L’Encéphale
(2012)
38,
296—303
D
i
spo
nible
en
ligne
sur
www.sciencedirect.com
j
o
ur
nal
homepage:
www.em-consulte.com/produit/ENCEP
ÉPIDÉMIOLOGIE
Idéation
et
conduites
suicidaires
en
France
:
prévalence
sur
la
vie
et
facteurs
de
risque
dans
l’étude
ESEMeD
Prevalence
and
risk
factors
for
suicide
ideation,
plans
and
attempts
in
the
French
general
population.
Results
from
the
ESEMeD
study
M.
Nicolia,,
S.
Boucheza,
I.
Nietoa,
I.
Gasquetb,c,
V.
Kovessd,
J.-P.
Lépinea,e
aService
de
psychiatrie,
hôpital
Lariboisière—Fernand-Widal,
AP—HP,
75010
Paris,
France
bInserm,
université
Paris-Sud,
U669,
75014
Paris,
France
cAP—HP,
75004
Paris,
France
dEA
4069,
épidémiologie,
évaluation,
politiques
de
santé,
Paris
6,
Paris,
France
eUnité
Inserm
705,
UMR
CNRS
8206,
Paris
5
et
Paris
7,
Paris,
France
Rec¸u
le
18
janvier
2010
;
accepté
le
9
d´
ecembre
2010
Disponible
sur
Internet
le
10
aoˆ
ut
2011
MOTS
CLÉS
Suicidalité
;
Épidémiologie
;
Facteurs
de
risque
;
Prévalence
;
Population
générale
Résumé
Introduction
et
objectif.
Les
conduites
suicidaires
sont
un
réel
problème
de
santé
publique
en
France.
L’objectif
de
cette
étude
est
d’évaluer
la
prévalence
et
les
facteurs
de
risque
associés
aux
comportements
suicidaires
(projet
et
tentative)
à
partir
des
données
de
l’étude
ESEMeD.
Méthode.
Cette
étude
a
été
menée
en
population
générale
adulte
dans
le
cadre
de
l’étude
ESEMeD
qui
est
une
composante
de
la
World
Mental
Health
(WMH)
Survey
conduite
sous
l’égide
de
l’OMS.
Un
total
de
6796
foyers
a
été
sélectionné
et
contacté.
Les
sujets
étaient
évalués
à
l’aide
du
Composite
International
Diagnostic
Interview
dans
la
version
WMH
Survey
Initiative
de
l’OMS
(WMH-CIDI)
permettant
le
diagnostic
des
troubles
selon
les
critères
du
DSM
IV
et
du
CIM
10.
Résultats.
Dans
cette
population,
la
prévalence
sur
la
vie
de
l’idéation
suicidaire,
des
projets
et
tentatives
de
suicide
était
élevée,
respectivement
de
12,4
%,
4,4
%
et
3,4
%.
Concernant
les
facteurs
de
risque,
la
fréquence
de
l’idéation
et
des
conduites
suicidaires
en
France
est
associée
à
l’âge
(18—34
ans),
au
sexe
féminin,
à
la
présence
d’un
trouble
psychiatrique
et
à
la
comorbidité
psychiatrique.
L’existence
d’un
projet
suicidaire
apparaît
comme
étant
un
facteur
prédictif
important
d’un
passage
à
l’acte
suicidaire.
Auteur
correspondant.
Adresse
e-mail
:
(M.
Nicoli).
0013-7006/$
see
front
matter
©
L’Encéphale,
Paris,
2011.
doi:10.1016/j.encep.2011.02.006
Idéation
et
conduites
suicidaires
en
France
297
Conclusion.
Les
prévalences
vie-entière
d’idéation
suicidaire,
de
projets
et
de
tentatives
de
suicide
en
population
générale
en
France
sont
parmi
les
plus
élevées
par
rapport
aux
autres
pays.
Dans
un
objectif
plus
large
de
prévention
des
comportements
suicidaires,
ces
facteurs
de
risques
doivent
être
pris
en
considération
dans
les
politiques
de
santé
publique.
