comique et surtout cette manière unique de hocher la queue.
Même si elles n’ont pas le même nom, je ne peux pas en douter,
ce sont toutes les deux des bergeronnettes.
Nous sommes devant une alternative : privilégier la
similitude ou mettre l’accent sur la différence ? l’une comme
l’autre est indubitable. Considérer le gracieux lémurien comme
une espèce unique ou voir en lui un cousin primate ? Différences
et ressemblances : qu’est-ce qui est essentiel ? Telle est la question
que je voudrais poser dans ces pages, avec mes lunettes de
philosophe, en l’élargissant jusqu’à demander si le Malgache lui-
même est une espèce unique, endémique dans son île, ou s’il a
des correspondants dans le reste du monde. À l’image de la
bergeronnette, ses différences sautent aux yeux, mais sont-elles
essentielles ?
Platon en faisait déjà la remarque : il y a partout du même
et de l’autre, des différences et des ressemblances. Le danger est
de se contenter de voir les unes ou les autres, de choisir un point
de vue, sans se rendre compte de leur indissociabilité. Certes,
Platon était plus sensible au même qu’à l’autre, et le Malgache
sent plutôt ses différences - quand il ne sépare pas le monde en
deux parties : d’un côté les Malgaches, ses frères, de l’autre les
étrangers, les vazaha. Chacun a ses tendances. Je suis d’avis
pourtant qu’il faut faire des efforts pour que, sans fermer les yeux
sur les différences, nous restions capables, comme Platon, de
privilégier le même en relativisant l’autre.
Nous parlons souvent du droit à la différence. Il est
important, et je ne le conteste pas. Pourtant, ce droit n’a de sens
que s’il vient en complément d’un autre : le droit à la
ressemblance. Le premier me permet de me penser comme
unique, de me constituer en individu particulier, de faire des
distinctions entre les cultures. Mais le second me permet d’entrer
en communication avec les autres. Je ne peux entrer en contact