L`évaluation de la valeur de l`entreprise par l`approche basée sur le

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L’évaluation de la valeur de
l’entreprise par l’approche basée sur
le triptyque coût-qualité-temps
Abdelilah EL ATTAR
Enseignant chercheur
Laboratoire Economie et Management des Organisations
Faculté des Sciences Juridiques Économiques et Sociales
Université Mohamed Premier Oujda, Maroc
[email protected]
Abdelilah EL ATTAR
82
Résumé
L’évaluation d’entreprise est un exercice difficile et fréquent. Cependant,
les méthodes d’évaluation sont multiples et variées, elles se basent sur des
hypothèses différentes et utilisent divers outils mathématiques. Elles essayent de
prendre en compte tous les éléments qui peuvent influencer, de façon directe ou
indirecte, positive ou négative, la valeur de la firme à des moments bien précis de
son existence, afin de dégager un prix qui reflète d’une manière précise la réalité
de cette valeur. Le coût, la qualité et le temps sont parmi les principaux éléments
qui ont une grande influence sur la variation de la valeur de l’entreprise tout au
long de sa vie. Dans ce travail, nous avons essayé de construire un modèle
d’évaluation de l’entreprise en nous basant sur le triptyque coût-qualité-temps.
Mots clés :
Modèle d’Irving Fisher, méthode de Gordon Shapiro, Approche des comparables,
Ratios de qualité, Goodwill, modèle coût-qualité-temps.
Summary
Business valuation is a difficult and frequent exercise. However, the
evaluation methods are varied; they are based on different assumptions and use
various mathematical tools. They try to take into account all the elements that
can influence, direct or indirect, positive or negative, the value of the firm at
specific times of their lives, to give us a price that reflects the maximum reality of
this value. The cost, quality and time are among the key elements that have a
great influence on the change in the company's value throughout his life. In this
work, we tried to build a company's valuation model based on the triptych cost quality - time.
Key words:
Model of Irving Fisher, Gordon Shapiro method, Comparable approach, quality
ratios , Goodwill, model cost - quality – time.
Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
L’évaluation de la valeur de l’entreprise par l’approche basée sur …
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Introduction
L’entreprise est une entité en perpétuel changement. Ce changement vient
du degré de développement de son activité et des décisions prises par la
direction. En général, le gestionnaire et le conseil d’administration de l’entreprise
veillent sur les intérêts des actionnaires et ils cherchent à augmenter la richesse
de l’entreprise.
L’enrichissement de l’entreprise est le résultat d’une gestion basée sur la
bonne gouvernance des biens et des ressources humaines. En effet, un bon choix
des sources et des délais de financement est le point de départ de la réussite de
tout projet vient ensuite; l’optimisation de ces capitaux investis par une meilleure
adéquation entre le coût et la qualité, pour enfin, procéder au management
courant des activités d’exploitation génératrices de la valeur.
La valeur est un concept très important pour les différents acteurs qui
participent à sa création au sein de la firme. La confrontation entre les intérêts de
ces divers acteurs commence au niveau du partage du surplus dégagé par
l’entreprise appelé la valeur ajoutée. Le débat sur la valeur de la firme se poursuit
à divers cycles de sa vie. C’est la raison pour laquelle une multitude de méthodes
d’évaluation de la valeur de l’entreprise ont été développées.
Les méthodes d’évaluation sont multiples et variées, elles se basent sur des
hypothèses différentes et utilisent divers outils mathématiques. Elles essayent de
prendre en compte tous les éléments qui peuvent influencer, de façon directe ou
indirecte, positive ou négative, la valeur de la firme à des moments bien précis de
son existence, afin de dégager un prix qui reflète précisément la réalité de cette
valeur.
Le coût, la qualité et le temps sont parmi les principaux éléments qui ont
une grande influence sur la variation de la valeur de l’entreprise tout au long de sa
vie.
Dans ce travail, nous allons voir dans un premier temps les contextes
d’évaluation des entreprises et pourquoi ont-elles besoin d’une évaluation?
Ensuite, voir si cette évaluation reflète réellement la richesse de ces entreprises.
En deuxième lieu, nous allons présenter les méthodes d’évaluation des
entreprises pour enfin présenter notre propre modèle qui se base sur les variables
du triptyque coût-qualité-temps.
1. Contexte d’évaluation de la valeur de l’entreprise
Durant sa vie, l’entreprise passe par des cycles de croissance et des cycles
de décadence, comme elle peut changer de structure et de forme. Ces
changements influencent la performance et la qualité de l’entreprise et par
Abdelilah EL ATTAR
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conséquent sa valeur qui nécessite des évaluations chaque fois que des
changements structurels sont entrepris pour cette entreprise.
1.1 Notion de valeur d’entreprise
La valeur est un concept fondamental dans la théorie économique, les
grandes écoles de la pensée économique ont essayé de définir cette notion qui
n’a cessé de changer avec l’évolution de la société et des contextes d’évaluation.
D’une conception objective (école classique), basée sur le travail, à une
conception subjective (école néoclassique), basée sur l’utilité marginale, la valeur
a été définie par l’économiste Alfred Marshal (Principes d’économie politique,
1890), comme la résultante entre l’offre d’un bien qui est fonction des coûts
(vision objective) et la demande de ce bien qui est fonction de l’utilité (vision
subjective). Mais cette notion n’a cessé d’évoluer avec le changement du contexte
d’évaluation.
Pour l’entreprise, définir ce terme devient plus complexe, car en premier
lieu, l’entreprise ne peut être considérée comme un bien, puisqu’elle est
composée d’un ensemble hétérogène, constitué de biens matériels et immatériels
(immobilisations, brevets, stocks…) et de personnes contribuant à son
fonctionnement (gestionnaires, salariés, clients…). L’importance du capital
humain et immatériel dans la création de la valeur au sein de l’entreprise a
dépassé celle du capital financier. En deuxième lieu, l’entreprise est en
changement perpétuel. Le temps est un facteur capital dans le processus
d’évaluation.
