L3 INTRODUCTION AUX PROBABILITES
Rappels de L2
« Nous devons à la faiblesse de l'esprit humain (l'ignorance des différentes causes qui concourent à la production des événements),
une des théories les plus délicates et les plus ingénieuses desMathématiques, à savoir la science des hasards ou des probabilités»
Essai philosophique sur les probabilités.
Pierre Simon Laplace 1814.
I DE LA STATISTIQUE AUX PROBABILITÉS OU LE DOUBLE VISAGE DU
PROBABLE
La plupart de nos croyances ne sont pas certaines mais seulement probables.C'est un rapport de probabilité et non de certitude, qui
prévaut entre la plupart de nos prémisses et de nos conclusions.
Nous sommes certains qu'une pièce lancée en l'air retombera (loi de la. gravitation), mais nous sommes incapables de prédire si elle
retombera côté pile ou côté face. Nous mettons sur le compte du hasard un tel événement mais le hasard n'est qu'un euphémisme de
notre ignorance.
Le statisticien utilise pour instrument de mesure la fréquence relative. Ainsi après avoir lancé la pièce 100 fois, si les résultats
obtenus sont 43 pile et 57 fois face la fréquence d'apparition de pile est de 43 /1 00 et celle de face 57 / 100, cette fréquence observée
étant la "probabilité" expérimentale.
La théorie de la probabilité vise à mesurer la relation de probabilité en lui assignant une valeur numérique.
Quand un événement ne peut arriver (événement impossible}, on lui attribue la probabilité 0 , quand on est sûr qu'il se réalisera, on
lui attribue la probabilité 1(événement certain).
Toute probabilité comprise entre ces extrêmes est exprimable par une fraction comprise entre 0 et 1. Reprenons l'exemple de pile ou
face. Si on joue 1000 fois, puis 10000 fois, etc. On va observer que les fréquences de pile et de face se rapprochent de 0,5.
Pour le probabiliste, si la pièce n'est pas truquée, les évènements PILE et FACE sont équiprobables (même probabilité), car il n'y a
pas lieu de s'attendre à l'un plutôt qu'à l'autre. On notera : P {pile} = P {Face}= 1/2, cette probabilité étant la probabilité théorique.
La probabilité peut être considérée comme la limite de la fréquence relative quand le nombre d'expériences réalisées tend vers
l'inni. Citons, la loi des grands nombres, que l'on peut énoncer grossièrement : « Il est très peu probable que si l'on fait un nombre
sufsamment grand d'expériences, la fréquence d'un événement s'écarte notablement de sa probabilité ». (Ars Conjectandi » Bernoulli
Jacques ).
II ASPECT HISTORIQUE
la théorie des probabilités est une science issue des gobelets à dés. Au 1 7 ème siècle, le Chevalier de Méré, appelé le philosophe
du jeu, désirait avoir des renseignements sur la question des mises,au jeu de dés. Il interrogea l'un des meilleurs mathématiciens, Blaise
Pascal lequel écrivit à un mathématicien encore plus célèbre, le conseiller municipal du parlement de Toulouse : Pierre de Fermat; la
correspondance qu'ils échangèrent permit à la théorie des probabilités de voir le jour. En 1665, fut publié le traité posthume de Pascal
sur les nombres gurés, notés C. Quelques années plus tard, l'étude mathématique des risques se présente d'une autre façon : en 1693
était publiée, à Londres, la 1ère table de vie de Halley (1656-1742, lequel a prédit en 1705 le retour pour 1758 de la comète ...), destinée
à déterminer le prix des rentes viagères. L'assurance maritime était déjà une forme importante de la spéculation nancière, à l'époque
où le commerce maritime prenait de l'extension dans l'Europe du Moyen Age. Dans ses débuts, l'assurance était un jeu au sens le plus
strict du mot, et aux foires du Moyen-Age, les marchands qui avaient des capitaux, gageaient sur un enfant à naître ou sur la probabilité
de mort d'une personne, véritables prémisses de l'assurance vie. Puis l'intérêt manifesté à l'égard des probabilités s'accrût, encouragé
par les recherches de mathématiciens tels que W. Leibniz, Jacques Bernoulli, A.de Moivre, L.Euler, Condorcet (applications de l'analyse
aux décisions rendues à la pluralité des voix- 1785) et surtout Laplace (1ère théorie analytique des probabilités en 1812, suivi de l'Essai
philosophique sur la probabilité en 1814) et Poisson, son illustre élève .D'Alembert, dans un article sur la probabilité publié dans la
célèbre Encyclopédie prégurait l'interprétation statistique, en suggérant qu'on puisse évaluer approximativement les probabilités en
réalisant des expériences. Buffon, le grand naturaliste du 19ème siècle, réalisa de nombreuses expériences, dont la plus connue est le
problème de l'aiguille. Une surface plane est rayée de lignes parallèles équidistantes d'une distance H.
H
= L
Buffon laisse tomber une aiguille de longueur L (L <H), sur la surface rayée. Il désigne comme favorable. le cas où l'aiguille tombe
sur une ligne et démontre que la possibilité d'un succès est: P= 2L=H:
En 1901, le mathématicien italien Lazzerini lança l'aiguille 3408 fois et donna pour pi la valeur de 3 ,1415929, soit avec une erreur
inférieure à 3107
http://www.univ-paris8.fr/kahane page 1 UFR 14 Université Paris 8 St Denis