Hallucinations associées aux neurostimulants

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Volume 58 – n° 7
novembre 2011
Hallucinations
associées aux
neurostimulants
Pradax en
période
périopératoire ?
Leucémie
myéloïde
chronique
Fièvre
chez le jeune
enfant
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PP 40070230
1200, avenue McGill College, bureau 800, Montréal (QC) H3B 4G7
Éditorial
P-définitions
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Directeur des rédactions, Groupe Santé
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Directrice de la rédaction
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Hélène-M. Blanchette, B. Pharm.
Rédacteur en chef adjoint
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Adjointe à la directrice de la rédaction
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Direction artistique
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Graphistes
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Comité de rédaction
Avez-vous entendu parler de...
Isabelle Giroux, B. Pharm., M. Sc.
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À vos soins
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Sophie Grondin, B. Pharm., M. Sc.
À votre service sans ordonnance
Nancy Desmarais, B. Pharm.
Julie Martineau, B. Pharm.
De la mère au nourrisson
Caroline Morin, B. Pharm., M. Sc.
D’une page à l’autre
Nicolas Paquette-Lamontagne, B. Pharm., M. Sc., M.B.A.
Inforoute
Jean-François Bussières, B. Pharm., M. Sc., M.B.A.
Les Pages bleues
Odette Grégoire, B. Pharm., M. Sc., M.A.P.
Pharmacovigilance
Christine Hamel, B. Pharm., M. Sc.
Place aux questions
Noura A. Shahid, B. Pharm.
Santé publique
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Membre honoraire
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Carrières et professions, Montréal
Nancy Dumont 514 843-2132
Gestionnaire des projets spéciaux
Chantal Benhamron 514 843-2570
Coordonnatrice de la production
Rosalina Lento 514 843-2557
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 Pilulo-dépendance : état de gens d’une
société qui dépendent beaucoup des pilules.
 Pharmacien : professionnel très au fait de la
pilulo-dépendance. Est souvent présent dans
une pharmacie, mais a aussi une vie en dehors
de la pharmacie. Par contre, est toujours pharmacien ou pharmacienne, où qu’il soit.
 Pharmacie : lieu où un ou des pharmaciens,
spécialistes de la pharmacothérapie, tentent
de réduire la pilulo-dépendance.
 Pharmacothérapie : science qui est bien maîtrisée par le pharmacien et qui lui permet de
faire des présentations magistrales aux prescripteurs (voir définition) et aux patients qui
boivent ses paroles.
 Pilulo-déficit : état d’une société qui dépense
beaucoup pour sa pilulo-dépendance.
 Pénurie : médicament ou ensemble de médicaments non disponibles pour les pilulodépendants. Processus par lequel on induit une
panique, généralement chez le patient. Processus par lequel on induit une panique, généralement chez le pharmacien. Processus par lequel
on induit des protestations chez les médecins
qui sont contactés par les pharmaciens.
 Pénurie : programme artificiel d’épuisement
des professionnels.
 Parasite : espèce de macro-organisme qui profite de la pilulo-dépendance. Peut parfois créer
une pénurie par des décisions inappropriées.
 Première ligne : système peu utilisé d’accès à
des soins de santé primaires, en développement cependant, avec un objectif d’avoir des
résultats il y a quelques années. Est souvent en
deuxième ligne. Lieu de pratique non privilégié par beaucoup de jeunes prescripteurs.
Endroit où il y a encore moins de pharmaciens. Un jour, peut-être, la première ligne
sera en première ligne.
 Patient : personne qui aime attendre dans les
salles d’urgence pour recevoir des soins de
première ligne.
 Programme d’accès spécial : programme
géré par des fonctionnaires en mal de documentation pour donner une disponibilité à
des produits généralement non disponibles.
 Pot de pilules : nom générique donné à un
pot contenant toutes sortes de choses qui ne
sont pas toujours des pilules. Peut contenir
des gélules, des capsules, des caplets, des
comprimés…
 Professionnalisme : état d’âme du pharmacien ou du prescripteur qui réagit toujours
avec la même empathie lorsqu’il se fait poser
la même question pour la 38e fois de suite.
Au printemps, ce sont les allergies, à
l’automne, c’est le rhume et la grippe qui sont
les sujets primés.
 Professionnel : s’applique à toutes sortes de
personnes. On peut aussi penser que le
patient le pense quand il pense à son pharmacien qui vient de « désemberlificoter »
son régime de pilulo-dépendance ou qui
vient d’expliquer les effets indésirables associés à sa pilulo-dépendance.
 Préparation magistrale : une préparation
faite de main de maître. On peut avoir en tête
aussi une présentation magistrale d’un beau
pot de crème gentiment préparé.
 Présentation magistrale : (synonyme de
préparation magistrale). Présentation d’un
argument par un pharmacien à un prescripteur qui reconnaît son expertise et qui
accepte son opinion.
 Préparation : période de sérénité que se
donne un pharmacien qui s’apprête à donner son 38e conseil pour la grippe durant son
quart de travail.
 Protection contre la grippe : souhait que le
pharmacien a face aux 38 patients qui lui
toussent dans la figure pour montrer comment ils toussent quand ils ne sont pas
devant le pharmacien.
 Prescription : généralement une façon pour
un prescripteur d’indiquer ce qu’il veut
qu’un patient fasse après qu’il a quitté son
bureau. Parfois, un prescripteur est prolifique et prescrit la même molécule à tous les
patients qui sont venus le voir au cours des
quatre dernières heures. La prescription ne
génère pas toujours des succès puisque, malgré la pilulo-dépendance, certains patients
ne se collent pas à leur programme de soins.
On peut remplacer « coller » par « adhérer ».
 Prescripteur : un professionnel de la santé
qui prend une décision face à un problème
de santé et qui veut qu’un patient réalise des
actions à faire une fois qu’il a quitté le professionnel de la santé.
 Prescrire : acte réfléchi par un professionnel
de la santé et/ou un prescripteur qui prépare
un plan d’action dans son domaine d’expertise. Généralement, acte qui n’est pas très
partagé pour éviter la perte de contrôle.
 Promotion de la santé : 1 - mettre en vente
la santé par toutes sortes d’affirmations. Par
exemple, les vendeurs de produits naturels
ont parfois tendance à faire de la promotion
de la santé; 2 - pour les autres, la promotion
de la santé est de favoriser la santé par des
actions concrètes, publiques, qui ont tendance à réduire la pilulo-dépendance. 
novembre 2011 vol. 58 n° 7 Québec Pharmacie
3
Sommaire
Volume 58 – n° 7 – novembre 2011
Vous trouverez les questions de formation continue
à la fin de chacun des articles.
Les Éditions Rogers Media
Kenneth Whyte, Président
Patrick Renard, Vice-président, Finances
Janet Smith, Éditrice exécutive, Groupe Santé
Sandra Parente, Directrice générale de Rogers Connecte,
titres d’affaires et professionnels
3
Éditorial
P-définitions
6
Place aux questions
11
à votre service sans ordonnance
21
Les pages bleues
Leucémie myéloïde chronique
31
Avez-vous entendu parler de...
