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septembre 11 marina.ch
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Des tyrans sans
pitié sur les mers
TEXT : STEFANIE PFÄNDLER
Nous y revoilà: c’est la haute saison des cy-
clones. En réalité, les ouragans ne sont rien
de plus que des zones de basse pression par-
ticulièrement prononcée. Mais si l’on prend
en compte leur énorme puissance destruc-
trice, on les apparentera plus facilement à de
véritables monstres gris. Bien qu’un ouragan
ne soit pas un être vivant à proprement par-
ler, il a également besoin dun apport constant
en nourriture et en air pour rester en vie. S’il
reçoit ce dont il a besoin, il grandit très rapi-
dement pour devenir un immense monstre
sans pitié qui écrase tout ce qui se trouve sur
son chemin. Sa puissance est indescriptible,
il truit des bâtiments de plusieurs tonnes
comme s’il s’agissait de châteaux de cartes,
fait pénétrer les mers loin dans les terres et
laisse derrière lui des paysages désolés dont
les activités et les reliefs dautrefois ne sont
plus que des souvenirs.
Les ouragans sont des cyclones tropicaux qui
apparaissent à la fin de lété et en automne
dans l’Atlantique Nord, les Carbes et le Pa-
cifique Nord. Au début de chaque année, ils
retournent «chez eux» dans le Pacifique Sud.
Leurs cousins asiatiques sont appelés «ty-
phons» et leurs pendants de l’Océan Indien
et du Pacifique Sud sont les cyclones. Des
centaines de systèmes cycloniques naissent
chaque année dans les régions tropicales de
nos mers. Alors que la majorité dentre eux
disparaissent très rapidement, près de 40%
à 50% de ces irrégularités atmosphériques
réussissent chaque année à se stabiliser pour
devenir de plus en plus puissants jusqu’à at-
teindre finalement l’intensité d’un ouragan.
Louragan respire
La naissance d’un ouragan suit toujours le
même modèle: lair marin humide sitau-
dessus de l’équateur se dilate à cause de la
chaleur et commence à monter. s quil at-
teint une masse d’air plus froide, les grandes
quantités de vapeur d’eau qu’il contient se
condensent et des nuages se forment. Ce
processus libère la chaleur emmagasinée sous
forme dénergie latente dans la vapeur deau.
Cette chaleur réchauffe encore plus lair am-
biant qui continue à monter. Une zone de
basse pression se forme alors sur le lieu d’ori-
gine de ce phénomène: celle-ci sera à l’origine
d’un mouvement daspiration qui fera monter
toujours plus d’air chaud et humide depuis la
surface de la mer. Léchange de chaleur en-
gendre en parallèle une circulation d’air qui
commence à tourner autour du centre de la
zone de basse pression, à la manière d’un la-
vabo qui se vide de son eau, mais dans le sens
contraire. Ce processus marque le but du
fameux et dangereux œil du cyclone.
S’il règne un calme plat dans l’œil lui-même,
les parois qui l’entourent sont balayées par
les vents les plus puissants de la dépression.
Dans un ouragan faible de catégorie 1, les
vents soufflent tout de me à 120 km/h,
alors qu’un ouragan de catégorie 5 nourrit des
vents à plus de 250 km/h. Dans des cas ex-
trêmes, la vitesse des vents peut même -
passer les 300 km/h. Lénorme puissance
d’un ouragan est due aux très grandes dif-
rences de pression qui se stabilisent à l’inté-
rieur de ce système. Dans la zone de conver-
gence intertropicale (ZCIT), les alizés
soufflant tout près de la surface se bouscu-
lent et poussent des masses d’air supplémen-
taires à prendre de laltitude. Cette ascension
d’air accélère l’effet daspiration du système
et renforce aussi bien les vitesses des vents
que leur circulation au sein de cet ouragan en
pleine croissance. A environ dix kilomètres
au-dessus de la surface de l’eau, de puissants
vents d’altitude s’assurent que lair ascendant
se disperse parfaitement. Ils complètent l’ef-
fet daspiration et font ainsi en sorte que le
canal d’air reste toujours en mouvement.
L’ouragan se balade donc sur la surface de
l’eau et ne cesse de gagner en puissance: il
aspire continuellement de nouvelles masses
d’air à la surface de l’eau et les libère en alti-
tude. La tempête respire… .
Une force de destruction massive
Si tous les systèmes cycloniques ne se trans-
forment pas en ouragans, c’est tout simple-
ment parce que les conditions d’une telle
stabilisation doivent être parfaites: les vents
doivent souffler à la bonne vitesse à la surface
et en altitude, l’eau doit être suffisamment
chaude pour réchauffer à la bonne tempéra-
ture l’air qui se trouve à sa surface (on n’a
jamais entendu parler dun ouragan en Alaska
ou au Canada) et le gradient de pression de
la zone de basse pression doit être suffisam-
ment éle. Si lun de ces éléments manque,
Difficile, sur notre planète, de trouver un phénomène qui puisse tenir tête à la puissance dévastatrice d’un
ouragan. Ces tempêtes à la puissance inimaginable transforment les mers calmes en paysages déchaînés,
redéfinissent des tracés entiers de côtes et détruisent même les villes en ne laissant derrière eux que des ruines.
Un phénomène pour le moins
impressionnant: l’ouragan
Jeanne, vu de l’espace.
