LA SANTÉ ET LA PRÉCARITÉ…UN NÉCESSAIRE TRAVAIL EN RÉSEAUX ! Intervention DU « santé précarité » Vendredi 11 janvier 2013 de 11H à 13H Marina LAZZARI – coordinatrice du réseau Santé Solidarité Lille Métropole avec le soutien de Mr MAHE, Cadre supérieur de la filière socio-éducative et Mr CAPLIER, secrétaire général, EPSM de l’Agglomération Lilloise, Dr ANDRZEJEWSKI, médecin généraliste. PLAN D’INTERVENTION 1- Historique de la notion de Réseau 2- L’exemple du Réseau Santé Solidarité Lille Métropole dans le champ de la santé et de la précarité 3- Le film pour mieux comprendre 4- Les variables essentielles au bon fonctionnement d’un travail en Réseau BREF HISTORIQUE DU CONCEPT DE RÉSEAU EN SANTÉ 1914-1918 : « mesures sanitaires coordonnées » (tuberculose) 1945 : « réseaux sanitaires institutionnels » (fléaux sociaux) 1972 : « trajectoire du patient » (réseau de prise en charge globale) 1981 : « réseaux de soins coordonnés » 1983 : « filières de soins » 1991 : « réseaux ville – hôpital » 1996 : « maîtrise médicalisée des dépenses de santé » 2002 : « droits du malades » QU’EST-CE QU’UN RÉSEAU DE SANTÉ ? Le cadre juridique : l'ordonnance du 24 avril 1996 (plan Juppé) la loi du 4 mars 2002 relative aux droits du malade et à la qualité de notre système de santé (loi Kouchner) ► Codification Code de la Santé Publique Article L. 6321 -1 du code de la santé publique L’article évoque : « une prise en charge sanitaire* » *relatif à la santé publique, aux soins ≠ hospitalier « une prise en charge spécifique » à certaines : - populations, - pathologies ou - activités « une prise en charge adaptée » - aux besoins de la personne ; - sur différents plans : ► de l'éducation à la santé, ► de la prévention, ► du diagnostic ► des soins Article L. 6321 -1 du code de la santé publique L’objet des réseaux de santé : - favoriser l'accès aux soins - la coordination, - la continuité ou - l'interdisciplinarité Ils sont constitués entre : - les professionnels de santé libéraux, - les médecins du travail, - des établissements de santé, des centres de santé, - des institutions sociales ou médico-sociales et - des organisations à vocation sanitaire ou sociale, ainsi qu'avec des représentants des usagers. Définition de la Coordination Nationale des Réseaux : « Un réseau de santé est une organisation qui regroupe les professionnels du champ social, du champ médical et tous les autres acteurs qui, situés sur l’itinéraire d’une personne malade, acceptent de coopérer pour harmoniser leurs pratiques afin de rendre cet itinéraire cohérent. » ► approche plus fonctionnelle « des structures indépendantes au sein d’une même chaîne de valeur ajoutée » QU’EST-CE QU’UN RÉSEAU DE SANTÉ ? Le cadre juridique : l'ordonnance du 24 avril 1996 (plan Juppé) la loi du 4 mars 2002 relative aux droits du malade et à la qualité de notre système de santé (loi Kouchner) La loi du 11 février 2005 sur le handicap La loi HPST de 2009 ► Codification Code de la Santé Publique CETTE DÉFINITION A PEU ÉVOLUÉ DEPUIS. AINSI LE DÉCRET N° 2010-1170 DU 4 OCTOBRE 2010, CONSÉCUTIF À LA LOI HPST DU 21 JUILLET 2009 PRÉCISE-T-IL : « Les réseaux de santé répondent à un besoin de santé de la population, dans une aire géographique définie, prenant en compte l’environnement sanitaire et social. En fonction de leur objet, les réseaux mettent en oeuvre des actions de prévention, d’éducation, de soin et de suivi sanitaire et social. Chaque réseau définit son objet et les moyens nécessaires à sa réalisation. Il rappelle et fait connaître les principes éthiques dans le respect desquels ses actions seront mises en oeuvre. Il met en place une démarche d’amélioration de la qualité des pratiques, s’appuyant notamment sur des référentiels, des protocoles de prise en charge et des actions de formation destinées aux professionnels et intervenants du réseau, notamment bénévoles, avec l’objectif d’une prise en charge globale de la personne. Le réseau prévoit une organisation, un fonctionnement et une démarche d’évaluation décrits dans une convention constitutive lui permettant de répondre à son objet et de s’adapter aux évolutions de son environnement. » (article D6321-2 du CSP) L’exemple du Réseau Santé Solidarité Lille Métropole La Précarité DÉFINITION DU PÈRE JOSEPH WRESINSKI, FONDATEUR D’ATD-QUART MONDE, REPRISE PAR LES NATIONS UNIES (1987): « La précarité est l'absence d'une