Cours 1 La maîtrise de l’eau et l’organisation des sociétés humaines L’eau est indispensable. L’accès à une eau saine est vital pour les hommes. Symbole de pureté, l’eau est l’objet de culte, mais peut aussi être dévastatrice. A. Les hommes s’organisent selon les possibilités d’accès à l’eau 1. La répartition des hommes est liée à la disponibilité en eau. Un accès facile à l’eau douce permet un habitat dispersé ; quand l’eau est rare, les hommes se groupent autour des points d’eau (doc. 1). Les densités* humaines sont souvent élevées le long des fleuves comme le Nil, le Rhin ou le Gange... À l’inverse, les 2 millions d’habitants de l’agglomération de Phoenix (États-Unis) consomment une eau pompée à plus de 500 km, et l’Amazonie est vide d’hommes. 2. Nos rythmes de vie sont marqués par l’eau. Dans les pays pauvres, la corvée d’eau demande beaucoup de temps, en particulier aux femmes. Par la prière, par des offrandes, les hommes ont longtemps cherché à influer sur la nature pour disposer d’eau en quantité suffisante. 3. La météorologie nous permet de prévoir les précipitations et les disponibilités en eau. L’irrigation*, les réservoirs, la création de végétaux résistant à la sécheresse permettent en partie de s’affranchir des contraintes du climat. ■ Ainsi, l’accès à l’eau joue un rôle majeurdans l’organisation des territoires* et des sociétés humaines. Les paysages en portent partout les marques. B. L’eau est indispensable au développement* 1. L’eau est utilisée pour toutes les productions. L’agriculture a besoin d’une eau abondante et de qualité. Les industries consomment beaucoup d’eau : la production d’une voiture exige au moins 120 000 litres d’eau. Les transports, la production d’énergie, le tourisme, les services municipaux utilisent énormément d’eau (doc. 3). 2. L’approvisionnement en eau est une clé du développement humain. Une eau propre et saine est la première condition pour la santé. Avec la croissance des besoins, le cycle captage-traitement-distribution-assainissement* se complique et les coûts augmentent. Pourtant, le Forum international de l’eau (La Haye en 2000), n’a pas voulu proclamer l’accès à l’eau comme un droit fondamental de l’homme. ■ DÉFINITIONS Eau douce Eau non salée, par opposition à l’eau de mer. L’eau douce n’est pas forcément potable. L’eau pure, constituée uniquement de molécules d’eau, n’existe pas à l’état naturel en raison de la présence de sels minéraux et de polluants organiques ou minéraux. Climat Combinaison en un même lieu des précipitations, des températures, des vents et de l’ensoleillement. Le climat se définit sur une longue durée ; le temps météorologique correspond aux mêmes critères mais à un moment donné. L’organisation de l’accès à l’eau est un enjeu majeurpour tous les acteurs d’un territoire*. C. L’eau est un enjeu de pouvoir et de puissance 1. Contrôler l’eau, c’est disposer d’un pouvoir formidable. Le pharaon, les religieux, les sorciers… étaient les intermédiaires entre les hommes et les divinités de l’eau ; ils en tiraient la légitimité de leur pouvoir. Aujourd’hui, au Brésil, les propriétaires de retenues d’eau ont tous les pouvoirs sur les paysans pauvres. Les dirigeants qui décident la construction de grands barrages modifient la vie des groupes humains dans des régions entières. 