Utilisation d`un appareil simple pour les scléroses en plaques

Ann. Kinésithér., 1984, t. 11, nO 9, pp. 371-375
©Masson, Paris, 1984 CONDUITE A TENIR DEVANT
Utilisation d'un appareil simple
pour les scléroses en plaques
monoplégiques
D. BERTHEZÈNE (1), B. LE GOFF (2), F. BARRAL (3)
(1) Moniteur-cadre en massokinésithérapie, Centre médical Germaine-Revel, Saint-maurice-sur-Dargoire, F 69440 Mornant.
(2) Masseur-kinésithérapeute, Centre des Massues, 92, rue E.-Locard, F 69005 Lyon.
(3) Applicateur, R. Lecante S.A., 270, rue Vendôme, F 69003 Lyon.
Les auteurs présentent une adaptation de
l'attelle RQF (Releveur -Quadriceps -Fes-
siers) en PIR (Psoas -Ischios -Releveur) pour
des malades atteints de sclérose en plaques.
L'indication est une atteinte d'un membre
inférieur avec une diminution de la force
musculaire et une spasticité peu importante.
L'appareil est constitué d'un corset en coutil
baleiné et d'un système de sangles élastiques.
Il est léger, facile àmettre, fabriqué rapide-
ment et peu onéreux. Autant d'arguments
favorables àson essai d'autant plus que son
efficacité, quand l'indication est bien posée, est
spectaculaire, permettant au malade de re-
monter lfne étape en arrière dans l'évolution
de sa màladie.
Introduction
L'appareillage des sclérosés en plaques doit
répondre àun critère principal : la légèreté,
imposée par l'insuffisance musculaire et la
fatigabilité.
L'appareil que nous proposons est dérivé
directement du RQF (Releveur - Quadriceps
- Fessier) dont une indication était naguère, la
poliomyélite antérieure aiguë. Nous l'avons
reconverti aujourd'hui àd'autres fins, en PIR
Tirés àpart: D. BERTHEZÈNE, àl'adresse ci-dessus.
(Psoas - Iliaque - Ischio - Jambier - Releveur).
Nous décrivons ici une application précise de
cet appareil à partir duquel beaucoup d'autres
utilisations semblent possibles. La facilité
d'adaptaiton, la légèreté et le faible coût des
matéraux utilisés, devraient permettre ces
recherches.
Indications
Elles sont restrictives et limitées àdes cas
particuliers. Nous ne l'avons essayé et prescrit
que chez des patients atteints de "sclérose en
plaques se traduisant cliniquement par :
a) Une parésie d'un membre inférieur (muscles
à1 ou 2 dans la cotation internationale), l'autre
membre inférieur ayant une force normale.
(Depuis un an que nous utilisons cet appareil,
sur 200 sclérosés en plaques différents que nous
avons traité, nous l'avons prescrit six fois. Les
indications, cependant, devraient être plus nom-
breuses grâce, d'une part àune prise en charge
plus précoce de ces malades en kinésithérapie,
et d'autre part, grâce à une rééducation plus
systématique des formes bénines de cette ma-
ladie qui représentent environ 30 % des malades
atteints.) (1)
La diminution de la force musculaire est
souvent observée au niveau des fléchisseurs de
hanche et de genou et des releveurs du pied. Elle
rend difficile le passage du pas. Lors de cette
séquence (de 45 % à 100% du cycle de marche),
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le recrutement musculaire intéresse particulière-
ment les muscles iliaque, Couturier, Droit
interne, Court Biceps, Long Biceps, Droit
Antérieur et Grand Adducteur au niveau de la
hanche et du genou, et au niveau de la cheville,
le Jambier Antérieur et les Extenseurs des
orteils (2). La déficience de certains d'entre eux
(Iliaque Couturier, Droit Interne par exemple)
nécessite une participation plus importante des
autres (Adducteurs). Ces derniers s'épuisent
rapidement rendant obligatoire une forte partici-
pation du carré des lombes homolatéral et des
abdominaux pour le passage du pas. Ce recrute-
ment musculaire limite le périmètre de marche
à cause de la fatigue engendrée, rend la
déambulation très inesthétique et nécessite l'uti-
lisation d'une canne simple du côté opposé.
b) Au niveau du membre inférieur parétique,
une spasticité peu ou pas importante, c'est-à-dire
n'entravant pas le travail de l'antagoniste dans
les amplitudes nécessaires à la marche (600 de
flexion du genou pied en position de référence
00).
