cancer et maladies inflammatoires chroniques de l`intestin

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Cours n°16
CANCER ET
L’INTESTIN
MALADIES
INFLAMMATOIRES
CHRONIQUES
DE
Dr Harry SOKOL. Service de Gastroentérologie et Nutrition, Hôpital StAntoine, AP-HP, Paris, France.
Dans les pays occidentaux, la prévalence des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI),
rectocolite ulcéro-hémorragique (RCH) et maladie de Crohn (MC) a augmenté de façon significative au
cours des dernières décades. L’amélioration des traitements médicaux et chirurgicaux a permis une
amélioration très significative du contrôle de es maladies. Les complications à long terme sont
actuellement au premier plan des préoccupations des médecins et des patients. Parmi ces
complications, les cancers sont certainement les plus redoutées. A coté de l’augmentation du risque de
cancer colorectal (CRC) chez les patients atteints de MICI coliques, le risque d’autres cancers doit
maintenant être pris en compte dans la prise en charge des patients. L’espérance de vie est normale
au cours de la RCH, sans augmentation de la mortalité par cancer dans les études en population. Au
cours de la MC, l’espérance de vie est légèrement diminuée avec une augmentation significative de la
mortalité par cancer dans les études en population les plus récentes, mais ce phénomène est
probablement lié à une augmentation de la mortalité par cancer due au tabac.
Nous aborderons dans ce chapitre les risques de CRC mais aussi de lymphome et de cancer cutané
chez les patients atteints de MICI.
I CANCER COLORECTAL
I-1 Epidémiologie
Le cancer colorectal correspond à la pathologie néoplasique la plus fréquente au cours des MICI. Un à
2% des CRC observés dans la population générale sont associés à une MICI. Le risque de CRC au
cours de la RCH est connu depuis longtemps, mais sa fréquence exacte est difficile à déterminer avec
précision. Ceci reflète vraisemblablement des différences de méthodologie et des biais de recrutement
entre les centres de référence et les populations étudiées. Le risque de CRC au cours de la MC a été
reconnu plus récemment.
Plusieurs séries hospitalières et plus récemment des études de population ont clairement démontré que
le risque de CRC sur pancolite de Crohn était identique à celui observé sur pancolite de RCH et que les
facteurs de risque associés étaient les mêmes (Tableau I). Nous traiterons donc ensemble le CRC sur
RCH et sur MC.
Dans les études anciennes, le risque de CRC sur MICI était très élevé. Dans la méta analyse publiée
par Eaden en 2001 qui prenait en compte 116 études réalisées entre 1950 et 2000 regroupant environ
54.000 patients, les risques cumulés de CRC à 10, 20 et 30 ans étaient respectivement de 2, 8 et 18%.
Depuis cette méta-analyse trois travaux récents ont montré des taux d’incidence plus faibles. Le
premier travail provient de la région de Copenhague. Dans ce travail le risque était de 0,2% à 10 ans,
1,4% à 20 ans et 3,1% à 30 ans. Le second travail concerne la première étude de population réalisée
aux USA dans le comté d’Olmsted dans le Minnesota portant sur 692 patients dont le diagnostic de
MICI avait été fait entre 1984 et 1997. Etonnement le risque de CRC dans la RCH n’était pas supérieur
à celui de la population générale : 0,4% à 15 ans et 2% à 25 ans. Enfin le troisième travail provient du
programme de surveillance sur 30 ans du St Mark’s Hospital des colites s’étendant au-delà de l’angle
gauche. Ce travail est important car il s’agit d’une part d’un suivi prospectif et d’autre part il inclut pour
la première fois les dysplasies. Le risque de CRC est plus faible que dans la méta-analyse mais plus
élevé que dans le comté d’Olmsted :
0% à 10 ans, 2,5% à 20 ans et 7,6% à 30 ans. En revanche si on inclut les dysplasies les taux
observés sont proches de ceux de la méta-analyse. Les raisons de ces variation d’incidence ne sont
pas claires mais plusieurs explications peuvent être évoquées: facteurs génétiques et alimentaires, taux
de colectomie élevé (30%) dans la cohorte danoise, effectif faible dans l’étude du Minnesota et qui de
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plus concerne une population très médicalisée, influence comme nous le reverrons des traitements
protecteurs par dérivés salicylés et du dépistage endoscopique. Si l’on considère l’ensemble des
résultats observés dans les différents pays on peut estimer la prévalence du CRC dans la RCH à 3,7%.
Dans le cas de la MC, le risque de CRC est identique à celui observé au cours de la RCH en cas
d’atteinte colique. En revanche, le risque de CRC n’est pas augmenté dans les atteintes isolées de
l’iléon.
I-1-1 Facteurs de risque.
Parmi les facteurs de risques actuellement identifiés, les plus importants sont l’extension de l’atteinte
colique au-delà de l’angle gauche et l’ancienneté de la maladie. S’y ajoutent les antécédents familiaux
de CRC sporadique et l’association de la RCH à une cholangite sclérosante primitive (CSP).
I-1-1-1 Etendue de la maladie
L’étendue de l’atteinte colique a été clairement identifié comme un facteur de risque independant de
CRC. Le risque est surtout élevé dans les pancolites (RR : 14,8), intermédiaire dans les colites gauches
(RR : 2,8) et non élevé dans les proctites (ECCO Statement 9B : risk is highest in patient with
extensive colitis, intermediate in patients with left-sided colitis, and not increased in proctitis (EL2))
I-1-1-2 Durée d’évolution de la maladie
La durée d’évolution de la maladie est le facteur de risque le plus important de CRC dans les MICI.
Avant 8 à 10 ans d’évolution, le risque de cancer n’est pas supérieur à celui de la population générale.
Le risque augment ensuite de 0,5 à 1% par an pour atteindre une incidence de 8% à 20 ans (ECCO
Statement 9A : Patients with longstanding ulcerative colitis appear to have an increased risk of
colorectal cancer (CRC) as compared to general population (EL2)). Ces données permettent de
recommander de débuter la surveillance coloscopique à partir de 8 ans d’évolution pour les colites
dépassant l’angle gauche.
I-1-1-3 Antécédent familial de CRC
Un antécédent familial de CRC augmente, comme dans le cancer sporadique, le risque de cancer
colique aussi bien dans la RCH que dans la MC (ECCO Statement 9C: Persistent inflammation and
family history of CRC may contribute to the risk of CRC in patent with UC (EL3)). En revanche, un cas
de MICI chez un parent du premier degré n’accroît pas le risque de CRC dans la famille. Le risque
relatif est de 2,5 lorsqu’il existe un CRC chez un parent du premier degré et culmine à 9,2 si le cancer
est survenu avant l’âge de 50 ans. Malgré ces données, aucune ligne de conduite n’a été proposée
pour ce sous-groupe de patients. Des études complémentaires sont nécessaires afin de déterminer si
chez ces patients le programme de surveillance doit être débuté plus tôt avec des coloscopies plus
fréquentes.