La valeur et le prix sont deux notions différentes, le prix d’une entreprise
n’est autre que la valorisation de tout élément qui peut contribuer à la continuité
du bon fonctionnement de cette entreprise à un instant donné. Il est déterminé
par la conjugaison de diverses méthodes d’évaluation. Cependant, le prix courant
d’une société peut être connu par une lecture des informations financières (cours
des actions), mais la « vraie » valeur se situe autour de ce prix. La distinction entre
la valeur et le prix fonde la richesse du raisonnement financier sur cette notion et
explique l’existence d’une multitude de méthodes d’évaluation. Ces méthodes
reposent généralement sur deux piliers : le patrimoine et les flux de trésorerie
générés. L’évaluation a pour objectif de fixer un intervalle de valeurs servant de
référence pour la fixation d’un prix à un moment bien précis de la vie de
l’entreprise.
Globalement, la valeur de la firme dépend de l’ensemble des facteurs qui
entrent dans le processus de sa création selon le schéma ci-dessous.
Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
L’évaluation de la valeur de l’entreprise par l’approche basée sur …
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Figure 1 : Processus de création de la valeur de la firme.
Source : R. Pike & B. Neale, Corporate Finance and IInvestment – decisions
& strategies, 5th ed., Prentice Hall, 2006
2006.
À travers ce processus les divers acteurs cherchent à augmenter la valeur
de l’entreprise pour bénéficier de ses bien
bienfaits1, ainsi :
- Les actionnaires, propriétaires des capitaux
capitaux, cherchent à valoriser
l’entreprise pour bénéficier des dividendes et augmenter lla valeur de leurs
actions;
- Les dirigeants, gérants de l’entreprise qui peuvent aussi être actionnaires,
et qui reçoivent leurs rémunérations de la valeur créée
créée, ont intérêt à ce que leurs
entreprises soient performantes;
- Les salariés, représentantt le capit
capital humain qui fructifie le capital financier
pour que l’entreprise se développe.. Ils sont rémunérés par des salaires qui varient
selon leurs rôles dans le processus de création de la valeur
valeur;
- Les prêteurs de fonds, personne
personnes morales ou physiques qui prêtent des
fonds à l’entreprise en contrepartie des frais financiers, souhaitent que
l’entreprise soit en bonne santé pour qu’ils soient remboursés;
- L’Etat, en tant qu’entité suprême qui veille sur la stabilité et la sécurité du
cadre global de l’investissement, doit recevoir une part de la valeur ajoutée sous
forme d’impôts pour financer et assurer sa pérennité.
1
Barneto.P
.P et Gregorio.G, Finance, manuel et applications, 2e édition, Dunod, Paris, 2009.
Abdelilah EL ATTAR
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Cependant, les intérêts de ces divers acteurs peuvent entrer en conflit,
puisque le partage de la valeur ajoutée au sein de l’entreprise est en fonction de
la balance des forces et non pas en fonction du mérite. Les salariés pensent qu’ils
doivent bénéficier d’une grande part, puisqu’ils sont les créateurs de cette valeur,
ainsi que des salaires élevés et l’amélioration des conditions de travail. Tandis que
les actionnaires veulent rentabiliser leurs investissements en recevant un
dividende élevé. Mais, le conflit le plus important oppose les dirigeants aux
actionnaires, les intérêts opposés de ces deux acteurs est à la source de ce
conflit2 :
- Les actionnaires sont les propriétaires de l’entreprise, les managers sont
des agents qui reçoivent leurs rémunérations sur le travail qu’ils accomplissent;
- Les dirigeants cherchent la maximisation de leurs propres intérêts
(rémunérations, conditions de travail, bénéfices, statuts...) ce qui est
contradictoire avec les intérêts des actionnaires;
- Les dirigeants ne veulent pas prendre de risques qui peuvent menacer
leurs positions ou leurs emplois, en refusant des opportunités d’investissements
créatrices de valeur ce qui est contradictoire avec la vision des actionnaires qui
peuvent étendre leur risque en investissant dans des projets à rentabilité élevée;
- Le problème de l’asymétrie de l’information entre les dirigeants
possédant des informations détaillées sur la firme et les actionnaires qui n’ont pas
forcément la même information ;
- Les dirigeants se focalisent essentiellement sur des objectifs à court
terme, les actionnaires ont une vision de placement à long terme;
Cette contradiction entre les intérêts peut amener les actionnaires à
prendre certaines mesures pour protéger leurs intérêts. Ainsi, ils peuvent
procéder au control de l’action des managers via les audits internes et externes et
à poser des questions et des propositions lors des assemblées pour limiter le
pouvoir des gestionnaires. Néanmoins, de telles mesures sont coûteuses en temps
et en argent, et peuvent nuire à la performance globale de l’entreprise.
1.2 Pourquoi évaluer la valeur d’entreprise?
Le débat sur la valeur d’entreprise est un débat récurrent à plusieurs
moments de la vie de l’entreprise, il intervient à l’occasion d’une3 :
- création de l’entreprise, pour fixer la valeur des actions de départ;
2
3
Barneto.P et Gregorio.G (2009) op cit,
Vernimmen.P, Finance d’entreprise, 6e éd., Dalloz, 2005.
Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
L’évaluation de la valeur de l’entreprise par l’approche basée sur …
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- augmentation ou réduction du capital, pour déterminer le prix d’émission
des nouvelles actions et connaitre le nombre d’actions qu’il faut créer ou la valeur
qu’il faut ajouter aux anciennes actions;
- cession de parts de l’entreprise : pour fixer le prix de vente convenable;
- acquisition d’une part d’une autre entreprise : pour déterminer la
nouvelle valeur de l’action et la comparer avec le prix d’acquisition;
- restructuration : pour réduire les coûts et optimiser la nouvelle
organisation;
- fusion de l’entreprise avec une autre : pour réévaluer et fixer la valeur des
actions des entreprises afin de déterminer les parités d’échange;
- introduction en bourse ou rachat d’actions détenues par certains
actionnaires : pour fixer la valeur de l’action;
- succession lors du partage d’un héritage ou de donation : pour définir la
base du partage et des droits de succession et des droits de mutation…;
- liquidation de l’entreprise : pour déterminer le prix de vente des
immobilisations.
Ainsi, la méthode d’évaluation varie selon la logique de l’évaluateur et les
circonstances citées ci-dessus. Un investissement majoritaire sera réalisé selon
une logique financière qui tient compte des arbitrages entre le risque et la
rentabilité attendue, tandis qu’un investisseur qui désire une position de contrôle
sur le secteur d’activité, adaptera une logique industrielle.
