On arrive au th´eor`eme crucial qui permet de d´efinir le calcul fonctionnel continu d’un op´erateur normal.
Th´eor`eme 1.3.7. Soit T∈ L(H) un op´erateur normal, pour tout P∈C[X, Y ], on a
sp(P(T, T ?)) = {P(λ, λ), λ ∈sp(T)}
||P(T, T ?)|| = sup
λ∈sp(T)|P(λ, λ)|
Preuve. Notons d’abord que la relation T T ?=T?Tpermet de d´efinir P(a, a?) sans ambigu¨ıt´e. Introduisons
la plus petite sous-alg`ebre stellaire contenant Tet T?, c’est-`a-dire la sous-alg`ebre commutative B=C[T, T ?].
En vertu de 1.3.4, 1.3.5 et 1.2.4 on obtient
spL(H)(P(T, T ?)) = spB(P(T, T ?))
={φ(P(T, T ?)) \φ∈X(B)}
={P(φ(T), φ(T?)) \φ∈X(B)}
={P(φ(T), φ(T)) \φ∈X(B)}
De nouveau, 1.3.4 et 1.2.4 am`enent `a
sp(P(T, T ?)) = {P(λ, λ), λ ∈spB(T)}={P(λ, λ), λ ∈sp(T)}
L’op´erateur P(T, T ?) est normal et le lemme 1.3.6 permet de conclure
||P(T, T ?)|| =r(P(T, T ?)) = sup
λ∈sp(T)|P(λ, λ)|
Notons P(sp(T),C) l’alg`ebre des fonctions continues de la forme z7→ P(z, z) lorsque P∈C[X, Y ] sur le
compact sp(T). Le th´eor`eme de Stone-Weierstrass permet de voir que l’alg`ebre P(sp(T),C) est dense dans
C0(sp(T),C). On pourra consulter [HL] pour une d´emonstration du th´eor`eme de Stone-Weierstrass. On est
maintenant en mesure d’´enoncer le th´eor`eme suivant
Th´eor`eme 1.3.8. Soit T∈ L(H) un op´erateur normal, il existe un unique morphisme JTd’alg`ebres norm´ees
de l’alg`ebre C0(sp(T),C) dans L(H) v´erifiant
JT(z7→ z) = Tet JT(z7→ z) = T?
En outre, JTv´erifie les propri´et´es suivantes :
a) ∀P∈C[X, Y ]JT(z7→ P(z, z)) = P(T, T ?)
b) ∀f∈ C0(sp(T),C)||JT(f)|| = sup
z∈sp(T)|f(z)|
c) Im(JT) = C[T, T ?]
Preuve.
•L’unicit´e d’un tel morphisme est clair : si Jet J0sont deux tels morphismes alors l’ensemble des
fonctions fv´erifiant J(f) = J0(f) est une sous-alg`ebre ferm´ee de C0(sp(a),C) contenant l’alg`ebre dense
P(sp(T),C). Donc J=J0.
•Montrons maintenant l’existence. Soit f∈ P(sp(a),C), il existe un polynˆome P∈C[X, Y ] tel que pour
tout z∈sp(a) on ait f(z) = P(z, z). On aimerait d´efinir JT(f) comme ´etant ´egal `a P(a, a?), mais il
faut justifier que l’´el´ement P(T, T ?) ne d´epend pas du repr´esentant Pchoisi. Consid´erons donc Qest
un autre polynˆome `a deux variables tel que pour tout z∈Con ait P(z, z) = Q(z, z). Le th´eor`eme 1.3.7
affirme que
||P(T, T ?)−Q(T, T ?)|| = sup
z∈sp(T)|P(z, z)−Q(z, z)|= 0
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