I-1-1-4 Association à une cholangite sclérosante primitive (CSP)
L’existence d’une CSP qui s’associe dans 5% des cas à une RCH sous forme de pancolite constitue un
facteur de risque indépendant de CRC. Le risque cumulé de CRC est beaucoup plus élevée que celle
observée dans les pancolites sans CSP (ECCO Statement 9C : Patients with UC associated primary
sclerosing cholangitis (PSC) may have a particulary increased risk (EL2)). Les études anciennes
rapportaient des risques de CRC extrêmement élevé chez ces patients (19%, 31%, et 50% à 10, 20 et
30 ans de suivi de la RCH, respectivement), mais ces chiffres ont été revus à la baisse dans les études
plus récentes. Chez ces patients, la MICI a un phénotype particulier, souvent infra cliniques avec une
longue période asymptomatique, augmentant du même coup, la durée d’évolution de
la maladie et donc le risque de CRC. Par ailleurs, les rôles respectifs d’une toxicité de la bile sur
l’épithélium colique et d’une prédisposition génétique à l’association CSP/RCH restent débattus. Chez
ces malades, le moment de la mise en route du programme de dépistage et de surveillance est
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maintenant bien codifié : en cas de RCH non connue, dès le diagnostic de CSP porté, il est
recommandé de réaliser systématiquement une coloscopie avec des biopsies étagées, même si la
muqueuse est macroscopiquement normale. Lorsque la RCH est connue, un programme de
surveillance comportant une coloscopie annuelle doit débuter au moment du diagnostic de la CSP.
Après transplantation hépatique pour CSP, les risques de dysplasie colique et de CRC restent élevés
(multipliés par 4), ce qui justifie le maintien de la coloscopie annuelle de surveillance.
I-1-1-5. Age de début
Le jeune âge du malade au diagnostic constitue un facteur de risque plus discuté, peut-être pas
indépendant de la durée d’évolution (ECCO Statement 9C : Patients with early onset of disease
(age<20 years at onset of disease) […] may have a particulary increased risk (EL2)). Il n’y a
actuellement pas d’argument pour débuter chez les enfants la surveillance endoscopique avant 8 ans
d’évolution de la maladie. Le dépistage et la surveillance restent guidés comme chez l’adulte par le
siège et la durée d’évolution de la maladie plus que par l’âge au diagnostic.
I-1-1-6. Sévérité de l’inflammation
Des études anciennes ont suggéré qu’une inflammation colique sévère ou chronique jouait un rôle dans
le développement du cancer. Toutefois, l’absence de risque accru de CRC dans la proctite et la
proctosigmoïdite, même lorsque l’inflammation est chronique et sévère va à l’encontre cette hypothèse.
Une étude cas-témoin réalisée au St Mark’s hospital a cependant confirmé que l’inflammation
histologique active constituait un facteur de risque indépendant de CRC. Le mécanisme
physiopathologique reste discuté. L’effet délétère de l’inflammation chronique semble indirectement
confirmé par le pouvoir protecteur potentiel de certains médicaments utilisés dans le contrôle de
l’inflammation des MICI, en particulier les dérivés salicylés.
I-1-1-6 Autres facteurs
D’autres facteurs ont aussi été évoqués. L’iléite de reflux (backwash ileitis), entité dont l’existence
propre demeure controversée, pourrait être un facteur de risque indépendant de CRC sur RCH. Les
données demandent à être confirmées avant de pouvoir être prise en compte. La présence de pseudopolypes pourrait être un facteur de risque (ils ne seraient en fait que le reflet de la sévérité de
l’inflammation.). L’hyperhomocystéinémie et la carence en folates pourraient également constituer des
facteurs de risque mais qui doivent encore être confirmés.
.
I-1-2 Facteurs protecteurs de cancer colorectal (Tableau II)
I-1-2-1 Dérivés salicylés
Les salicylés (5-ASA), qui constituent encore le traitement de première ligne des poussées minimes à
modérées des MICI, pourraient avoir en plus un effet sur la prévention du cancer colique. Ainsi, une
méta-analyse publiée en 2005 a repris 9 études rétrospectives (3 études de cohorte et 6 études cas
témoin) ayant évalué chez 1932 patients, l’effet des salicylates sur le risque de dysplasie et de CRC sur
RCH. Dans cette méta-analyse le risque de développer un CRC était réduit chez les malades sous
salicylés (OR : 0,51 ; IC 95% = (0,37-0,69)), ce qui correspond à une réduction de risque de 49%. Cet
effet protecteur n’était en revanche pas observé pour la dysplasie (OR : 1,18 ; IC 95% = (0,41-3,43)).
Une dose de salicylé, d’au moins 1,2 g/j prise régulièrement pendant une période d’au moins 2 ans était
associée dans cette méta-analyse à cet effet chémopréventif. Le mécanisme d’action des salicylés
reste discuté. Ces résultats on récemment été confirmés dans l’étude française Cesame. Plusieurs
mécanismes ont été évoqués, en particulier la modulation de la production de cytokines inflammatoires,
l’inhibition de la cyclo-oxygénase, l’inhibition de la production de radicaux oxydatifs, de prosatglandines
et de leucotriènes. Les travaux de l’équipe de Lille ont récemment montré le rôle important joué par le
récepteur gamma activé des proliférateurs de péroxydase (PPAR-γ). PPAR- γ est impliqué dans
différents mécanismes, en particulier le contrôle de l’inflammation, la prolifération cellulaire et
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l’apoptose. L’effet chémopréventif des salicylates passe par un mécanisme qui pourrait lui aussi,
dépendre de l’expression et de l’activation de PPAR- γ. L’activation de la voie du PPAR- γ par le 5-ASA
permet ainsi de relier l’effet antiinflammatoire et l’effet anti-néoplasique présumé de la molécule. Bien
que l’effet protecteur des 5-ASA ne soit pas absolument certain, il est cependant logique, en raison de
la toxicité minime des salicylés sur le long terme de les utiliser en chémoprévention (ECCO Statement
L : Chemoprevention with 5-ASA compounds may reduce the incidence of colorectal cancer in UC
patients and should be considered for all patients (EL2, RG B)). Dans cette optique, la compliance au
traitement est un paramètre important à considérer. Les facteurs de mauvaise compliance au traitement
sont donnés dans le tableau III.
I-1-2-2 Acide ursodésoxycolique
L’acide ursodésoxycholique pourrait jouer un rôle dans la prévention du CRC chez les sujets atteints de
CSP associée à une RCH, avec une diminution du risque de CRC ou même de dysplasie par rapport
aux malades non traités. Cependant, les données sur ce sujet ne sont pas claires et ne permettent pas
de conclure. L’utilisation de l’acide ursodésoxycholique est recommendée chez les patients atteint de
CSP (ECCO Statement L : Colorectal cancer chemoprevention with ursodeoxycholic acid should be
given to patients with PSC (EL 1b, RG B)).
I-1-2-3. Folates
Les folates pourraient également avoir un rôle protecteur. Les données obtenues dans les études castémoin américaines ont en effet indiqué qu’un déficit relatif en folates pouvait être associé à une
augmentation du risque de CRC au cours de la RCH. Cependant l’effet bénéfique de la
supplémentation en folates par voie orale n’est pas établi.