©
L’Encéphale,
Paris,
2011.
KEYWORDS
Suicidality;
Epidemiology;
Risk
factors;
Prevalence;
General
population
Summary
Background
and
objective.
Suicide
is
a
public
health
problem
worldwide.
The
objective
of
this
study
is
to
analyse
the
prevalence
and
risk
factors
of
suicide
related
outcomes
(ideation,
plan
and
attempt)
using
data
from
the
ESEMeD-France
project.
Subjects
and
method.
This
is
a
face-to-face
household
survey
carried
out
in
a
probability
representative
sample
of
the
adult
general
population
of
France.
A
total
of
6796
subjects
were
interviewed
using
the
Composite
International
Diagnostic
Interview
(CIDI)
developed
framework
of
the
World
Mental
Health
Survey
Initiative.
Based
on
evidence
that
reports
of
such
potentially
embarrassing
behaviour
are
higher
in
self-administered
than
interviewer-administered
surveys,
these
questions
were
printed
in
a
self-administered
booklet
and
referred
to
by
letter.
Results.
Lifetime
prevalence
of
suicide
ideation,
plan
and
attempts
were
12.4,
4.4
and
3.4%
respectively.
Risk
of
suicide-related
outcomes
was
significantly
higher
among
women
and
youn-
ger
cohorts.
Having
a
mental
disorder
was
associated
with
an
increased
risk,
especially
in
the
case
of
psychiatric
comorbidity.
Mental
disorders
that
are
associated
with
an
increase
in
suicidal
attempts
are
anxiety
disorders
(except
social
phobia),
major
depressive
episodes,
oppositio-
nal
defiant
disorders,
and
attention
deficit
hyperactivity
disorders.
The
suicidal
risk
notably
increases
in
conjunction
with
multiple
mental
disorders.
In
this
study,
employment
and
marital
status
do
not
appear
to
be
a
risk
factor
for
suicidal
behaviour.
Conclusions.
The
prevalence
of
suicide-related
outcomes
is
high
when
compared
with
other
countries.
Results
identified
groups
with
higher
risk
(women,
young,
subjects
with
a
mental
disorder
and
having
a
plan)
in
which
suicide
prevention
could
to
be
targeted.
The
results
of
this
study
suggest
that
to
improve
suicide
prevention
strategies
it
is
necessary
to
perform
an
in-depth
clinical
evaluation
of
suicidal
ideas
and
projects,
and
identify
precisely
psychiatric
comorbidity
to
allow
a
more
efficient
treatment.
©
L’Encéphale,
Paris,
2011.
Introduction
Les
efforts
réguliers
des
acteurs
sanitaires
et
sociaux
ont
permis
d’obtenir
depuis
1985
une
stabilisation,
voire
une
légère
baisse
du
taux
global
du
suicide
en
France.
Tou-
tefois,
le
nombre
de
décès
par
suicide
reste
élevé
avec
un
taux
de
suicide
annuel
de
17,8
pour
100
000
habitants
en
2002
[14].
Dans
une
publication
de
la
Direction
de
la
recherche
des
études
de
l’évaluation
et
des
statis-
tiques
(Dress)
en
2006,
les
auteurs
suggèrent
que
ces
chiffres
devraient
d’ailleurs
être
majorés
de
20
%,
compte-
tenu
des
biais
introduits
lors
de
la
certification
des
décès
par
le
médecin
et
de
leurs
codifications
lorsqu’il
s’agit
d’un
suicide
[14].
Ces
chiffres
situent
la
France
en
posi-
tion
plutôt
défavorable
au
niveau
européen.
Ainsi,
selon
l’OMS,
la
France
occupait
en
2001
la
troisième
position
en
termes
de
taux
de
suicide
standardisé
selon
l’âge,
derrière
la
Finlande
et
l’Autriche
(http//data.euro.int/hfamdb/
2001).