Dans ces différents moments, l’évaluation de la valeur d’entreprise est un
passage obligé qui permet aux managers et aux actionnaires de constituer une
idée sur le future de cette entreprise. Les méthodes d’évaluations utilisées
peuvent changer selon la variation du contexte d’évaluation, la taille, la nature et
la durée de vie de l’entreprise.
Avec le développement des techniques de communication et des outils
d’évaluations (matériels et logiciels) les opérations d’évaluation sont devenues
moins couteuses en temps et en argent, et leurs bienfaits sur l’entreprise sont
importants, d’où la nécessité de procéder à des évaluations régulières pour
rectifier la trajectoire de l’entreprise vers la croissance.
La procédure d’évaluation commence par la collecte des informations sur
l’entreprise, ces informations vont être tirées de divers diagnostics (financier,
juridique, social, fiscal, etc.). À travers ces diagnostics, les analystes cherchent à
déterminer les points forts, les points faibles, les risques et les opportunités de
l’entreprise pour passer ensuite à l’évaluation des biens matériels et immatériels
Abdelilah EL ATTAR
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pour enfin déterminer un chiffre qui va représenter, en quelque sorte, la valeur de
l’entreprise à un moment bien précis.
2. méthodes d’évaluation de la valeur de l’entreprise
Dans cette partie, nous allons présenter les différentes méthodes
d’évaluation de l’entreprise, puis présenter notre méthode qui consiste à évaluer
la valeur de l’entreprise sur la base du triptyque coût-qualité-temps.
2.1 Les méthodes classiques d’évaluation
Les méthodes utilisées pour évaluer la valeur d’une entreprise peuvent être
classées en trois grandes catégories4 :
• Les méthodes statiques ou patrimoniales fondées sur la valeur du bilan;
• Les méthodes dynamiques fondées sur les flux futurs de revenus
actualisés;
• Les méthodes des multiples ou des comparables.
2.1.1 Approche statique basée sur le patrimoine de l’entreprise
L’approche statique ou patrimoniale débute de l’idée que l’entreprise vaut
ce qu’elle possède5: les immobilisations corporelles et incorporelles, les stocks et
la trésorerie, etc. Ainsi, elle se base sur les documents comptables et
particulièrement le Bilan, pour estimer la valeur de l’entreprise.
ACTIF
PASSIF
Immobilisations :
Capitaux Propres :
- Incorporelles
- Capital
- Corporelles
- Réserves
- Financières
- Résultat
- Autres
Actif Circulant :
Dettes :
- Stocks
- Dettes Financières
- Créances
- Dettes d’Exploitation
- Dettes Diverses
- Disponibilités
4
5
De La Chapelle.P, l’évaluation des entreprises, 3e édition, ECONOMICA, 2007.
Thauvron. A, Evaluation d'entreprise, 3e édition, ECONOMICA, 2010
Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
L’évaluation de la valeur de l’entreprise par l’approche basée sur …
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Ces méthodes visent à dégager une valeur de marché pour le patrimoine de
l’entreprise à partir de ses comptes annuels. Parmi ces méthodes nous pouvons
citer :
a)
La méthode de la Valeur Net Comptable Corrigé (VNCC);
Cette méthode consiste, à examiner les postes du bilan et à ajuster la valeur
comptable des fonds propres du montant des plus ou moins-values qui en
résultent. En réévaluant les différents postes d’actif et de passif, on obtient une
valeur dite intrinsèque; des fonds propres, plus satisfaisants que la valeur
comptable.
La détermination de la valeur de l’actif net comptable corrigé (ANCC) peut
être effectuée dans une perspective de continuité de l’exploitation ou de
liquidation de l’entreprise. Une fois la réévaluation des actifs est faite, c’est la
valeur réelle qui est prise en compte dans le calcul de la valeur d’entreprise à la
place des valeurs bilancielles.
La valeur de l’actif net comptable corrigé (ANCC) est égale à :
ANCC= Actif net au bilan – passif réel (dettes réelles) - actif fictif ou les
non-valeurs (Capital souscrit non appelé, charges à répartir, primes de
remboursement des obligations, écarts de conversion actif) + passif fictif (écart
de conversion passif) +/- corrections de plus ou moins-values.
b)
La méthode du Goodwill (GW) ou la valorisation par le Surprofit.
Le goodwill (GW) est défini comme l’excédent de la valeur globale d’une
entreprise à une date donnée. Cet excédent est mesuré par rapport à la juste
valeur attribuée aux éléments identifiés de l’actif à cette même date. Cet
excédent de valeur est un actif incorporel qui tire sa source de différents
facteurs6:
- le savoir-faire (know-how);
- l’expérience (accumulation de savoir-faire entraînant une amélioration
des processus);
- la clientèle de l’entreprise;
- l’image de marque (ensemble des représentations mentales, croyances ou
connaissances liées à une entreprise);
6
PALOU. JM), Les méthodes d'évaluation d'entreprise, Editions Revue Fiduciaire, Collection Guide
de gestion RF, 2008.
Abdelilah EL ATTAR
90
- l’avancée technologique (avantage que procure la connaissance d’un
système, d’un processus, la détention d’un brevet pour l’entreprise par rapport
aux autres);
- le droit au bail (droit dont dispose l’entreprise titulaire du bail de locaux
pour une durée établie et droit de renouvellement possible);
- l’implantation commerciale;
- etc…
Le goodwill sert à corriger les valeurs patrimoniales afin de tenir compte de
la rentabilité économique anticipée de l’entreprise et évaluer l’ensemble du
capital immatériel de l’entreprise.
Plusieurs méthodes d’évaluation existent. La plus connue et la plus simple
est la méthode patrimoniale qui s’attache davantage aux performances passées
de la société qu’à son potentiel. La méthode patrimoniale consiste donc à corriger
les éléments de l’actif de tous les biais liés aux principes de la comptabilité.
La méthode dite « des praticiens » ou « méthode indirecte » détermine le
goodwill après avoir défini la valeur globale de l’entreprise :
Valeur de l’entreprise = Actif net comptable corrigé + Goodwill
Avec :
Goodwill = (Valeur rendement – Actif net comptable corrigé)/2
’ Où :
- CB : capacité bénéficiaire à partir des deux ou trois derniers exercices
corrigés : potentiel de bénéfice de l’entreprise;
- t : taux de rémunération de l’actif considéré comme normal;
- ANCC : Actif net comptable corrigé.