Le prasugrel (EffientMD)
39
Pharmacovigilance
44
D’une page à l’autre
WEB
David Carmichael, Directeur général des activités en ligne
Tricia Benn, Directrice principale, Études de marché
Rogers connecte
Pour nous joindre :
Québec Pharmacie, 1200 avenue McGill College,
bureau 800, Montréal (Québec) H3B 4G7.
Téléphone : 514 845-5141, Télécopieur : 514 843-2184,
Courriel : [email protected] ou
Éloïse Boucher, adjointe administrative
Tél. : 514 843-2102, [email protected]
Abonnement ou changement d’adresse
Pour les pharmaciens
Ordre des pharmaciens du Québec
par courriel : [email protected]
par télécopieur : 514 284-3420
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Francine Beauchamp, coordonnatrice de la diffusion
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Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec,
Bibliothèque nationale du Canada ISSN 0826-9874.
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de publicité pharmaceutique.
Envoi de poste – publications, convention nº 40070230.
Québec Pharmacie est imprimé par
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8 fois l’an par Rogers Media.
Vous pouvez consulter notre politique environnementale à :
www.leseditionsrogers.ca/about_rogers/environmental.htm
46
www.professionsante.ca
Peut-on utiliser le Pradax lors de l’arrêt
de la warfarine en période périopératoire ?
L’automédication dans le cas de fièvre
chez l’enfant
Hallucinations associées
à une formulation à libération
retardée de méthylphénidate
(ConcertaMD)
Impact des cabinets automatisés
décentralisés sur la baisse des erreurs
de médication en soins intensifs
Perspective sur la pratique pharmaceutique
hospitalière au Canada 2009-2010
novembre 2011 vol. 58 n° 7 Québec Pharmacie
5
Place aux questions
Peut-on utiliser le Pradax
lors de l’arrêt de la warfarine
en période périopératoire ?
Chez les patients souffrant de fibrillation auriculaire, la warfarine est utilisée comme traitement anticoagulant, conjointement avec des
injections d’héparine. On a aussi recours aux héparines lorsqu’il faut cesser la warfarine en raison d’une chirurgie pouvant entraîner des
saignements et que le patient est à risque d’événements thromboemboliques. Le dabigatran (PradaxMD), un nouvel anticoagulant,
pourrait-il être utilisé en remplacement des héparines en période périopératoire, lorsque la warfarine est cessée ?
Texte rédigé par Mélanie Lauzon, B. Pharm.
Texte original soumis le 14 juin 2011.
Texte final remis le 8 juillet 2011.
Révision : Elyse Desmeules, B. Pharm.,
et Geneviève Duperron, B. Pharm.
La warfarine est utilisée depuis très longtemps
comme traitement anticoagulant, entre autres
chez les patients souffrant de fibrillation auriculaire (FA)1. L’anticoagulothérapie permet de
prévenir les événements thromboemboliques
ainsi que les accidents vasculaires cérébraux1,2,3.
Lorsque l’on commence un traitement par la
warfarine, il est nécessaire que le patient soit
traité conjointement par des injections d’héparine4. En effet, la warfarine a un début d’action très lent et peut prendre jusqu’à deux à
trois jours avant d’avoir un effet thérapeutique4. Le traitement par l’héparine agit rapidement et permet donc de prévenir la formation
de caillots sanguins durant la période pendant
laquelle la warfarine ne s’avère pas efficace4.
On utilise aussi les héparines lorsque l’on doit
cesser temporairement la warfarine en raison
d’une chirurgie entraînant un risque de saignements et que le patient est à risque moyen à
élevé d’événements thromboemboliques 4,5.
Étant donné que la warfarine possède une longue demi-vie, on doit cesser la prise plusieurs
jours avant la chirurgie afin de minimiser le
risque de saignements, ce qui expose malheureusement le patient à un risque embolique
avant la chirurgie4,5. Les injections d’héparines
contribuent à prévenir la formation de caillots
durant l’arrêt de la warfarine4,5. Plusieurs professionnels s’interrogent quant à la possibilité
d’assurer l’efficacité de la warfarine en début de
traitement ou lors de sa cessation en période
périopératoire grâce à un autre médicament
que les héparines4.
Une nouvelle molécule anticoagulante à
prise orale est maintenant disponible au
Canada, soit le dabigatran etexilate (Pradax MD), un promédicament du dabigatran,
converti par les enzymes estérases dans le sang
et le foie2,3,6,7. Le Pradax est un inhibiteur direct
compétitif et réversible de la thrombine (facteur IIa) avec une haute affinité sélective2,3,6,7. Il
inactive la thrombine, un agoniste puissant de
l’agrégation plaquettaire, empêchant ainsi la
formation de caillots2,3,6,7. La simplicité d’administration (prise orale plutôt qu’administration parentérale) et le coût moindre du dabigatran portent à envisager la possibilité que cette
molécule devienne une solution de rechange
aux héparines4.
Toutefois, l’utilisation du dabigatran au lieu
des héparines pour combler l’efficacité de la
warfarine ne semble pas pouvoir être prise en
considération4. Il est vrai que le dabigatran a
Tableau I
Avantages et désavantages du dabigatran (PradaxMD),
comparativement à la warfarine1-3,6,7
Avantages
Désavantages
Dose fixe ne nécessitant pas de suiviManque de données chez les patients
périodiqueinsuffisants rénaux sévères et chez ceux atteints
de maladies hépatiques
Efficacité semblable à supérieure dans la pré-Manque de données de sécurité sur une longue
vention des thromboembolies et des accidents période
vasculaires cérébraux (étude RE-LY)
Moins d’interactions avec les médicaments Plus de risque de saignements gastro et les aliments
intestinaux (à hautes doses)
Risque plus faible à comparable de compli-
Administration BID entraînant une non cations importantes liées à des saignements
observance possible
Aucun antidote permettant de renverser l’effet
anticoagulant
6
Québec Pharmacie vol. 58 n° 7 novembre 2011
Peut-on utiliser le Pradax lors de l’arrêt de la warfarine en période périopératoire ?
un début d’action rapide, ce qui permet d’atteindre un effet thérapeutique environ deux
heures après la première dose, ce qui est comparable aux héparines4,7. Par contre, la demivie de cette molécule varie entre 12 et 17 heures, ce qui implique que son effet anticoagulant
peut persister jusqu’à deux jours après sa cessation3,4,7. Les héparines agissent et s’éliminent
rapidement4. Lors d’une chirurgie, il est important que le médicament anticoagulant administré s’élimine rapidement afin de diminuer
le risque de saignements associés à la chirurgie4,5. Aussi, il importe de réduire la période
durant laquelle l’effet anticoagulant ne se
retrouvera pas dans l’intervalle thérapeutique
afin de minimiser le risque thromboembolique4,5. Ces critères conviennent aux héparines
puisque celles-ci s’éliminent entre 12 et 24
heures après la dernière injection, mais malheureusement pas au dabigatran4. De plus, le
dabigatran ne détient pas toutes les indications
pour lesquelles on doit protéger un patient
avec une héparine lors de la cessation de la
warfarine. En effet, selon les recommandations du journal médical Chest, les patients
porteurs d’une valve mécanique ainsi que ceux
atteints de fibrillation auriculaire ou ayant fait
une thrombose veineuse profonde qui sont
considérés comme à moyen ou à haut risque
thromboembolique doivent être couverts par
une héparine4,5. Le dabigatran n’étant pas indiqué chez les patients porteurs d’une valve
mécanique, il ne peut être utilisé afin de remplacer la warfarine lorsque celle-ci doit être
cessée. Enfin, le dabigatran peut parfois augmenter le rapport international normalisé
(RNI), rendant particulièrement difficile l’évaluation quand l’effet de la warfarine est réellement atteint ou dissipé4.