2. La maîtrise de l’eau est une clé de l’indépendance. À toutes les échelles*, les hommes cherchent à garantir leur approvisionnement. Dans les cas de partage de la ressource, des arbitrages doivent être rendus (doc. 2). Depuis plus de mille ans, le Tribunal de l’eau de Valence (Espagne) juge les conflits entre particuliers. Dans les bassins* fluviaux internationaux, des traités réglementent les prélèvements. ■ La maîtrise, la préservation et la répartition de l’eau sont des questions planétaires vitales. De nombreux organismes demandent le contrôle démocratique des ressources en eau. 92 @ dresses utiles www.unep.org www.wateryear2003.org 3 L’eau,entre abondance et rareté 1 Un village près de Gao (Mali) organisé autour du point d’eau. 2 Les effets de nouvelles conditions d’accès à l’eau à Tozeur (Tunisie). Tozeur est une petite ville de Tunisie et l’une des oasis les plus célèbres du monde. L’organisation agricole, centrée sur une utilisation raisonnable de l’eau, permet une production vivrière importante. Or, ce fragile équilibre économique et social est fortement remis en question au début des années 1990, période durant laquelle le gouvernement donne la priorité au tourisme international. Il finance la construction d’un aéroport international à Tozeur. Une douzaine d’hôtels de grand standing apparaissent, les visiteurs consomment l’eau sans retenue. L’eau est devenue un bien comme les autres. Elle est désormais payante pour l’arrosage de la palmeraie. Progressivement, les travailleurs de l’oasis quittent le travail des champs pour se consacrer aux activités touristiques. Les légumes arrivent tous les dimanches de l’extérieur. L’économie touristique est la seule source de revenus monétaires. La référence devient le modèle occidental. Seules 25 % des terres sont cultivées et de nombreux palmiers meurent faute d’arrosage et d’entretien. Voilà comment une région jadis autosuffisante au niveau alimentaire, fière de sa culture et de son identité, a laissé à une minorité le soin d’organiser son présent et son avenir. ◆ D’après Claude LLENA, « Tozeur, ravagée par le tourisme », Le Monde diplomatique, août 2004. 93 3 Volume d’eau nécessaire à quelques productions. Production pour un kilo Blé Riz Coton brut Volume d’eau nécessaire en litres1 1 500 4 500 10 000 Bière Laine Sucre 30 100 80 Papier Acier 300 80 1. Ces valeurs sont des ordres de grandeur. Les modes de fabrication sont plus ou moins économes en fonction des producteurs. Cours 2 L’inégalité de répartition et d’accès à la ressource en eau La Terre est couverte à 71 % par l’eau. Cependant, l’hydrosphère n’est composée qu’à 2,7 % d’eau douce : les glaciers (surtout polaires), les nappes*, les lacs, les fleuves... A. Une disponibilité inégale dans l’espace et dans le temps 1. La répartition géographique des ressources en eau est inégale. Selon le climat*, les précipitations et l’évaporation varient. Les zones tempérées et intertropicales cumulent plus de 95 % des écoulements terrestres. Selon la nature des roches et les reliefs, les eaux ruissellent, s’infiltrent, s’accumulent en surface ou dans le sous-sol. Les qualités chimiques des eaux varient selon les terrains qu’elles traversent : elles peuvent être calcaires, ferrugineuses, voire contaminées par l’arsenic (au Bangladesh). 2. L’abondance de la ressource est inégale dans le temps. À l’échelle des temps géologiques, des régions aujourd’hui arides comme le Sahara ont été humides. Des nappes fossiles en sont l’héritage. Pendant l’année, les régions méditerranéennes et subtropicales connaissent la pénurie durant leur saison sèche. D’une année à l’autre, de fortes variations provoquent des difficultés pour des populations équipées sur la base des disponibilités moyennes. ■ On passe parfois en peu de temps ou de distance de l’abondance à la pénurie en eau. B. Un accès techniquement et socialement inégal 1. Des possibilités techniques et des coûts différents. Les eaux superficielles – 1 % des eaux douces* – sont les plus faciles à capter. Leur stockage exige des moyens importants et modifie l’environnement. Ainsi, le lac formé par le barrage des Trois-Gorges submergera sur 600 km la vallée du Yangzyiang où vivent 1,5 million de Chinois. 