CHAPITRE I
La naissance de la m´ecanique quantique
La m´ecanique quantique est n´ee un peu de la mˆeme mani`ere que la relativit´e
g´en´erale : des observations exp´erimentales nous ont oblig´es `a revoir compl`etement
notre mani`ere de penser. Alors que la relativit´e g´en´erale a boulevers´e la vision
que nous avions de l’univers `a grande ´echelle, la m´ecanique quantique remet en
cause toute notre intuition concernant la physique des particules. En particulier,
jusqu’en 1900, mati`ere et ondes ´etaient compl`etement dissoci´ees. La mati`ere ´etait
compos´ee de particules, c’est-`a-dire de briques ´el´ementaires, vues alors comme de
petites “billes”. Les ondes ´etaient d´ej`a plus difficiles `a concevoir, plus abstraites car
justement immat´erielles, bien qu’´etant omnipr´esentes au quotidien : lumi`ere, son,
vagues `a la surface de la mer,... On pourrait les d´efinir comme des propagations
de perturbations du milieu ambiant. La barri`ere entre ces deux notions va tomber
avec la m´ecanique quantique mais il faudra du temps pour accepter de tels chan-
gements de conception du monde qui nous entoure. C’est en 1900 que tout a com-
menc´e lorsque Planck montre que des oscillateurs m´ecaniques charg´es ne peuvent
´emettre ou absorber que des quantit´es discr`etes d’´energie lumineuse. Le travail
de Planck n’est en fait qu’empirique : pour ˆetre pr´ecis, il montre qu’en faisant
cette hypoth`ese ´etonnante, on peut ´ecrire une formule simple qui mod´elise parfai-
tement le spectre des corps noirs. Les physiciens de l’´epoque ne voyaient l`a qu’une
astuce math´ematique permettant de trouver des r´esultats correspondant `a l’ob-
servation. En 1905, Einstein fut le premier `a interpr´eter physiquement ces id´ees :
la lumi`ere ´etait elle-mˆeme compos´ee de particules, ou tout au moins de ce qu’il
appelait quanta d’action et qui furent rebaptis´es photons en 1926 par Lewis, ce qui
´etait en compl`ete contradiction avec le caract`ere ondulatoire de la lumi`ere. Cette
interpr´etation physique des r´esultats de Planck fut l’objet de nombreuses contre-
verses pendant plusieurs ann´ees : qu’une onde comme la lumi`ere puisse avoir un
comportement corpusculaire ´etait `a l’´epoque inacceptable. En 1912, Bohr propose
un mod`ele de l’atome d’hydrog`ene convaincant en postulant l`a-aussi que l’absorp-
tion et l’´emission de lumi`ere par la mati`ere se faisait par quantit´es discr`etes.
Ce n’est en fait qu’`a partir de 1914 que ces id´ees th´eoriques vont trouver leur
confirmation exp´erimentale avec les exp´eriences de Franck et Hertz qui corro-
borent parfaitement les pr´edictions de Bohr sur la quantification de l’absorption et
´emission d’´energie lumineuse par les syst`emes atomiques ou mol´eculaires. Plusieurs
exp´eriences viennent confirmer cette th´eorie naissante (la m´ecanique quantique)
mais nous allons nous borner `a ´etudier celle des deux fentes de Young (qui est en
fait r´ealis´ee par F. Shimizu, K. Shimizu et H. Takuma telle que d´ecrite ci-dessous)
qui prouve de mani`ere ´eclatante la dualit´e onde/mati`ere.
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