L’arrivée du dabigatran sur le marché a provoqué des changements importants dans le
domaine médical puisque cette molécule comporte plusieurs avantages (tableau I) et s’avère
intéressante dans certaines conditions. Par
contre, elle ne peut malheureusement pas être
utilisée en remplacement des héparines en
période périopératoire, lorsque la warfarine
est cessée4. Toutefois, elle est utilisée en prévention primaire pour éviter des événements
thromboemboliques chez les patients ayant
subi une chirurgie de la hanche ou du genou4,6,7.
Elle a aussi une indication officielle en tant que
traitement anticoagulant de la fibrillation auriculaire non valvulaire4,6,7. ■
Références
1.Anonyme. Pradax contre warfarine pour la fibrillation auriculaire. Pharmacist’s Letter Canadian. 2008;
24(8) : 240813.
2.Anonyme. Dabigatran vs warfarin in patients with
atrial fibrilation. Pharmacist’s Letter 2009;25(10) :
251023.
3.Reynen E. Résumé sur le dabigatran. L’hôpital d’Ottawa, service d’information pharmacothérapeutique.
2010 : novembre.
4.Anonyme. Should Dabigatran be used for bridging ?
Pharmacist’s Letter 2011:27(3) : 270310.
5. Douketis JD, Berger PB, Dunn AS, et coll. The peri­
operative management of antithrombotic therapy :
American college of chest physicians evidence based
clinical practice guidelines (8th edition). Chest 2008;
133(6 supp) : 299S-339S.
6.Anonyme. Pradax (dabigatran) Pharmacist’s letter
2011; 27(1) : 270119.
7.Monographie du Pradax (dabigatran etexilate).
Boehringer Ingelheim Canada Burlington. ON L7L
5H4, octobre 2010.
Question de formation continue
1) Lequel de ces énoncés est vrai ?
A.Le dabigatran a un mécanisme d’action semblable à celui de la warfarine.
B. On peut déterminer l’efficacité du dabigatran par une mesure du RNI
et ainsi ajuster le dosage.
C.Les héparines demeurent le traitement de choix lorsque la warfarine
doit être cessée en période périopératoire et que le patient est à risque élevé
de thromboembolie.
D.Le dabigatran a un début d’action et une élimination rapides,
comme les héparines.
Répondez maintenant en ligne. Voir page 62. 
Vous aimez écrire ?
ous avez toujours voulu rédiger
V
un article de formation continue
pour Québec Pharmacie ?
En voici l’occasion, puisque la chronique
Les Pages bleues recherchent activement
des auteurs.
Les pharmaciens intéressés peuvent contacter Odette
Grégoire ([email protected]).
www.professionsante.ca
novembre 2011 vol. 58 n° 7 Québec Pharmacie
7
À votre service sans ordonnance
L’automédication dans
le cas de fièvre chez l’enfant
La fièvre chez l’enfant est un motif de consultation très fréquent en pharmacie d’officine, ainsi qu’une source d’inquiétude pour les parents.
On peut définir la fièvre comme un symptôme peu spécifique puisque son étiologie est très variée. Il s’agit en fait d’une élévation du centre
de thermorégulation au niveau hypothalamique, faisant augmenter la température corporelle1. Par exemple, lors d’une infection par des
micro-organismes, la production de toxines et de déchets cellulaires entraîne une production de substances pyrogènes endogènes1. Ces
substances, notamment les prostaglandines E2, les interleukines et le facteur de nécrose tumorale (TNF), sont responsables de l’élévation
du centre de thermorégulation et donc de l’augmentation de la température corporelle. Bien que l’on observe des variations au cours de
la journée, il n’y a pas lieu de s’inquiéter1,2,3. Chez l’enfant, par exemple, ces variations peuvent aller jusqu’à 1 °C1. C’est toutefois dans
certaines conditions, afin d’assurer une défense adéquate par l’organisme, que la température corporelle s’élève, engendrant un malaise
chez l’enfant qui se manifeste de différentes façons (frissons, sudations, pleurs et bouffées vasomotrices). Il est cependant faux de
considérer la fièvre comme nocive pour l’enfant dans la mesure où la croissance de plusieurs pathogènes est réduite par une élévation
de la température3.
Quand parle-t-on de fièvre ?
On parle de fièvre lorsque la température corporelle, prise par voie rectale, dépasse 38,0 °C1-3.
En pratique, on peut mesurer la température à
quatre endroits, et en fonction de la voie que l’on
utilise, les valeurs pour statuer si l’enfant est
fébrile ou non varieront. Le tableau I montre
bien les valeurs au-delà desquelles on considère l’enfant comme fiévreux. Voyons maintenant ces quatre voies et leurs principales caractéristiques. Premièrement, la voie rectale, qui
est principalement préconisée chez les enfants
de moins de deux ans, constitue la mesure de
référence de la température. Cette mesure est
également considérée comme un premier
choix par la Société canadienne de pédiatrie
chez les enfants de deux à cinq ans. Cependant, en pratique, plusieurs enfants de cette
catégorie d’âge trouvent cette méthode inconfortable, et nous devrons éventuellement
mesurer la température corporelle avec la
seconde méthode, la technique axillaire. Bien
qu’elle soit accessible et confortable, elle n’est
pas très bien corrélée avec la température rectale ou buccale, et la valeur obtenue peut être
influencée par plusieurs facteurs (hypotension
et vasodilatation cutanée)3,4. Lorsque l’enfant
vieillit et atteint l’âge d’environ cinq ans, on
recommande d’utiliser la température buccale.
La bouche doit être fermée et l’enfant ne doit
pas consommer de liquides, qu’ils soient
chauds ou froids, dans les 10 minutes précédant la prise de température, tout comme chez
l’adulte3. La température auriculaire est une
mesure non recommandée par la Société canadienne de pédiatrie chez les moins de deux
ans 5. En fait, cette méthode repose sur la
mesure des émissions de rayons infrarouges
provenant du tympan par un thermomètre3.
