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Le choix de l’antidépresseur peut aussi tenir compte
de ses autres indications, notamment en termes de pa-
thologie anxieuse. Ainsi bon nombre d’Inhibiteurs de la
Recapture de la Sérotonine (IRS) sont non seulement in-
diqués dans les états dépressifs caractérisés mais aussi
dans des troubles anxieux constitués comme le trouble
panique ou l’anxiété généralisée. Cependant, les moda-
lités d’instauration et la posologie d’un tel médicament
peuvent varier en fonction de l’indication.
Certaines études ne confi rment pas forcément ces
précautions d’usage ou les relativisent :
– Fava et al ne notent pas de différence d’effi cacité et
surtout de tolérance entre divers IRS de profi ls cliniques
différents (fl uoxétine, sertraline et paroxétine) chez des
déprimés ayant pourtant un EDM avec un score au fac-
teur anxiété/somatisation supérieur à 7 (HDRS).
– Versiani et al de même n’observent pas de diffé-
rence chez des déprimés anxieux sous fl uoxétine et
amitriptyline.
– Une étude comparant mirtazapine et venlafaxine est
en faveur d’un rôle possible de la posologie du produit et
de la durée du traitement sur le niveau d’angoisse durant
les 5 à 15 premiers jours de traitement.
Pour ce qui est du TAD (au sens du DSM IV) propre-
ment dit, aucune étude recrutant spécifi quement ce type
de patients n’est disponible à notre connaissance.
FACTEURS PRÉDICTIFS DE RÉPONSE
THÉRAPEUTIQUE
Le caractère endogène de la dépression a longtemps
été considéré comme un facteur de bonne réponse aux
traitements biologiques, mais sa caractérisation clinique
demeure bien subjective. De plus aucun indice biologi-
que prédictif de la réponse au traitement n’a pu être indi-
vidualisé dans les troubles thymiques jusqu’à ce jour.
La comorbidité dépression/trouble anxieux, comme le
trouble panique, est gage d’une moins bonne réponse
aux traitements, justifi ant de les diversifi er : antidépres-
seur + psychothérapie(s).
Si l’état dépressif caractérisé s’accompagne d’an-
xiété importante, le risque suicidaire et le retentissement
psychosocial s’en trouvent accrus.
La mélancolie anxieuse est une indication privilégiée
de l’électroconvulsivothérapie.
Au total, l’association anxiété-dépression caractéri-
sée doit inciter le clinicien à la vigilance et à la prudence
car elle est un indice potentiel de sévérité et de diffi culté
de la prise en charge thérapeutique.
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