Description et fabrication
L'appareil est composé de deux parties
un système de sangles élastiques,
- une ceinture pelvienne...
LE SYSTÈME DE SANGLES ÉLASTIQUES
Deux sangles élastiques s'attachent en bas sur
les parties latérales d'un fourreau élastique
entourant le métatarse mais laissant libre les
orteils (fig. 1).
Elles partent vers le haut et se croisent à la
partie antéro-inférieure de la jambe pour aller
FIG. 1FIG.2 FIG.3
1
~-,-
FIG. 1. - Le fourreau élastique pédieux avec les sangles jambières réglables.
FIG. 2. - La plaque élastique sous-poplitée où s'attachent les 2sangles jambières et les 2sangles crurales.
FIG. 3. - La sangle crurale antérieure et son attache réglable àla ceinture pelvienne.
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s'attacher derrière le tiers supérieur par'l'inter-
médiaire de dispositifs de réglage, sur la partie
inférieure d'une petite plaque de tissu élastique
(fig. 2).
Sur cette dernière, deux autres sangles partent
en haut et en avant pour se rejoindre à la partie
antéro-inférieure de la cuisse encadrant la rotule
qui demeure libre. Là, elles sont cousues sur une
sangle élastique qui monte verticalement pour
aller s'attacher avec la ceinture pelvienne (fig.
3).
CEINTURE PELVIENNE
Elle est en coutil baleiné et possède à sa partie
antéro-externe une boucle pour l'attache de la
sangle élastique crurale (fig. 4).
La ceinture peut varier de manière importante
dans sa hauteur et sa rigidité, en fonction du
tonus musculaire et de la morphologie du
patient. Elle sera donc quelquefois très haute
(20 cm) et bien baleinée. Elle doit être réglable
pour compenser d'éventuelles pertes de poids
(fig. 5).
Dans tous les cas, un «essayage »de
Ann. Kinésithér., 1984, t. 11, 9 373
l'appareil en cours de réalisation est nécessaire
pour que son adaptation, son action et son
esthétique soient optimales lors de la mise en
place. En effet, la traction exercée sur le membre
ainsi appareillé est toujours importante et tend
à désadapter l'ensemble(fig. 6).
MATÉRIAUX UTILISÉS
Les sangles élastiques sont. achetées telles
quelles dans le commerce. Leur longueur peut
être variable selon la morphologie du sujet. Le
critère de choix de leur largeur est d'éviter
«l'effet garrot ». Il suffit de les monter selon
le schéma de l'appareil.
La ceinture pelvienne est fabriquée sur me-
sures selon les techniques des lombostats en
coutil. Elle est très résistante. Le baleinage lui
évite de se rouler sur elle-même ou de se plisser.
Il peut être réduit au maximum.
DÉLAIS DE FABRICATION
Le temps de fabrication en atelier varie de 3
-'>
•••••••••••••• ..J F~
FIG.4 FIG. 5 FIG.6
FIG. 4. - Vue antérieure de la ceinture pelvienne.
FIG. 5. - Vue postérieure de la ceinture pelvienne.
FIG. 6. - Sur la plaquette (Pl) s'appliquent lesforces des sangles: Force crurale (Fc) et Forcejambière (Fj). Fc a une composante
ascendante (Fa) qui doit être équilibrée par la composante descendante (Fd) et pt pour éviter tout changement de position de Pl.
FIG. 7. - Vue antérieure de la PIR avec l'attelle mollet-plante.
FIG. 8. - Vue postérieure de la PIR avec l'attelle mollet-plante.
à 4 heures. Il faut lui ajouter le temps passé
pour:
- prendre les mesures,
- pr~)Céder àun essayage en cours de
fabrication,
- mettre l'appareil en place après finition,
- le vérifier après quelques jours d'utilisation,
pour d'éventuels réglages.
L'action du releveur du pied est souvent
insuffisante. Alors, nous préconiserons, en
complément, le port d'une attelle mollet-plante
en nylon pour sa légèreté (100 g) (fig. 7et 8).