I-1-2-4. Les immunomodulateurs :
Le rôle protecteur des analogues des purines restent discutés. Ils étaient sans effets dans une étude
rétrospective. Par contre dans la vaste étude prospective française CESAME portant sur près de
20.000 patients les dérivés des purines divisaient par 3,5 le risque de cancer ou de dysplasie des
pancolites évoluant depuis plus de 10 ans. L’effet du 5-ASA associé aux purines n’a pas été testé.
Aucune information n’est actuellement disponible sur le rôle préventif du méthotrexate et des anti-TNF.
En définitive, même si la chémoprévention semble jouer un rôle bénéfique sur le risque de survenu du
CRC, elle n’influence pas pour le moment les modalités de dépistage et de surveillance de ces
malades.
I-2 Caractéristiques du cancer colorectal au cours de la RCH (tableau IV)
Le diagnostic de CRC compliquant les RCH est difficile. Les symptômes peuvent être masqués par la
colite elle-même et les lésions endoscopiques ou radiologiques sont le plus souvent difficiles à
interpréter. Ces cancers surviennent chez des sujets plus jeunes que ceux observés dans la population
générale et sont souvent multifocaux. Le cancer se développe sous forme d’une lésion plane dans 95%
des cas, et échappe à la séquence classique adénome-cancer. Il est souvent associé, comme nous le
reverrons, à une dysplasie focale ou diffuse. Ces cancers sont souvent très invasifs en dépit de leur
petite dimension. Le plus souvent, il s’agit d’adénocarcinomes indifférenciés. Longtemps réputé plus
mauvais, le pronostic est en fait équivalent à celui des CRC sporadiques, avec des taux de survie de
près de 55% à 5 ans.
Les mécanismes de la cancérogénèse semblent différents de ceux observés dans les cancers
sporadiques. La mutation du gène APC serait, contrairement au cancer sporadique tardive et rare, alors
que celle de p53 serait précoce et fréquente. Par contre, les anomalies du contenu en ADN et
l’expression de l’antigène sialosyl-Tn surviendraient précocement dans les deux situations cancéreuses
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I-3 Dysplasie colique comme marqueur précancéreux
La base rationnelle de la surveillance par coloscopie avec biopsies repose sur la notion de dysplasie
comme marqueur et précurseur du cancer. Il existerait une filiation entre inflammation muqueuse dysplasie de bas grade (DBG) - dysplasie de haut grade (DHG) et cancer. De ce point de vu la
coloscopie de surveillance a pour objectif de détecter sur les biopsies les patients avec une DBG ou
une DHG avant que ne survienne un cancer.
I-3-1 Définition
Le terme général de dysplasie définit un ensemble de modifications cytologiques et histologiques
épithéliales précédant le développement d’un adénocarcinome caractérisé. Elle est de ce fait
considérée comme une lésion néoplasique mais non invasive. Son identification anatomopathologique
repose sur des modifications architecturales et des anomalies cytologiques. Les critères diagnostiques
et les grades de la dysplasie actuellement utilisés au cours des MICI sont ceux établis par un panel
d’experts en 1983. Cette classification comporte trois catégories principales, muqueuse dysplasique,
muqueuse « peut-être dysplasique » et muqueuse non dysplasique (Tableau
V). La muqueuse non dysplasique inclut la muqueuse normale et les lésions de colite active ou inactive
sans dysplasie. La muqueuse dysplasique est elle-même subdivisée en DBG et DHG (Figure 1). Il faut
noter que l’adoption de cette classification a conduit à l’abandon du terme de carcinome in situ
considéré comme de même signification que la dysplasie de haut grade.
I-3-2 Limites du diagnostic de dysplasie
Le diagnostic de dysplasie est lourd de conséquence puisqu’il conduit à proposer une colectomie
prophylactique. Affirmer une dysplasie peut être difficile surtout en cas de DBG et ce d’autant plus qu’il
existe un contexte inflammatoire et régénératif. Le terme de « dysplasie incertaine » traduit dans certain
cas ces difficultés diagnostiques. Aussi plusieurs équipes se sont-elles interrogées sur la validité du
diagnostic de dysplasie, en étudiant sa reproductibilité intra et inter -observateur. Bien que difficilement
comparable, ces études permettent de dégager certaines tendances. La reproductibilité intraobservateur est bonne, un pathologiste refera le même diagnostic en revoyant les mêmes coupes ; la
reproductibilité inter-observateur n’est jamais parfaite, les divergences diagnostiques atteignant parfois
50%. Les meilleurs scores de reproductibilité sont observés aux deux extrêmes (absence de dysplasie
et DHG), et les plus mauvais pour « dysplasie incertaine» et DBG. Ces résultats ne remettent pas en
cause l’intérêt de la dysplasie comme marqueur précancéreux mais soulignent la nécessité d’une
confirmation du diagnostic par un deuxième pathologiste expérimenté, surtout si une colectomie
prophylactique est envisagée.
I-3-3 Signification de la dysplasie
Deux conditions doivent être remplies pour établir la valeur de la dysplasie dans un programme de
surveillance endoscopique : d’une part son diagnostic doit être reproductible et nous en avons vu les
limites, d’autre part son apparition doit régulièrement précéder celle du cancer, ce qui comme nous
allons le voir n’est pas toujours le cas. Sur une pièce de colectomie pour cancer sur RCH une DBG est
retrouvée dans 29 à 54% des cas et une DHG dans 42 à 67% des cas. A l’inverse au moment du
diagnostic de DBG, près de 20% des malades peuvent être porteurs d’un cancer et ce pourcentage
atteint 45% en cas de DHG. Ce pourcentage passe à 70% quand la dysplasie est associée à un aspect
endoscopique anormal de la muqueuse colique. L’histoire naturelle de la dysplasie n’est pas connue à
l‘échelon individuel, mais des observations isolées montrent que la séquence dysplasie de bas grade
puis de haut grade avant l’apparition du cancer n’est pas automatique. Dans un travail récent portant
sur une cohorte de RCH avec DBG suivi pendant 10 ans, le nombre de malade ayant évolué vers une
DHG ou vers un cancer était de 10 et 4% respectivement. La courbe de survie n’était pas
significativement différente dans les deux groupes. Aucune caractéristique clinique ne permettait de
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prédire chez ces malades la progression vers un cancer, et ceci indépendamment du caractère
unifocale ou multifocale de la dysplasie. Par ailleurs des cas de cancers peuvent apparaître alors qu’à
aucun moment une DHG n’a été mise en évidence aux différents contrôles. Une importante méta
analyse très récente confirme la valeur pronostic de la DBG. Dans ce travail qui a sélectionné 20
publications, 508 malades (sur 2677 RCH) avec DBG (477 avec DBG en muqueuse plane et 31 en
présence d’une Dysplasia Associated Lesions or Masses ou DALM) ont été retenus pour l’analyse.
