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Le vieillissement des Français et leur consommation médicale :
un enjeu majeur pour l’avenir du système de soins
La population vieillit rapidement. En 2003, un peu plus de 7 millions de personnes sont âgées
de plus de 70 ans. Elles seront plus du double en 2050 : 15 millions. La quantité et la qualité
des soins qui leur sont dispensés1 sont devenues une question centrale pour l’Assurance
Maladie, qui a consacré un dossier à ce sujet en juillet dernier. Les événements survenus au
mois d’août confirment, s’il est besoin, qu’il y a urgence à se saisir dans toutes ses
composantes du problème sanitaire posé par la démographie française.
- Mais ce problème n’est pas uniquement, loin s’en faut, un problème d’ordre numérique.
L’effet direct du vieillissement de la pyramide démographique française est en fait très
limité : il représente à peine 1 point de la croissance annuelle des dépenses d’assurance
maladie alors qu’elles évoluent en fait sur un rythme beaucoup plus élevé (6% l’an au
minimum) depuis de nombreuses années. Il est d’abord et avant tout un problème de
comportements, de besoins et de pratiques ou de techniques médicales.
- L’étude réalisée par la CNAMTS sur la période 1992-2000 pointe des modifications de
comportements très profondes et très importantes : d’une génération à l’autre, la
consommation médicale augmente. Un tel résultat ne constitue pas en lui-même une surprise.
Ce qui frappe dans cette étude est que cet effet (parfois appelé effet de génération) est
beaucoup plus important chez les personnes âgées. Ainsi, en 2000, le niveau des soins
dispensés à une personne âgée de 75 à 80 ans est pratiquement le double de ce qu’il était huit
ans avant. Il faut y voir en premier lieu l’effet continu du progrès médical qui, pour de
nombreuses pathologies, permet des traitements de plus en plus efficaces mais qui sont
souvent plus coûteux.
Cet effet de génération devient net à partir de cinquante ans et croît très rapidement ensuite.
Son impact sur les dépenses de santé pourrait être majeur dans les prochaines années.
Néanmoins, l’amélioration du dépistage ou la prise en charge précoce de ces maladies
coûteuses pourraient permettre de limiter cet impact.
- Un autre facteur influera sur la consommation médicale. De façon inéluctable, en raison
même du vieillissement de la population française, le nombre de décès va augmenter dans les
prochaines décennies. Il devient ainsi important de suivre l’évolution du niveau des soins
dispensés dans les mois ou les années qui précèdent le décès. Une part de cette étude est
consacrée à ce sujet. Probablement parce que les pathologies traitées ne sont pas les mêmes
aux différents âges de la vie, le coût de la réponse médicale lorsque le malade est exposé à un
risque vital n’est pas non plus le même d’un âge à l’autre : la consommation médicale qui
précède le décès est plus faible chez les personnes vraiment âgées. Tel est du moins la
conclusion qui se dégage de l’analyse de ces décès sur la période 1994-2002.
1 La consommation des personnes âgées, qui sont plus fréquemment et davantage malades, est bien sûr plus forte
que celle des autres personnes. Ainsi, en 2001, une personne de plus de 75 ans avait une consommation annuelle
de 5238 euros, contre une moyenne de 1793 euros.
Point d’information mensuel
Le 4 septembre 2003