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21 mars 2012 0
les activités physiques légères se situant à l 3 MET, modé-
rées entre 3 à 6 MET (faire du vélo stationnaire à 50 W) et
intenses à L 6 MET (course à pied).
Les dépenses cardiaques et métaboliques au cours de
rapports sexuels varient selon le type d’activité sexuelle.
Ainsi, lors de mesure de la consommation d’oxygène chez
les hommes, une dépense métabolique moyenne de 2,5
MET a été trouvée au cours de la stimulation et de l’or-
gasme lorsque la femme se trouvait sur l’homme
(woman-
on-top coitus)
et de 3,3 MET lorsque l’homme se trouvait sur
la fem me
(man-on-top coitus)
. Il est important de relever, tou-
tefois, le fait que dans certaines conditions (relation extra-
maritale, par exemple) le stress peut être plus grand, en-
traînant de ce fait une plus grande décharge sympathique
avec augmentation de la FC et de la TA, pouvant induire
divers trou bles du rythme.2
risque d’événements cardiovasculaires
associés à l’activité sexuelle
La peur d’un événement cardiaque pendant les rapports
sexuels peut interférer avec la capacité et l’envie des pa-
tients d’avoir une relation sexuelle, et il est donc important
que le médecin puisse conseiller ces patients.3
Dans quelle mesure la relation sexuelle peut-elle dé-
clencher un événement cardiaque ? Malgré les effets béné-
fiques de la relation sexuelle et le fait que celle-ci corres-
ponde à un effort relativement léger, cette dernière peut,
dans une minorité de cas, déclencher des épisodes d’angor,
un infarctus du myocarde (IM), une arythmie ou même une
mort subite.
L’angor postcoïtal se définit comme un angor survenant
pendant une ou deux heures après une relation sexuelle. Ce
type d’angor représente l 5% de toutes les formes d’angor.
Il apparaît chez des patients plutôt sédentaires présentant
déjà par ailleurs des épisodes d’angor aux petits efforts.
Le risque de faire un IM après une relation sexuelle est
faible, représentant l 0,1% de tous les cas d’IM, le risque
annuel étant de 0,1% plus grand chez un homme de 50 ans
avec antécédents d’IM que chez un sans maladie corona-
rienne.2 Diverses données de la littérature ont montré que
le risque relatif (RR) de faire un IM une à deux heures après
une relation sexuelle était augmenté de 2,1 à 2,5 fois, étant
environ quatre fois plus grand (RR de 4,4) chez des sujets
sédentaires et de trois fois plus élevé chez ceux avec anté-
cédents d’IM.4-6 Plusieurs mécanismes peu vent déclen cher
un IM après une relation sexuelle, à savoir une rupture d’une
plaque athéromateuse vulnérable, une vasoconstriction
coro naire en présence d’une dysfonction endothéliale (lors
d’un stress émotionnel ou physique), un début d’état pro-
thrombotique avec activation plaquettaire, une diminu tion
de l’activité fibrinolytique et un relâchement de prostacy-
cline (induit par l’effort physique).
La survenue d’arythmies ventriculaires malignes pouvant
mener à la mort cardiaque subite a largement été rapportée,
en particulier chez des sujets mâles lors de relations hété-
rosexuelles extramaritales, suggérant une activation sym pa-
thique augmentée dans le cadre d’un stress émotionnel.7,8
Un cas unique d’une femme de 46 ans a aussi été rapporté,
qui est décédée lors d’une relation sexuelle avec son amant.
La cause de la mort a été une décompensation cardiaque
aiguë due à une cardiopathie hypertensive chronique.9
activité sexuelle et insuffisance
cardiaque (ic) chronique
Les patients avec IC chronique de tout type d’étiologie
(maladie coronarienne, pathologie valvulaire, cardiomyo-
pathie non ischémique ou une pathologie congénitale) re-
présentent un groupe important. Il existe actuellement peu
de données concernant ce problème.1 Il est primor dial de
stratifier ces patients en fonction des quatre classes fonc-
tionnelles de la NYHA (New York Heart Association) afin
d’identifier ceux qui peuvent avoir une relation sexuelle sans
risque (patients à bas risque) et utiliser, si nécessaire, les
inhibiteurs de la 5-phosphodiestérase (5-PDE), ceux à risque
intermédiaire (classe fonctionnelle NYHA II ou asymptoma-
tiques avec fraction d’éjection du ventricule gauche l 40%)
nécessitant un bilan cardiaque préalable (test d’effort, écho
cardiaque, Holter) et ceux à haut risque (classe fonctionnelle
NYHA III à IV) qui doivent être stabilisés par un traitement
spécifi que pour leur état cardiaque avant de reprendre une
activité sexuelle ou être traités pour leur dysfonction sexuelle.
La présence d’un défibrillateur automatique implantable
n’est pas une contre-indication à avoir une activité sexuelle.
activité sexuelle chez les patients
avec cardiopathies congénitales
Les patients avec cardiopathie congénitale à l’âge adulte
sont un groupe de plus en plus important vu leur survie
augmentée. Des données récentes suggèrent que ces pa-
tients sont sexuellement moins actifs (anxiété plus grande,
moins bonne estime de leur corps) que ceux du même âge
sans cardiopathie.10,11 Il est donc important d’aborder les
questions psychosociales et sexuelles chez ces patients ado-
lescents et jeunes adultes.
dysfonction sexuelle
Il existe une association fréquente dans les deux sexes
entre la dysfonction sexuelle et les maladies cardiovascu-
laires, en plus du risque cardiaque potentiel d’activité
sexuelle elle-même. De ce fait, la dysfonction sexuelle peut
affecter leur qualité de vie et leur bien-être. Du fait de sa
physiopathologie englobant les principaux facteurs de ris-
que cardiovasculaire (tabagisme, diabète, hypertension
arté rielle (HTA), hyperlipidémie) et le dysfonctionnement
de l’endothélium vasculaire, la dysfonction érectile (DE)
chez l’hom me et la sécheresse vaginale, ainsi que la dys-
pareunie chez la femme peuvent être considérées comme
symptômes précoces ou signes avant-coureurs d’une mala-
die cardiovasculaire. La prévalence et l’incidence de la DE
sont fortement liées à l’âge, pouvant affecter plus de la
moitié des hommes L 60 ans.
prise en charge et traitement
Au cours de ces dernières années, des progrès impor-
tants ont été réalisés dans le domaine du traitement oral
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