- VR : La valeur de rendement consiste à considérer que la valeur d’une
société est égale à la somme des dividendes futurs actualisés (c’est-à-dire une
rente perpétuelle de dividendes futurs constants). ∑$ !"#
où k est le
taux d'actualisation, D les dividendes et t le temps.
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L’évaluation de la valeur de l’entreprise par l’approche basée sur …
91
D’autres variantes de la méthode des goodwill peuvent être utilisées7 :
Méthode anglo-saxonne ou la méthode directe;
La méthode de l’Union des experts comptables (UEC);
Les méthodes de la rente de goodwill actualisée.
La méthode du goodwill est tout à fait valable en soi, mais les problèmes
majeurs viennent de la fixation du taux d’actualisation8. L’inconvénient est que la
méthode du goodwill est souvent utilisée en prenant un taux d’actualisation
beaucoup trop bas, notamment par l’utilisation d’un taux sans risque, ce qui est
une erreur fondamentale d’estimation ou de jugement.
L’avantage de l’évaluation patrimoniale réside dans la simplicité des
formules utilisées et dans sa cherche à refléter la réalité des actifs détenus ou
investis dans l’entreprise. Cependant sa principale faiblesse provient du fait
qu’elle repose sur des données comptables souvent obsolètes, car la réévaluation
du bilan se fait rarement, ce qui empêche d’appréhender les changements qui
interviennent parmi les éléments constitutifs de la valeur.
Les méthodes statiques et patrimoniales présentent l’inconvénient
majeur de négliger le fait que la valeur d’une société est essentiellement liée, sauf
en cas de liquidation, à sa capacité à générer des bénéfices et à distribuer des
dividendes.
2.1.2 Approche dynamique basée sur les flux générés par l’entreprise
Ces méthodes reposent sur l’actualisation des flux futurs générés par
l’entreprise. Selon que l’on calcule la valeur des seules actions ou la valeur totale
de la société (dettes incluses), les flux futurs pertinents sont soit les dividendes
reçus ou la plus-value de la valeur de l’action.
a)
Le modèle d’Irving Fisher
Fisher a concrétisé ces deux sources de revenus par la formule suivante :
%&# ∑()
'
! #
%(
! #(
Où %# représente la valeur d’une action (ajustée) en date t ;
%( ≡ +& %(## la valeur anticipée de l’action en,;
: la rentabilité exigée par les actionnaires ou coûts des fonds propres;
7
PALOU. JM), 2008, op cit.
Paliard. R et Bernard. MJ, La mue nécessaire du repreneur d’entreprise », in Entrepreneuriat,
edited by Michel Coster, Pearson Education, 2009.
8
Abdelilah EL ATTAR
92
' ≡ +& -'## le dividende par action anticipé en t.
Cette équation fondamentale reste difficile à utiliser lorsque l’année de
calcul s’éloigne de l’année zéro. Il est en effet difficile de prétendre construire une
valorisation fiable sachant que l’appréciation de la série de dividende./ , versée
sur la longue période, reste peu ou pas réaliste.
Par des efforts de simplification Gordon Shapiro et autres, ont pu
développer d’autres modèles plus accessibles et plus satisfaisants.
b)
La méthode de Gordon Shapiro
La méthode de Gordon Shapiro9 ou dite de croissance perpétuelle du nom
de ces deux auteurs a été développée en 1956. Ils reprennent le modèle de Fisher
en introduisant un certain nombre d’hypothèses qui permettent de valoriser une
action et donc une société;
- Les dividendes augmentent à un taux constant g, année après année
(hypothèse de croissance perpétuelle des bénéfices).
- Le pay-out ratio (taux de distribution des bénéfices) est identique tous les
ans.
- La période de distribution des dividendes est infinie.
En partant de la formule de Fisher et en utilisant les hypothèses avancées,
'
01
ils dégagent leur formule : %&# avec :
%&# : représente la valeur d’une action (ajustée) en date t=0;
div1 : dividendes par action attendus l’année 1;
: la rentabilité exigée par les actionnaires ou coûts des fonds propres;
g : le taux constant de croisement des dividendes anticipés jusqu’à l’infini.
De façon plus globale, l’approche de Gordon-Shapiro présente un certain
nombre d’avantages. En effet, elle s’appuie sur des flux réels (les dividendes
versés aux actionnaires) et répond sur ce point à la préoccupation de
l’investisseur en quête d’une mesure concrète de retour sur son placement. Cette
méthode n’est pas utilisée seule, elle doit être mise en place dans un
environnement sectoriel. De plus, il est nécessaire de la coupler avec d’autres
méthodes de valorisation. La méthode de Gordon Shapiro est très utilisée, mais
elle porte dans ses hypothèses, ses propres limites.
9
De La Chapelle. P, l’évaluation des entreprises, 3e édition, ECONOMICA, 2007.
Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
L’évaluation de la valeur de l’entreprise par l’approche basée sur …
c)
93
Le modèle de Bates
Le modèle de Bates10 (1962) permet d’évaluer une société en tenant
compte des bénéfices futurs et du pay-out et pas simplement du dividende
comme dans le modèle de Gordon Shapiro. Il permet par ailleurs de diviser la
période totale d’observation en sous périodes ce qui résoud, ainsi le problème de
constance des données inhérent au modèle de Gordon Shapiro. La méthode de
Bates bénéficie ainsi d’un aspect plus réaliste puisqu’il est possible conformément à la réalité du marché- de modifier les paramètres de la formule.
L’originalité et la réalité de la formule de Bates résident dans la logique
comparative du modèle.
La relation est la suivante : la société appartient à un échantillon ou à un
secteur de référence dont les données (price earning ratio (PER), pay-out, taux de
croissance des bénéfices sur n années et rentabilité exigée par les actionnaires),
sont connues. Elles permettent de définir le price earning ratio du secteur, à
l’année n. Au-delà de l’année n, l’horizon est trop lointain et Bates affirme que le
PER du secteur se confond alors avec le PER de la société. Dès lors, à partir des
prévisions effectuées par les analystes sur le secteur pour les périodes n, il est
possible de déterminer la valeur actuelle de la société.
La formule permet de relier le PER initial au PER final comme suite :
2+3 & 2+3 4
!1 6
!5
!1
501 7 4
!1 6 8
!5
avec :
- PERn : le PER du secteur de la société;
- d : le taux de distribution du bénéfice (Part du bénéfice versé aux
actionnaires sous forme de dividendes);
- g : le taux de croissance du bénéfice supposé constant sur la période de
croissance;
- k : le taux de rentabilité exigé par les actionnaires;
- n : le nombre d’années de croissance au taux unique g.