L’ancienneté de la RCH avant l’entrée dans le
programme de surveillance était de 12 ans. La médiane d’ancienneté de la RCH au moment du
diagnostic de DBG était de 17 ans (11-23). Les malades ont eu 3,6 coloscopies (médiane : 1,5-8,4)
pendant en moyenne 12 ans avec une médiane de18 biopsies (9-24) à chaque coloscopie. 73 lésions «
avancées » ont été détectées durant la surveillance des patients porteurs d’une DBG : 47 dysplasies de
haut grade, 18 CRC et 8 DALM. Le risque relatif de CRC était 9 fois plus élevé et celui d’une lésion «
avancée » 12 fois plus élevé chez les malades avec DBG. En analyse multivariée seul le nombre de
biopsies prélevées avait une influence sur le taux d’incidence des lésions avancées. Ces données
inciteraient donc à proposer une coloprotectomie à tout malade chez lequel une DBG a été
diagnostiquée. La répartition uni ou multifocale focale de la dysplasie sur le colon complique encore le
problème. La recherche d’une dysplasie sur les pièces de colectomie pour cancer démontre que la
répartition de celle-ci est inhomogène, répartie de façon inégale tout le long du colon, expliquant la
négativité possible des biopsies. Pour être efficace il est nécessaire de faire des biopsies multiples. Il
faut réaliser 33 biopsies endoscopiques pour obtenir une sensibilité de 90% et 64 pour arriver à 95%.
Chez les malades avec cancer un minimum de 18 biopsies est nécessaire pour avoir 95% de chance
de détecter une dysplasie quelque soit le grade. Un accord s’est ainsi établi sur la nécessité de réaliser
sur une muqueuse d’aspect normal 4 biopsies par segment anatomique ou par segment de 10 cm mis
dans des pots séparés du caecum au colon descendant et tous les 5 cm au niveau du colon gauche
(Figure 2, ECCO Statement 9D : Surveillance colonoscopy may permit earlier detection of CRC, with a
corresponding improved prognosis (EL3, RG B). Unequivocal evidence that surveillance colonoscopy
prolongs survival in patients with UC is lacking (EL3, RG B)). En effet, plusieurs études ont montré que
le cancer compliquant la RCH siégeait dans plus de 50% des cas à ce niveau. Toute anomalie du relief
doit également être biopsiée. Avec ce type de protocole une moyenne de 40 à 60 biopsies sont
effectuées par malade ce qui allonge le temps de l’endoscopie de 1 h à 1h30.
I-3-4 Diagnostic endoscopique
La dysplasie est parfois trouvée sur des lésions visibles en endoscopie conventionnelle sous forme de
lésions polypoïdes ou surélévées. Ces lésions constituent un groupe très hétérogène comprenant des
DALM (dysplasia associated lesion or mass), des lésions ressemblant à des adénomes sporadiques
ALMs (adenoma-like lesion sporadic) et des adénomes sporadiques (Figure 2). Les deux premières
lésions siègent toujours sur le colon touché par la colite alors que l’adénome sporadique siège en
dehors de l’atteinte inflammatoire colique. Ces lésions polypoides dysplasiques doivent être
différenciées des pseudo polypes inflammatoires et des polypes hyperplasiques qui peuvent survenir
au cours des MICI. Les DALM siègent dans une zone préalablement atteinte par la colite ; ce sont des
lésions dysplasiques développées sur une muqueuse inflammatoire et dysplasique. L’aspect
endoscopique est évocateur lorsqu’elles sont sessiles ou nodulaires, étendues en plaque, larges aux
limites irrégulières, de consistance dure pouvant contenir des zones ulcérées ou hémorragiques. Elles
peuvent cependant avoir un aspect de lésions sessiles plus discrètes ou d‘une lésion polypoïde unique
posant un problème diagnostic différentiel endoscopique avec un pseudo-polype inflammatoire et
surtout un adénome sporadique en dysplasie. Les DALM correspondent d’un point de vue
microscopique à des lésions étendues de dysplasie muqueuse le plus souvent de haut grade.
L’architecture est hétérogène fréquemment tubulo-villeuse ou villeuse et présente une intrication de
glandes adénomateuses et de glandes normales, associée à un inflltrat inflammatoire (Figure 4). La
mise en évidence d’une dysplasie sur la lésion, mais également à proximité d’elle permetra de la
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rattacher à une DALM et de la distinguer d’un polype sporadique en dysplasie. Il est donc important de
réaliser des biopsies tant des zones surélevées que de la muqueuse de voisinage. Le risque élevé de
CRC en cas de DALM implique la réalisation d’une colectomie. Dans une étude portant sur 1225 RCH,
lorsqu’une DALM était trouvée à la coloscopie, un cancer synchrone existait sur la pièce de colectomie
chez 43% des malades quelque soit le degré de dysplasie. Les ALMs sont habituellement des lésions
bien circonscrites, souvent de petites tailles, parfois sessiles ou pédiculées développées également
dans des zones atteintes par la MICI sous-jacente, parfois difficile à repérer en endoscopie d’autant
plus qu’elles peuvent siéger au milieu de pseudo polypes. Ils simulent des adénomes sporadiques,
même en ce qui concerne certaines caractéristiques moléculaires. Ils apparaissent toutefois le plus
souvent dans le décours d’une maladie de longue durée et doivent être distingués des adénomes
sporadiques qui eux se développent dans des zones de muqueuse colique saine. Notons que d’un
point de vue histologique, les ALMs comme les adénomes sporadiques ont un aspect homogène de
type adénomateux (Figure 5) à l’opposé des DALM qui ont comme nous l’avons vu une architecture
plus hétérogène. Le tableau VI résume les principales différences entre les DALM et les ALMs mais il
faut bien remarquer qu’aucun de ces éléments n’a à lui seul une bonne sensibilité et une bonne
spécificité. Le traitement des ALMs est discuté. Plusieurs études suggèrent que le traitement peut se
limiter à une résection endoscopique complète du polype à la condition impérative qu’il n’y ait pas de
dysplasie au pourtour et/ou à distance du polype. Dans le cas contraire, il faut considérer la lésion
comme une DALM et pratiquer une coloprotectomie. Dans une étude récente, 24 RCH avec ALMs et
10 RCH avec adénome situé à distance du colon malade ont été surveillées après polypectomie
endoscopique 42 mois et 41 mois respectivement. Dans le premier groupe, 58% des patients ont
récidivé un nouvel ALMs, pourcentage comparable à celui observé dans le groupe contrôle de polype
sporadique sans RCH. Seul 1 patient a développé une DBG et aucun cas de CRC n’a été observé.
