
Revue Médicale Suisse
–
www.revmed.ch
–
8 avril 2009 765
hyperplasie focale des cellules folliculaires thyroïdiennes
dont le fonctionnement devient autonome et indépendant
de la stimulation par la TSH
(thyréostimuline hormone)
.Pour
expliquer cette prolifération cellulaire et cette capacité de
synthétiser les hormones thyroïdiennes, des mutations
somatiques activatrices du gène du récepteur de la TSH
ou encoredela protéine Gs-α,impliquée dans la produc-
tion d’AMP cyclique, ont été retrouvées dans un certain
nombre de cas ; ces mutations n’expliquent pas tous les
adénomes ou goitres multinodulaires toxiques et il est par
conséquent probable que d’autres mutations génétiques
soient retrouvées dans le futur.2-4
La prévalence du goitre multinodulaire toxique est plus
fréquente dans les contrées où l’apport quotidien d’iode
est plutôt bas.
Hashitoxicose
Le terme d’Hashitoxicose est la combinaison des mots
«toxicose» et «Hashimoto». Cette condition est rare;elle
peut se rencontrer chez les patients qui ont une maladie
thyroïdienne autoimmune qui se présente avec une hyper-
thyroïdie causée par la présence d’anticorps anti-récepteurs
de la TSH comme dans une maladie de Basedow. Néan-
moins chez ces patients, cette période d’hyperthyroïdie est
suivie par le développement d’une hypothyroïdie résultant
d’une destruction autoimmune de la glande similaire au
processus survenant dans la maladie de Hashimoto.
Hyperthyroïdie due à un excès d’iode
Cette forme d’hyperthyroïdie peut se développer après
une surcharge en iode, comme par exemple après l’admi-
nistration de produits de contraste pour une angiographie
ou un scanner,5de produits riches en iode (algues), de cer-
tains médicaments tels que l’amiodarone6ou de produits
phytothérapeutiques (Maca). Les patients affectés par cette
forme d’hyperthyroïdie ont souvent un goitre multinodu-
laire. L’apport d’iode peut par conséquent mener à une
augmentation de la synthèse des hormones T3 et T4. Chez
ces patients, la scintigraphie thyroïdienne va montrer une
captation élevée seulement lorsque la plupart de l’iode
reçu aura été excrété. La captation sera par contre basse si
l’iode continue à être administré ou si la substance conte-
nant de l’iode a une longue durée de vie biologique et donc
reste en excès.
La durée de cette forme d’hyperthyroïdie dépend de la
persistance de la prise d’iode et de la demi-vie biologi-
que de la substance contenant de l’iode. Par exemple, si
l’apport d’iode est dû à une artériographie, l’hyperthyroïdie
sera de relativement courte durée (six à douze semaines).
Si par contre l’apport d’iode se fait par la prise d’amioda-
rone, la durée de l’hyperthyroïdie pourra persister jusqu’à
six à douze mois, due à une longue demi-vie biologique de
l’iode. Dans ces cas-là, il est évident qu’un traitement de
l’hyperthyroïdie par radio-iode est exclu pour plusieurs
semaines à plusieurs mois jusqu’à élimination de l’iode en
excès.
La maladie trophoblastique et les tumeurs
des cellules germinales
L’hyperthyroïdie peut survenir chez les femmes qui ont
une môle hydatiforme ou un choriocarcinome, ou encore
chez les hommes avec une tumeur des cellules germinales
testiculaires. Cette forme d’hyperthyroïdie est probable-
ment due à l’excès de synthèse de l’hormone gonadotrope
chorionique qui peut se lier au récepteur de la TSH et par
conséquent stimuler la biosynthèse des hormones thyroï-
diennes. Le traitement est dirigé contrela tumeur ; néan-
moins les anti-thyroïdiens de synthèse peuvent être utiles.
Hyperthyroïdie due à un adénome hypophysaire
avec production de TSH
Les adénomes hypophysaires produisant de la TSH sont
généralement des macroadénomes et peuvent être même
invasifs.7La plupart de ces patients ont un goitre thyroï-
dien et souvent des déficits de vision dus à la compression
des nerfs ou du chiasma optique. Ces patients présentent
une augmentation des hormones thyroïdiennes périphéri-
ques avec une TSH qui n’est pas supprimée.
MALADIE DE BASEDOW
La maladie de Basedow affecte environ 0,5% de la po-
pulation et est la cause de la majorité des cas d’hyperthy-
roïdie (entre50 et 80%). Comme pour l’hyperthyroïdie en
général, on observe une large prédominance féminine avec
0Revue Médicale Suisse
–
www.revmed.ch
–
8 avril 2009
Augmentation de la production Augmentation du relâchement
des hormones thyroïdiennes des hormones thyroïdiennes
par inflammation de la glande
• Maladie de Basedow • Thyroïdite subaiguë de
• Goitre multinodulaire toxique De Quervain
•Adénome toxique • Thyroïdite silencieuse
• Hashitoxicose • Autres formes secondaires à
• Maladie trophoblastique (môle l’amiodarone, le radio-iode,
hydatiforme, choriocarcinome) l’interféron-α, etc.
• Tumeur des cellules germinales
Tableau 1. Diagnostic différentiel de l’hyperthyroïdie
Symptômes
• Perte de poids
• Palpitations, dyspnée
• Intolérance à la chaleur, thermophobie, sudation
•Faiblesse musculaire, fatigabilité
• Nervosité, irritabilité, labilité émotionnelle, dépression, difficultés
de sommeil
• Dysfonction érectile, diminution de la libido, dysménorrhée
• Perte de cheveux, ongles cassants
• Boulimie, diarrhées, selles liquides
• Irritation oculaire, larmoiement, œdème périorbitaire, diplopie
Signes physiques
• Tachycardie
• Troubles du rythme cardiaque
• Hypertension systolique
• Erythème palmaire, onycholyse, aplatissement et amincissement des
ongles (ongles de Plummer), myxœdème prétibial, clubbing
• Goitre thyroïdien homogène, frémissement à la palpation, souffle
thyroïdien systolodiastolique
• Brillance du regard, retard oculo-palpébral, exophtalmie, irritation de
la conjonctive, œdème palpébral
• Hyperréflexie avec décontraction musculaire raccourcie, tremblements,
force musculaire proximale diminuée
• Gynécomastie
• Hyperactivité motrice, nervosité
Tableau 2. Manifestations cliniques
33985_764_768.qxp 2.4.2009 8:35 Page 2