Les commotions cérébrales dans le sport : l’importance du dépistage La saison de soccer étant déjà entamée, peut-être avez-vous été témoin d’une blessure à la tête lors d’un match? En tant qu’entraîneur, parent ou joueur, savez-vous reconnaître les signes et symptômes d’une commotion cérébrale? Voici un texte qui pourra vous aider à les dépister et à réduire le risque d’aggraver une condition par un retour au jeu prématuré. Définition Les commotions cérébrales sont des traumatismes crâniens que le Concussion in Sport Group décrit comme « un processus physiopathologique complexe touchant le cerveau, induit par des forces biomécaniques » qui entraîne « rapidement une brève altération de la fonction neurologique qui se rétablit spontanément ». (1) Comme le fonctionnement normal du cerveau peut être modifié pendant un certain temps, il est primordial de les traiter rapidement afin de ne pas risquer de séquelles à long terme. Évaluation Les athlètes peuvent présenter plusieurs signes et symptômes à la suite d’une commotion, autant physiques que cognitifs. Il est important de retirer le joueur du terrain dès le trauma à la tête afin d’évaluer sa condition immédiatement. Voici quelques exemples qui peuvent vous indiquer la présence d’une commotion : (2) Symptômes et signes physiques : Atteintes cognitives : Céphalées (maux de tête) Ralentissement du temps de réaction Nausées et vomissements Changement de comportement (irritabilité, anxiété, …) Étourdissements Trouble de concentration Troubles visuels Trouble de mémoire Photophobie (intolérance à la lumière) Confusion Phonophobie (intolérance au bruit) Émotion incontrôlable (crise de larme, rire) Perte de connaissance Sentiment d’être dans le brouillard Perte d’équilibre ou mauvaise coordination Somnolence Le questionnaire de Maddock modifié peut également servir de guide en posant 5 questions simples afin de vérifier l’état du joueur. Si l’athlète ne répond pas adéquatement à une de ces questions, on peut soupçonner une commotion cérébrale: (3) Un retrait du jeu et du repos est la marche à suivre si vous soupçonnez la présence d’une commotion. Cependant, comme les symptômes peuvent également se manifester après quelques heures, il est essentiel de s’assurer que le joueur ne sera pas seul pendant les 24 à 48 heures suivantes. Phénomènes à surveiller : Mal de tête qui s'aggrave Forte somnolence ou impossibilité d'être réveillé (par quelqu'un) Incapacité de reconnaître des personnes ou des lieux Vomissements répétés Comportement inhabituel, confusion manifeste et grande irritabilité Crise ou convulsions (bras et jambes s'agitant de façon incontrôlée) Faiblesse ou engourdissement des bras ou des jambes Instabilité en position debout, élocution pâteuse Toute personne présentant une aggravation de la condition devrait donc se rendre à l’hôpital pour un examen médical approprié. Ces signes et symptômes sont spontanés, temporaires et réversibles si la commotion est détectée et si le joueur est immédiatement retiré du jeu. Un deuxième coup à la tête en peu de temps peut augmenter la sévérité des commotions suivantes et laisser des séquelles graves et permanentes. Rappelez-vous donc qu’en cas de doute, il est préférable de s’abstenir de renvoyer le joueur sur le terrain. (4) Retour au jeu Si une commotion est suspectée, en aucun cas l’athlète ne devrait retourner au jeu le même jour. Il doit être au repos complet, c’est-à-dire sans activités physiques ou cognitives, durant la période symptomatique. Lorsque qu’il ne présente plus de symptômes depuis plusieurs jours (jusqu’à 7 à 10 jours), il peut se soumettre à un protocole d’effort. Il doit par après avoir passé un minimum de 24 heures sans signes ou symptômes avant de passer à l’étape suivante : (2) Si tout au long des étapes du protocole, il y a réapparition de certains signes ou symptômes, un repos de 24 heures est nécessaire avant de reprendre à l’étape précédente. Conclusion La commotion cérébrale chez le sportif est une blessure fréquente et doit être prise au sérieux peu importe la sévérité. C’est important que les intervenants sur le terrain et les proches (entraîneurs, parents, coéquipiers, …) soient bien informés sur le sujet. Ils seront ensuite en mesure de déterminer si le joueur a subit une commotion et s’il doit être conduit à l’hôpital. Dans certains cas, après avoir été évalué par une équipe médicale, il peut avoir besoin de consulter en physiothérapie pour évaluer sa progression par des outils de mesure standardisés et l’aider à diminuer l’intensité de ses symptômes par des traitements adéquats. N’hésitez donc pas à communiquer avec nous pour de plus amples informations, il nous fera plaisir de répondre à toutes vos questions! Mylène Lemay, physiothérapeute Axo Physio Ancienne-Lorette 1. McCrory P, Meeuwisse W, Aubry M, et al. Consensus statement on Concussion in Sport – 4e Conférence internationale sur les commotions cérébrales dans le sport tenue à Zurich, novembre 2012. Clin J Sport Med. 2013;23(2):89–117. 2. Purcell L; Société canadienne de pédiatrie, comité d’une vie active saine et de la médecine sportive. L’évaluation et la prise en charge des enfants et des adolescents victimes d’une commotion liée à un sport. Paediatr Child Health 2012;17(1):33. 3. D.L. Maddocks, G.D. Dicker, M.M. Saling, The assessment of orientation following concussion in athletes. Clinical Journal of Sport Medicine. 1995; 5(1) : 32–3. 4. Hôpital de Montréal pour enfant, institut de traumatologie