À partir de cette formule, la valeur de l’action est :
-
C0 = PER0 X Bénéfice par action à l’instant 0.
Le modèle de Bates convient bien à l’évaluation d’une entreprise dite de
croissance qui, dans quelques années, s’alignerait sur les autres entreprises de
son secteur. Sa facilité d’utilisation et ses hypothèses proches de la réalité font de
ce modèle une méthode d’évaluation couramment utilisée par les professionnels.
10
De La Chapelle. P, 2007, op cit.
Abdelilah EL ATTAR
94
Ainsi, on peut souligner son utilisation quasi systématique pour justifier la
valorisation des titres lors des introductions en bourse. Il faut simplement
rappeler que le véritable enjeu de la formule de Bates porte sur la pertinence de
la détermination de l’échantillon de référence pour le calcul du PER du secteur.
D’autres modèles d’évaluation basés sur l’actualisation ont été développés,
on peut citer11 :
Le modèle de Molodovsky
Le modèle de Holt
La méthode des cash-flows
2.1.3 Approche des comparables basée sur le marché
a)
La méthode de PER
Les PER (price earning ratio) ou ratio prix/bénéfice par action est
l’indicateur le plus regardé lorsque l’on cherche à savoir si les marchés boursiers
sont correctement évalués. En pratique, deux types de PER peuvent être calculés
selon le type de bénéfices retenus dans le calcul :
- des PER historiques qui utilisent soit le bénéfice comptable par les
entreprises soit les résultats opérationnels (hors opérations exceptionnelles).
- des PER prospectifs qui utilisent le bénéfice anticipé à un horizon donné
(généralement à 1 an comme, au-delà de cet horizon les prévisions sont trop peu
fiables).
Le PER indique combien un investisseur est prêt à payer pour chaque unité
de bénéfice (courant ou anticipé) généré par une entreprise ou un ensemble
d’entreprises.
Le calcul du PER12 peut porter, indifféremment, sur la capitalisation
boursière rapportée au résultat global de la société ou sur la valeur de l’action
rapportée au bénéfice net par action. Dans ce dernier cas, nous écrirons :
% 9 :;'é#
2+3 9 =éé>??:9
Quand la notion de PER est utilisée à des fins d’évaluation, la valeur de
l’action @ est estimée en multipliant le bénéfice net de @ par le PER observé pour
11
Pour plus d’information sur ces modèles voir le livre de P.de La Chapelle, 2007, op cit.
Et Thauvron. A, Evaluation d'entreprise, 3e édition, ECONOMICA, 2010.
12
Ibid.
Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
L’évaluation de la valeur de l’entreprise par l’approche basée sur …
95
les sociétés cotées, comparables à @ en termes d’activités, de risque et de
croissance. On a donc :
% 9 Aé:B# 2+3:?éé?:C;# =éé>??:9
En pratique, il existe pour chaque secteur d’activité une estimation
empirique du PER, fondé sur les valeurs boursières des sociétés cotées et des
bénéfices qu’elles dégagent. Ce PER du secteur est modifié, pour son application à
la société@, en fonction du risque et du potentiel de développement propre à
cette dernière.
Le PER est lié à l’anticipation des dividendes qui sert de base à une
évaluation des actions par actualisation. En utilisant la formule de Fisher on a :
PER ∑(
E
%
'
! ( D # D #(
=éé>?
Le PER est d’autant plus élevé :
- que le taux d’intérêt sans risque en vigueur sur le marché est faible;
- que le risque entachant les anticipations et les flux afférents est faible.
La principale limite du PER est qu’elle n’intègre à aucun moment le
patrimoine de l’entreprise. De plus, le PER valorise mal les entreprises qui ont un
rendement d’exercice négatif ou nul. Malgré cette limite, le PER reste un bon outil
de valorisation d’entreprise.
D’autres méthodes de la même catégorie peuvent être utilisées13 :
La méthode basée sur les multiples des cash-flows;
La méthode basée sur les multiples synthétiques;
La méthode basée sur le délai de recouvrement;
La méthode basée sur la valeur rendement
2.2 Approche d’évaluation de l’entreprise fondée sur le triptyque coûtqualité-temps
2.2.1 Objet de l’approche
L’approche fondée sur le triptyque CQT consiste à évaluer la valeur de
l’entreprise en se basant sur les coûts réels des éléments à évaluer pour ensuite
évaluer la qualité de ces biens et la comparer avec la qualité des biens semblables
13
Plus de détail sur ces méthodes, voir le livre de de La Chapelle. P, op cit.
Abdelilah EL ATTAR
96
existants sur le marché. Le temps est utilisé pour corriger et actualiser certains
biens dont la valeur change avec l’écoulement du temps.
Une telle approche va permettre aux évaluateurs d’avoir une idée sur un
élément fondamental dans la formation des prix, à savoir le rapport coût /qualité.
Le prix d’un bien dépend de la qualité de ce bien.
2.2.2 Méthodologie d’application de l’approche
a) Recueil des informations sur l’entreprise
Le point de départ d’une évaluation est d’avoir les informations nécessaires
sur l’entreprise à évaluer, ces informations sont généralement reçues de la
direction, des représentants, des clients, des fournisseurs, des médias, des
experts, etc. Les informations recueillies doivent être fiables, vérifiées et datées,
car elles sont susceptibles d’être changées à tout moment, elles peuvent être
classées en deux catégories :
- informations relatives à l’entreprise, comme les documents comptables
et financiers de l’entreprise (Bilans, compte de résultats, soldes intermédiaires de
gestion, rapports, procès-verbal des assemblées générales, etc.) Ces informations
sont utiles pour construire une vision sur la valeur brute de l’entreprise;
- informations sur l’environnement économique, juridique, fiscal et
politique de l’entreprise. Ils permettront d’avoir une idée sur les tendances
sectorielles, les concurrents, le taux de change, le taux d’inflation, le taux
d’intérêt, le taux de chômage, la politique générale de l’Etat, etc.
b) Réévaluation des actifs de l’entreprise par l’application de l’approche
fondée sur les coûts
Afin de mettre à jour la valeur des biens de l’entreprise, une réévaluation
des actifs de l’entreprise est nécessaire. Dans des conditions normales de risque
et de contrainte commerciale et temporelle, l’approche fondée sur les coûts se
base sur le principe économique selon lequel un acquéreur ne payera pas un prix
supérieur au prix d’un autre actif de même utilité.