La rapidité de la méthode et le confort du
patient constituent, bien sûr, des avantages,
mais celle-ci n’est pas considérée comme aussi
précise que la prise de la température par voie
www.professionsante.ca
rectale3. Chez les plus de deux ans, on peut
considérer cette méthode comme un second
choix par rapport à la température rectale
(1er choix chez les 2 à 5 ans) ou buccale
(1er choix chez les 5 ans et plus), mais les manipulations sont plus sujettes aux erreurs d’utilisation, rendant nécessaire l’enseignement de
la technique de prise par le pharmacien en
officine3,5. Les étapes pour une prise adéquate
de la température, qui se retrouvent dans le
tableau II, doivent être enseignées aux
parents pour assurer la fiabilité des valeurs.
Texte rédigé par Pierre-Alex Laurendeau,
étudiant en 4e année de pharmacie,
Université Laval, Québec.
Texte original soumis le 17 juin 2011.
Texte final remis le 25 juillet 2011.
Révision : Julie Martineau, B. Pharm., et Nancy
Desmarais, B. Pharm.
Et avec quel thermomètre ?
Bien que les thermomètres au mercure aient été
une référence il y a quelques années, la plupart
des experts considèrent qu’il est préférable d’utiliser les thermomètres électroniques en raison
de la toxicité du mercure et du fait que les modèles au mercure sont faits en verre. Les thermomètres dits « digitaux » sont généralement en
plastique et l’affichage de la température élimine
le risque d’erreur dans la lecture de la colonne au
mercure. Généralement, lorsqu’on parle de thermomètres électroniques (digitaux), le prix varie
entre 9 $ et 14 $. Bien entendu, les coûts diffèrent
selon les pharmacies et les régions. Quant aux
thermomètres tympaniques, le prix est très
varié selon les modèles, mais il se situe généralement autour de 40 $ à 60 $.
Critères de consultation médicale
Lorsque l’enfant fiévreux est âgé de moins de
trois mois, on doit l’adresser à un médecin2,3.
De plus, si la température excède 41 °C ou que
la fièvre persiste depuis plus de 72 heures sans
raison apparente, il est recommandé de consulter un médecin3. Certains symptômes plus
importants sont également des critères de référence, dont la léthargie, des vomissements, des
éruptions cutanées, la confusion, une diminution de l’appétit ou de la soif, ainsi que tout
autre signe infectieux important2,3,5.
novembre 2011 vol. 58 n° 7 Québec Pharmacie
11
À votre service sans ordonnance
Tableau I
Température au-delà de laquelle on considère que
l’enfant est fiévreux4,5
Méthode utilisée
Rectale
Buccale
Tympanique
Axillaire
Mesures non pharmacologiques
Lorsqu’on a éliminé les signes et symptômes qui
nécessitent une visite au cabinet du médecin, il
est important, peu importe si on traite la fièvre
par des antipyrétiques ou non, de suggérer aux
parents de l’enfant fébrile des mesures non
pharmacologiques puisque le but du traitement
de la fièvre est de soulager l’enfant et que le seul
abaissement de la température corporelle est
souvent insuffisant. On doit en premier lieu éviter de le recouvrir. Il faut donc suggérer aux
parents d’habiller leurs enfants avec des vêtements légers et de garder une température
ambiante autour de 20 °C à 21 °C1,2. L’approche
qui consiste à donner à l’enfant un bain à
l’éponge avec de l’eau (jamais avec de l’alcool
isopropylique) n’est pas recommandée, de
même que mettre l’enfant dans un bain d’eau
tiède3. La raison pour laquelle on évite d’im-
Température mesurée
38,0 °C (100,4 °F)
37,5 °C (99,5 °F)
38,0 °C (100,4 °F)
37,3 °C (99,1 °F)
merger complètement l’enfant dans l’eau est que
l’on n’agirait pas sur le centre de thermorégulation, on ne ferait que diminuer légèrement la
température corporelle; c’est une méthode
inconfortable pour l’enfant3. Cependant, si la
température corporelle est assez élevée
(> 40 °C), il peut être utile d’utiliser un antipyrétique, puis d’éponger l’enfant avec de l’eau tiède.
Le principe de cette méthode est qu’en épongeant, l’évaporation de l’eau permet de réduire
la température corporelle, d’où l’inefficacité de
la méthode d’immersion totale, qui ne favorise
pas l’évaporation3. Cette méthode est toutefois
controversée selon les sources.
Médicaments en vente libre
Lorsqu’il est souhaitable pour le bien-être de
l’enfant de commencer une thérapie pour
réduire la température, nous disposons de deux
principaux agents, soit l’acétaminophène et
l’ibuprofène. L’acide acétylsalicylique n’est plus
recommandé chez les patients de moins de
18 ans en raison de son association avec le syndrome de Reye (encéphalopathie aiguë, œdème
cérébral, perturbations métaboliques) lors d’une
infection virale. Puisqu’il est difficile de déterminer si l’origine de la fièvre est virale ou non, il
vaut mieux l’éviter1-4.
L’acétaminophène constitue un premier choix
chez l’enfant, principalement en raison de l’expérience clinique et de son innocuité. On l’utilise à raison de 10 à 15 mg/kg par dose toutes les
quatre à six heures, pour un maximum de
75 mg/kg par jour. Les multiples formulations
(en suspension, gouttes, comprimés, comprimés à croquer, suppositoires) ont toutes leurs
particularités. Mentionnons surtout les gouttes,
dont la concentration est relativement élevée,
qui permettent de donner une petite quantité de
liquide à l’enfant très jeune. Les suppositoires,
quant à eux, ont une absorption erratique, ce
qui n’en fait pas un premier choix2-5.
Utiliser l’ibuprofène a parfois certains avantages en raison de sa durée d’action plus longue et
d’une plus grande efficacité à diminuer la fièvre
par rapport à l’acétaminophène6. Cependant, il
n’est pas clair que cette différence soit cliniquement importante ou significative1,3,5,7. Nous
savons que l’ibuprofène a des propriétés antiinflammatoires, ce qui peut parfois être prati-
Tableau II
Bref rappel sur l’utilisation des thermomètres2,3
Voie
Rectale
Buccale
Tympanique
Axillaire
12
Étapes pour une prise de température adéquate
◾ Nettoyer le thermomètre
◾ L’enfant doit être placé sur le dos, avec les genoux pliés
◾ Appliquer à l’extrémité du thermomètre une petite quantité de gelée de pétrole
◾ Insérer le thermomètre dans le rectum (distance d’environ 1 pouce ou 2 à 2,5 cm)
◾Garder le thermomètre en place jusqu’à ce que le timbre sonore indique que l’on peut
lire la température
◾ Nettoyer le thermomètre
◾ Nettoyer le thermomètre
◾ Insérer le thermomètre sous la langue de l’enfant
◾ L’enfant doit fermer la bouche tout en gardant le thermomètre sous sa langue
◾ Garder le thermomètre en place jusqu’à ce que le timbre sonore indique que l’on peut
lire la température
◾ Nettoyer le thermomètre
◾ Prendre un nouvel embout pour chaque lecture
◾ On doit tirer sur l’oreille de l’enfant (vers l’arrière)
◾ Insérer le thermomètre de façon à ce que le conduit auditif soit bloqué entièrement
◾ Garder le thermomètre en place et appuyer sur le bouton durant une seconde
◾ Retirer ensuite le thermomètre pour la lecture de la température
◾ Nettoyer le thermomètre (on peut utiliser un thermomètre buccal ou rectal)
◾Le thermomètre doit être placé au centre de l’aisselle, et l’enfant doit coller son bras
le long du corps
◾ Garder le thermomètre en place jusqu’à ce que le timbre sonore indique que l’on peut
lire la température
◾ Nettoyer le thermomètre
Québec Pharmacie vol. 58 n° 7 novembre 2011
L’automédication dans le cas de fièvre chez l’enfant
que pour abaisser la température et soulager la
douleur causée par l’inflammation chez l’enfant
(en cas d’otite moyenne aiguë, de pharyngite ou
d’amygdalite, par exemple). On doit toutefois
s’interroger sur son utilisation puisque le mécanisme inflammatoire est parfois souhaitable
dans ces infections1. La dose d’ibuprofène
comme antipyrétique est de 5 à 10 mg/kg toutes
les six à huit heures, pour un maximum de
40 mg/kg par jour3,4. L’usage d’ibuprofène n’est
pas recommandé pour des enfants de moins de
six mois en raison d’un manque de données sur
l’innocuité. On doit aussi être vigilant lorsque
l’enfant est asthmatique (en raison du déclenchement possible d’une crise d’asthme), déshydraté (pour éviter les risques de précipiter une
insuffisance rénale aiguë) ou lorsqu’il a la
varicelle (en raison d’une possible précipitation
du syndrome de Reye)3,6,8.
