et voulait les convertir au wahhabisme qui est le vrai islam selon lui.
L'histoire a gardé la trace de ces missives wahhabites, notamment celles envoyées en
Tunisie et au Maroc. Nous n'avons pas de détails au sujet des réactions locales, sauf que
des oulémas tunisiens et marocains ont rédigé des réfutations qui ont été rendues
publiques et qui ont été transmises à l'auteur, en Arabie.
Des oulémas comme Ahmed Ben Abd Esslam Bennani et Et-Tayeb Benkirane ont
envoyé 5 répliques à ces prosélytes d'Arabie. Celles-ci, acerbes et virulentes furent
destinées à Saoud Ben Abdelaziz et témoignaient du refus de se soumettre à une
«nouvelle forme de l'Islam», de la simplicité de la dernière religion monothéiste, de la
clarté de ses textes saints et taxaient la doctrine d'Ibn Abd El Wahhab de procéder à une
lecture littéraliste du Coran, de renier l'effort de l'interprétation des textes et d'accuser les
musulmans qui s'opposent à leur politique de mécréance (takfir, fondement actuel du
wahhabisme).
Le wahhabisme, né à la fin du 18ème puis qui s'est imposé au début du 19è grâce à
l'alliance entre le chef militaire Séoud et le prosélyte élève de Ibn Taymiyya, Mohamed
Ibn Abelwahab, est une vision puritaine, dure, totalitaire de l'islam. Elle vit la religion
comme un ensemble d'interdits.
Dès que les deux alliés ont étendu leur domination sur La Mecque (1803) et Médine
(1805), le prosélytisme a commencé, même dans les Lieux saints. Oulémas et pèlerins
marocains ont participé à ce processus de contestation en faisant face à la menace
du takfirisme wahhabite. Ils ont témoigné, au travers de leurs écrits, des supplices qu'ils
ont rencontrés en terre d'Arabie par les fidèles d'Ibn Abelwahab.
Le wahhabisme des origines à nos jours
Le wahhabisme est un courant politico-religieux fondé Au XVIIIe siècle par le théologien
Mohammed Ibn Abelwahab. Fixé en 1739 en Arabie, ce hanbalite a fait de cette doctrine
un courant littéraliste qui rejette l'exercice de la raison dans la lecture des textes sacrés
et le culte des saints. Aussi a-t-il rejeté,tout à la fois, l'adoration des saints, les pratiques
et la spiritualité chiites ainsi que tout compromis avec la modernité sociale.
Le théologien trouve, cependant, refuge auprès d'un chef local, nommé Mohammed
Al-Saoud, qu'il convertit à ses vues théologiques et politiques. La descendance de ce
personnage se fixe comme objectif, l'établissement d'une théocratie dite sunnite, ce qui
revient à bâtir la cité de Dieu décrite par le théologien, et passe de la théorie à la pratique
après avoir fondé le royaume d'Arabie Saoudite et fait du wahhabisme, sa doctrine
officielle.
Selon les écrits de Mohammed Ibn Abd El-Wahhab, le bon musulman n'est pas celui qui
respecte les 5 piliers de sa religion, qui répand le bien autour de lui ou celui qui croit en
Dieu et en ses textes saints. Le bon musulman (ou le musulman tout court) est plutôt, un
imitateur d' « Attariqa Assalafiya », appelée par les wahhabis «l'Islam des origines ».
Kitab At- Tawhid (le traité de l'unicité divine) du théologien hanbalite devient, alors,
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