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produire, interpréter des indices quels que soient leur nature.
Cela exige une activité de penser c’est-à-dire que cela exige la
capacité d’attribuer à l’autre un état mental, une croyance, un
désir, une intention. D’ailleurs dans l’ontogenèse, c’est-à-dire
dans le développement naturel, on voit que ces différentes
formes de communication non verbale sont étroitement asso-
ciées au niveau de leur datation d’apparition. Le basil c’est-à-
dire le redoublement des syllabes « ba-ba-ba » commence
autour de sept mois, l’intention conjointe qu’est ce compor-
tement absolument complexe de communication sociale
commence à s’installer autour de huit, neuf mois et très vite
après l’enfant commence à comprendre un mot puis à montrer
puis à donner puis à pointer puis il y a cette explosion progres-
sivement jusqu’à l’âge de dix-huit mois, au niveau du vocabu-
laire, de la compréhension et de l’expression.
Pour résumer, la communication humaine relève d’une part
d’une intention informative qui est la maîtrise d’un code, et
d’autre part d’une intention communicative. Pour ce qui est
de l’intention informative et de la maîtrise du code, il est clair
que ce code se met en place dans un contexte d’apprentissage
mais qu’il est aussi lié à des contraintes développementales et
donc aux instruments cognitifs. Pour ce qui est de l’intention
communicative, cela met en jeu la manifestation et la recon-
naissance d’intention et est aussi relié aux processus dévelop-
pementaux.
Il arrive parfois malheureusement qu’interviennent des trou-
bles très précoces de la communication. La classification dia-
gnostique américaine reconnaît sur l’un de ses axes l’existence
de ces troubles très précoces et les décrit sous l’angle de la
qualité comportementale de l’interaction, de la tonalité affec-
tive et de l’implication psychologique des bébés. Ces troubles
précoces de la communication peuvent être notamment des
troubles autistiques et dans la classification nord-américaine
qui est le DSM4 et dans la classification internationale des
maladies de l’Organisation Mondiale de la Santé, l’autisme se
définit uniquement comme un trouble de la communication
sociale. C’est-à-dire par la présence d’altérations à la fois quan-
titatives et qualitatives des interactions sociales, par l’altération
quantitative et qualitative de la communication et par la
présence d’intérêts restreints ou de schémas stéréotypés. Ces
troubles précoces de la communication ont un certain nombre
d’indicateurs et vous allez voir maintenant les liens que l’on
peut faire entre développement normal et développement
troublé. Lorsqu’on cherche des indicateurs précoces de risque
de développement autistique chez de très jeunes enfants autour
de dix-huit mois, que cherche-t-on ? On cherche des troubles
de l’attention conjointe, c’est-à-dire la difficulté pour un bébé
à s’orienter vers un stimulus social, par exemple un enfant qui
ne se retourne pas vers sa mère qui l’appelle mais qui est para-
doxalement capable de se retourner lorsqu’il entend un bruit
d’objet, un froissement de feuille de papier. Ces troubles peu-
vent se repérer au travers de difficultés pour ce bébé à partager
l’intérêt d’autrui, à suivre le regard de ses parents, à pointer, à
attirer l’attention d’autrui sur un objet ou un événement qui
l’intéresse.
Le deuxième indicateur important est les troubles dans l’usage
de la symbolique et donc des difficultés dans l’utilisation de
gestes conventionnels, de gestes symboliques, de vocalisations
communicatives, des difficultés pour utiliser et comprendre la
valeur fonctionnelle des mots, des difficultés pour jouer de
façon fonctionnelle et des difficultés dans le jeu symbolique.
Ces comportements de communication lorsqu’ils sont absents
peuvent être identifiés à l’aide d’une échelle, la CHAT, qui sert
à rechercher un risque d’autisme. Il ne s’agit pas d’un instru-
ment de diagnostic mais d’un instrument de dépistage des
enfants à risque. Il porte sur le repérage de l’absence, de déficit.
On cherche des signes négatifs : l’absence de pointer proto-
déclaratif, la difficulté à utiliser le contact visuel ou à jouer sur
un plan symbolique. Son problème est que si sa spécificité est
excellente, sa sensibilité, c’est-à-dire la capacité à détecter les
enfants qui ont un problème, est faible, elle est de l’ordre de
30 % et c’est probablement pour cette raison qu’elle n’a pas
pu être généralisée dans un dépistage au niveau santé publique
en population générale.
Le spectre autistique, je parle de spectre alors que ce n’est pas
une terminologie utilisée par les classifications internationales
pour vous renvoyer au fait qu’il existe un très grand polymor-
phisme clinique lorsqu’on parle des personnes qui ont un
autisme. Cela va de tableaux les plus sévères, à des tableaux
plus moyens qui sont appelés autismes atypiques ou troubles
envahissants du développement non spécifiques, à des tableaux
beaucoup plus « légers » tels que dans le syndrome d’Asperger
ou l’autisme dit de haut niveau. Il faut savoir qu’il existe à
l’heure actuelle une tendance à diagnostiquer davantage ces
formes d’autisme atypique. Ce qui est probablement en partie
à l’origine d’une augmentation de la prévalence du spectre
autistique qui n’est pas loin de 0,7 % pour l’ensemble des
troubles du spectre autistique.
Dans l’autisme, le développement linguistique est toujours
perturbé. Mais entendons-nous bien sur la nature de ces per-
turbations. Cela peut-être sur un plan quantitatif par exemple
un retard de langage, ou sur un plan qualitatif c’est-à-dire que
dans l’autisme on peut rencontrer des enfants, des adolescents,
des adultes qui ont un excellent niveau de langage sur le plan
formel mais qui ne savent pas l’utiliser pour communiquer
convenablement et qui ont donc des altérations importantes
au niveau pragmatique. La perturbation du langage est le
symptôme d’alerte le plus fréquent dans l’autisme. Parfois
cette perturbation suit une période de développement normal
de l’enfant et les problèmes de perte des mots acquis, de la
capacité à communiquer et de la capacité d’attention conjointe
viennent dans un deuxième temps vers dix-huit mois. Parmi
les signes d’alerte proposés par les groupes de travail qui ont