L’association de l’acétaminophène en plus de
l’ibuprofène est source de controverse puisqu’elle
est fréquente en pratique, mais elle n’est pas toujours à recommander selon plusieurs sources
médicales. La Société canadienne de pédiatrie ne
recommande pas cette approche en raison d’une
possible toxicité cumulée des deux agents, sauf
sous supervision médicale2,3,5. Une étude parue
en 2008 dans le British Medical Journal soutient
également cette approche. Sa conclusion était que
l’association de ces deux antipyrétiques était
supérieure à une utilisation séparée pour abaisser
la température après 24 heures, mais les patients
demeuraient sous une supervision médicale
étroite7. Cependant, pour ce qui est de l’absence
d’inconfort après 48 heures, aucune différence
n’a été notée7. Ainsi, il y a peu d’avantages, lors de
cas de fièvre légère associée à un inconfort ou à de
la douleur légère à modérée, à associer ces deux
molécules. Cette technique peut toutefois augmenter le risque d’erreurs d’administration des
médicaments par les parents2,8.
Plusieurs enfants (jusqu’à 5 %) font des convulsions lorsqu’ils deviennent fébriles1-3,5,9,10-13. Cette
expérience est fort traumatisante pour les
parents, mais elle est généralement sans conséquences2. Elles se produisent généralement entre
six mois et cinq ans, et on leur associe une prédisposition génétique9,10. La durée de la convulsion
varie entre quelques secondes et plusieurs minutes. La Société canadienne de pédiatrie recommande d’adresser ces enfants chez le médecin
assez rapidement, particulièrement en présence
de la première convulsion fébrile de l’enfant2,5,10.
Quand un enfant est en train de convulser, il
convient en premier lieu de le sécuriser en déplaçant les objets près de lui. On recommande également de tourner sa tête sur le côté et de ne pas
retenir ses mouvements. Il est important de mentionner aux parents que si la crise persiste après
trois minutes, ils doivent composer le 9112.
L’usage d’acétaminophène ou d’ibuprofène afin
de réduire la fièvre ne diminue pas les risques de
convulsions fébriles et un traitement préventif
par des anticonvulsivants n’est pas indiqué dans
les cas simples et sans conséquences (pour plus
de détails à ce sujet, voir l’article intitulé Les
convulsions fébriles écrit par Ingrid Wagner,
pharmacienne, et paru dans Québec Pharmacie,
édition de décembre 2010-janvier 2011)1,9.
Enfin, pour s’assurer d’un suivi adéquat, il est
important de diriger l’enfant vers le pédiatre ou
le médecin de famille si la fièvre est toujours présente après 72 heures, qu’il y ait traitement par
des médicaments en vente libre ou non5,11-13.
Nous devons toujours garder en tête que la fièvre est bénigne, bien qu’inconfortable, dans la
majorité des cas, et que l’on ne traite pas une
valeur de température, mais bien des patients1. Il
est donc justifié, dans les cas où la température
n’est pas très élevée, de simplement éduquer les
parents et de suggérer des mesures non pharmacologiques1. ■
6.American Pharmacists’ Association. Ibuprofen :
Drug Information handbook. 19th edition. 2010-2011.
771-4.
7.Alastair D Hay, Costelloe C, Redmond NM, et coll.
Paracetamol plus ibuprofen for the treatment of
fever in children (PITCH) : A randomized controlled
trial. British Medical Journal. 2008. 9 pages.
8. Leroy S, Mosca A. Ibuprofen in childhood : Evidence-based review of efficacy and safety. Archives
de pédiatrie. May 2007. 477-84.
9. Wagner I. Les convulsions fébriles. Québec Pharmacie, vol 57 n°8, Les Pages bleues. 2010. 21-5.
10.Les convulsions fébriles, www.soinsdenosenfants.
cps.ca/grossessebebes/ConvulsionsFebriles.htm
(Consulté le 19 mai 2011.)
11.Comité de la pédiatrie communautaire. Société
canadienne de pédiatrie. La mesure de la température en pédiatrie. Février 2011.
12.Ward M. Pathophysiology and treatment of fever in
infants and children. Up to date. 2011.
13.Comité de pharmacologie et des substances dangereuses. Utilisation de l’acétaminophène et de
l’ibuprofène dans la prise en charge de la fièvre et de
la douleur légère ou modérée chez l’enfant. Société
canadienne de pédiatrie. Mai 2007.
Un mot sur les convulsions fébriles
Références
1. Turgeon J, Bernard-Bonin AC. Dictionnaire de thérapeutique pédiatrique Weber, 2e édition. Montréal.
2008. Chenelière-Éducation. 554-62.
2.Institut national de santé publique du Québec.
Mieux vivre avec son enfant de la grossesse à deux
ans. 2010. 526-36.
3.Association des pharmaciens du Canada. Patient
Self Care. Première édition. 2002. 79-89.
4.Association des pharmaciens du Canada. Therapeutic Choices. Cinquième édition. 2007. 1515-9.
5.Comité de la pédiatrie communautaire. Société
canadienne de pédiatrie. La fièvre et la prise de la
température. Avril 2008.
Questions de formation continue
2) Lequel des énoncés suivants est vrai ?
A.La mesure tympanique de la température est un premier
choix chez les moins de deux ans.
B.Il est recommandé d’envoyer consulter un enfant faisant de
la fièvre depuis plus de 48 heures.
C.L’usage de l’ibuprofène est déconseillé chez les moins de
12 mois.
D.L’acétaminophène combiné à l’ibuprofène est recommandé
par la Société canadienne de pédiatrie.
E. Un enfant de trois mois ou moins devrait être adressé à un
médecin s’il y a présence de fièvre.