Le poids de l'appareillage total est de l'ordre
de 350 à 500 grammes..
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FIG.7 FIG.8
et demande ainsi un moindre effort. Le réglage
de la tension se fait à minima pour obtenir
l'amplitude de mouvement souhaitée.
Pour la ceinture pelvienne, il ne semble pas
nécessaire d'utiliser le décubitus dorsal. L'atta-
che par un système velcro est facile et rapide.
Avantages
Avec la PIR, la marche engendre moins de
fatigue, ce qui a pour conséquence:
- d'augmenter les temps de marche dans la
journée,
- d'augmenter le périmètre de marche,
- de supprimer partiellement ou totalement
l'aide de marche,
- de rendre la marche plus esthétique en
supprimant le «déhanchement ».
Le poids et la simplicité de l'appareil ne
diminuent pas l'efficacité dont le support est
reprêsenté par les sangles. Le port de chaussures
orthopédiques, lourdes, difficiles àmettre, n'est
pas nécessaire. Pour mettre l'attelle mollet-
plante, une chaussure normale est suffisante.
Le temps de confection et de livraison par
i'orthopédiste (environ 10 jours) et le prix
(environ 1000 francs avec l'~ttelle mollet-
plante) sont des facteurs primordiaux pour un
appareil destiné à des: malades· atteints d'une
affection évolutive.
La facilité de pose n'oblige pas l'intervention
d'une tierce personne.
Le souci esthétique est pris en compte puisque
la PIR peut se dissimuler aisément sous un
pantalon.
Limites
l
Mise en place
L'attelle s'enfile comme un bas. Nous conseil-
lons pour la mise en place, la position assise qui
permet de détendre tous les éléments élastiques
Elle ne peut être utilisée s'il existe une atteinte
motrice bilatérale, ou si la spasticité du membre
à appareiller est trop grande.
Elle est difficile àmettre seul s'il existe une
diminution importante de la motricité ou de la
coordination des membres supérieurs.
Remarques
Les patients atteints de sclérose en plaques
sont très fatigables. Si l'indication de la PIR est
bien posée, et si celle-ci est bien adaptée, ils
redécouvrent des possibilités de marche impor-
tantes. Il faut alors leur conseiller de répartir
leur utilisation dans le temps, de ne pas aller
jusqu'à la fatigue, sous peine de devoir rester
au repos les jours suivants.
Conclusion
Cette nouvelle utilisation du RQF nous
apporte entière satisfaction dans les limites de
ces indications. Elle permet à des personnes à
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la limite de l'utilisation du fauteuil roulant, de
revenir au point de vue de la marche, à l'étape
précédente de leur maladie et ce, de façon
spectaculaire.
Notre expérience se limite à l'utilisation de
cet appareil pour une indication précise et des
mouvements déterminés. Mais on pourrait cer-
tainement l'envisager pour d'autres affections
et(ou) l'adapter en fonction d'autres atteintes
musculaires.
Bibliographie
1. BAVER H. J., JOHNSON K. P., KELLY R. E., SIBLEY W.,
SLATE. - Thérapeutic claims in multiple sclerosis. National
Multiple Sclerosis Society, 1982, New York.
2. PLAS F., VIEL E., BLANC Y. - La marche humaine. Masson,
1983.
FLAMMARION MEDECINE-SCIENCES
pour
LES KINESITHERAPEUTES
1KINESITHERAPIE
par:
T 1 :'PRINCIPES: C. GENOT/H. NEIGER-A. LEROY/G. PIERRON
M. DUFOUR/G. PENINOU.
T 2: MEMBRE INFERIEUR: G. PIERRON / A. LEROY
G. PENINOU/M. DUFOUR-C. GENOT.
Cet ouvrage couvre J'ensemble du programme d'enseignement de
kinésithérapie. La richesse de ses illustrations, placées en regard
du texte, contribue àen faire un ouvrage de base tant pour les
étudiants que pour les praticiens en rééducation.
1983, un vol. br., 160 p., 1984, un vol. br., 466 p.,
238 lig., 150 F. 883lig., 295 F.
A PARAITRE EN 1985 :
T 3: MEMBRE SUPERIEUR
T 4 : LE TRONC
FLAMMARION MEDECINE-SCIENCES - 4, rue Casimir Delavigne - 75006 PARIS
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