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dégâts considérables et durables sur des zones très étendues. Citons par exemple le cas de
l’Eyjafjallajökull, ce volcan islandais qui a paralysé le ciel européen en 2010, ou encore la Montagne
Pelée (Martinique) dont les nuées ardentes ont rasé la ville de Saint-Pierre en 1902, causant près de
30 000 morts. Les volcans peuvent ainsi produire un nombre important d’aléas différents, possédant
des impacts variables. Ces aléas sont : 1) les retombées de cendre (ex : Eyjafjallajökull, 2010, Islande ;
ou Monts Dore en Auvergne), 2) les écoulements pyroclastiques (anciennement appelées « nuées
ardentes » ; ex : Montagne Pelée, 1902, Martinique ; Puy de Dôme), 3) les coulées de boues (ou
« lahars » ; ex : Nevado del Ruiz, 1985, Colombie ; Monts Dore et Cantal), 4) les avalanches de débris
(ex : Mont Saint-Helens, 1980, USA ; Cantal), 5) les coulées de lave (ex : Piton de la Fournaise, 2006,
La Réunion ; La Vache et Lassolas), 6) les projections balistiques (bombes et blocs ; ex : Sakurajima,
2016, Japon ; Puy de Pariou), 7) les gaz (ex : Nyos, 1986, Cameroun) et enfin 8) les tsunamis (ou raz-
de-marée) d’origine volcanique (ex : Krakatau, 1883, Indonésie). Les volcans d’Auvergne cités dans
cette liste le sont à titre d’exemples locaux de dépôts associés aux différents phénomènes
volcaniques mentionnés, qui ne représentent bien évidemment pas des aléas actuels.
Un volet important de la volcanologie moderne est donc d’étudier les différents aléas
volcaniques, dans le but de mieux les connaître et –idéalement– pouvoir estimer l’impact de futures
éruptions. Il n’existe en effet pas, à l’heure actuelle, de parade face à la plupart des risques
volcaniques, et bien que des tentatives aient été faites en de rares occasions (pour détourner des
coulées de lave, ex : Barberi et al., 1993 ; ou contenir des lahars, ex : Lavigne et al., 2000), l’Homme
se trouve généralement démuni face à cette menace. Seule l’évacuation préventive des populations
se révèle ainsi être efficace en cas de crise majeure, notamment en cas d’éruption explosive. Ces
évacuations, décidées par les autorités compétentes, reposent sur des cartes d’aléas (ou cartes de
menaces) établies auparavant. Réalisées par les volcanologues, ces dernières impliquent d’avoir une
connaissance très pointue des différents phénomènes volcaniques, et de pouvoir les modéliser, ce
qui est le but de ces travaux de Recherche. La gestion du risque volcanique dans sa globalité relève
donc d’un processus de concertation entre les scientifiques, les décideurs et les populations, au sein
duquel les volcanologues jouent un rôle central dans la définition de l’aléa.
Travaux de recherche : caractérisation de la capacité érosive des nuées ardentes
Les écoulements pyroclastiques (ou « nuées ardentes ») sont des mélanges brulants de gaz et
de particules dévalant les flancs des volcans à grande vitesse au cours d’éruptions explosives, qui
représentent l’aléa volcanique le plus meurtrier qui soit (Auker et al., 2013). Ces phénomènes sont
communément associés au volcanisme explosif de subduction et menacent des millions de
personnes à travers le monde, notamment à cause de leur exceptionnelle mobilité. Certaines nuées
ardentes sont en effet capables de parcourir plusieurs dizaines de kilomètres, sur des pentes faibles
ou nulles. Leur pouvoir de destruction extrême empêche toute action de mitigation, et les cartes de
menaces sont le seul outil à disposition des autorités pour anticiper la menace et limiter les
catastrophes. La réalisation de ces cartes est basée sur deux étapes essentielles : 1) la
compréhension et 2) la modélisation du phénomène étudié. Or, en raison de leur grande complexité
et de leur dangerosité, les nuées ardentes restent des phénomènes encore largement méconnus à
l’heure actuelle. Malgré d’importants progrès réalisés ces dernières années (Roche et al., 2013), leur
mobilité reste encore peu expliquée : une grande partie du risque associé aux nuées ardentes réside
dans la difficulté d'estimer précisément leurs distances de parcours.
Ces travaux de thèse se proposent donc d’étudier en détail les écoulements pyroclastiques, à
travers une double approche « terrain » (couplé à des analyses en laboratoire) et « modélisation
numérique », de manière à améliorer notre compréhension de l’aléa d’une part, et affiner les cartes
de menaces d’autre part (en se focalisant notamment sur l’estimation des distances de parcours).
Des études récentes suggèrent en effet que les nuées ardentes sont érosives, c’est-à-dire qu’elles