3) Lequel des énoncés suivants est faux ?
A.L’acétaminophène sous forme de gouttes est utile chez
les jeunes enfants puisque la concentration élevée permet
d’en administrer un petit volume.
B.L’utilisation d’acide acétylsalicylique est à proscrire chez
les patients de moins de 18 ans.
C.L’utilisation d’ibuprofène et d’acétaminophène a permis de
réduire les risques de convulsions fébriles.
D.La confusion, la léthargie et la présence d’éruptions
cutanées sont des critères de recommandation médicale.
E.La prise rectale de la température constitue un premier
choix chez les enfants de moins de deux ans.
Répondez maintennant en ligne. Voir page 62. 
www.professionsante.ca
novembre 2011 vol. 58 n° 7 Québec Pharmacie
13
InfoROUTE
Le défi de la gestion de
l’information en pharmacie
En 2009, l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) a publié des lignes directrices sur la surveillance de la thérapie médicamenteuse1.
En 2010, l’OPQ a publié ses normes de pratique qui reposent sur trois axes, soit le maintien de la compétence et le développement
professionnel, l’expertise en thérapie médicamenteuse et l’usage rationnel des médicaments, ainsi que la qualité et la sécurité des soins
et des services pharmaceutiques2. En 2011, l’OPQ a publié son programme de surveillance qui intègre notamment ces documents
et présente une nouvelle approche d’inspection professionnelle3.
Afin de relever ce défi, le pharmacien doit pouvoir compter sur une collaboration interdisciplinaire, une équipe technique qualifiée, un équipement et des logiciels adaptés, des aménagements
appropriés, des processus optimisés et une bonne
gestion de l’information. Plus que jamais, il est
confronté à la disponibilité et à l’utilisation de
nombreuses sources de données, tant scientifiques, administratives que liées au patient. L’utilisation concomitante de ces nombreuses sources
de données est un défi au quotidien. L’objectif de
cet article est de faire le point sur les défis relatifs à
Texte original soumis le 11 juillet 2011. la gestion de l’information.
Texte rédigé par Jean-François Bussières,
B. Pharm., M.Sc., M.B.A., F.C.S.H.P.,
CHU Sainte-Justine, chef du département de
pharmacie et de l’unité de recherche en pratique
pharmaceutique, CHU Sainte-Justine, professeur
titulaire de clinique, Faculté de pharmacie,
Université de Montréal, et Denis Lebel,
B. Pharm., M.Sc., F.C.S.H.P., adjoint au chef du
département de pharmacie et de l’unité de
recherche en pratique pharmaceutique,
CHU Sainte-Justine.
Texte final remis le 8 août 2011.
Pour des identifiants communs
L’intégration de toutes ces données repose sur
l’utilisation d’identifiants communs. À l’heure
actuelle, il existe une panoplie de numéros utilisés pour un même médicament, limitant les
capacités d’intégration et d’affichage cohérent
Figure 1
Poste de travail à trois écrans incluant l’affichage du dossier pharmacologique, des photos de préparations stériles sous hottes
et des listes de tâches en cours au CHU Sainte-Justine
des données. Ainsi, un médicament possède
un numéro d’identification de drogues (DIN)
par teneur, commun à tous les formats de
vente, un numéro de produit du fabricant par
format de vente, un numéro de grossiste distinct par format de vente, un numéro de catalogue distinct par teneur pour les achats groupés hospitaliers, des numéros différents
décrivant les codes-barres par format d’emballage (codes UPC et/ou codes GTIN, ou autres),
un numéro de générique commun à toutes les
teneurs et à tous les fabricants, et d’autres
numéros dans les logiciels hospitaliers et les
systèmes experts. Le Canadian Pharmaceutical Bar Coding Project vise à uniformiser
l’identification des codes-barres de tous les
niveaux d’emballage, de la caisse à la dose unique, garantissant une norme utile et facilement lisible pour l’intégration des données de
médicament4. En attendant cette uniformisation, les pharmaciens sont invités à réfléchir
collectivement à l’adoption d’identifiants communs cohérents afin de partager l’information
relative aux médicaments. Deux écrits de Brisseau et coll. démontrent les risques du partage
de cette information, à l’heure actuelle, en établissement de santé au Québec5-6.
Pour une identité numérique
Des travaux de l’Unité de recherche en pratique pharmaceutique (URPP) du CHU SainteJustine ont mis en évidence la nécessité d’adopter le concept d’identité numérique7. On définit
l’identité numérique d’un produit comme
« toute information liée à celui-ci et enregistrée
sous forme numérique »7. Cela concerne principalement les médicaments, mais le concept
peut aussi être appliqué à d’autres produits et
fournitures. Cette identité peut comporter différents numéros d’identification (p. ex.,
numéro DIN délivré par Santé Canada, le
numéro GTIN [Global Trade Identification
Number], le numéro de produit chez le fabricant et le distributeur, le numéro de produit
chez le groupe d’achats, le numéro de produit
au sein de l’établissement), des documents
numériques (p. ex., monographie du médicament, publications pertinentes, correspondance avec le fabricant), des images du produit
16
Québec Pharmacie vol. 58 n° 7 novembre 2011
Le défi de la gestion de l’information en pharmacie
Toutes les banques de données expertes ont en commun les éléments suivants :
une fiche « produit » comportant un numéro d’identification par médicament,
par produit ou par principe actif et plusieurs variables associées.
dans son contenant originel ou hors de son
contenant (p. ex., format d’achat, comme la
caisse de 12, format d’utilisation au département de pharmacie, comme le pot de 100 comprimés, format d’utilisation au chevet du
patient, comme le comprimé ensaché), avec ou
sans modifications effectuées par le pharmacien et son équipe (p. ex., ensachage, préparation en seringues ou mini sacs) et des fichiers
sonores de la prononciation des noms du
médicament (p. ex., prononciation du nom
générique et du nom commercial). Actuellement, une grande partie de cette information
existe de façon plus ou moins complète dans
des banques de données expertes (p. ex.,
Micromedex, de Thomson Healthcare, Compendium des produits et spécialités de l’A PC),
des banques de données transactionnelles
(p. ex., Pharmaclick de Mckesson Canada), des
banques de données informatives (p. ex., Commerce santé du groupe d’achats Approvisionnements Montréal), des dossiers pharmacologiques informatisés (p. ex., GesPharx de CGSI
Solutions TI Inc.).
Toutes ces banques ont en commun les éléments suivants : une fiche « produit » comportant un numéro d’identification par médicament, par produit ou par principe actif et
plusieurs variables associées. Toutefois, la plupart de ces banques sont difficiles à interfacer
étant donné qu’il n’existe pas de numéro
d’identification commun. Certains logiciels
prévoient déjà l’utilisation d’images pour rendre le circuit du médicament plus sécuritaire
(p. ex., PacmedServer pour l’ensacheuse Pacmed de Mckesson). Ce système serait optimal
s’il reposait sur une banque de données complète, dont les informations jugées pertinentes
seraient définies sur le plan national. Pour que
la gestion de l’identité numérique soit applicable en établissement de santé, il est impératif
d’établir un identifiant commun destiné au
format de distribution et d’utilisation.
