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Des constats
I La presse écrite alternative : analyse du volet I de la recherche
Une tradition bien ancrée
• Le portrait de la presse écrite alternative québécoise révèle la présence d’une
tradition forte, d’une vitalité organisationnelle faisant montre d’innovation, et d'une
capacité continue de renouvellement. Cette presse écrite s’habille de formats très
diversifiés et s’adresse, via la vente ou la gratuité, à un lectorat très spécialisé ou
composé de « petits publics ».
• La presse écrite alternative québécoise se définit généralement en opposition au
néo-libéralisme. Il n’y a pas au sein de la presse écrite alternative une opposition
ferme au projet historique libéral qui a émergé il y a plus de trois siècles en
opposition à l’obscurantisme de sociétés européennes à la solde des pouvoirs de
l’aristocratie et de l’Église. Il y a toutefois un courant fort au sein la presse écrite
alternative qui s’inspire des traditions socialistes et anarchistes du 19e siècle et
dont le projet porte en partie (pour les moins radicaux) sur la consolidation ou le
renouvellement de la social-démocratie.
Ce n’est donc pas le fait d’être un « mini-média » qui donne à cette presse sa
couleur alternative, mais bien le fait de présenter un point de vue critique ou très
nuancé à l’égard des médias de masse. Ces derniers ont adopté un point de vue
libéral fortement centré sur la défense de l’ordre social établi. Leur appartenance
indique aussi une concentration de la propriété dont ils sont l’objet. Dès lors, ils
ne veulent pas ou peuvent difficilement diffuser une information critique sur
l’actualité. Ce dernier point ne veut pas dire qu’il n’existe aucune information
critique au sein de certains médias de la presse écrite de masse, mais que cette
information est inégalement présentée, souvent noyée dans une masse
d'information bigarrée et faiblement valorisée, pour ne pas dire fortement
dévalorisée par la politique éditoriale des dits médias.
Le fait que la presse, en général, et la presse écrite, en particulier, se concentrent
entre les mains de quelques grands propriétaires corporatifs ayant une vue bien
précise et limitée du type d’information à présenter à la population a pour
conséquence que des besoins en information sont non comblés auprès du grand
lectorat. Cette réalité constitue une opportunité pour des projets médiatiques qui
veulent se démarquer de l’information de masse. Une partie de cet
« espace informationnel non comblé » est occupée par de petits médias libéraux
dits locaux ou identitaires. Une autre partie est investie par des médias dits
alternatifs voulant faire de l’information dans l’optique de changer les choses et
d’apporter un point de vue critique.
Une réalité hétérogène
• La tradition portée par la presse écrite alternative est traversée par un ensemble
de tendances plus ou moins liées à des mouvements sociaux, culturels ou