2. Le pompage des eaux souterraines – 39 % des eaux douces – nécessite des engins de pompage puissants. L’exploitation d’une source demande un puits de quelques mètres, mais pomper une nappe exige des forages pouvant dépasser 1 000 mètres. Les nappes fossiles se vident ; ainsi, dans l’ouest des États-Unis et au Proche-Orient, les nappes phréatiques* surexploitées ne se renouvellent plus assez vite. Le dessalement de l’eau de mer est coûteux ; cette solution n’est possible que dans des pays riches comme l’Arabie saoudite. 3. La consommation d’eau est le reflet des inégalités de développement*. Les prélèvements moyens par habitant des pays riches sont supérieurs à ceux des pays pauvres : 50 m3 en Côte d’Ivoire, et plus de 600 en France. 4. L’accès des populations à l’eau témoigne des inégalités de richesse (doc. 1). En moyenne, il faudrait 100 litres d’eau/jour/personne pour satisfaire les besoins domestiques. Dans les PED, un milliard d’hommes disposent de moins de 50 litres, 1,5 milliard n’ont pas accès à une eau saine, et 4 milliards ne sont pas raccordés aux égouts (doc. 2). Les maladies liées à l’eau tuent plus de 3 millions de personnes par an. Dans les pays industriels aussi, les plus riches consomment davantage d’eau. 5. Les usagers n’ont pas tous les mêmes conditions d’accès à l’eau. Les grands consommateurs industriels ou agricoles bénéficient souvent de prix plus bas que les particuliers. Les réseaux* desservent les populations solvables. L’eau utilisée par les populations pauvres provient souvent de points non contrôlés, surtout dans les campagnes. ■ À toutes les échelles, l’inégal accès à l’eau est plus un problème économique et social qu’un problème technique,mais les besoins sont croissants (doc. 3). 94 DÉFINITIONS Hydrosphère Ensemble des eaux présentes sur la Terre, sous toutes les formes. Nappe fossile Nappe d’eau souterraine ancienne qui n’est plus alimentée par le ruissellement des eaux de pluie. Pénurie Manque d’eau par rapport aux besoins. Ne pas confondre avec la sécheresse qui est une déficience momentanée pendant laquelle les précipitations sont inférieures à ce que l’on attendait. Dessalement Technique qui consiste à ôter le sel de l’eau de mer ou des eaux de nappes moins salées (eaux saumâtres), de manière à les rendre douces. @ dresses utiles www.H20.net www.planbleu.org www.oieau.fr 3 Océ iqu an Gl acial Arct L’eau,entre abondance et rareté e Tro Cercl e pola ire arctique ue an piq d uC O cé Éq ua te O an ce r cé an Pa ur Océa fi ci qu e n Pa Tr op cif iqu iqu ed e uC apr icor ne Océan Indien Atlantique Pro jec : ti o n J. B ert in Cercle polaire antarctique % de la population disposant au moins de 20 litres d’eau potable/jour, à moins de 1 km 5 000 km PNUD 2004. 60 80 95 100 Échelle à l’équateur 1 L’accès à l’eau potable* dans le monde. En % de la population 100 En km3 par an Accès à l’eau 6000 Assainissement 5000 80 Perte des lacs de retenue Eau potable Industrie Agriculture 4000 60 3000 40 2000 20 1000 0 Urbain Mondial Rural Urbain Rural 0 1900 1910 1920 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 Pays en développement OMS et Unicef, 2000. Bethemont, Les Grands fleuves, A. Colin, 1999. 2 L’inégal équipement pour l’eau potable et l’assainissement* dans le monde. 3 L’évolution de la consommation mondiale d’eau au XXe siècle. 95 Cours 3 La maîtrise de l’eau et la transformation des espaces Un paysan endigue son champ, un État* construit un barrage... À chaque échelle*, la maîtrise de l’eau a des conséquences économiques, sociales et culturelles sur l’espace. A. Des aménagements* pour maîtriser l’eau 1. Pour exploiter l’eau, il faut d’abord la capter ou bien la pomper. Au ProcheOrient, des chadoufs prélèvent l’eau des fleuves depuis l’Antiquité ; dans le Sahara, de puissantes pompes puisent dans les nappes fossiles*. 