ou plusieurs des sécurités permettant aux personnes et aux familles d'assumer leurs responsabilités élémentaires et de jouir de leurs droits fondamentaux. L'insécurité qui en résulte peut être plus ou moins étendue et avoir des conséquences plus ou moins graves et définitives. Elle conduit le plus souvent à la grande pauvreté quand elle affecte plusieurs domaines de l'existence qu'elle tend à se prolonger dans le temps et devient persistante, qu'elle compromet gravement les chances de reconquérir ses droits et de ré-assumer ses responsabilités par soi-même dans un avenir prévisible. » De qui parle-t-on? Approche sociologique: représentations, normes et croyances Des besoins à satisfaire avant de se préoccuper de sa santé Une population très hétérogène En moyenne, ce sont 3 500 nouveaux patients par an. Historique Problématiques de santé pour lesquelles « il n’existe pas de solution » Mobilisation des 9 membres fondateurs consistant à créer un réseau de santé pour améliorer la prise en charge des situations difficiles. Valeurs et missions fondatrices Santé Favoriser l’accès aux soins et aux droits Assurer la continuité des soins Garantir et améliorer une prise en charge adaptée et un accompagnement global et cohérent Solidarité Refuser que la précarité et l’exclusion soient un statut définitif Délivrer des soins sans discrimination Placer la personne au cœur des préoccupations de soins Le RSSLM Depuis 2005, 9 membres fondateurs s’organisent autour de la prise en charge médico-psychosociale des plus démunis: 1- Faciliter l’accès aux soins et aux droits des personnes en situation de précarité 2- Assurer la continuité des soins 3- Garantir la qualité des soins 4- Effectuer une mission de veille sanitaire et sociale Objectif 1: accès aux soins et aux droits Dispositifs de soins, d’accueil et d’hébergement d’urgence • oCoordination mobile d’accueil et d’orientation (CMAO) oMédecins Solidarité Lille (MSL) oAssociation Baptiste pour l’Entraide et la Jeunesse (A.B.E.J.) oDiogène Conventions avec les établissements hospitaliers o o o Groupe Hospitalier de l’Institut Catholique de Lille (GHICL) Centre Hospitalier Régional et Universitaire de Lille (CHRU de Lille) Établissement Public de Santé Mentale de l’Agglomération Lilloise (EPSM-AL) L’étendue du partenariat pour un suivi cohérent Médecine libérale : Union Régionale des Professionnels de santé libéraux (URPS). o Collectivité locale : Ville de Lille o Objectif 2 : la continuité des soins Le dispositif des LHSS, LAM Les intervisions La mise en place d’outils Contact permanent entre les membres 2-1 LES LITS HALTE SOINS SANTÉ (LHSS) ET LITS D’ACCUEIL MÉDICALISÉS (LAM) LHSS Le dispositif des lits halte soins santé améliorent la prise en compte des problèmes de santé des personnes sans domicile fixe accueillies ou non en centre d'hébergement d'urgence. Ils assurent provisoirement des soins légers à des personnes sans domicile, avec ou sans couverture sociale. Dans le parcours du patient, ces dispositifs interviennent après une sortie d’hospitalisation ou sur préconisation d’un médecin généraliste. LAM Toute personne majeure (hommes et femmes), sans domicile fixe, quelle que soit sa situation administrative, atteinte de pathologies chroniques de pronostic plus ou moins sombre, nécessitant une prise en charge médicale et sociale adaptée sans limitation de durée. Le réseau santé solidarité Lille métropole coordonne ces dispositifs. L’association Médecins Solidarité Lille assure cette mission. 2-2 LES INTERVISIONS L’objectif est bien de décloisonner les logiques sanitaires, sociales et la médecine ambulatoire, les partenaires du réseau tissent des liens réguliers afin d’analyser les difficultés rencontrées dans leur pratiques et d’en tirer les enseignements pour améliorer les prises en charges des publics de la grande exclusion et de la précarité. C’est un espace de parole, de concertation et de co-décisions qui réunit des partenaires du sanitaire et du médico-social autour d’une même situation. Elle permet ainsi une prise en charge collective et évite les ruptures dans le suivi des personnes. En 2012, les 10 Intervisions précarité ont réunis 251 professionnels et permis de travailler autour de 41 patients 13 femmes/ 27 hommes / 1 enfant Moyenne d’âge 41 ans 2- 3 CRÉATION ET DIFFUSION D’OUTILS - Communication entre les services o La mise en place d’une