L’approche fondée sur les coûts s’applique généralement aux
immobilisations de l’entreprise (corporelles et incorporelles). Le coût est calculé
sur la base du coût de remplacement amorti de l’actif. Il représente le coût
d’obtention ou de remplacement d’un actif similaire ou d’un actif qui fournira un
service similaire. Le coût de remplacement est composé de tous les coûts annexes
tels que la valeur du terrain, les infrastructures, les honoraires des intermédiaires,
les frais financiers, etc.
Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
L’évaluation de la valeur de l’entreprise par l’approche basée sur …
97
Cette approche s’applique aussi aux évaluations d’instruments financiers.
Elle donne une indication sur la valeur actuelle d’un instrument ou d’un
portefeuille en répliquant les risques encourus et les flux de trésorerie générés
par ces actifs à la date d’évaluation14.
c) La valeur temps et évaluations des flux générés par l’entreprise en
utilisant l’approche fondée sur les revenus
Les revenus que l’entreprise peut générer sont classés en deux types, les
flux créés par le cycle d’exploitation et les flux résultants de l’augmentation de la
valeur des actions de cette entreprise. L’approche fondée sur les revenus est
utilisée pour transformer ces flux futurs de trésorerie, qui peuvent être générés,
en une valeur de capital actuelle.
Les méthodes qui relèvent de l’approche fondée sur les revenus ont été
citées dans les méthodes d’évaluation par les flux. Ces méthodes peuvent varier
de manière significative, mais ils ont la même caractéristique, celle d’actualiser le
revenu net pour une période future à l’aide d’un taux d’actualisation. La somme
des valeurs actuelles pour chaque période représente la valeur en capital. La
valeur des flux est déterminée à partir des revenus réels crées ou des revenus
potentiels qui pourraient être crées. Dans le cas d’un immeuble, ce revenu peut
prendre la forme d’un loyer plus la plus-value qui pourra résulter de la vente de
cet immeuble, pour une action il prendra la forme de dividende plus le profit
résultant de la vente de cette action.
Le taux d’actualisation utilisé est déterminé par la valeur temps de l’argent
et par les risques et les avantages inhérents aux flux des revenus concernés. Il est
déterminé en fonction de l’objectif de l’évaluation. Il peut être égal au taux de
rendement exigé, au coût moyen pondéré du capital ou au taux d’intérêt, etc. Ce
taux varie suivant que les données sur les revenus ou les flux de trésorerie sont
basées sur les niveaux actuels, ou sur des projections qui reflètent une inflation
ou déflation future anticipée.
Cette approche peut être appliquée aux passifs en considérant les flux de
trésorerie générés, comme elle peut être utilisée pour évaluer des
immobilisations corporelles lorsque des flux de trésorerie découlant de l’actif
peuvent être identifiables, comme les actifs financiers. Certains éléments d’actifs
et de passifs ne sont pas comptabilisés dans le bilan (brevets, marques déposées,
droits d’auteur, etc.), le goodwill représente la valeur résiduelle à actualiser une
14
Pour plus d’information sur la méthode d’évaluation sur les coûts, voir le document de
l’International Valuation Standards Council (IVSC), « Normes Internationales
d’Evaluation 2013 ». www.ivsc.org.
Abdelilah EL ATTAR
98
fois que toutes les immobilisations corporelles et incorporelles identifiables ont
été prises en compte.
d) Évaluation de la qualité de l’entreprise par l’approche fondée sur la
qualité
L’approche fondée sur la qualité consiste à évaluer la qualité d’éléments
cruciaux influençant directement la valeur de l’entreprise, comme les
immobilisations, le personnels, le gérant, les capitaux, les clients, les fournisseurs,
le stock, le flux des revenus, etc.
Elle propose des ratios, en pourcentage, qui constituent des valeurs
indicatives de la qualité. Le calcul de ces ratios se base sur les valeurs tirées
directement des comptes de l’entreprise (Bilan, comptes de résultats, etc.), de la
réévaluation de certains éléments de l’actif (par la méthode fondée sur les coûts
ou l’approche fondée sur le marché) ou des flux de trésorerie générés par
l’entreprise.
Deux grands courants d’évaluation sont à la base des méthodes
d’évaluation, le premier se base sur l’idée que l’entreprise vaut ce qu’elle
possède, le deuxième sur l’idée que l’entreprise vaut ce qu’elle rapporte. Ainsi la
construction de nos ratios va être groupée sur la base de ces deux courants.
- Ratios de qualité basés sur les biens et les intervenants dans l’entreprise
Partant de l’idée que l’entreprise vaut ce qu’elle possède, nous allons
mesurer la qualité des biens possédés par cette entreprise, qui sont
généralement, les capitaux sous forme d’immobilisations (corporelles et
incorporelles plus les stocks), et les intervenants dans la formation de la valeur au
sein de l’entreprise qui sont, le personnel et les tiers (clients et fournisseurs).
Qualité du Capital
La qualité du capital par défaut est égale à 1 ou 100 %, ceci est valable
lorsqu’on emprunte un capital avec un taux d’intérêt égal à zéro. Chaque fois que
le taux d’intérêt augmente la qualité du capital emprunté, baisse selon la
fonction : 1 / (1+ taux d’intérêt sur le marché) = (1/1+t).
Ce ratio est le rapport entre le capital et la valeur acquise de ce capital à un
moment donné :
Capital/ valeur acquise = capital/ capital + Intérêts
= capital / capital (1+taux d’intérêt) = 1/ (1+ taux d’intérêt)
La qualité du capital est fonction décroissante du taux d’intérêt.
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L’évaluation de la valeur de l’entreprise par l’approche basée sur …
99
Figure 2 : Relation entre le taux d’intérêt est le capital emprunté.
Qualité en %
Qualité du capital
120%
100%
080%
Qualité du capital
060%
040%
020%
0%
5%
11%
17%
23%
29%
35%
41%
47%
53%
59%
65%
71%
77%
83%
89%
95%
101%
000%
Taux d’intérêt
À partir de cette relation, nous pouvons mesurer la qualité des capitaux
permanents de l’entreprise en fonction de sa rentabilité économique. Ainsi la
qualité des capitaux permanents doit être au moins égale à la qualité du capital
sur le marché, c’est à dire (1/1+taux d’intérêt).
