Encodage, Mémoire, et Chronopsychologie 5
pas sensibles au moment du test alors que c’est le cas pour des mesures plus
coûteuses en attention telles que les tests d’inhibition.
Concernant spécifiquement le domaine de la mémoire, il apparaît une
hétérogénéité des profils de performances en fonction du type de mémoire
étudié et notamment de la distinction entre mémoire à court terme et
mémoire à long terme. Pour la mémoire immédiate, Folkard et Monk
(1980), ont mis en place une tâche de lecture effectuée à six moments dans
lajournée(8h,11h,14h,17h,20h,et23h),suivied’uneépreuvede
récupération en mémoire basée sur un questionnaire à choix multiple. Ils
montrent que la récupération en mémoire est nettement plus importante
quand la tâche est réalisée le matin (11 h) relativement aux autres heures.
Ces données confortent des travaux antérieurs qui montraient que le
nombre de mots correctement rappelés en mémoire immédiate était plus
élevé dans la matinée que dans l’après-midi (Gates, 1916 ; Blake, 1967 ;
Baddeley, Hatter, Scott, & Snashall, 1970). Plus récemment, Testu et Clarisse
(1999) ont également montré, chez des enfants, que le rappel immédiat de
mots et d’histoires est plus élevé à 9 h qu’à 15 h. Dans une autre étude,
Folkard, Monk, Bradbury et Rosenthall (1977) se sont intéressés au sein
d’une même expérience à la mémoire à court terme et à la mémoire à
long terme. Ils ont étudié la mémorisation d’un texte lu à des enfants soit
le matin à 9 h, soit l’après-midi à 15 h. À chacune de ces heures ils ont
effectué un test de rappel immédiat ainsi qu’un test de rappel différé une
semaine plus tard. En situation de rappel immédiat, les performances sont
plus élevées pour la présentation du texte à 9 h. En revanche, en rappel
différé, les performances sont nettement supérieures en situation de lecture
l’après-midi. Ce profil de résultat est similaire à celui obtenu quelques
années auparavant par Hockey, Davies et Gray (1972) chez des adultes
avec des horaires plus contrastés : 6 h 30 et 23 h. Les résultats montrent
que les performances de mémoire immédiate sont plus élevées le matin
que le soir, alors que la mémoire à long terme apparaît être plus efficiente
le soir que le matin. De leur côté, Martin, Buffington, Welsh-Bohmer et
Brandt (2008) se sont intéressés à des participants âgés qui étaient testés
sur des créneaux allant de 8 h à 17 h. Il apparaît que les performances
en mémoire épisodique fluctuent au cours de la journée, les scores les
plus élevés étant observés tôt le matin et en fin d’après-midi avec un
creux le midi. Au contraire, il n’apparaît aucun effet du moment de test
concernant les mesures d’empan à court terme ou de fluence. Enfin, une
autre étude a comparé les performances de jeunes adultes à différents tests
neuropsychologiques le matin (entre 8 h et 10 h), le midi (entre 12 h et 14 h)
et le soir (entre 18 h et 20 h) (Allen, Grabbe, Mc Carthy, Bush, & Wallace,
2008). Les résultats montrent que les performances aux tâches de fluence
L’année psychologique, 2012, 112, 3-15