Pour
ce
qui
est
des
tentatives
de
suicide,
il
existe
éga-
lement
des
difficultés
de
recueils
de
données
du
fait
de
l’absence
de
contact
systématique
avec
les
systèmes
de
soins
et
des
problèmes
de
qualité
de
déclaration
par
la
personne
lors
des
enquêtes
en
population.
Les
données
concernant
les
tentatives
de
suicides
émanent
des
enquêtes
en
population,
des
résultats
du
réseau
sentinelle,
et
plus
récemment
du
PMSI
d’autres
articles
[3].
Le
taux
annuel
de
tentatives
de
suicide
en
France
était
respectivement
de
162/100
000
pour
les
hommes
et
265/100
000
pour
les
femmes
[13].
Entre
1999
et
2003
une
enquête
de
santé
mentale
en
population
générale
a
été
réalisée
par
la
Drees
et
le
Centre
collaborateur
de
l’Organisation
mondiale
de
la
santé
(CCOMS).
L’échantillon,
constitué
de
36
000
sujets
âgés
de
plus
de
18
ans,
a
été
évalué
à
l’aide
d’un
hétéro-
questionnaire.
Selon
les
résultats
de
cette
enquête
menée
par
ces
deux
organismes,
9
%
des
femmes
et
6
%
des
hommes
interrogés
déclarent
avoir
fait
une
tentative
de
suicide
au
cours
de
leur
vie
[14].
Selon
les
résultats
du
Baromètre
de
la
santé
2000,
6
%
des
sujets
interrogés
au
téléphone
disent
avoir
pensé
au
suicide
durant
l’année
1999.
Dans
cette
même
enquête,
7,7
%
des
femmes
et
3,3
%
des
hommes
interrogés
déclaraient
avoir
fait
au
mois
une
fois
un
geste
suicidaire
au
cours
de
leur
vie
[8].
Le
réseau
Sentinelles
constitué
de
1260
médecins
généralistes
franc¸ais
libéraux,
créé
en
1984
par
Valle-
ron,
a
pour
objectif
la
surveillance
de
14
indicateurs
de
santé
dont
les
tentatives
de
suicide
(depuis
1999).
Pour
l’année
2006,
le
taux
d’incidence
annuelle
de
tenta-
tives
de
suicide
est
de
62
cas
pour
100
000
habitants
(IC
95
%
:
47—77).
La
classe
d’âge
40—49
ans
est
la
plus
touchée
(âge
médian
42
ans)
et
les
tentatives
de
suicide
par
intoxication
298
M.
Nicoli
et
al.
médicamenteuse
sont
les
plus
fréquentes
suivies
des
tenta-
tives
de
pendaison
et
de
phlébotomie.
Les
différentes
sources
d’information
actuellement
dis-
ponibles
offrent
des
données
discordantes
sur
la
situation
épidémiologique
des
suicides
et
les
tentatives
de
suicide
en
France.
L’étude
ESEMeD
a
pour
objectif
de
faire
une
évalua-
tion
de
la
prévalence
des
tentatives
de
suicide
en
population
générale
franc¸aise
en
s’intéressant
non
seulement
au
geste
suicidaire
mais
également
à
l’idéation
et
au
projet
suici-
daire.
Cette
évaluation
prend
également
en
compte
les
facteurs
de
risques
sociodémographiques
et
la
comorbidité
psychia-
trique.
Méthodologie
L’étude
ESEMeD
[5]
est
une
composante
de
la
World
Mental
Health
Survey
menée
sous
l’égide
de
l’Organisation
mon-
diale
de
la
santé
entre
2001
et
2003
en
population
générale.
Le
but
de
cette
étude
internationale
a
été
d’évaluer,
avec
le
même
instrument
diagnostique,
la
prévalence
des
troubles
psychiatriques
en
population
générale
adulte,
permettant
ainsi
une
meilleure
connaissance
de
la
santé
des
popula-
tions
et
une
comparabilité
inter-sites
satisfaisante
sur
le
plan
méthodologique.