Si la rentabilité économique de l’entreprise est supérieure au taux d’intérêt,
la qualité de ces capitaux sera bonne, sinon elle sera mauvaise.
Partant de cette relation, nous pouvons mesurer la qualité des capitaux
propres en fonction du taux de rentabilité financière selon la relation :
Qualité des capitaux propres = r+ (1 /(1+t))
t : taux d’intérêt sur le marché;
r : taux de rentabilité financière.
Plus le taux d’intérêt est élevé et la rentabilité financière de l’entreprise est
faible, plus la qualité des capitaux propres est mauvaise, car leur utilisation sera
moins fiable
Pour la qualité des dettes à long terme, nous comparons le taux avec lequel
nous payons notre crédit avec celui du marché :
Abdelilah EL ATTAR
100
Qualité des dettes à long terme = dettes à long terme / (dettes à long
terme + Frais financiers)
Ce ratio mesure la rentabilité des dettes de financements utilisées par
l’entreprise, plus ce ratio est élevé plus la qualité de ces dettes est meilleure, car
leur rendement sera élevé. Dans le calcul de ce ratio, on ne retient que les frais
financiers relatifs aux dettes à long terme.
- Immobilisations
Qualité des immobilisations corporelles = Valeur réelle / Valeur Nette
Comptable
Qualité des Immobilisations incorporelles = Valeur réelle / Valeur Nette
Comptable
La valeur réelle de l’immobilisation, calculée par l’approche fondée sur les
coûts, représente son prix actuel sur le marché. La valeur nette comptable
représente la valeur de l’immobilisation enregistrée dans la comptabilité de
l’entreprise. Plus la valeur réelle est élevée plus la qualité de ces immobilisations
est bonne. La valeur nette comptable dépend du temps d’utilisation de ces
immobilisations. Plus le temps est long plus la VNC est faible.
Qualité de la Marchandise stockée = Prix de vente / Coût de la
marchandise stockée
La marchandise stockée est destinée à la vente. Si le prix de vente de cette
marchandise est élevé alors la valeur de ce stock sera élevée.
Le délai d’écoulement du stock nous donne une idée sur la fréquence de
renouvellement de ce stock. Un délai court est un bon signe.
- Personnel de l’entreprise
Qualité des salariés = Résultat d’exploitation / Charge du personnel
Le personnel de l’entreprise participe principalement à l’élaboration du
résultat d’exploitation, en contrepartie du salaire. Plus ce ratio est élevé, plus le
rendement du personnel de l’entreprise est élevé et leur qualité est bonne.
Qualité du gérant = Résultat net/Salaire
Le gérant de l’entreprise prend en charge toute l’activité de l’entreprise.
Ainsi pour mesurer sa rentabilité on se réfère au résultat net. Plus ce ratio est
élevé plus sa qualité est bonne.
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L’évaluation de la valeur de l’entreprise par l’approche basée sur …
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- Tiers de l’entreprise
Qualité des clients = Chiffre d’affaires client / Valeur ajoutée
et
Créances client / Provisions client
Le premier ratio représente la part du client dans la formation de la valeur
ajoutée. Plus cette part est élevée plus la qualité du client est bonne. Le deuxième
ratio nous donne une idée sur la solvabilité du client. Plus les deux ratios sont
élevés plus la qualité du client est bonne.
Pour affiner l’évaluation, on peut aussi vérifier les délais de paiement. Plus
les délais sont courts plus la qualité du client est bonne. On peut vérifier la qualité
de chaque client potentiel ou vérifier la qualité totale des clients de l’entreprise.
Qualité des Fournisseurs = Chiffre d’affaires fournisseur / Achats
fournisseur
et
Dettes fournisseur / Achats fournisseur
Le premier ratio représente la part du fournisseur dans la formation du
chiffre d’affaires. Plus cette part est élevée plus la qualité du fournisseur est
bonne. Le deuxième ratio nous donne une idée sur la part du fournisseur dans le
financement du besoin du fonds de roulement. Plus les deux ratios sont élevés
plus la qualité du fournisseur est bonne.
La vérification du délai de paiement fournisseur complète l’analyse. Plus les
délais sont longs plus la qualité du fournisseur est bonne. On peut vérifier la
qualité de chaque fournisseur potentiel ou vérifier la qualité totale des
fournisseurs de l’entreprise.
- Ratios de qualité basés sur les flux générés par l’entreprise
La valeur de l’entreprise repose aussi sur les revenus futurs qu’elle génère «
L’entreprise vaut ce qu’elle va rapporter » c’est une approche prospective. Nous
allons aussi évaluer la qualité des éléments qui influencent la valeur de
l’entreprise dans ce sens.
Qualité du financement futur de l’entreprise = Amortissement +
autofinancement / Capacité d’autofinancement
L’amortissement et l’autofinancement représentent le potentiel de
financement futur de l’entreprise, il est constitué à partir de la capacité
d’autofinancement dégagé. Chaque fois que ce ratio est élevé, la qualité du
financement futur de l’entreprise est bonne.
Abdelilah EL ATTAR
102
Qualité du rendement des actions = Dividendes / Capacité
d’autofinancement
Elle nous informe sur la part des actionnaires dans le profit dégagé par
l’entreprise. Plus le dividende est élevé plus le rendement de l’action est
important , par suite sa qualité est bonne.
Qualité de l’action cotée = Capitalisation boursière de l’entreprise /
capital de l’entreprise
Elle indique la santé de l’action sur le marché boursier et nous donne une
comparaison de la valeur de cette action par rapport à sa valeur initiale. Plus ce
ratio est élevé plus la qualité de l’action est bonne.
Qualité de l’action par rapport aux actions du secteur = PER de l’action/
PER du secteur
Elle compare le PER de l’entreprise par rapport à celui du secteur d’activité
de l’entreprise pour situer la qualité de l’action dans son secteur.
Afin de faire une comparaison de la qualité des éléments cités ci-dessus,
nous procédons par le traçage d’un tableau qui rassemble les résultats de ces
analyses sur les trois années passées et les prévisions pour les trois années
futures.