2. Des aménagements* plus importants servent à stocker l’eau : le nombre des barrages a été multiplié par 7 depuis 1950. L’Unesco dénombre 40 000 barrages de plus de 15 mètres de haut dans le monde (doc. 1). Leurs usages sont multiples : hydroélectricité, régularisation de débit* pour la navigation et pour l’irrigation*. 3. Les usines de traitement, les châteaux d’eau permettent aux collectivités territoriales* d’acheminer l’eau potable* jusqu’aux robinets des usagers (doc. 2). Sur les réseaux* structurés, les compteurs permettent de facturer le traitement des eaux et l’amortissement des équipements. 4. Par mesure d’économie, des villes utilisent une eau peu traitée pour les fontaines décoratives et pour le nettoyage des rues. De même, on commence à recycler des eaux usées pour l’irrigation. 5. Les stations d’épuration limitent les pollutions des égouts et permettent l’utilisation de l’eau en aval. Mais 2,4 milliards d’hommes ne disposent d’aucun système d’assainissement*. C’est pourtant un enjeu sanitaire majeur. Les quais, les écluses permettent la navigation sur les fleuves canalisés. Des barrages, des digues sont construits pour protéger les installations humaines des inondations. ■ La maîtrise de l’eau coûte cher aux collectivités humaines. Fleuve canalisé Fleuve dont le lit est aménagé pour le rendre navigable : des barrages équipés d’écluses maintiennent un niveau d’eau suffisant pour la circulation des bateaux (péniches, barges). Un canal est un cours d’eau artificiel creusé et aménagé par les hommes pour la navigation. Périmètre irrigué Terres agricoles équipée de moyens d’irrigation. L’irrigation a permis la création de terrains agricoles dans le désert. Flux Écoulement, déplacement. Volume de biens ou de personnes en déplacement d’un lieu à un autre. Eau stagnante B. Maîtriser l’eau, c’est transformer l’espace 1. Les aménagements hydrauliques transforment les paysages et remettent en cause des équilibres écologiques. Depuis l’achèvement du barrage d’Assouan en 1970, la crue du Nil n’atteint plus la Basse-Égypte. La préservation environnementale représente un surcoût que les aménageurs n’acceptent pas toujours. 2. Dans le monde, 16 % des terres agricoles sont irriguées (doc. 3). Les périmètres irrigués permettent de développer une production agricole dans le désert, comme en Arabie saoudite, en Libye ou aux États-Unis. Des flux nouveaux d’hommes et de marchandises en résultent, ainsi que des concurrences avec les régions traditionnelles de production ou de destination. 3. La maîtrise de l’eau transforme l’environnement social et culturel. La construction d’une digue, d’un barrage de retenue, rend parfois attractifs des lieux autrefois inondables ou arides. Inversement, des retenues qui rendent l’eau stagnante peuvent favoriser les maladies infectieuses comme la bilharziose et l’onchocercose. Dans les pays en développement*, le creusement d’un puits révolutionne la vie des populations, des femmes surtout. 4. Un aménagement peut rendre inutiles des rites ancestraux liés aux pluies ; ceux qui officiaient lors des cérémonies perdent alors leur statut social. ■ DÉFINITIONS Maîtriser l’eau est un enjeu pour le développement économique et pour l’équilibre social. 