Dans
cette
étude,
outre
la
prévalence
des
principaux
troubles
mentaux
de
l’axe
I,
la
sévérité
de
ces
troubles,
les
facteurs
de
risque
et
le
retentissement
qui
leur
sont
liés
sont
évalués.
Les
éléments
méthodologiques
seront
envisagés
briève-
ment,
la
méthodologie
de
l’étude
a
été
décrite
en
détail
dans
d’autres
articles
[6,12].
En
France,
un
échantillon
de
sujets
stratifié
en
fonc-
tion
de
la
région
et
de
la
taille
de
la
ville
d’habitation
a
été
constitué
à
partir
d’une
liste
de
numéros
de
télé-
phone
générés
de
manière
aléatoire.
Un
premier
entretien
s’est
effectué
au
domicile
des
sujets,
par
les
enquêteurs
de
l’institut
IPSOS.
L’instrument
utilisé
lors
de
ce
premier
entretien
par
un
non-clinicien
était
le
Composite
Inter-
national
Diagnostic
Interview
dans
la
version
WMH
Survey
Initiative
de
l’OMS
(WMH-CIDI)
permettant
de
générer
des
diagnostics
selon
les
critères
du
DSM
IV
et
du
CIM
10.
Dans
un
second
temps,
un
contrôle
de
qualité
effectué
par
des
psychiatres
cliniciens
a
été
effectué.
Le
but
de
ce
second
entretien
clinique
était
la
vérification
des
réponses
et
de
la
cohérence
interne
des
données
auprès
d’un
sous-échantillon
aléatoire
de
sujets.
La
section
«
suicidalité
»
du
CIDI
a
été
organisée
de
manière
à
ce
que
les
idées
et
les
comportements
suicidaires
et
les
tentatives
de
suicide
figurent
sur
un
livret
à
part
donné
au
sujet
chaque
item
correspondait
à
un
code
alphabé-
tique
et
numérique.
Au
cours
de
l’entretien,
l’évaluateur
demandait
au
patient
la
date
d’apparition
de
l’expérience
«
A
»
par
exemple.
Dans
cette
section,
étaient
évalués
les
idées
et
les
pro-
jets
de
suicide
ainsi
que
les
tentatives
de
suicide.
Le
sujet
était
également
interrogé
sur
la
gravité
de
ses
tentatives
de
suicide
et
sur
sa
réelle
velléité
auto-agressive.
Les
don-
nées
socio-démographiques
et
cliniques
étaient
recueillies
à
l’aide
d’autres
sections
spécifiques.
Analyse
statistique
Les
analyses
statistiques
ont
été
réalisées
par
l’équipe
de
statisticiens
du
projet
WMH
Survey
Initiative.
Nous
rappe-
lions
brièvement
les
principaux
éléments
décrits
en
détail
dans
les
articles
de
Nock
et
al.
[15]
et
Lépine
et
al.
[12].
Des
cross
tabulations
ont
été
utilisées
afin
d’estimer
la
prévalence
sur
la
vie
des
idéations
et
des
velléités
suicidaires
ainsi
que
celle
des
tentatives
de
suicide.
Des
ana-
lyses
en
discrete-time
survival
avec
l’entité
personne-année
comme
unité
d’analyse
en
incluant
à
la
fois
des
covariables
stables
(ex.
le
sexe)
et
des
covariables
variant
dans
le
temps
(ex.
le
statut
marital)
ont
été
utilisées
pour
étu-
dier
rétrospectivement
les
facteurs
de
risque
pour
chaque
comportement
suicidaire.
L’analyse
en
discrete
time
sur-
vival
variable
utilise
chaque
année
de
la
vie
de
chacun
des
participants
comme
une
donnée
distincte
de
manière
à
ce
qu’un
échantillon
de
100
000
participants
avec
un
âge
moyen
de
30
ans
puisse
être
à
l’origine
de
3
millions
don-
nées
distinctes.
