Après ces précautions éthiques, nous pouvons enfin penser une approche qui prenne en
compte la richesse de la clinique psychanalytique, tout en intégrant la sémiologie de la CIM
ou du DSM, et situer les techniques suivant leurs effets sur le nouage RSI du patient.
Si en psychiatrie, la méthodologie utilisée est presque identique à la démarche somatique,
avec le chemin suivant : symptômes (ce qui fait plainte, signes (traduction des symptômes
dans un ensemble sémiologique), syndrome (une entité sémiologique à part entière),
diagnostic, pronostic et traitement, je vous propose une écoute globale de la parole du patient,
parole à entendre comme un nouage du discours, du silence et du geste.
Une parole qui peut nous permettre d’entendre d’abord si le Sujet semble compensé ou
décompensé ?
Ensuite, d’être attentif à ce qui le fait tenir de manière particulière, ce que J. Lacan a appelé à
la fin de sa vie, le sinthome, car si cela fait tenir, nous avons à en tenir compte dans notre
mode d’accompagnement et notre projet thérapeutique. Il a une fonction spécifique, il sert de
colonne vertébrale au Sujet. Tout en prenant en compte que le Sujet est animé par trois
instances, que nous pouvons également penser dans leur effet de nouage : le corps (Soma),
l’âme (la Psyché) et l’esprit (le Pneuma). Ainsi, le Sujet a à faire tenir ensemble ces trois
instances et il le fait de manière souvent inconsciente.
A partir de cette écoute orientée, nous pouvons être attentif à la structure du Sujet, ce
« cristal » est-il orienté par une ligne plutôt névrotique (le nouage de deux registres tient),
état-limite (un risque domine que suivant le registre qui se dénoue, l’ensemble se dénoue) ou
psychotique (les trois registres peuvent se dénouer) ?
Dans la névrose, les lignes de force peuvent de manière plus fine faire apparaître une
personnalité plus hystérique (émotions, pensées, comportement) ou plus obsessionnelle
(pensées, émotions, comportement) selon une ligne franchement névrotique, passive-
agressive (comportement réactif, émotions, pensées) ou anti-social (comportement
oppositionnel, émotions, pensées) qui fait penser quelque peu à une allure d’état limite, ou
schizoïde (à l’inverse de l’hystérie, comportement invictatif, pensées, émotions), ou enfin
paranoïde (pensée, émotion , comportement) avec quelques traits qui sonnent la proximité des
fonctionnements plus psychosés.
Les états-limites (cette non structure) qui se caractérisent par des carences importances dans
le début de leur histoire et qui entraînent un nouage fragile des trois registres, sont amenés à
développer une personnalité plus rigide pour y faire face. Ainsi, on peut s’enrichir à ce stade
de la proposition du DSM qui regroupe les troubles de la personnalité en trois groupes - les
« étranges » : paranoïaques, schizoïdes et schyzotypiques, qui risquent de développer des
troubles psychotiques en cas de décompensation, - les « dramatiques » : antisociale ,
borderline, histrionique et narcissique, plus à risque de développer des troubles liés aux abus
de substances et – les anxieuses : évitante, dépendante et obsessionnelle-compulsive, plus
enclines à présenter des dépressions et des troubles anxieux.
La structure psychotique peut se manifester à partir d’une forme très « ordinaire (J. – A.
Miller) » ou « blanche (A. Green) », ou froide (E. Kestemberg) à partir de signes discrets : des
phénomènes corporels, des troubles du langage ou de l’énonciation, des phénomènes
imaginaires avec une forte prégnance de « transitivisme » (confusion avec autrui), des
questionnements sur l’être du Sujet (son existence, sa sexualité) et des troubles de la