Dans le second groupe, un adénome a récidivé dans 50% des cas, et aucun cas de dysplasie ou de
cancer n’a été observé. Les mêmes auteurs viennent très récemment de réévaluer le suivi à plus long
terme (82 mois et 72 mois respectivement) de ces deux groupes et confirment les données
précédentes. Dans le groupe ALMs un cas de DBG et un cas de CRC ont été observés respectivement
6 mois et 7,5 ans après la polypectomie initiale. Il est intéressant de noter que le patient avec CRC était
porteur d’une CSP. Aucun cas de dysplasie et de CRC n’a été observé dans le second groupe. La
conférence de consensus recommande une polypectomie endoscopique à condition qu’il n’y ait pas de
dysplasie autour du polype ou sur un segment quelconque du colon. Il est utile de tatouer la zone de
résection. Après polypectomie une nouvelle endoscopie devra être réalisée à 3 et 6 mois suivie d’une
surveillance régulière à condition qu’il n’y ait toujours pas de dysplasie. Le dernier type de lésion
polypoïde décélable par la coloscopie est l’adénome développé sur une muqueuse colique normale non
touchée antérieurement ou actuellement par la colite. Dans ce cas le problème est plus simple, le
traitement et le suivi sont ceux de l’adénome sporadique. Enfin la dysplasie en muqueuse plane, la plus
fréquente, est très difficile à reconnaître en endoscopie. L’oeil est parfois attiré par des petites
modifications macroscopiques: plages décolorées, plaques érythémateuses planes ou à peine
surélevées, muqueuse un peu épaisse, aspect granuleux ou finement nodulaire. Mais dans près de
28% des cas la dysplasie n’a aucune traduction visible à l’endoscopie conventionnelle. Elle est alors
décelée par hasard sur les biopsies systématiques réalisées selon le protocole de surveillance vu
précédemment.
I-3-5 Optimalisation du dépistage endoscopique.
Cette difficulté à mettre en évidence la dysplasie en muqueuse plane a conduit au développement de
techniques endoscopiques dont l’objectif est de révéler à l’oeil les discrètes anomalies de relief
permettant de diriger plus éfficacement les biopsies. Ainsi, la chromo-endoscopique à l’aide d’une
coloration par le bleu de méthylène (0,1%) ou l’indigo carmin permet de révéler des lésions discrètes,
planes ou légèrement surélevées où se porteront les biopsies. (ECCO Statement 9H: Random
biopsies (4 every 10 cm) and targeted biopsies of any lesion should be performed during surveillance
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colonoscopy (EL2b, RG B). Methylene blue or indigo carmine chromoendoscopy is an alternative to
random biopsies for appropriately trained endoscopists and is superor to random biopsies in the
detection rate of neoplasic lesions (EL1b, RG B)). Dans une étude randomisée portant sur 165 RCH la
chromo-endoscopie à l’aide du bleu de méthylène a détecté 3 fois plus de cancers et 4 fois plus de
dysplasie que l’endocopie conventionnelle. La chromo-endoscopie a une sensibilité et une spécificité
de 93% pour le diagnostic de dysplasie. Cependant, l’utilisation de la chromo-endoscopie ne doit pas
dispenser la réalisation de biopsies systématiques dont la rentabilité reste parfois élevée dans des
séries récentes de chromo-endoscopie.
Des nouvelles techniques sont venues plus récemment enrichir l’arsenal de l’endoscopie diagnostique.
Il s’agit principalement de l’endoscopie avec NBI (Narrow Band Imaging) et de la micro-endoscopie
confocale qui peut être associée à la chromo-endoscopie. Dans une étude très récente prospective,
randomisée en cross over, comparant le NBI à la chromo-endoscopie, le NBI a permis de détecter plus
de lésions suspectes que la chromo-endoscopie mais le nombre de faux positifs était significativement
plus élevé dans le groupe NBI. Il est intéressant de noter que les durées d’examen étaient
sensiblement identiques avec les 2 techniques (environ 50 mn). Les performances de la
microendoscopie confocale qui permet de réaliser une véritable histologie in vivo de la muqueuse sont
plus encourageantes. Elle a
permis de détecter 4,75 fois plus de lésions néoplasiques que l’endoscopie standard avec 2 fois moins
de biopsies réalisées. Les performances diagnostiques sont encore améliorées quand l’endoscopie
confocale est associée à la chromo-endoscopie. Une étude très récente a montré que ses
performances étaient supérieures à l’endocopie confocale seule avec 2,5 fois plus de lésions
détectées. En définitive, on peut espérer que les nouvelles techniques permettant de mieux cibler les
zones à biopsier et celles permettant de prédire l’histologie faciliteront la prise en charge de ces
malades (Tableau VII). La plupart de ces méthodes doivent cependant encore être validées par des
études prospectives et nécessitent un matériel et un apprentissage spécifique. Enfin, leur faisabilité en
pratique clinique de masse reste à démontrer.
I-3-6 Biologie moléculaire et dépistage du risque de cancer.
Nous avons jusqu’ici envisagé un programme de dépistage basé sur la recherche d’une dysplasie
comme précurseur du cancer. La recherche d’autres marqueurs et notamment moléculaires
susceptibles d’améliorer les performances diagnostiques sont à l’étude. L’utilité de ces marqueurs
moléculaires reste à valider et doit faire l’objet d’investigations complémentaires.
I-3-7 Cas particulier des sténoses coliques
La présence d’une sténose colique peut traduire la présence d’un cancer à développement
soumuqueux, échappant ainsi à l’endoscopie. Un cancer est trouvé dans 20 à 40% des sténoses au
cours des RCH, surtout si elles sont ulcérées et situées en amont de l’angle colique gauche. La
colectomie doit être discutée même si les biopsies ou les brossages sont négatifs.
I-4 Dépistage, surveillance et recommandations
Il n’y actuellement pas de stratégie de surveillance clairement établie au niveau internationale. Les
recommandations peuvent varier d’un pays à l’autre et au sein d’un même pays d’une société
scientifique à une autre. Les recommandations de la SFED (septembre 2004) préconisent une
surveillance à partir de 8 ans d’évolution pour une pancolite et 15 ans pour une colite gauche selon le
rythme suivant : tous les 3 ans de 10 à 20 ans, tous les 2 ans de 20 à 30 ans puis tous les ans après 30
ans d’évolution. Le rythme de
surveillance doit être rapproché en cas de CSP associée ou d’antécédent familial de CRC. La
conférence de consensus qui s’est tenue à New York en octobre 2004 en présence d’un panel
d’experts internationaux recommande une surveillance plus rapprochée des pancolites et plus précoce
des colites
Auteurs : Harry SOKOL
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Cours n°16
gauches. Les recommandations européennes de l’ECCO publiées en 2008 sont reprises ci-dessous.
Coloscopie initiale ou de dépistage
Une coloscopie initiale ou de dépistage sera réalisée 8 à 10 ans après le début des symptômes aussi
bien dans les pancolites que dans les colites gauches. Au cours de cette coloscopie l’étendue de la
maladie doit être réévaluée et au besoin modifiée si l’extension est significative (ECCO statement 9E:
Screening coloscopy should be offered 8-10 years after the onset of UC symptoms to all patients to
ressess disease extent (EL5, RG D))
Coloscopie de surveillance (Figure 6)
Dans les pancolites la coloscopie de surveillance après celle de dépistage sera refaite tous les 2 ans
jusqu’à 20 ans d’évolution, puis ensuite annuellement. Dans les colites gauches la coloscopie de
surveillance sera faite à partir de 15 ans d’évolution. La surveillance n’est pas nécessaire dans les
proctites (ECCO Statement 9F: In extensive colitis, surveillance should start after screening
colonscopy and be performed every other year up to year 20 of disease, then annually (EL2, RG B).