Chaque
donnée
est
codée
en
fonction
des
caractéristiques
stables
des
participants
(ex.
le
sexe),
de
l’âge
des
participants
lors
des
évènements
signalés
(par
exemple
:
la
20eannée
de
vie
du
participant
lorsque
celui-ci
avait
45
ans
lors
de
l’entretien),
les
valeurs
des
prédicteurs
variables
dans
le
temps
comme
«cette
année-là
de
la
vie
»
(par
exemple
que
le
participant
soit
toujours
étudiant,
qu’il
ait
été
marié
ou
pas,
ou
qu’il
occupe
encore
le
même
tra-
vail
qu’à
l’âge
de
20
ans),
et
les
valeurs
sur
l’évolution
telle
que
cette
année
(que
le
participant
ait
déjà
fait
ou
pas
une
tentative
de
suicide
et
dans
ce
cas,
s’il
s’agit
de
l’année
de
la
première
tentative
de
suicide
du
participant).
Le
fichier
de
données
a
été
utilisé
de
manière
à
comparer
le
facteur
personne-années
de
tous
les
participants
qui
ont
déjà
eu
la
variable
qui
nous
intéresse,
versus
l’année
de
l’apparition
du
trouble
en
utilisant
une
approche
en
régres-
sion
logistique
et
en
contrôlant
la
variable
personne-année
(c’est-à-dire
l’âge
au
moment
de
la
donnée
d’observation)
ainsi
que
les
autres
prédicteurs.
Les
coefficients
de
régres-
sion
logistique
ont
été
transformés
en
odds
ratios
(Ors)
pour
faciliter
l’interprétation
et
les
intervalles
de
confiance
de
95
%
ont
également
été
calculés
et
ajustés
pour
design
effects.
Les
variables
continues
ont
été
regroupées
en
caté-
gories
afin
de
minimiser
les
effets
des
valeurs
extrêmes.
Les
erreurs
standards
(SE)
et
les
tests
de
signification
ont
été
obtenus
en
utilisant
la
méthode
des
séries
de
Taylor
en
uti-
lisant
le
programme
SUDAAN
(pour
UNIX)
afin
d’ajuster
les
effets
de
pondération
et
de
clustering.
Le
degré
de
signi-
ficativité
multivariée
a
été
évaluée
en
utilisant
les
tests
Wald
X2
basés
sur
les
matrices
corrigés
des
coefficients
de
variance-covariance.
Le
degré
de
significativité
statistique
a
été
évalué
en
utilisant
les
tests
txo-tailed
0,05-niveaux.
Résultats
Prévalence
En
France,
6796
foyers
ont
été
sélectionnés
et
contactés.
Parmi
cet
échantillon,
46
%
des
sujets,
soit
2894,
ont
pu
fournir
des
données
complètes
[1].
Lorsqu’on
regarde
la
pré-
valence
sur
la
vie
de
l’idéation
suicidaire,
des
projets
et
des
tentatives
de
suicide
les
chiffres
sont
respectivement
Idéation
et
conduites
suicidaires
en
France
299
de
12,4
%,
4,4
%
et
3,4
%
(Tableau
1).
Lorsque
des
idées
sui-
cidaires
sont
présentes,
on
retrouve
des
projets
suicidaires
dans
39,9
%
des
cas
et
des
tentatives
de
suicide
dans
27,2
%
des
cas.
Cette
prévalence
varie
beaucoup
en
fonction
des
anté-
cédents
sur
la
vie
des
projets
suicidaires.
Ainsi,
chez
les
sujets
ayant
eu
au
cours
de
la
vie
une
idéation
avec
un
pro-
jet
suicidaire,
la
prévalence
des
tentatives
de
suicide
est
de
50,4
%
(ES
:
4,6)
alors
qu’elle
est
de
14,2
%
(ES
:
3,1)
si
les
antécédents
de
projet
suicidaire
sont
absents
(Tableau
1).
Facteurs
socio-démographiques
Dans
cette
population,
le
sexe
féminin
est
associé
à
une
prévalence
plus
élevée
d’idées
suicidaires
(OR
:
2,3
IC
95
%
1,6—3,4),
de
projets
suicidaires
(OR
:
2,0
IC
95
%
1,0—4,1)
et
de
tentatives
de
suicide
(OR
:
5,3
IC
95
%
2,8—10,3)
(Tableau
1).