fiche de liaison LHSS - La diffusion d’outils communs o La création du guide « orienter vers les secteurs lillois de psychiatrie adulte » o Les guides ressource des partenaires Objectif 3 : la qualité des soins Les formations flash Toutes les 6 semaines, avec un intervenant local sur des thématiques repérées par les professionnels du Réseau En 2012, « alcool et précarité », « la thérapie brève », « la MDPH », « le suivi intensif d’un chez soi d’abord », « gale et poux de corps… » Le DU « santé précarité » •En partenariat avec MDM, la faculté de Médecine / le CH de Tourcoing •6ème session, en moyenne 20 inscrits venant du secteur sanitaire, social et médico-social. •8 modules de 2 jours sur des thématiques santé précarité Elaborer une culture commune Objectif 4 : Veille sanitaire et sociale Fonctionnement du Réseau •Un comité de pilotage qui se réunit tous les mois •Des comités techniques: pandémie grippale, DSP, gestion des médicaments dans les CHRS… •Une assemblée générale annuelle •Rapport d’activité •Remis annuellement faisant état de données épidémiologiques sur la santé des personnes en situation de précarité, les freins à l’accès aux soins, le défaut de structures de prise en charge… •Interventions : •Rôle d’expert sur la Métropole Lilloise participant à des réflexions sur l’articulation du sanitaire et du social, le rôle des Réseaux de santé… • Le Film Le champs du social et de la santé…une nécessaire articulation! Origine Constat d’impuissance voire de culpabilité Saturation de l’activité Maîtrise des dépenses de santé L’indignation des usagers Les variables essentielles au décloisonnement : L’engagement politique et institutionnel Une mutualisation de moyens L’absence de hiérarchie Une culture commune Un fonctionnement identifié L’engagement politique et institutionnel Fédérer tous les intervenants dans le parcours de prise en charge Une volonté affichée, des signes officiels Un engagement sur le long terme Quelques clefs Valorisation des engagements Retour sur investissement Travail d’évaluation Une mutualisation de moyens Un engagement humain et financier Un parcours coordonné Des demandes précises Quelques clefs Des indicateurs précis pour identifier les besoins Disponibilité des agents: réunions temps du midi, un répertoire… Une opérationnalité du dispositif L’absence de hiérarchie Un champ ne prévaut pas sur un autre Éviter les enjeux de boutique Quelques clefs Un modérateur Entendre les préoccupations de chacun et trouver le bon compromis « Travailler longuement sur la dimension de l’illusion égalitaire et sur le renoncement au pouvoir que les uns peuvent prétendre sur les autres » P.Cottin, Directeur MDA de Nantes Une culture commune Définir les rôles et les champs de compétences pour mobiliser à bon escient Déconstruire pour reconstruire ensemble: travailler sur les représentations Favoriser la communication Quelques clefs Formations pluri professionnelles Des outils communs: fiches de liaison, guides, protocoles.. Des espaces de concertation, d’échange et de co-décision Le respect des codes de déontologie : le secret partagé Echanger avec les usagers Un fonctionnement identifié Une assemblée générale, une coordination administrative et médicale, un comité de pilotage, des comités techniques Définir des objectifs communs Un champ d’intervention Un territoire Quelques clefs Un coordinateur disponible, mobile, identifié Des moyens Une évaluation Les Freins et les Limites Les freins La difficulté des liens entre l’état financeur et les associations porteuses de projet, la rationalisation comptable les spécialisations de chacun les différences de statut juridiques et les limites…. Les temps de concertation non valorisés Des financements non pérennes Des demandes administratives plus exigeantes… Attention aux usines à gaz!! Conclusion « Le travail en réseau permet aux professionnels de sortir des barrières de leurs métiers et de travailler non plus à partir de leur statut mais de leurs compétences. Si nous ne sommes pas suffisamment attentifs à toute cette force collective dans l’observation qui est faite des territoires alors nos constructions de réseaux, nos coordinations ne seront qu’une nouvelle manière d’institutionnaliser les situations et de les immobiliser ». Mme STROHL inspectrice générale des affaires sociales. Merci de votre attention www.sante-solidarite.org