Ainsi, on constate que la demande en faveur
d’une banque de données photographiques est
grandissante, tel qu’illustré par différentes initiatives de l’URPP, dont le projet BARCODE6.
L’organisme canadien de standardisation GS1
a mis en place le « Pharmaceutical Image Task
Group » sur la normalisation et l’ajout éventuel
d’images à la banque ECCNET. Il pourrait
offrir une source complète de données sur le
médicament. C’est à suivre.
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Quelques pistes de solution
Afin de relever les défis relatifs à la gestion de
l’information, notre équipe de recherche a mis
en place différentes pistes de solution. Par
exemple, nous avons introduit des postes de
travail à deux ou trois écrans afin de faciliter la
consultation simultanée de plusieurs sources
de données (figure 1)8. Afin d’assurer un affichage plus complet des données pertinentes à
la préparation de certains médicaments, nous
avons affiché, dans la page Web de production
des seringues orales unidose, non seulement
les données relatives à la production d’une
dose par patient (prénom, nom, nom du médicament, dose, voie, volume, etc.), mais aussi les
données relatives au produit (p. ex., nom générique, nom commercial, images pertinentes)
et au registre de préparation (p. ex., inscrip-
Figure 2
Affichage de l’identité numérique d’un produit en préparation
dans l’outil Pari-Batch utilisé au CHU Sainte-Justine
novembre 2011 vol. 58 n° 7 Québec Pharmacie
17
InfoROUTE
Figure 3
Affichage Web partiel des données intégrées au dossier pharmacologique
informatisé (GesPharx – CGSI TI) au CHU Sainte-Justine
macien et à l’assistant technique en pharmacie
(et bientôt au personnel soignant par l’intermédiaire de notre prescripteur électronique)
dans le cadre du dossier pharmacologique
informatisé (GesPharx de CGSI TI, Québec,
QC).
À noter que l’OPQ a instauré un comité de
veille sur les nouvelles pratiques liées aux
avancées technologiques, un comité spécial
sur l’organisation de la pratique et un comité
spécial sur la surveillance de la thérapie médicamenteuse.
Conclusion
L’utilisation concomitante de ces nombreuses
sources de données est un défi au quotidien.
Cet article décrit l’importance de statuer sur
des identifiants communs et sur le concept
d’identité numérique pour assurer l’implantation cohérente de nos outils informatiques en
soutien aux normes de pratique et lignes directrices de l’exercice de la pharmacie. ■
Références
tion en ligne du numéro de lot et de la date de
péremption) (figure 2)9. En ce qui concerne
l’intégration des différentes sources de données, nous avons eu recours à un identifiant
commun (# générique) pour l’affichage intégré
au dossier pharmacologique des données de
l’ensemble de l’intranet local (p. ex., règles
d’utilisation, évaluation du comité de phar-
macologie, notes de service, politiques et procédures, compatibilité, doses références, ruptures d’approvisionnement, retraits de lots,
listes de médicaments en réserve d’étage, état
des stocks, etc.) et des bases de données utilisées (p. ex., CPS, Micromedex, Natural Standards, Pubmed, BDPP, OTIS, MedEffet, etc.)
(figure 3). Cet écran expert est offert au phar-
Questions de formation continue
4) Parmi les éléments suivants
relatifs au concept d’identité
numérique, lequel est faux ?
A. On définit le concept d’identité
numérique d’un produit comme
toute information liée à celui-ci et
enregistrée sous forme numérique.
B. Le concept d’identité numérique
d’un produit peut comporter
différents numéros d’identification.
C. Le concept d’identité numérique
d’un produit peut inclure des
documents, des images et des
fichiers sonores de produits.
D. Le concept d’identité numérique ne
peut s’appliquer qu’aux médicaments
5) Parmi les éléments suivants
relatifs aux codes-barres,
lequel est faux ?
A. L’organisme canadien de standardisation GS1 a mis en place le
« Pharmaceutical Image Task Group »
sur la normalisation et l’ajout
éventuel d’images à une banque
de données.
B. La banque de données ciblée
pour l’ajout de ces images
est Micromedex.
C. La banque de données ciblée pour
l’ajout de ces images est ECCNET.
D. La banque de données ciblée pour
l’ajout de ces images est GTIN.
Répondez maintenant en ligne. Voir page 62. 
18
Québec Pharmacie vol. 58 n° 7 novembre 2011
1. Ordre des pharmaciens du Québec. Standards de
pratique. [En ligne.]
www.opq.org/fr/media/docs/guides-normes/
2982_standards-pratique_opq_web.pdf (Site visité
le 9 juillet 2011.)
2. Ordre des pharmaciens du Québec. Lignes directrices sur la surveillance de la thérapie médicamenteuse. [En ligne.] www.opq.org/fr/media/docs/
guides-normes/ld_surveillance_therapie_med.pdf
(Site visité le 9 juillet 2011.)
3. Ordre des pharmaciens du Québec. Nouveau programme de surveillance. L’Interaction 2011; juin.
4. ISMP Canada – Canadian Pharmaceutical Bar Coding
Project. [En ligne.] www.ismp-canada.org/barco
ding/ (Site visité le 9 juillet 2011.)
5. Brisseau L, Lebel D, Bussières JF. Are we ready to
share data from pharmacy information systems to
electronic health record ? Can J Hosp Pharm 2011;
64(1): 59-60.
6. Brisseau L, Lebel D, Bussières JF. Étude pilote sur le
contenu du dossier pharmacologique informatisé
partagé entre établissements de santé. Pharmacien
hospitalier et clinicien 2011; 46:93-102.
7. Bussières JF, Lebel D, Voytenko S, Vaquer G. Développement d’un concept et d’un processus de gestion
de l’identité numérique d’un produit en établissement
de santé. Can J Hosp Pharm 2009; 62(5): 406-14.
8. Lebel D, Ponton M, Racine MC, Bussières JF. Application pratique de la télépharmacie pour les préparations stériles de médicaments. Pharmactuel 2008;
41(1): 44-7.
9. Lebel D, Vaquer G, Forest JM, Bussières JF. Utilisation d’une banque de données photographiques
consultées par code-barres pour assister la préparation de seringues orales. Pharmacien hospitalier
2009; 44: 114-24.
LES pages bleues
Le traitement de la leucémie
myéloïde chronique
La leucémie myéloïde chronique (LMC) est un désordre myéloprolifératif dont l’âge médian au diagnostic est de 65 ans1. Elle compte pour
environ 20 % des leucémies chez l’adulte2. C’est la première affection qui a été corrélée à une anomalie génétique, le chromosome de
Philadelphie (Ph+), en 19623. C’est aussi la première maladie pour laquelle un traitement moléculaire spécifique a été mis au point au
début des années 2000. En effet, l’avènement des inhibiteurs de la tyrosine kinase (ITK) a instauré une ère nouvelle dans le traitement de
ce type de cancer. L’efficacité et la bonne tolérance de ces nouvelles molécules ont été démontrées sans équivoque dans les études
cliniques par rapport aux anciens traitements proposés aux patients.