96 Étendue d’eau immobile. Ces eaux, mal oxygénées, perdent de leur qualité et peuvent favoriser la prolifération d’organismes végétaux (micro-algues), ou animaux (moustiques) dangereux pour la santé. @ dresses utiles www.fao.org www.eaufrance.cfgb.fr 3 Océ iqu an Gl acial Arct Cercl e pola ire arctique Tro AMÉRIQUE DU NORD e piq Bratsk an ue Hoover d uC L’eau,entre abondance et rareté O te O EUROPE cé ASIE cé Éq ua an ce r Ataturk an Trois Gorges Pa ur fi ci qu e Assouan Océa Pa Tr op iqu ed uC cif iqu apr icor ne n AFRIQUE Océan e AMÉRIQUE DU SUD Indien Atlantique Itaïpu Pro Nombre de grands barrages dans les États qui en comptent plus de 500 500 5 000 10 000 Cercle polaire antarctique Grands équipements exploités à des fonctions multiples (énergie, irrigation...) Principaux fleuves exploités à des fins multiples (transport, énergie, irrigation...) io ject n: J. B ert in 5 000 km Échelle à l’équateur Terres irriguées en % des terres arables 10 35 ONU, FAO, CMD, UNEP. 1 Les grands aménagements* hydrauliques dans le monde. 2 Présentation de son réseau d’eau par la municipalité d’Edmundston. Les réseaux de distribution d’eau d’Edmundston (Canada) sont composés d’un vaste ensemble de conduites, de stations de pompage, de réservoirs, de valves, de bouches d’incendie, de services d’aqueducs et de compteurs et constituent l’un des plus complexes réseaux du Nouveau-Brunswick. Il reçoit l’eau de trois installations de purification et distribue une eau potable limpide aux abonnés. Cinq stations de pompage et dix réservoirs jalonnent le réseau de distribution pour emmagasiner et pomper l’eau à une pression suffisamment élevée pour répondre à tous les besoins. Grâce à ces installations, la ville est en mesure d’assurer les demandes aux pointes de consommation et de répondre à toute demande extraordinaire. ◆ D’après le site www.edmundston.ccnb.ca, octobre 2004. 3 Petite irrigation* dans une oasis en Mauritanie. 97 Cours 4 Une ressource convoitée et parfois menacée La maîtrise de l’eau est une clé du développement*. Son contrôle est un enjeu stratégique. L’exploitation croissante des ressources augmente les risques de pollution et de pénurie*. L’eau est une ressource menacée. La communauté internationale, les États, les citoyens peuvent-ils imposer un usage plus raisonné et plus juste face aux intérêts en jeu ? A. Une ressource toujours convoitée 1. Des conflits d’usage* opposent des secteurs d’activités. En Espagne, la saison touristique estivale correspond à la période où les besoins agricoles pour l’irrigation* sont les plus forts. Le tracé de périmètres protégés autour des captages mécontente généralement les agriculteurs. Un forage assèche le puits voisin. Les ouvrages de retenue ou d’endiguement font souvent l’objet de contestations. 2. Le partage de l’eau dans les bassins* transfrontaliers est source de conflits (doc. 1). Ainsi, la construction de barrages est à l’origine de tensions politiques entre la Turquie en amont et les pays voisins situés en aval. Les Pays-Bas ont longtemps protesté contre les rejets polluants de l’exploitation des potasses en Alsace. Face à ces difficultés, plus de 200 traités de partage des eaux ont été signés. 3. Différents acteurs* s’opposent pour gérer l’eau : la fourniture d’eau est un marché (doc. 2). Le goût de l’eau du robinet conduit des consommateurs à acheter de l’eau en bouteilles, des centaines de fois plus coûteuse. Des entreprises privées internationales se concurrencent pour obtenir des collectivités territoriales* la construction et la gestion des réseaux* de traitement et de distribution. L’approvisionnement de Delhi (14,1 millions d’habitants), en Inde, a été concédé au groupe Suez. DÉFINITIONS Gestion durable Choix politique pour l’exploitation des ressources dans le souci de préserver l’avenir. Station d’épuration Usine de traitement des eaux, destinée à les nettoyer de l’essentiel des polluants avant rejet dans le milieu naturel. 