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3- Une production limitée à l'arack et au vin
Au début du XIXᵉ siècle, le Moutassarifat du Mont-Liban produisait 20 000
quintaux
de raisin, 1 000 quintaux de vin et 300 quintaux d'eau-de-vie à 50, 40
et 250 paras
le quintal respectivement.
Dans un article sur l’industrie libanaise publié dans un recueil édité par
Ismail Hakki Bey dernier Moutassarif du Mont-Liban, Asfar affirme que l’arack est
considéré comme « une des boissons nationales » du pays et que sa fabrication
« était courante » dans le Mont-Liban (Hakki : 67). Toujours selon lui, il était
exporté en Egypte et en Amérique. Deux régions du Moutassarifat se
spécialisaient dans cette fabrication : Zouk (banlieue est de Beyrouth) et la ville
de Zahlé (dans la Bekaa) qui en produit la plus large quantité (35 000 kg de vin
et 100 000 kg d’arack annuellement selon les registres de la dette publique
ottomane) (Hakki : 67). Quant au vin, il était produit dans plusieurs régions du
Metn et du Kesrouan (Khonshara, Bteghrine, Salima, Bhaness, Bickfaya, Beit-
Chebab, Zekrit, Zouk Mosbeh, Ghazir, Rayfoun, Sebaal) (Hakki : 35).
Jouplain affirme, quant à lui, que la vigne était l’une « des principales
ressources du pays » et réussit parfaitement bien sur les coteaux à côté des
mûriers et des oliviers. Il dit aussi que « les fins gourmets apprécient très bien les
vins du Caza du Kesrouan, connu sous le nom de vin d’or du Liban ». Quant aux
autres vins du pays, il affirme qu’ils sont excellents mais que leurs valeurs
diminuent d’année en année en raison de leur mauvaise fabrication (Jouplain :
109).
Mais Jouplain nous donne des chiffres et données sensiblement différents
de ceux d’Asfar, bien que les deux auteurs aient écrit leurs ouvrages à peu près
à la même époque. Ainsi, pour Jouplain la récolte moyenne de raisin est de 4,5
millions de kilos par ans. Il estime la fabrication du vin à 350 000 kilos. Quant à la
surface de la vigne, elle était de 2 500 hectares. Concernant la production par
région, Jouplain affirme que les vignobles les plus renommés sont ceux des
coteaux de Zahlé qui forment selon lui l’unique culture de la région. Zahlé produit
en moyenne 75 000 kilos de vin et 550 000 kilos d’arack. Jouplain cite aussi qu’il
y a 84 vignobles à Ehden et 180 dans le caza du Koura. Sans plus donner des
chiffres il affirme qu’il y avait des vignobles dans les villes de Bhamdoun et de
Barouk (dans le Chouf) et de Jbeil et Mairouba (dans le Kesrouan), et enfin de
Chouair (dans le Metn) (Jouplain : 497).
Quant à Huvelin,il affirme que la vigne réussit à merveille dans beaucoup
de régions en Syrie (c’est-à-dire dans la Syrie et le Liban actuels). Elle pourrait,
selon lui, rendre infiniment davantage et de meilleurs produits. Le vignoble
s’étend sur 84 298 hectares et produit 300 000 à 350 000 tonnes de raisin. La
fabrication du vin, concentrée dans le Liban, n’utilise qu’une faible partie de la
récolte. Les raisins qui ne sont pas consommés frais servent à fabriquer du Dibs
1 quintal = 66 700 grammes
Petite monnaie de cuivre en usage dans l’Empire ottoman et à valeur variable selon les pays