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niveau économique, de l’état de santé, de la personnalité, des motivations et du style de vie. En effet,
les sujets de faible niveau scolaire ont une réserve cognitive plus faible et une baisse des performances
cérébrales a de ce fait, un retentissement plus sévère. A l’inverse, l’acquisition de compétences au
cours de la vie, développe les réserves pour certaines fonctions et permettent de compenser la
dégradation de ces fonctions. Par ailleurs, ce déclin n’affecte pas toutes les fonctions de la même façon
(par exemple, le déclin mnésique porte essentiellement sur la mémoire épisodique et commence dès
30-50 ans, alors que le retentissement du vieillissement sur le langage est beaucoup plus tardif et
partiel).
- Modifications psychoaffectives : Les modifications physiques, sexuelles et sociales altèrent l’image
de soi et provoquent une baisse de l’ « estime de soi ». Il en est de même des affections physiques, du
sentiment d’incapacité, facteurs qui peuvent être source d’angoisse et de dépression. Ainsi bien des
éléments qui accompagnent le vieillissement peuvent-ils être vécus comme une blessure narcissique,
l’intensité de celle-ci variant selon les circonstances de la vie des sujets mais aussi des capacités du
sujet à restaurer cette image de soi même et du support social apporté par l’entourage familial et
social.
Mais, quel qu’en soit l’aspect considéré, le vieillissement dans le domaine de la santé s’accompagne
d’une évolution des besoins en santé sans que l’on puisse prévoir cette évolution pour un individu en
particulier. En revanche, les études épidémiologiques contribuent avec plus ou moins de précision aux
prévisions, pour une population, des besoins de santé en fonction de l’âge, ce qui permet le
développement de programmes dans ce domaine.
2.2. Pour la santé mentale
Les champs ouverts à l’épidémiologie sont, dans le domaine de la santé mentale, particulièrement
étendus. Ils vont de l’étude des risques à l’évaluation des soins. La recherche en épidémiologie
psychiatrique a longtemps été freinée, et ce pour plusieurs raisons : la faiblesse des moyens de
prévention, les difficultés d’établir une limite entre le normal et le pathologique, l’incertitude des
classifications… Il est donc important de rappeler dans un premier temps le cadre conceptuel de la santé
mentale et les approches épidémiologiques en santé mentale (V. KOVESS, [11]).
L’OMS a donné une définition de la « santé mentale positive »3. Lorsqu’on s’écarte significativement de
cet état, on entre dans le champ des troubles de santé mentale.
Pour préciser ce concept, on peut se référer au modèle de mesure de la santé mentale selon trois axes
que décrit notamment V. KOVESS :
- Un axe santé / maladie selon lequel on est en présence d’un trouble de santé mentale lorsqu’un des
troubles décrits par l’une des deux grandes classifications des troubles mentaux (CIM 10 et DSM IV4)
peut être diagnostiqué ; la gravité du trouble peut être extrêmement variable. Pour la CIM 10 sont inclus
dans les troubles mentaux ou du comportement les troubles d’origine psychique5 mais aussi des
troubles d’origine organique (démence de la maladie d’Alzheimer ou vasculaire, …), des troubles du
développement (autisme) et les retards mentaux. En revanche, les conséquences des malformations
congénitales ou des anomalies chromosomiques telles que la trisomie 21 ne sont pas citées en tant que
telles dans la catégorie des troubles mentaux ou du comportement.
- Un axe fonctionnement / dysfonctionnement social où le trouble de santé mentale pourra se
manifester par un retentissement dans les rôles sociaux et la vie quotidienne (activités physiques, soins
de base, travail, école, relations interpersonnelles, questions administratives ou juridiques, etc.).
Suivant sa gravité, le dysfonctionnement social pourra être désigné comme un trouble du
comportement et / ou un handicap (voir 2.3 ci-dessous). Certains troubles du comportement sont décrits
dans la CIM 10 ; l’axe fonctionnement social recoupe alors l’axe santé / maladie. Naturellement, cette
notion de fonctionnement social renvoie à une conception du monde social « normal », avec ses
normes, ses usages, qui peut elle-même être débattue.
- Un axe bien être / détresse psychologique où le trouble de santé mentale correspond à une
souffrance psychique de la personne concernée. Le vieillissement est une période de la vie qui
s’accompagne d’un grand nombre de facteurs de stress, sources potentielles de souffrance
psychologique, susceptibles d’accroître le risque de troubles psychiques. Il peut s’agir du passage à la
3 Il s'agit d'un état de bien-être dans lequel la personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie,
accomplir un travail productif et fructueux et contribuer à la vie de sa communauté.
4 Respectivement « Classification internationale des maladies » version 10 de l’OMS et « Manuel diagnostic et
statistique » version IV de l’American Psychiatric Association.
5 Notamment psychose, schizophrénie, troubles délirants, troubles dépressifs et bipolaires, troubles obsessionnels
compulsifs, anxieux ou névrotiques, troubles de la personnalité, etc.