L’âge
apparaît
être
un
deuxième
facteur
de
risque.
Ainsi
les
sujets
âgés
de
18
à
34
ans
ont
rapporté
avoir
présenté
davantage
d’idées
suicidaires
(OR
:
6,8
IC
95
%
3,5—13,1)
et
de
projets
de
tentative
de
suicide
(OR
:
5,6
IC
95
%
2,3—13,5).
Le
nombre
de
tentatives
de
suicide
(OR
:
2,9
IC
95
%
1,1—7,6)
est
également
plus
élevé
dans
cette
tranche
d’âge
de
la
population
(Tableau
2).
Le
statut
professionnel
et
marital
n’apparaissent
pas
constituer
un
facteur
de
risque
pour
les
précurseurs
suici-
daires
(idéation
et
projet
suicidaire)
ni
pour
la
tentative
de
suicide
dans
cette
étude.
La
relation
entre
le
temps
d’apparition
de
l’idéation
sui-
cidaire
et
la
survenue
d’un
projet
suicidaire
et
le
passage
à
l’acte
a
également
été
étudiée.
Il
en
ressort
que
c’est
dans
l’année
qui
suit
l’apparition
de
l’idéation
suicidaire
que
le
risque
d’élaborer
un
projet
suicidaire
et
de
passer
à
l’acte
est
le
plus
élevé.
Troubles
mentaux
Les
diagnostics
psychiatriques
retrouvés
comme
facteurs
de
risque
de
suicide
et
de
conduites
suicidaires
sur
la
vie
sont
présentés
dans
le
Tableau
3.
Il
est
important
de
noter
que
la
présence
des
troubles
mentaux
rapportés
par
le
sujet
est
associée
à
une
augmen-
tation
significative
de
la
probabilité
d’avoir
au
cours
de
la
vie
des
idées
suicidaires,
des
projets
suicidaires
et
de
ten-
tatives
de
suicide
(OR
respectivement
de
3,2,
5,5
et
4).
En
particulier,
l’étude
de
la
comorbidité
psychiatrique
montre
une
relation
positive
entre
le
nombre
de
troubles
mentaux
présents
et
les
prévalences
d’idées
et
de
comportements
suicidaires
(Tableau
3).
Les
troubles
mentaux
qui
sont
associés
à
une
augmenta-
tion
du
risque
de
tentative
de
suicide
sont
tous
les
troubles
anxieux,
sauf
la
phobie
spécifique,
l’épisode
dépressif
majeur
(EDM),
le
trouble
oppositionnel
avec
provocation
et
le
trouble
de
déficit
de
l’attention/hyperactivité.
Dans
la
population
étudiée,
l’abus
et
la
dépendance
à
l’alcool
ressortent
comme
étant
associés
à
un
risque
plus
élevé
d’idéations
suicidaires
mais
pas
de
projets
et
tentatives
de
suicide.
Il
est
intéressant
de
noter
que
les
troubles
anxieux
repré-
sentent
un
facteur
de
risque
aussi
important
que
les
troubles
Tableau
1
Prévalence
vie
entière
de
l’idéation,
des
projets
et
tentative
de
suicide.
Idéation Projet Tentative Projet
en
cas
d’idéation Tentative
en
cas
d’idéation Tentative
avec
idéation
en
cas
de
projet
de
vie
entière
%SEn%
SE
n
%
SE
n
%
SE
n
%
SE
n
%
SE
n
Homme 9,6
0,8
147
2,6
0,4
41
1,1
0,3
25
27,1
4,3
41
11,8
2,5
25
22,1
5,7
12
Femme
14,9
1,1
244
6,1
0,7
102
5,4
0,8
90
41
3,5
102
36,2
4
90
61,3
5,9
63
Total 12,4 0,7 391
4,4
0,4
143
3,4
0,4
115
35,9
3,1
143
27,2
2,9
115
50,4
4,6
75
300
M.
