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CAHORS, VILLE D’ART ET D’HISTOIRE / CAHORS, VILLE D’ART ET D’HISTOIRE /
VILLE À SECTEUR SAUVEGARDÉVILLE À SECTEUR SAUVEGARDÉ
Pour ces Journées Européennes du Patrimoine, nous avons
choisi de vous faire découvrir, à travers une balade urbaine,
les immeubles, éléments d’architecture ou objets dont la va-
leur architecturale et emblématique, a justifié leur protection
au titre des Monuments Historiques.
Suite au classement en 1840 du pont Valentré, exemple d’architec-
ture de défense au Moyen Âge, les protections attribuées de 1862 à
1911 vont concerner essentiellement des édifices emblématiques
des périodes historiques allant de l’Antiquité à la Renaissance.
Ainsi, l’Etat décide de classer en 1862 la cathédrale Saint-Étienne
et la Maison Henri IV ; en 1886, l’Arc de Diane et le Palais Duèze ;
en 1891, la Tour du lycée Gambetta ; en 1907, l’Archidiaconé ; en
1910, les rem
parts ; en 1911, la maison renaissance de la rue Bergou-
gnoux ;
en 1922 et 1925, le palais de Via. En 1925, on procéde-
ra également à l’inscription à l’Inventaire Supplémentaire des
Monuments Historiques d’un ensemble de façades ou élé-
ments sculptés révélateurs de l’architecture civile des XIIIe
au XVIIe siècle.
L’année 1945 va voir la mise en place d’une large protection
des sites environnants qu’ils soient historiques ou naturels.
Ce ne sont pas moins de 17 sites qui seront inscrits, tous ré-
vélateurs de la qualité des ensembles bâtis et des paysages
de Cévennes environnantes. La protection en tant que Site
Inscrit de secteurs urbains situés dans le centre historique
(7 sites concernés) sera remplacée par celle constituée par le
secteur sauvegardé qui couvre la totalité de la ville médiévale
et dont le périmètre est défini par arrêté ministériel en 1972.
A partir des années 1970, les demandes de protection vont
être conditionnées par la réalisation de travaux et le risque
de destructions inhérentes à ces derniers ; ainsi, en est-il de
l’ancien couvent des Mirepoises inscrit le 27 mars 1977.
Les Opérations Programmées d’Amélioration de l’Habitat
(O.P.A.H.) lancées conjointement à l’application du Plan
de Sauvegarde et de Mise en Valeur du secteur sauvegar-
dé (P.S.M.V.) approuvé en 1988 vont générer des chantiers
riches d’enseignement pour la mission d’Inventaire Géné-
ral (créé en 1964) qui débute en cette même année. De ces
chantiers s’en suivent des découvertes qui témoignent de
l’ampleur du patrimoine cadurcien caché sous les enduits et
réaménagements du XIXe siècle. L’importance et la qualité
des éléments révélés (architecture, décor peint, sculpture…)
justifient une campagne de protection qui va s’échelonner de
1990 à 1999.
La dernière découverte fortuite sera réalisée lors du chantier
des Allées Fénelon avec la mise au jour des vestiges d’un am-
phithéâtre gallo-romain qui seront inscrits à l’Inventaire Sup-
plémentaire en 2009.
Aujourd’hui Cahors compte 18 édifices ou parties d’édifices
classés Monuments Historiques, 32 inscrits à l’inventaire
supplémentaire et 10 sites inscrits.
DES MISSIONS AU QUOTIDIENDES MISSIONS AU QUOTIDIEN
La protection des Monuments Historiques, des ensembles
urbains, ses sites et de tout autre forme de patrimoine est
du ressort des services de l’État. Des corps de métiers spécia-
lisés ont été créés pour permettre l’application de la règle :
ainsi sont apparus en 1897 les Architectes en Chef des Mo-
numents Historiques (A.C.M.H.) ; en 1962, c’est la création
des secteur sauvegardés qui va définir un nouveau métier
l’Architecte des Bâtiments de France (A.B.F.), comme garant
de l’application de la règle. Sous l’impulsion des lois de dé-
centralisation, les collectivités territoriales se sont de plus en
plus impliquées dans la gestion du patrimoine. À l’échelle des
communes, l’existence de services du patrimoine permet de
mettre en relation les acteurs de la chaîne du patrimoine et
être l’interlocuteur privilégié des propriétaires, habitants et
usagers. Les chantiers de restaurations nécessitent des sa-
voir-faire, que certes les entreprises spécialisées perpétuent,
mais qui doivent être relayées par les centres de formation
professionnelle.
« Certes, pour les propriétaires, s’inscrire dans une dé-
marche de restauration, respecter des règles représente une
contrainte, tant par les délais que cela demande, que par les
surcoûts que cela entraîne parfois. Mais en contrepartie, il
faut considérer le plaisir de vivre dans un cadre agréable, la
fierté de contribuer à la transmission et à la mise en valeur
d’un bien commun, …Le patrimoine est l’affaire de tous, et,
en définitive, bénéficie à tous. » Patrice Béghain - agrégé de
lettres classiques ;
NAISSANCE DU CONCEPT DE PROTECTIONNAISSANCE DU CONCEPT DE PROTECTION
Le concept de Monument Historique voit le jour à la fin du
XVIIIe siècle avec la Révolution Française. Il naît en réaction
aux destructions massives et aux actes de vandalisme qui
touchent les biens de la noblesse et du clergé. Dès 1789, un
homme va s’élever contre ces exactions. C’est l’abbé Gré-
goire, membre de la Convention et évêque constitutionnel de
Blois, qui va dénoncer ces dérives, qui selon lui, mettent en
péril l’identité nationale. Ainsi, apparaît la notion de Nation
française et l’importance de préserver les monuments qui
témoignent de notre histoire. Les confiscations révolution-
naires sont mises à la disposition de la Nation par décret du
23 octobre 1790 puis par l’Assemblée constituante qui décide
l’aliénation des biens nationaux et crée la Commission des
biens nationaux. Appelée Commission des Arts, elle doit sta-
tuer sur l’intérêt de la conservation des monuments selon le
critère de valeur éducative qui fonde la notion de Monument
Historique. Toutefois, il faut attendre le décret promulgué
par la Convention le 24 octobre 1793 pour voir l’interdiction
des démolitions et prévoir la création d’un musée des monu-
ments français destiné à accueillir les éléments fragmentaires
1913-2013 : 1913-2013 :
CENT ANS DE PROTECTIONCENT ANS DE PROTECTION
Le Ministère de la Culture et de la Communication a souhaité, à l’aube d’une nouvelle loi sur le patrimoine et à l’occasion de la
trentième édition des Journées Européennes du Patrimoine (JEP), commémorer les Cents ans de la loi fondatrice de protection des
Monuments Historiques en France, celle du 13 décembre 1913.
Cette loi sur les Monuments Historiques a été intégrée avec les autres lois patrimoniales relatives aux musées, à l’archéologie, aux
archives et aux bibliothèques, au code du patrimoine, nouveau cadre règlementaire, depuis 2004.
Les JEP 2012 avaient célébré le cinquantième anniversaire de la création des secteurs sauvegardés par André Malraux, alors mi-
nistre de la Culture ; cette loi du 4 août 1962 constituait le premier texte règlementaire de protection des ensembles urbains recon-
nus pour leur intérêt historique et patrimonial majeur leur conférant valeur de Monument Historique.