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mieux ce que je pouvais dire d’un peu original sur cette question du métissage créateur en
rapport avec la pensée asiatique que je réduisais rapidement et volontairement à la Chine2.
Ce qui m’importait c’était de proposer une réflexion vraiment contemporaine sur la manière
dont en Occident, comme en Orient, nous construisons ensemble, sans souvent le savoir
consciemment, notre monde à venir, en particulier par le biais de l’éducation et de la
formation des managers d’entreprises et d’associations de tous ordres.
Il me semblait que le CIRPP était le centre de recherche idéal pour penser le sujet. Par sa
direction ouverte à la culture interculturelle et les sciences de l’homme et de la société mais
aussi à la nécessaire évolution de la formation des cadres et des dirigeants des organismes
économiques pour aller vers une sens du travail respectueux de la personne dans l’usine, le
bureau, les organismes de formation et de recherche. Mais aussi par ses différents chercheurs
de terrain ou universitaires, le CIRPP représente un vivier de réflexions doté de références
multiples propres à éclairer la complexité de notre monde. Tout en étant convaincu de la
nécessité de lier la théorie à la pratique.
Dans les précédents rapports écrits sous ma plume, j’avais peu à peu dégagé une théorisation
de l’organisation de recherche sensible à la multiplicité des regards ; à une réflexion qui
tentait de formuler la différence essentielle entre l’innovation et la novation en éducation et à
sa dimension éthique ; à un projet d’ouverture à un « management émancipant » dont il fallait
encore trouver les voies difficiles de la formation.
Dans la présente recherche il me faut maintenant aborder l’enjeu considérable de l’élaboration
collective d’une culture plurielle, sans être coincé dans l’idée d’une mosaïque culturelle et
d’un multiculturalisme comme on le connaît aux Etats-Unis, (Charles Taylor) pour aller
beaucoup plus vers ce que des auteurs contemporains nomment les « branchements » ou
encore les « métissages » interculturels (Serge Grusinski, François Laplantine, Alexis Nouss,
Jean-Loup Amselle) surtout à partir de recherches menées en Afrique ou en Amérique latine.
Du côté de l’Asie, et de la Chine en particulier, de nombreux chercheurs spécialisés se sont
penchés sur la question sans entrer, pour autant, de la problématique du métissage créateur, tel
que je l’entends, mais beaucoup plus sur le plan de la confrontation des visions du monde par
le biais de la langue. Sur ce point on a vu s’affronter chez les chercheurs à la fois sinologues
et philosophes, ceux qui inclinent à privilégier la sinologie d’un côté et ceux qui, au contraire,
revendiquent le droit à la pratique de la philosophie. Parfois la polémique est rude entre les
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2 Évidemment, l’Inde est le second grand pays dont il faut tenir compte pour comprendre la question du
métissage axiologique entre l’Occident et l’Asie. Mais l’Inde, par son langage et sa culture, n’est pas aussi
« étrange » pour un Occidental que la Chine. C’est la raison pour laquelle François Jullien a choisi ce terrain de
recherche pour approcher le non-dit de la culture occidentale à partir d’un regard ex-topique chinois.