Nicoli
et
al.
Tableau
2
Facteurs
de
risque
socio-démographiques
pour
idéation
et
comportement
suicidaire
en
France.
Facteurs
sociodémo-
graphiques
Caracteristiques
sociodémogra-
phiques
Idéation
Projet
Tentative
Projet
avec
idéation
Tentative
avec
idéation
Tentative
avec
idéation
en
cas
de
projet
vie-entière
OR
95
%
CI
OR
95
%
CI
OR
95
%
CI
OR
95
%
CI
OR
95
%
CI
OR
95
%
CI
Sexe
Femme
2,3*
(1,6—3,4)
2,0*
(1,0—4,1)
5,3*
(2,8—10,3)
0,8
(0,4—1,5)
4,6*
(2,0—10,4)
5,9*
(2,2—15,4)
Homme
1
1
1
1
1
1
Chi220,1**
[0,000]
4,0**
[0,046]
27,2**
[0,000]
0,7
[0,404]
14,7**
[0,000]
14,1**
[0,000]
Âge
18—34
6,8*
(3,5—13,1)
5,6*
(2,3—13,5)
2,9*
(1,1—7,6)
0,7
(0,2—3,0)
0,2
(0,0—1,1)
0,5
(0,1—4,2)
35—49
3,5*
(1,8—6,8)
2,2
(0,9—5,7)
3,1*
(1,2—8,0)
0,5
(0,1—1,9)
1,1
(0,3—4,5)
2,2
(0,4—13,2)
50—64
2,6*
(1,3—5,1)
1,8
(0,5—6,1)
2,6
(0,9—7,9)
0,5
(0,1—1,9)
1
(0,2—4,0)
1,7
(0,4—6,5)
65+
1
1
1
1
1
1
X23
[p]
48,3**
[0,000]
24,3**
[0,000]
7,3
[0,063]
1,4
[0,703]
9,0**
[0,029]
6,1
[0,109]
Emploi Avant
1er
emploi 1,4
(0,8—2,3)
1,3
(0,4—3,7)
1,5
(0,8—2,9)
0,6
(0,2—2,1)
1,5
(0,5—4,5)
1,9
(0,5—7,6)
Apres
1er
emploi
1
1
1
1
1
1
X21
[p]
1,6
[0,209]
0,2
[0,637]
1,7
[0,195]
0,6
[0,428]
0,5
[0,474]
0,9
[0,345]
Mariage
Avant
d’avoir
été
marié
1,3
(0,8—2,1)
1,3
(0,8—2,2)
1,5
(0,8—2,9)
0,9
(0,3—2,4)
1,5
(0,6—4,2)
1,2
(0,4—3,4)
Après
avoir
été
marié
1
1
1
1
1
1
X21
[p]
1,5
[0,221]
1
[0,321]
1,5
[0,225]
0
[0,830]
0,8
[0,366]
0,1
[0,751]
Âge
de
début
de
l’idéation
Précoce –
3,8
(0,7—19,0)
2,1
(0,5—9,5)
1
(0,2—4,8)
Moyen
1,6
(0,6—4,6)
1,5
(0,5—4,7)
1,5
(0,4—5,6)
Tardif
1
X22
[p]
2,9
[0,240]
1,2
[0,557]
0,8
[0,678]
Période
à
compter
de
l’idéation
0
856,0*
(108,3-6769,2)
71,9*
(29,7-173,9
1-5
8,6*
(1,2—61,7)
0,7
(0,2—1,9)
6-10
2,8
(0,3—28,0)
0,9
(0,2—4,3)
11+
1
1
X23
[p]
89,1**
[0,000]
136,4**
[0,000]
Période
à
compter
du
plan
0
41,5
(17,0-101,3)
1-5
0,1
(0,0-0,7)
6-10
0,5
(0,1-3,3)
11+
1
X23
[p]
93,7
[0,000]
*OR
significatif
;
**Significativité
p
<
0,05
2-sided
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