERE
discriminants. Le risque de cancer de cette catégorie est
évalué à 20-30%.
En cas de lésions folliculaires, les guidelines américaines
recommandent d’eectuer une scintigraphie thyroïdienne
an d’éliminer un nodule chaud et une chirurgie inutile.
La cinquième catégorie du système de Bethesda regroupe
les cytologies thyroïdiennes suspectes de malignité,
parce qu’elles montrent des cellules avec anomalies cyto-
nucléaires, orientant vers le diagnostic de cancer papillaire,
de cancer médullaire, de lymphome ou de métastase. Le
risque de cancer est de 60-75 %.
La sixième catégorie du système de Bethesda regroupe les
cytologies thyroïdiennes malignes
Le risque de cancer est de 97-99 %.
La prise en charge des cytologies thyroïdiennes des qua-
trième, cinquième et sixième catégories est en principe
chirurgicale.
Dans notre institution, le compte rendu cytologique com-
prend une description des éléments diagnostiques, une
formulation diagnostique et une catégorisation selon le
système de Bethesda.
La biologie moléculaire et l’immunomarquage peuvent
être proposés dans certaines circonstances. En cas d’AUS
ou de suspicion de carcinome folliculaire, la présence de
la mutation BRAF est considérée comme signe de poten-
tialité maligne mais sa recherche n’est pas encore utilisée
en routine. L’analyse d’un panel de 7 gènes (incluant BRAF,
RAS, RET/PTC, avec ou sans PAX8/PPRγ) permettrait d’évi-
ter la chirurgie dans 60 % des cas. Les tests restent cepen-
dant coûteux et des validations sont encore nécessaires.
Actuellement, il n’y a aucun test optimal pouvant diagnos-
tiquer ou réfuter la malignité dans des nodules à cytolo-
gie indéterminée.
Scintigraphie thyroïdienne
La scintigraphie garde une place dans la mise au point des
nodules thyroïdiens surtout dans les pays présentant une
décience en iode, ce qui est le cas de la majorité des pays
européens. Dans ces pays, comme la Belgique par exemple,
la population a tendance à développer plus de zones thy-
roïdiennes autonomes que, par exemple, aux USA.
La scintigraphie permettra de voir la répartition du traceur
et orientera le geste du ponctionneur qui évitera de piquer
dans des zones chaudes et/ou hyperxantes, qui donne-
ront automatiquement une cytoponction très cellulaire.
En principe, dans un goitre multinodulaire, il n’est pas
nécessaire de ponctionner plus de deux nodules. La cytolo-
gie se fera dans le nodule dominant froid et dans le nodule
échographiquement suspect supérieur à 1 cm