Surveillance should start 15 years after onset of disease in left-sided or distal UC. Proctitis does not
require further surveillance (EL2, RG B)).
Chez les patients avec cholangite sclérosante, la surveillance sera plus rapprochée, annuelle dès le
diagnostic le CSP fait (ECCO Statement 9G: If primary sclerosing cholangitis (PSC) is associated to
UC, surveillance should be performed annually from the time of PSC diagnosis (EL3, RG B))
Recommandations en cas de dysplasie sur muqueuse plane
La coloscopie a pour but essentiel de dépister l’existence d’une dysplasie. Elle doit être confirmé par un
anatomopathologiste indépendant (ECCO Statement 9I: A finding of dysplasia should be confirmed by
an independent pathologist (EL2, RG B)).
Dans la dysplasie incertaine, si le diagnostic est confirmé par un anatomopathologiste expérimenté, la
coloscopie de surveillance suivante sera faite dans les 3 à 6 mois. Il est recommandé d’intensifier dans
l’intervalle le traitement de la RCH. En cas de disparition, la surveillance habituelle est reprise. Si une
DBG apparaît l’attitude préconisée reste controversée en sachant que 20 à 30% de ces patients
peuvent évoluer vers une DHG, une DALM ou un cancer. Dans la DHG sur muqueuse plane et à
forciori en cas de découverte d’un adénocarcinome la coloprotectomie est indiquée. Dans la DBG sur
muqueuse plane, si le diagnostic est confirmé par un deuxième anatomopathologiste, la conduite reste
discutée, comme nous l’avons vu et on a le choix entre une surveillance rapprochée avec une nouvelle
série de biopsies dans les 3 à 6 mois ou une coloproctétomie (ECCO Statement 9J: High grade
dysplasia in flat mucosa and adenocarcinoma are indication for proctocolectomy (EL2, RG B). A patient
with low-grade dysplasia in flat mucosa should be offered proctocolectomy or repeat surveillance
biopsies within 3-6 months (EL2, RG B)). La chirurgie semble d’autant plus justifiée que dans une métaanalyse récente le risque de cancer est 9 fois plus élevé en cas de DBG. Dans ce cas il faudra informer
le malade des complications possibles de la chirurgie : infertilité chez la femme, sténose anale,
incontinence, cuffite et pochite.
Recommandations en cas de dysplasie sur lésions en relief
Une coloprotectomie sera proposée en cas d’une DALM en raison de la présence fréquente d’un CRC
synchrone. En cas d’ALMs en zone inflammatoire une polypectomie endoscopique pourra être
proposée à condition qu’il n’y ait pas de dysplasie autour du polype ou sur un segment quelconque du
colon. Si la lésion ne ressemble pas typiquement à un adénome, ou n’est pas résequable ou s’associe
à une dysplasie de la muqueuse adjacente et faut la considérer comme une DALM et une colectomie
est indiquée en raison du risque élevé de CRC concomitant. Après la polypectomie une nouvelle
coloscopie sera réalisée 3 et 6 mois plus tard suivi d’une surveillance régulière à condition qu’il n’y ait
toujours pas de dysplasie (ECCO Statement 9K:A raised lesion with dysplasia should be completely
Auteurs : Harry SOKOL
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Cours n°16
resected. In the absence of dysplasia in the flat surrounding mucosa, meticulous endoscopic
surveillance should be proposed (EL2b, RG B). If endoscopic resection is not possible or if dysplasia is
found in the surrounding flat mucosa, protocolectomy should be recommended (EL2b, RG B)). Lorsque
l’adénome siège en dehors de l’atteinte inflammatoire macroscopique et histologique, le traitement et le
suivi sont ceux de l’adénome sporadique.
I-5 Efficacité d’un programme de surveillance coloscopique
Il est difficile de prouver, en l’absence d’études contrôlées et randomisées, un bénéfice du dépistage
des CRC au cours de la RCH. De telles études sont impossibles à envisager pour des raisons éthiques.
Malgré des résultats contradictoires, certains travaux indiquent cependant une diminution de la
mortalité par CRC chez les malades ayant une surveillance régulière. Trois études rétrospectives ont
montré un gain de survie à 5 ans plus élevé chez les malades ayant fait l’objet d’un programme de
surveillance. Les taux de survie étaient de 87%, 88,2% et 77,2% comparés à 55%, 15% et 36,6%
respectivement des patients non suivis. Une large série portant sur 2050 malades avec RCH suivis
entre 1974 et 1991 a de plus montré qu’un programme de surveillance permettait de découvrir le CRC
à un stade plus
précoce (stade Dukes A et B) chez 80% des malades contre 41% pour des RCH n’ayant pas été
surveillées. Une étude de simulation, bien que critiquable par certains aspects méthodologiques, a
calculé et comparé chez un patient de 30 ans avec une pancolite évoluant depuis plus de 10 ans
plusieurs stratégies de surveillance. Si l’on comparait l’anastomose iléo-anale (AIA) vs une surveillance
annuelle et une colectomie en cas de dysplasie, l’espérance de vie augmentait de 1,5 mois. Celle-ci
augmentait de 13,5 mois si on comparait AIA vs pas de surveillance et de 12 mois si on comparait
surveillance vs pas de surveillance. En pratique peu de malades sont inclus dans un programme
rigoureux de surveillance qui reste lourd et coûteux. La suppression du risque par colectomie précoce
incite à proposer la chirurgie si le risque est élevé en particulier si il s’agit d’un sujet jeune avec
pancolite ancienne associée à une CSP, si la surveillance endoscopique est refusée par le malade ou
difficile (tapis de pseudo-polypes, sténose) et surtout en cas de poussées sévères et fréquentes,
répondant mal aux traitements.
L’évaluation du rapport coût/bénéfice, comme l’efficacité du dépistage ne sont pas bien établie
notamment en raison de l’absence d’études contrôlées. Dans une étude américaine portant sur une
cohorte théorique de 10.000 malades le coût/bénéfice calculé d’une surveillance annuelle par
coloscopie était de 247,200$ par année de vie sauvée. Ce chiffre se situe dans les zones élevées de
coût/bénéfice d’un programme de dépistage, comparables par exemple à celui observé pour le
dépistage du cancer du col utérin tous les 3 ans (250,000 $). Dans un autre travail le coût d’une
coloscopie tous les deux ans a été estimé à 71,000 $ par cancer détecté. Ce coût est beaucoup plus
élevé que celui observé pour le dépistage des lésions précancéreuses de
l’oesophage, de l’estomac et du colon. Il est comparable à celui d’une endoscopie annuelle dans
l’oesophage de Barrett et d’une coloscopie tous les 5 ans dans la population générale.
I-6 Réservoir iléo anal et risque de cancer
La coloprotectomie avec confection d’un réservoir et d’une anastomose iléo-anale est l’intervention de
choix de la RCH. Cette intervention met théoriquement à l’abri du risque de cancer. Cette affirmation
doit cependant être nuancée car des cas de dysplasie ou d’aneuploïdie et deux cas de cancer du
réservoir ont été rapportés. La tendance actuelle de ne pas faire de mucosectomie totale pour
améliorer la continence anale laisse en place de la muqueuse colique qui expose à un risque de
cancer.