Tableau de bord de la qualité de l’entreprise
Ratio en
pourcentage
Formule
N N N N
- +
2 1
1
N
+
2
Ratios de qualité basés sur les biens et les
intervenants dans l’entreprise
Qualité des capitaux
Qualité du
Capital
= 1 / (1+ taux d’intérêt sur le
marché)
Qualité des
capitaux propres
= taux de rentabilité économique +
(1 / (1+ taux d’intérêt sur le
marché) )
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N
+
3
L’évaluation de la valeur de l’entreprise par l’approche basée sur …
Qualité des
dettes à long
terme
= dettes à long terme / (dettes à
long terme + Frais financiers)
Qualité des immobilisations
Qualité des
immobilisations
corporelles
= Valeurs réelles / Valeur nette
Comptable
Qualité
Immobilisations
incorporelles
= Valeurs réelles / Valeur nette
Comptable
Qualité du stock
Qualité de la
Marchandise
stockée
= Prix de vente /
Coût de la marchandise stockée
Qualité du personnel
Qualité des
salariés
= Résultat d’exploitation / Charge
du personnel
Qualité du gérant
= Résultat net/Salaire
Qualité des tiers
Qualité des
clients
= Chiffre d’affaires client / Valeur
ajoutée
= Créances client / Provisions client
Qualité des
Fournisseurs
= Chiffre d’affaires fournisseur /
Achats fournisseur
= Dettes fournisseur / Achats
fournisseur
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Abdelilah EL ATTAR
104
Ratios de qualité basés sur les flux générés par
l’entreprise
Qualité du
financement
futur de
l’entreprise
= Amortissement +
autofinancement / Capacité
d’autofinancement
Qualité du
rendement des
actions
= Dividendes /
Capacité d’autofinancement
Qualité de
l’action cotée
= Capitalisation boursière de
l’entreprise / capital de l’entreprise
Qualité de
l’action par
rapport aux
actions du
secteur
= PER de l’action / PER du secteur
Nous pouvons aussi utiliser des graphes, sous forme de Radar pour une
lecture plus claire des informations tirées de l’entreprise.
e) Comparer et fixer la valeur de l’entreprise en se basant sur l’approche
fondée sur le marché
Cette approche procure une indication de la qualité de l’entreprise en la
comparant avec celle de ses semblables sur le marché.
La première étape de cette méthode consiste à rassembler les informations
nécessaires pratiquées sur le marché pour des transactions d’actifs identiques ou
similaires. Ensuite, effectuer des ajustements liés à des différences économiques,
juridiques et organisationnelles entre les entreprises similaires et l’entreprise
évaluée.
Les informations sur l’entreprise sujette d’évaluation sont tirées de
l’approche fondée sur les coûts, et les informations sur les entreprises de
comparaison sont tirées des prix existants sur le marché en utilisant des données
et des hypothèses adoptées par les différents acteurs du marché.
Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
L’évaluation de la valeur de l’entreprise par l’approche basée sur …
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Pour proposer un prix, deux sources de données peuvent être utilisées par
l’approche fondée sur le marché, le marché boursier sur lequel des informations
sur la cotation des actions d’entreprises similaires sont échangées et le marché
des acquisitions, hors bourse, sur lequel des offres de vente ou de rachat
d’entreprises ont été effectuées.
Conclusion
Tout au long de cet article, nous avons essayé de voir comment la valeur de
l’entreprise varie selon les circonstances et les méthodes d’évaluations.
En effet, l’entreprise est une entité sociale et économique en mouvement
continu. Ce mouvement rend la tâche de la perception de sa valeur difficile. Afin
de cerner cette problématique, nous avons présenté en premier lieu les
différentes méthodes et approches d’évaluation de la valeur de l’entreprise pour
proposer ensuite une méthode qui se base essentiellement sur la qualité des
éléments constitutifs de l’entreprise.
Ainsi, dans cette méthode, nous avons commencé par le recueil des
informations nécessaires à l’évaluation, à savoir les documents comptables des
trois années passées, la valeur réelle des immobilisations, le cours de l’action, la
valeur prévisionnelle des cash-flows des trois années futures et tous
renseignements permettant de nous informer sur les éléments influant l’activité
de l’entreprise d’une façon directe ou indirecte.
Le recueil et le traitement des données se basent sur l’approche fondée sur
le coût, l’approche fondée sur le marché et la méthode d’actualisation des flux.
Une fois que ces informations sont disponibles, la vérification des biens et des
acteurs participant à la création de la valeur au sein de l’entreprise est faite par
les ratios élaborés pour mesurer leurs qualités et ce sur un intervalle de temps
composé de trois années passées et trois années futures. Au terme de cette
procédure, nous avons procédé à la comparaison des résultats trouvés avec les
informations d’entreprises similaires existant sur le marché.
À travers cette méthode nous avons utilisé le triptyque coûts-qualité-temps
dans la détermination de la valeur de l’entreprise. Cependant pour utiliser cette
méthode, il est nécessaire de connaitre les autres modèles d’évaluation qui
servent de base pour collecter les informations du travail.
Abdelilah EL ATTAR
106
Bibliographie
Barneto. P et Gregorio. G, Finance, manuel et applications, 2e édition, Dunod,
Paris, 2009.
De La Chapelle. P, l’évaluation des entreprises, 3e édition, ECONOMICA, 2007.
Fédération Française des Experts en Evaluation, Les Normes Internationales
d’Evaluation, (IVS 2013), 2013.
International Valuation Standards Council (IVSC), « Normes Internationales
d’Evaluation 2013 ». www.ivsc.org.
PALOU. JM, Les méthodes d’évaluation d’entreprise, Editions Revue Fiduciaire,
Collection Guide de gestion RF, 2008.
Parienté. S et Gillet.R, Analyse financière et évaluation d’entreprise, PEARSON,
2013.
Pike. R et Neale. B, Corporate finance and investment – decisions & strategies, 5e
édition, Prentice Hall, 2006.
Paliard. R et Bernard. MJ, La mue nécessaire du repreneur d’entreprise , in
Entrepreneuriat, edited by Michel Coster, Pearson Education, 2009.
Thauvron. A, Evaluation d’entreprise, 3e édition, ECONOMICA, 2010
Tournier.J B et Tournier. JC, Evaluation d’entreprise, 4e édition, EYROLLES, 2007.
Vernimmen. P, Finance d’entreprise, 6e éd., Dalloz, 2005.
Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
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