44 Soins Libéraux Handicap mental et réinsertion Comment faire surface La santé mentale fait partie intégrante de la santé. Sans elle, l’individu, handicapé, ne peut donner la pleine mesure de ses aptitudes cognitives, affectives et relationnelles. Un bon équilibre mental permet de mieux supporter les tensions de la vie et s’intégrer dans la vie sociale. L es troubles mentaux et psychiques font souffrir, sont invalidants et peuvent même abréger la vie ; la santé mentale étant l’un des fondements du développement humain. Il n’y a aucune raison éthique, scientifique ou sociale d’exclure de la communauté les personnes qui souffrent de maladie mentale ou de troubles psychiques. Mais ne pas reconnaître le handicap psychique risque d’exclure davantage l’individu de la vie sociale à laquelle il peut souvent prétendre. maines et techniques qui rendraient la société pleinement accessible aux personnes ayant des difficultés psychiques ou mentales ? » Certes, la nouvelle loi énonce des principes, dont celui de “non-discrimination” obligeant la collectivité nationale à garantir les conditions de “l’égalité des droits et des chances” à tous les citoyens, notamment aux personnes handicapées, quelle que soit la nature de leur handicap. La souffrance psychique Le handicap et la loi La participation et la citoyenneté des personnes handicapées est définie dans le projet de loi pour “l’égalité des droits et des chances”. Or, classifier le handicap psychique et mental selon des critères généraux pose problème. En effet, et c’est un progrès, selon la classification internationale du fonctionnement de la santé et du handicap, il ne s’agit pas seulement de décrire les difficultés rencontrées par les personnes concernées, mais d’améliorer les conditions de vie par des actions spécifiques qui profitent au plus grand nombre. En bref, il s’agit d’améliorer l’environnement pour que les personnes handicapées puissent avoir une accessibilité universelle. Cependant, souligne François Chapireau, psychiatre (Antony) : « Il est possible d’imaginer une société qui serait pleinement accessible à toutes les personnes ayant des difficultés physiques, grâce à des aménagements de l’environnement matériel et à la mise à disposition d’aides humaines et techniques. En revanche, comment se représenter les modifications de l’environnement, les aides huProfessions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005 Le principe est un peu vague quant à son application pour des personnes en souffrance psychique. C’est pourquoi la version adoptée par l’Assemblée nationale prévoit d’insérer une définition du handicap dans le code de l’action sociale sous la forme de l’article L.114 : « constitue un handicap, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant. » 0r les enquêtes, notamment celle de l’Insee pour le compte du ministère appelée “Handicaps Incapacités Dépendances” (HID), montrent l’insuffisance de l’aide et des soins en ambulatoire et à domicile pour les malades mentaux. D’autant plus si ces derniers sont éloignés de leur famille, ce qui amplifie leurs difficultés tout en rendant plus longs les séjours à l’hôpital et plus aléatoire la réinsertion. Et l’emploi ? Selon une enquête OMS de 1998, il s’avère que 75 % des personnes atteintes de troubles psychiatriques sont sans emploi et le taux monte à 90 % quand ils sont schizophrènes. Les troubles mentaux entraînent souvent la perte d’emploi et sont aussi un handicap pour le retour à l’emploi ; la conséquence principale des troubles psychiques étant l’isolement. “Les dispositifs mis en place pour faciliter la réinsertion des handicapés psychiques sont peu nombreux et se caractérisent par leur inadaptation eu égard aux caractéristiques et à la lourdeur de ce handicap”, dénonce-t-on à l’UNAFAM. Le CAT (centre d’adaptation par le travail) serait l’établissement le mieux adapté en raison de ses soutiens financiers et de ses préoccupations éducatives. Mais il accueille en priorité les déficients psychiques de naissance. Dans une entreprise ordinaire, les réticences des employeurs à l’égard des personnes atteintes de handicap psychique sont grandes car il est vrai que la maladie est invisible, qu’elle est imprévisible parfois et que l’on ne guérit pas d’une maladie mentale facilement. Les troubles mentaux ne s’estompent que progressivement mais sont latents et peuvent réapparaître soudainement. Comment prendre le risque ? L’intérêt serait donc dans un concept de transition où le soignant connaît les caractéristiques de l’activité assurée par son patient, les satisfactions retirées et les difficultés rencontrées. Le rapport Roelandt insiste d’ailleurs sur la nécessité d’actions concertées entre les différents intervenants médicaux et sociaux, au cours du parcours d’insertion. Mais permettre aux personnes qui en sont atteintes de retrouver une véritable place dans la cité par l’accès au travail passe par la déstigmatisation systématique de la maladie mentale. ALP Medec 2004