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SEPTEMBRE 2009 - PHARMACEUTIQUES
et pour agir conjointement avec la
R&D sur son positionnement : études
de marché, rencontres avec les leaders
d’opinion (professionnels de santé, in-
dustriels, patients, payeurs…). Le but
est d’identifier les besoins médicaux
restés encore sans réponse, les perspec-
tives du marché, l’accès au marché, et
d’appréhender la concurrence. Ici, on
peut percevoir le développement très
important de métiers liés aux études
de marchés et aux études économi-
ques.
Communication indirecte
Pour ce qui est du marketing opé-
rationnel, les nouvelles technologies
(Internet, e-learning, e-detailling, etc.)
multiplient les services à proposer aux
médecins et pharmaciens. La commu-
nication indirecte vers le patient, deve-
nu acteur de sa santé, devient un atout
pour la commercialisation d’un pro-
duit. Internet y joue un rôle prépon-
dérant. Pour sa part, la force de vente
est repensée au travers de la Charte de
la visite médicale, visant un quadrilla-
ge terrain plus ciblé et parfois très en
amont du lancement du produit.
En termes de métiers, cela se traduit par
une montée en puissance des postes de
chargé de communication médicale,
médecin produit, médecin régional ou
encore chef de projet en santé publi-
que. Les services d’études Sales Forces
Effectivness (SFE) sont mis au cœur de
la stratégie terrain. Enfin, le métier de
chef de produit sort de son isolement
pour assurer pleinement l’interface de
ces différentes fonctions. Son rôle de-
vient davantage celui d’un chef de pro-
jet. C’est d’ailleurs cette fonction, si
plébiscitée par les étudiants, qui carac-
térise le mieux la mutation des modes
de management.
Formations :
ne pas rater le virage !
Les formations doivent impérative-
ment anticiper et participer à l’évo-
lution en cours. Les organisations
matricielles impactent directement
les compétences attendues des jeunes
diplômés. Les entreprises recherchent
une nouvelle forme de performan-
ce dans leur organisation : celle-ci
se mesure certes aux compétences
techniques, mais aussi aux capacités
relationnelles et à l’aptitude à s’ins-
crire dans des projets transversaux.
On assiste ainsi à un recentrage des
entreprises sur les individus et plus
seulement les produits.
L’enseignement classique doit ainsi
muter vers des méthodes pédagogiques
plus opérationnelles et transversales,
initiant les futurs cadres au manage-
ment de projet et les familiarisant aux
différents enjeux du secteur : enjeux
scientifiques, d’éthique, de santé publi-
que, de maîtrise des dépenses et enjeux
de management stratégique. Il s’agit de
donner aux étudiants les clés de com-
préhension de la mutation du secteur
pharmaceutique, pour ne pas la subir
et pour y participer pleinement.
Par ailleurs, le parcours professionnel
des futurs cadres va évoluer et se struc-
turer autour de trois axes forts : l’inter-
nationalisation, la maîtrise de plusieurs
segments de marché (biotech/produits
éthiques/OTC, génériques/biosimilai-
res, ville/hôpital), et le management de
projet. Les formations doivent donner
cette vision à 360° de l’industrie de
la santé : les étudiants doivent impri-
mer les tendances de l’environnement
avant de les exprimer dans leurs futures
fonctions. Les professionnels doivent
retrouver ici leur place dans l’enseigne-
ment et la transmission des expérien-
ces et des connaissances. C’est en tout
cas avec du recul et une réelle prise de
conscience vis-à-vis des échéances stra-
tégiques à venir que nos étudiants se-
ront en mesure d’être performants. n
Céline Soulas
Docteur en Economie