Précis d’Anesthésie Cardiaque 2011 – 25 Echocardiographie transoesophagienne 1ère partie 3
Introduction
L'échocardiographie est née en 1953 lorsque I. Edler, un cardiologue suédois, esseya sur lui-même un
détecteur à ultrasons utilisé pour la recherche des défauts dans les alliages métalliques et a découvert
les mouvements des parois cardiaques avec un appareil qui ne montrait que les déplacements linéaires
des structures (mode temps-mouvement ou TM). L’idée de mettre un capteur TM sur une sonde
oesophagienne revient à L. Frazin en 1976, qui obtint ainsi des images d’une exceptionnelle qualité.
En 1980, cette échocardiographie transoesophagienne (ETO) a été introduite pour la première fois en
salle d’opération [88] ; deux ans plus tard, P. Hanrath montat sur un gastroscope un capteur à balayage
de phase qui permit le développement de l’imagerie bidimensionnelle [133]. Depuis lors,
l’appareillage s’est constamment miniaturisé et perfectionné avec l’introduction progressive de
nouvelles technologies : Doppler continu et pulsé, flux couleurs, sondes multiplans, Doppler tissulaire,
imagerie tridimensionnelle en temps réel. Récemment, le stockage numérique sur des serveurs
sécurisés a remplacé l’enregistrement sur bande vidéo. Par sa vision directe de l’anatomie et des
mouvements cardiaques, l’ETO s'est peu à peu imposée comme la technique de choix pour l'examen
fonctionnel du coeur en continu, malgré son coût élevé (de 50'000 à 250'000 € selon les instruments)
et la formation importante demandée pour son interprétation. Elle s’est révélée être la technique la plus
sûre, la plus rapide et la plus fiable de diagnostiquer la plupart des problèmes hémodynamiques per- et
post-opératoires [11].
La voie transoesophagienne est particulièrement bien adaptée à la situation des malades intubés, que
ce soit en salle d’opération, au déchocage ou aux soins intensifs. Elle offre des images plus simples à
obtenir et de meilleure qualité que la voie transthoracique ; elle peut se dérouler sans géner l’activité
chirurgicale ni la réanimation. L’apport de l’échocardiographie en anesthésie cardiaque porte sur
plusieurs points principaux :
Diagnostic étiologique d’une instabilité hémodynamique ;
Monitorage hémodynamique dans quatre domaines :
• Anatomie fonctionnelle,
• Fonction ventriculaire,
• Volémie,
• Ischémie,
Applications spécifiques à la chirurgie cardiaque :
• Evaluation anatomo-pathologique avant la circulation extra-corporelle (CEC),
• Contrôle de reconstruction après CEC,
• Positionnement de canules, endoprothèses, etc ;
• Débullage en fin de CEC,
Enseignement de l’hémodynamique et recherche clinique.
Par ailleurs, l'ETO s'avère être un outil remarquablement utile dans toute une série d'applications
annexes: positionnement de cathéters veineux centraux, contrôle de mise en place d'endoprothèses,
surveillance d'embolisation pulmonaire (air en position assise, fragments médullaires lors
d'ostéosynthèse de fractures pathologiques), etc.
Ce chapitre comprend une description de l’examen ETO normal et de ses applications pour le
monitorage hémodynamique (fonction, calculs), ainsi qu’une évaluation de ses possibilités en
chirurgie cardiaque, en soins intensifs et au déchocage. La description échocardiographique des
pathologies cardiaques est l’objet des Chapitres 26 et 27.