4. À l’opposé, des associations, des partis politiques considèrent que l’accès à l’eau est un droit et qu’il faut le contrôler démocratiquement. ■ Devant ces situations,nombreux sont ceux qui souhaitent le renforcement des pouvoirs des organismes internationaux pourpromouvoirune gestion durable de l’eau. B. Une ressource parfois menacée 1. Les rejets des villes sans traitement, l’écoulement des eaux de pluie, l’infiltration des nitrates et des pesticides agricoles polluent les eaux. New Delhi (Inde) déverse chaque jour 220 000 m3 d’eaux usées directement dans un affluent du Gange. En aval, 300 millions d’Indiens utilisent l’eau du fleuve. 2. Les stations d’épuration ne mettent pas à l’abri d’accidents qui se répercutent à différentes échelles. En 2000, le Danube a été pollué au cyanure dans ces conditions. Les experts du Forum mondial de l’eau considèrent que l’Amazone et le Congo sont les seuls grands fleuves sains dans le monde (doc. 3). 3. Les quantités d’eau utilisable diminuent. Les prélèvements dans les fleuves réduisent les débits*, ce qui affaiblit les nappes* voisines. Les pompages dans le SyrDaria et l’Amou-Daria, en Asie centrale, ont provoqué la disparition de 70 % de la mer d’Aral, et la pollution des nappes environnantes devenues inutilisables. 4. Les nappes exploitées au-delà de leur capacité de renouvellement sont menacées. Ainsi, la nappe de Gaza baisse et l’eau salée s’infiltre. Les nappes fossiles* baissent irrémédiablement en Libye et en Arabie où elles sont surexploitées. ■ La baisse des disponibilités en eau exige des traitements inaccessibles aux plus pauvres. 98 @ dresses utiles www.environnement.gouv.fr www.pseau.org 3 Océ iqu an Gl acial Arct L’eau,entre abondance et rareté e piq ue O Éq ua te ur cé an 2003 Kyoto 2000 La Haye d uC an ce r an Tro Cercl e pola ire arctique O cé 2006 Mexique 1997 Marrakech Océa Pa c q ifi ue n Pa Tr op cif iqu iqu ed e uC apr icor ne Océan Atlantique 1992 Rio de Janeiro L’évolution des ressources Indien 2002 Johannesburg Pro je n c ti o : J. Be rti n Cercle polaire antarctique Prélèvements en % de la ressource renouvelable en 2025 0 Abondance 10 Situation satisfaisante 20 Situation tendue (stress) 40 Pénurie La mobilisation pour l’eau Conflits Conférences internationales de l’ONU Conflits politiques Conflits commerciaux 5 000 km Échelle à l’équateur Forum mondial de l’eau Sommet mondial de la Terre UNEP. 1 Les conflits liés à la disponibilité en eau. 2 Le marché mondial de l’eau. 3 Comment assurer la sécurité pour l’eau au XXIe siècle. Part du marché de l’eau privatisée (en %) 1997 2010 France 80 Royaume-Uni 88 Autres pays d’Europe de l’Ouest 20 35 Amérique du Nord 5 15 Amérique latine 4 60 Afrique 3 33 Asie 1 20 Protéger les écosystèmes par une gestion durable des ressources en eau. […] Partager les ressources en eau : encourager une coopération pacifique et mettre en valeur les synergies entre les différentes utilisations possibles de l’eau à tous les niveaux, […] dans les États concernés et entre eux1. […] Gérer les risques* : assurer la sécurité contre les inondations, les sécheresses, la pollution et autres risques liés à l’eau Apprécier l’eau à sa vraie valeur : gérer l’eau d’une façon qui reflète sa valeur économique, sociale, environnementale et culturelle pour tous ses usages, et s’orienter vers une tarification de l’eau reflétant le coût de sa production. Cette démarche doit tenir compte de la nécessité de l’équité et des besoins fondamentaux des pauvres et des groupes vulnérables. Ménager sagement les ressources en eau : assurer une bonne gestion de l’eau, de façon que le public et les intérêts de toutes les parties soient dûment pris en considération dans la gestion des ressources en eau. ◆ Extraits de la déclaration commune de 120 ministres lors du Forum mondial de l’eau de La Haye, en 2000. ◆ OCDE 2004, Vivendi 1999. 1. En 2002, 263 bassins* fluviaux sont transfrontaliers et concernent 145 États. 99