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mais également des troubles anxiodépressifs et de la lignée nar-
cissique [28,30].
Il faut également souligner la médiatisation dont fait l’objet
l’hyperactivité, et l’abaissement du seuil de tolérance aux trou-
bles de l’agir et aux conduites externalisées dans notre société
dite « hypercontrôlée » [17].
4. Types cliniques
Après le rappel de ces éléments de construction de la per-
sonnalité de l’enfant et des facteurs d’environnement, nous
proposons la distinction de deux types cliniques.
4.1. Type 1 –Hyperactivité avec troubles des conduites
précoces relevant surtout d’une problématique de séparation
4.1.1. Description clinique
Il s’agirait essentiellement d’enfants présentant un registre
comportemental « bruyant », sur le mode de l’hyperactivité–
impulsivité, avec une agitation motrice excessive, désordonnée
et improductive. Les troubles sont souvent repérés précocement
(vers deux à trois ans) chez des enfants agités, qui courent par-
tout, parlent sans arrêt, font n’importe quoi et se mettent en dan-
ger. Ils envahissent l’espace physique et sonore (domestique ou
scolaire) et testent sans cesse les limites. Les troubles d’opposi-
tion (pleurs, colères, bouderie, provocations…)sontassociés
aux comportements externalisés. D’autres semblent relever
davantage d’une problématique de toute-puissance infantile,
avec intolérance à la frustration, tentatives de focaliser en per-
manence l’attention des adultes et exercice de comportements
d’emprise vis-à-vis d’eux, particulièrement dans le cadre fami-
lial. Enfin, une dimension thymique peut être associée (hyper-
sensibilité, changements brusques d’humeur, faible consolabi-
lité…). Le diagnostic d’instabilité avec hyperactivité (TDAH)
–avec une dominante de la forme « Hyperactivité et Impulsi-
vité » –est souvent évident, avec, comme diagnostic comorbide
très fréquent (plus de trois quarts des cas), des troubles opposi-
tionnels avec provocation et/ou des conduites d’agressivité [13,
40]. Ces troubles pourraient représenter des facteurs pronosti-
ques importants de l’évolution ultérieure. On peut également
rechercher l’existence d’une tyrannie familiale exercée par
l’enfant [12].
4.1.2. Mécanismes psychopathologiques
Cela nous paraît relever de troubles des processus d’indivi-
duation–séparation, avec une angoisse de séparation massive
qu’on va retrouver dans des troubles du sommeil précoces, par-
ticulièrement à l’endormissement (agitation, pleurs, manifesta-
tions oppositionnelles, perturbation du sommeil avec des
cycles courts, nombreux réveils nocturnes qui témoignent
d’une anxiété majeure ou encore d’un vécu de climat d’insécu-
rité…). Un état d’hypervigilance, l’excitation et l’instabilité
psychomotrice pourraient constituer une forme de défense
« maniaque » (au sens de Winnicott), une tentative de se sous-
traire à l’angoisse de séparation et un refus d’accéder à la posi-
tion dépressive. Cette instabilité associée à un niveau d’excita-
tion interne élevé peut être investie comme une forme de
compensation narcissique face à l’angoisse, aux affects agres-
sifs ou pénibles, à la menace d’abandon et au risque d’effon-
drement, ce d’autant qu’elle permet la captation de l’attention
des adultes [22,40]. Face à l’échec de la fonction maternelle à
atténuer cette détresse, les conduites d’hyperactivité psychomo-
trice seraient des procédés « autocalmants » [41], le registre
perceptif et moteur jouant alors chez l’enfant un rôle substitutif
àl’activité de liaison des représentations absentes de l’appareil
psychique [5]. Claudon [10] propose quant à lui l’hypothèse
d’un « agir instable », comme une représentation motrice spé-
cifique ou une image corporelle inconsciente de soi, investie en
lieu et place des objets internes conflictuels. La propension à
agir résultant d’une pérennisation de l’acte du fait d’une
circularité :
sensation proprioceptive! représentation! action! sensation:
Que ce soit pour faire face à la menace d’abandon toujours
active ou pour se soustraire à l’angoisse de différenciation (au
huitième mois), en retournant la tyrannie sur l’objet maternel
comme lui-même l’a subie antérieurement [41],l’enfant va ten-
ter, à travers la mise en place de mécanismes de maîtrise de
l’objet maternel, de figer ainsi leur relation. Il retardera son
accès à la triangulation œdipienne, et si c’est un garçon (sex-
ratio de 4 à 9 pour 1), les processus d’identification à son père.
La position défaillante de ce dernier (ou la non-reconnaissance
de sa fonction par la mère) va poser le problème du refus de la
loi paternelle, de l’intégration des limites à l’acceptation d’une
loi « sociale ». On peut retrouver, associés à un désir de répara-
tion narcissique, une « toute-puissance maternelle » qui fait
écho à celle de son enfant, la recherche de relations fusionnel-
les ou de trop grande proximité entre la mère et l’enfant, l’anti-
cipation des désirs infantiles ne permettant pas la prise de cons-
cience d’un manque ni une réponse adaptée, répétée et
structurante dans le temps. L’interdépendance de la mère et
l’enfant et la position centrale de ce dernier risquent de renfor-
cer l’installation du Moi de l’enfant dans un registre de Moi
Idéal mégalomaniaque.
Àl’école, l’hyperactivité, l’instabilité, la recherche perma-
nente d’un adulte, le refus des limites, le refus de se soumettre
à la figure du maître détenteur du savoir, l’investissement psy-
chomoteur aux dépens du monde interne [19], le retard à
l’investissement symbolique (avec un faible intérêt pour le des-
sin et le langage), alors qu’il faut accepter le code arbitraire du
langage écrit (lecture et écriture), peuvent mettre en péril, au
moins pour un temps, les apprentissages. Ainsi, les troubles de
l’apprentissage vont à la fois résulter des troubles attentionnels,
du déficit de symbolisation (l’agir primant sur la mise en mot,
sur l’élaboration représentative et l’acte de penser) et des diffi-
cultés de la médiatisation de la relation à l’autre [43]. Tout
échec risque de représenter une menace de perte d’objet
d’amour. La prise de conscience de l’écart entre le niveau des
exigences extérieures (contraintes liées au statut d’élève
« apprenant ») et sa capacité de réalisation peut être extrême-
ment douloureuse pour l’enfant qui peut alors préférer capitu-
ler. Certaines mères ont bien repéré (sans l’analyser) que
lorsque leur enfant sait répondre, il peut leur donner le senti-
R. Courtois et al. / Annales Médico Psychologiques 165 (2007) 420–427424