II CANCER DE L’INTESTIN GRELE
Auteurs : Harry SOKOL
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Cours n°16
L’incidence du cancer de l’intestin grêle chez les patients atteints de MC est faible ; mais comme ce
cancer est très rare dans la population générale appariée pour l’âge, le risque relatif est augmenté. Le
risque relatif dans la méta-analyse regroupant les 6 études de population était de 27,1 (95% IC 14,949,2). Le risque était multiplié par 40 dans la série d’Olmsted. La fréquence serait plus élevée au
niveau d’anses intestinales exclues, peut-être à cause de la colonisation bactérienne. Le délai médian
de survenu d’un cancer de l’intestin grêle (le plus souvent localisé au niveau de l’iléon terminal) était de
20 ans dans deux séries nord-américaines. Le risque de cancer de l’intestin grêle est trop faible en
valeur absolue pour justifier des recommandations générales de surveillance. Cependant une
entéroscopie pourrait être justifiée chez des patients sélectionnés (atteinte iléale de très longue durée
d’évolution).Les dérivés du 5 ASA pourrait avoir un rôle protecteur dans la survenue du cancer comme
l’a récemment montré un travail du GETAID. Dans cette étude cas (29 maladie de Crohn avec
adénocarcinome du grêle) contrôle (87 maladies de Crohn) la durée médiane d’évolution de la maladie
de Crohn avant le diagnostic d’adénocarcinome était de 11 ans. Deux facteurs protecteurs ont été
identifiés : l’antécédent de résection intestinale et la prise de 5 ASA depuis plus de 2 ans.
II CANCER EXTRA-DIGESTIFS
II-1 Lymphomes
Une augmentation du risque de lymphome au cours des MICI est suspectée depuis de nombreuses
années. Plusieurs études en population, dont l’etude française Cesame ont permis de confirmer cela en
montrant que les patients atteints de MICI et traités par thiopurine avaient un risque de lymphome
augmenté d’un facteur 3 à 5. L’expérience des complications liée à l’immunosuppression dans le
contexte de la post-transplantation fait suggérer depuis longtemps déjà que les traitements
immunosuppresseurs donnés au cours des MICI pourraient augmenter. La plupart des cas de
lymphomes sous thiopurines chez les patients atteints de MICI sont associé à EBV. L’inflammation
intestinale au cours de la MICI joue aussi tres probablement un rôle car les lymphomes ont très souvent
une localisation digestive et dans ce cas ils touchent presque exclusivement des segments atteints par
la MICI. Il est important de noter que l’effet des thiopurines sur l’augmentation du risque de lymphome
ne persiste pas après l’arrêt du traitement immunosuppresseur. D’autre part, ce surrisque de lymphome
lié aux thiopurines augmente avec l’âge.
Les jeunes (<35 ans) hommes séronégatifs pour EBV traités par thiopurines sont à risque de
développer, en cas d’infection par EBV, une forme fatale de lymphoprolifération. Ce risque est faible
(estimé à 1/500 chez les jeunes hommes séronégatifs pour EBV) mais doit être pris en compte au
moment de la discussion d’un traitement immunosuppresseur et faire envisager un traitement par antiTNFa en monothérapie. Un autre type particulier de lymphome a récemment fait beaucoup parlé de lui
au cours des MICI, il s’agit du lymphome T hépatosplénique. Ce lymphome survient essentiellement
chez les sujets jeunes (<35 ans) traités par l’association anti-TNFa/thiopurine. Bien que cette
pathologie soit fatale dans la grande majorité des cas, son incidence est très faible.
Il n’existe pas à l’heure actuelle de moyen de dépistage des lymphomes et seules des mesures de bon
sens peuvent être recommandées. Chez un patient traité par thiopurine, une fièvre inexpliquée,
l’apparition d’adénopathie, d’une hépatomégalie, d’une splénomégalie ou d’un syndrome d’activation
macrophagique doit faire rechercher une lymphoprolifération (particulièrement induite par l’EBV).
II-2 Cancer cutanés non mélanomateux (CCNM)
Il existe un lien maintenant clair entre MICI, thiopurines et CCNM. Trois études récentes, dont celle
tirée de l’étude Cesame, ont montrée que l’exposition aux thiopurines augmentait d’un facteur 4 à 6 le
risque de CCNM. Ce risque concerne aussi bien les carcinomes basocellulaires que spinocellulaires,
mais la proportion de carcinomes spinocellulaires est plus élevée chez les patients atteints de MICI
sous thiopurines que dans la population générale. Il est connu depuis longtemps que les thiopurines
Auteurs : Harry SOKOL
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Cours n°16
augmentent les lésions de l’ADN induites par les UVA, mais d’autres mécanismes sont également
envisagés comme la mutation de certains gènes suppresseurs de tumeur. Par opposition au risque de
lymphome qui est réversible à l’arrêt des thiopurines, le risque de CCNM persiste même après l’arrêt du
traitement immunosuppresseur. Ce point est très important car il signifie qu’une protection solaire est
indiquée sous traitement par thiopurines, mais aussi après son arrêt.
II-3 Autres Cancers
Le rôle des immunosuppresseurs sur le risque de cancer du col de l’uterus (lié à HPV) n’a pas été
clairement établi au cours des MICI, mais il semble légitime de conseiller un dépistage annuel chez les
femmes traitées par immunosuppresseurs (comme chez les femmes immunodéprimés). La vaccination
anti-HPV pourrait aussi être recommandée avant l’initiation d’un traitement immunosuppresseur.
Le lien entre HPV et cancer de l’anus doit aussi être évoqué. D’autre part, le cancer de l’anus pose un
problème spécifique au cours de la MC. La chronicité des lésions expose à un risque de cancer
épidermoïde de l’anus ou d’adénocarcinome de la jonction anorectale. L’apparition d’une ulcération
inhabituelle, d’une sténose anorectale ou d’une induration d’un trajet fistuleux doit faire craindre le
développement d’un cancer.
Une augmentation modérée du risque d’autres cancers au cours des MICI est également suggéré par
certains travaux, et notamment des cancers des voies urinaires et de leucémies.
Enfin, le risque de cancer du poumon est augmenté chez les patients atteints de MC, du fait de
l’exposition au tabac.
III CONCLUSION
Le risque de cancer colorectal est clairement augmenté aussi bien dans la RCH que dans la MC. Ceci
est particulièrement bien établi dans les sous groupes de patients avec pancolite d’évolution prolongée,
dans les RCH associées à une CSP et en cas d’antécédent familial de CRC. La surveillance repose sur
l’endoscopie avec biopsies multiples dont l’objectif essentiel est la recherche de lésions
macroscopiques et de lésions microscopiques de dysplasie. Un programme de surveillance optimale
reste cependant à définir. Les progrès de la biologie moléculaire et des nouvelles techniques
d’endoscopie devraient représenter un pas supplémentaire vers une optimalisation du programme de
surveillance.
