L'Allemagne est-elle si fascinante ? 4
► des artifices
■ Les réformes mises en place au début des années 2000 pour rendre le marché du
travail plus flexible ont fait passer plusieurs millions de chômeurs au statut de ”travailleurs
pauvres”, c'est-à-dire de personnes qui, tout en occupant un emploi, ont un niveau de
revenus situé sous le seuil de pauvreté. En 2011, 7 % des salariés étaient des travailleurs
pauvres, tendance en hausse14, 6,8 millions de travailleurs doivent se contenter de mini-
jobs à 400 euros par mois15. Faute de salaire minimum légal, environ deux millions de
personnes perçoivent un salaire inférieur à 6 euros de l'heure16.
■ Le chômage partiel (Kurzarbeit, travail réduit), invisible dans les statistiques, a été
généralisé. Selon Eurostat, il concernait, en 2010, 26,2 % des salariés allemands contre
17,8 % des salariés français. Il s’agit d’un programme public en vertu duquel un employeur
et son personnel, essentiellement pour des raisons économiques et pour une durée
maximale de 24 mois17, peuvent convenir de réduire la durée du travail et, de ce fait, le
salaire. Si un salarié perd 10% de son salaire, l’Etat verse un complément de revenu au
salarié affecté, moyennant un engagement de l’employeur de maintenir les emplois.
■ Le travail intérimaire explose : en dix ans, il a progressé de 130%, et, selon l'agence
pour l'emploi, entre juin 2010 et Juin 2011, il a augmenté de 13% concernant plus de
900 000 personnes18.
■ Le travail à temps partiel a augmenté de 40% entre 2000 et 2011 et concerne
actuellement 25% des salariés allemands19 contre 19% en moyenne dans l'Union
européenne20.
un avenir sombre
■ pour les jeunes qui faute de contrats assez longs et de salaires assez élevés ne peuvent
prétendre, en cas de licenciement, aux indemnités chômage et touchent juste l'aide
sociale.
■ pour les chômeurs longues durée : la réforme qui va entrer en vigueur en avril 2012
prévoie des mesures d'économie drastique21 et aggrave la réglementation des jobs à 1€
qui ne seront accordés qu'avec parcimonie, et dont les offreurs doivent prouver qu'ils sont
non seulement ”d'intérêt public” et ”additionnels”, mais qu'en plus qu'ils sont ”neutres sur le
plan de la concurrence”, ce qui inquiète les institutions sociales ou culturelles.
Pauvreté et inégalité sociale
Les plus touchés sont les chômeurs, les familles monoparentales et les seniors.
► D'après Eurostat, 70% des chômeurs allemands sont menacés de pauvreté, contre
45% dans l'ensemble de l'Union européenne22.
► Plus de 1,6 millions d'enfants en Allemagne vivent dans des familles pauvres. Certes, le
pourcentage a baissé de 1,5% par rapport à 2006, mais il s'élève encore à 15,1% en
14 http://www.boeckler.de/7033_33709.htm
15 http://www.minijob-zentrale.de/nn_10190/DE/5__Presse/Pressearchiv/2011/11__12__02.html
16 http://www.nrw.de/landesregierung/arbeitsminister-beim-betriebsraeteforum-der-igbce-in-haltern-11571/
17 Toutefois, ”en raison de la bonne conjoncture économique”, les entreprises en chômage technique à partir du 1er
janvier 2012, ne peuvent bénéficier de cette disposition que durant 6 mois
(http://www.arbeitsagentur.de/nn_25992/Navigation/zentral/Buerger/Arbeitslos/Arbeitslosigkeit-
droht/Kurzarbeit/Kurzarbeit-Nav.html).
18 http://www.spiegel.de/wirtschaft/soziales/0,1518,810307,00.html
19 http://www.diw.de/documents/publikationen/73/diw_01.c.387392.de/11-42-2.pdf
20 http://m.welt.de/article.do?id=%252Fwirtschaft%252Farticle13668540%252F26-Prozent-der-Deutschen-arbeiten-
Teilzeit
21 moins 2,2 milliards d'euros pour les chômeurs longue durée
22 http://www.fr-online.de/wirtschaft/erwerbslosigkeit-armutsrisiko-ist-in-deutschland-besonders-
hoch,1472780,11412280.html