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le système se sagrège très rapidement.
C’est d’ailleurs ce qui se passe dans la plupart
des casMais lorsque le hasard veut que
toutes les conditions soient réunies pendant
un bref laps de temps, le sysme se trans-
forme soudain en un ouragan à la dynamique
autonome.
Là où les ouragans passent, seules quelques
ruines subsistent. Autrefois, le grand danger
qu’ils représentaient pour les êtres humains
était que ces derniers confondaient son œil
avec la fin de la tempête. Ainsi, ils quittaient
leurs abris pendant le calme plat qui règne
dans l’œil et se faisaient surprendre par la
deuxième paroi de l’ouragan. Aujourd’hui, les
avis de tempête sont fiables et la population
est bien informée. Les orologues sur-
veillent attentivement les systèmes cyclo-
niques potentiels et les satellites météorolo-
giques ne cessent de récolter des informations
sur les anomalies atmosphériques et l’activité
des vents et des nuages. Malgré cela et à
l’instar de Katrina, certains ouragans nous
rappellent régulièrement qu’en dépit de ces
précautions, nous ne pouvons pas vraiment
lutter contre eux.
Les destructions provoquées par ces phéno-
mènes ont plusieurs facettes. En gle géné-
rale, tout commence par de violentes préci-
pitations balayant la surface de la terre ou de
la mer. Il arrive souvent que lon doive déjà
faire face à des inondations à ce stade. De-
puis, des vents puissants viennent s’ajouter
aux importantes masses d’eau. Ceux-ci peu-
vent très facilement renverser des voitures ou
des bus, faire tomber des murs et voir déra-
ciner des arbres. Ces vents sont souvent pré-
cédés d’un ritable mur d’eau qui, en parti-
culier lorsqu’il est accompagné de marées,
peut éroder les côtes et causer d’importants
dégâts aux zones côtières.
La force destructrice d’un ouragan ne pend
pas seulement de la puissance de la tempête,
mais aussi de la manière dont il arrive sur la
terre ferme. Dans l’hémisphère nord, les zones
de basse pression circulent dans le sens
contraire des aiguilles dune montre: ainsi, si
l’ouragan touche terre avec son côté gauche,
la vitesse des vents vient duire son propre
mouvement et il faiblit. Mais s’il touche les
côtes avec son côté droit, ses vents sont ren-
forcés par son propre mouvement. Mais cer-
tains ouragans grondent parfois seulement
non loin des plages et ne causent que des
inondations. Il n’en va de me lorsqu’ils fon-
cent à l’intérieur des terres.
Cela étant, il y a tout de même deux bonnes
nouvelles. La première: l’ouragan est un
«monstre aquatique». Il ne pourra en aucun
cas vivre très longtemps sur la terre ferme.
Les yeux dans les yeux avec
l’ouragan Katrina
Des villes entières rasées,
comme si elles étaient
en carton: les traces de
l’ouragan Katrina.
Centre de contrôle de la
NOAA: des météorologues
observent en permanence les
irrégularités atmosphériques,
et donnent l’alerte en cas
de tempêtes.
Une fois sur le continent, il est en effet privé
de l’air humide de la mer et le terrain acci-
denté ralentit les vents qui le maintiennent
en vie. La deuxième bonne nouvelle: aucun
ouragan n’est éternel, même sur l’eau. Son
cycle de vie est limité et il perd très rapide-
ment de la puissance, par exemple lorsque la
tempête atteint des latitudes froides, lorsque
les vents ralentissent ou encore lorsque le
gradient de pression diminue. Louragan fai-
blit alors rapidement et se transforme en un
petit cyclone extratropical sans danger qui
disparaît généralement après quelques jours.
Mais même lorsqu’il n’y a plus de danger im-
diat, les destructions provoquées par un
ouragan restent souvent perceptibles pen-
dant des années. Des cas comme l’ouragan
Katrina qui avait atteint la côte sud des Etats-
Unis et qui est considécomme l’une des
pires catastrophes naturelles de l’histoire du
pays, montrent combien de temps les consé-
quences peuvent persister. Des villes et des
paysages entiers sont truits sur le long
terme, lapprovisionnement en énergie n’est
plus assuré, sans parler des problèmes envi-
ronnementaux. Aujourd’hui, une grande par-
tie des habitants de la ville n’ont toujours pas
pu retourner dans leurs maisons. Si Katarina
a disparu après une semaine, son passage est
encore bien visible même cinq ans après.
PHOTO: US NOAA
Flash-InFo: l’ouragan Irene
Situation le 28 août, à 17 heures. Neuf personnes ont déjà
trouvé la mort et quatre millions de ménages sont privés
d’électricité sur la côte est des Etats-Unis. Avec ses 1000 kilo-
mètres de diamètre, Irène concerne un tiers de cette côte,
vivent 60 millions d’âmes. A New York, les premières
rues sont inondées. Le Centre national des ouragans (NHC)
avait rétrogradé Irène de la catégorie 2 à la catégorie 1, mais
ce sont surtout la taille et la durée qui sont importantes, et
pas seulement la vitesse du vent, qui est encore de 100 km/h
actuellement. Louragan progresse en direction du nord
car un front sità l’ouest le dévie, alors que les eaux de
l’Atlantique sont toujours à 27 degrés jusqu’à New York.
Sufsamment d’énergie pour un ouragan.
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