En dehors du CRC, il est maintenant clairement établi que le risque de lymphomes (particulièrement
digestifs) et de cancers cutanés non mélanomateux est augmenté chez les patients traité par
thiopurines. A l’arrêt des thiopurines l’effet est réversible dans le cas du risque de lymphome mais
persiste dans le cas des CCNM.
L’effet des autres traitements et en particulier des anti-TNFα et du methotrexate au cours des MICI
n’est pas clairement établi mais semble faible si il existe.
Auteurs : Harry SOKOL
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Cours n°16
Synthèse
-Le risque de CRC dans les MICI est réel. Il est source d’anxiété aussi bien chez les malades que chez
les médecins qui ont en charge ces malades.
-La base du dépistage et de la surveillance repose sur la recherche d’une dysplasie.
-L’evidence-based médecine confirme l’existence d’un risque significativement élevé de CRC chez les
patients porteurs d’une pancolite de RCH, et à un moindre degré de colite gauche.
-Le risque s’accroît aussi avec la durée d’évolution de la maladie, l’existence d’une cholangite
sclérosante primitive associée et la notion d’une hérédité familiale de CRC.
-Le dépistage repose sur la coloscopie avec un protocole rigoureux de 4 biopsies par segment
anatomique ou par segment de 10 cm du caecum jusqu’au rectum. Tout aspect anormal de la
muqueuse colique doit faire l’objet de biopsies supplémentaires.
-Le programme de surveillance endoscopique doit débuter dès la 8 ème année d’évolution en cas de
pancolite.
- Le programme de surveillance endoscopique doit débuter dès le diagnostic de MICI en cas de CSP
associée
-Lorsqu’une dysplasie est diagnostiquée, une confirmation doit être obtenue par un deuxième
pathologiste expérimenté. Si la dysplasie est confirmée une colectomie prophylactique doit être
envisagée quelque soit le grade de celle-ci.
-Le risque élevé de CRC en cas d’une DALM implique la réalisation d’une colectomie car dans 40% des
cas un cancer colique est associé et ceci quelque soit le grade de la dysplasie.
-Le traitement des adénomes en zones inflammatoires sans dysplasie associée (ALMs ou adenome
like sporadic) est plus discuté. Une polypectomie endoscopique peut être envisagée à condition qu’il n’y
ait pas de dysplasie suivie d’une nouvelle coloscopie à 3 et 6 mois.
-La sténose colique des RCH est une indication à une colectomie non seulement lorsqu’elle est
symptomatique mais aussi en raison du risque élevé de cancer même si les biopsies ou les brossages
sont négatifs.
-La coloprotectomie avec confection d’un réservoir et d’une anastomose iléo-anale ne supprime pas
définitivement le risque de cancer surtout si la mucosectomie n’est pas totale.
-Dans la MC colique, il est actuellement clairement établi que le risque de cancer colique est identique
à celui observé dans la RCH.
-La chronicité des localisations anorectales expose à un risque de cancer épidermoïde de l’anus ou
d’un adénocarcinome de la jonction anorectale.
- Au cours de la MC, l’atteint iléale de très longue durée d’évolution accroît le risque de cancer de
l’intestin grêle, le plus souvent localisé au niveau de l’iléon terminal. Il n’existe cependant pas de
recommandations générales de surveillance.
-Les dérivés salicylés ont un rôle dans la chémoprévention du CRC.
- Le risque de lymphomes (particulièrement digestifs) et de cancers cutanés non mélanomateux est
augmenté chez les patients traité par thiopurines.
- A l’arrêt des thiopurines l’effet est réversible dans le cas du risque de lymphome mais persiste dans le
cas des CCNM.
Auteurs : Harry SOKOL
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Cours n°16
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10. Beaugerie L. Inflammatory bowel disease therapies and cancer risk: where are we and where are
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Cours n°16
Tableau I : Principaux facteurs de risque de CRC* dans RCH**
Etendue de la maladie
Ancienneté maladie > 10 ans
Facteurs majeurs
Antécédent familial de CRC
cholangite sclérosante primitive
Age au diagnostic
Sévérité inflammation endoscopique et histologique
Facteurs mineurs ou discutés
Pseudo-polypes
Hyperhomocystéinémie et carence en folates
Ileite de reflux
*CRC : cancer colorectal **RCH : rectocolite hémorragique ***RR : Risque relatif
Tableau II : Principaux facteurs protecteurs de CRC* dans la RCH**
Salazosulfapyridine
Facteurs majeurs
5 aminosalicylates
Acide ursodésoxycholique (RCH + CSP***)
Folates
Facteurs mineurs ou discutés
Tabac
Protectomie
*CRC : cancer colorectal **RCH : rectocolite hémorragique ***CSP : cholangite sclérosante primitive
Tableau III : Facteurs de bonne et mauvaise compliance au traitement par 5 ASA
Mauvaise compliance
Bonne compliance
Homme
Marié (e)
Age jeune
Endoscopie tous les 2 ans
Emploi plein temps
Niveau étude élevé
Mauvaise perception bénéfice traitement
Colite limitée au colon gauche
Prise de plus de 4 médicaments
3 prises quotidiennes
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Cours n°16
Tableau IV : Principales différences entre CRC sur RCH et CRC sporadique
CRC sur RCH
CRC sporadique
Age survenu cancer
jeune (30 ans)
âgé (60 ans)
Dysplasie
muqueuse plane et masse
adénome
Cancer multiple
12-15%
<5%
Siège
proximal et distal
distal
Type histologique : mucineux
indifférencié
fréquent
rare
fréquent
rare
Cancer invasif
Taux survie à 5 ans
+++
± 55%
+
± 55%
Tableau V: Classification de la dysplasie au cours des colites inflammatoires
Muqueuse normale
Colite quiescente
Muqueuse non dysplasique
Colite active avec signes de réparation
Probablement non dysplasique, inflammatoire
Muqueuse « peut être dysplasique »
Impossible à classer
Probablement dysplasique
Bas grade
Muqueuse dysplasique
Haut grade
Tableau VI: Principales différences entre ALMs et DALM
Caractéristiques
ALMs
Age
>50 ans
Etendue de la colite
Activité de la maladie
Durée d’évolution
Siège du polype
Dysplasie en muqueuse plane
Inflammation du chorion
Architecture villeuse
Mélange zones dysplasiques et
non dysplasiques à la surface
du polype
Perte d’hétérozygotie
Chromosome 3p (VHL)
Gène p16
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DALMs
<50 ans
Habituellement subtotale
active ou inactive
< 10 ans
Zone atteinte par maladie
(volontiers colon droit)
jamais
habituellement absente
habituellement absente
Habituellement totale
habituellement active
> 10 ans
Zone atteinte par maladie
(volontiers colon gauche)
occasionnellement
habituellement présente
habituellement présente
habituellement absent
habituellement présent
rare
rare
fréquente
fréquente
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Cours n°16
Tableau VII : techniques en cours d’évaluation pour détecter les zones anormales et prédire l’histologie
Détection zones anormales
Chromoendoscopy
High resolution endoscopy
Narrow band imaging
Fluorescence imaging
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Prédiction histologie
Magnifying endoscopy
Fluorescence spectroscopy
Elastic scattering spectroscopy
Confocal laser endoscopy
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