Épidémiologie
L’incidence de la LMC est de 1-2/100 000 personnes (de 2/100 000 chez les hommes et
de 1,2/100 000 chez les femmes) et semble
constante dans tous les pays tenant des statistiques adéquates1. L’incidence a tendance à augmenter avec l’âge : 13,9 % des patients reçoivent
leur diagnostic entre 45 et 54 ans, 15,6 % entre
55 et 64 ans, 19,1 % entre 65 et 74 ans et 21,3 %
entre 75 et 84 ans. Seuls 2,6 % des nouveaux cas
sont âgés de moins de 20 ans au moment du diagnostic et c’est un type de leucémie très rare
chez les enfants (moins de 5 % des leucémies)1,4.
Le traitement de la LMC dans la population
pédiatrique ne sera pas abordé dans le présent
article et les lecteurs sont invités à consulter les
références au besoin4.
Selon les statistiques de 2010, 4870 nouveaux
patients ont reçu un diagnostic de LMC aux
États-Unis, tandis que 440 en sont décédés1.
L’incidence étant la même au Canada, on peut
évaluer qu’un peu plus de 500 patients canadiens ont reçu un tel diagnostic durant cette
période.
Signes et symptômes
La LMC se présente de façon typique en trois
phases. La grande majorité des patients (85 % à
90 %) sont diagnostiqués en première phase de
la maladie, que l’on dit « chronique » car elle
peut demeurer sans évolution notable pendant
plusieurs années. On observe alors une augmentation des leucocytes dans le sang sans raison apparente et plus de 50 % des patients présentent à l’examen une splénomégalie 4 .
Cependant, il est à noter qu’environ 50 % des
patients sont asymptomatiques au moment du
diagnostic4. Une thrombocytose et une anémie
légère peuvent aussi être présentes. La détection
de blastes (voir figure 1) dans le sang périphérique est rare au diagnostic et constitue un facteur
de mauvais pronostic4. Parmi les symptômes les
plus souvent évoqués par les patients, on note la
fatigue, les sueurs nocturnes, une perte de poids
et une sensation de plénitude abdominale. Cette
première phase peut durer plusieurs années,
surtout depuis l’avènement des nouvelles thérapies. En effet, la survie relative à cinq ans était de
www.professionsante.ca
57 % avec les anciens schémas de thérapie reconnus, alors que, depuis la mise en marché des
ITK, celle-ci est plutôt de 89 % après six ans1,5.
Éventuellement, les patients évoluent vers la
seconde phase de la maladie, la phase d’accélération. C’est une période intermédiaire qui dure
rarement plus de 18 mois et qui est caractérisée
par une modification importante de la formule
sanguine. En effet, on note une hyperleucocytose caractérisée surtout par une augmentation
importante de la présence de basophiles et
d’éosinophiles dans le sang périphérique6. Une
thrombopénie ainsi qu’une anémie (souvent
< 7 g/dL) sont présentes la plupart du temps7. Les
patients ressentent des douleurs osseuses, présentent de la fièvre ainsi qu’une splénomégalie.
Les patients évoluent enfin vers la dernière
phase, la phase aiguë ou blastique. Les signes
ressemblent à ceux d’une leucémie aiguë classique : à ceux évoqués dans les phases précédentes
s’ajoutent l’anorexie, l’amaigrissement, l’asthénie, des adénopathies, de l’hépatomégalie et
tous les signes fonctionnels de l’anémie.
L’hémogramme montre une anémie et thrombocytopénie sévères, une leucocytose persistante avec présence de blastes importante (20 %)
et envahissement médullaire de blastes (30 %)7.
L’espérance de vie à la suite du déclenchement
de cette phase est très courte, soit de trois à six
mois en moyenne7.
Texte rédigé par Julie Savard, B. Pharm.,
Pharmacie Amélie Noël, Québec.
Texte original soumis le 14 septembre 2011.
Texte final soumis le 3 novembre 2011.
Révision : Jean-François Larouche, MD, hématooncologue, Centre hospitalier affilié universitaire de
Québec, et Odette Grégoire, pharmacienne, M.Sc.,
M.A.P., Pharmacie Christian Ouellet.
Physiopathologie et étiologie
Chez 95 % des patients présentant une LMC, il y
a apparition d’un réarrangement chromosomique typique, résultant en la création du chromosome dit « de Philadelphie » (Ph+). Il s’agit en fait
d’un échange de matériel génétique entre les
chromosomes 9 et 22 (translocation). Ce réarrangement mène à la production d’une protéine
de fusion des gènes ABL (chromosome 9) et
BCR (chromosome 22), qui présente une activité de tyrosine kinase2,8. C’est cette protéine
chimérique qui cause les manifestations pathologiques de la LMC. En effet, des cellules souches de la lignée des granulocytes (précurseurs
des globules blancs) sont touchées, causant une
augmentation de leur prolifération, sans toutefois que leur capacité à se différencier au début
novembre 2011 vol. 58 n° 7 Québec Pharmacie
21
LES pages bleues
Figure 1
L’hématopoïèse
Cellule souche
Leucopoïèse
Érythropoïèse
Thrombopoïèse
Proérythroblaste
Myéloblaste MonoblasteLymphoblasteMégacaryoblaste
Érythroblaste
PromyélocyteMonocyteLymphocyteMégacaryocyte
Érythrocyte
Granulocytes :
MacrophageLB
LTThrombocytes
Éosinophile Basophile Neutrophile
(plaquettes)
Légende : LB : Lymphocyte B, LT : Lymphocyte T
de la maladie, c’est-à-dire dans la première phase
(chronique) soit perdue9. Les lignées érythrocytaires et mégacaryocytaires sont parfois aussi
affectées9. La figure 1 présente un résumé de
l’hématopoïèse.
Avec l’évolution de la maladie vers les phases
accélérée et blastique, l’ADN des cellules souches acquiert de nouvelles mutations et celles-ci
perdent progressivement la capacité à se différencier9. Ce phénomène entraîne une augmentation de la proportion de cellules immatures
dans le sang périphérique et la moelle osseuse, et
cause l’apparition des symptômes leucémiques.
Il est important de préciser que l’on distingue
deux phénotypes de crise blastique, selon le type
de cellules indifférenciées rencontrées : le type
myéloïde chez environ les deux tiers des patients
et le type lymphoïde présent chez la plupart des
autres patients8.
La cause principale de la LMC est toujours
inconnue; on sait cependant qu’elle peut parfois
avoir une cause environnementale, comme une
irradiation importante (bombe nucléaire) ou une
exposition prolongée au benzène qui peuvent
provoquer des mutations au niveau de l’ADN. On
sait aussi que la descendance des patients atteints
n’est pas plus à risque de développer la LMC que la
population générale4. De plus, il n’y a pas de corrélation entre l’apparition ou non de la maladie chez
des jumeaux monozygotes4. Chez la grande majorité des patients, la LMC serait donc un désordre
acquis et non héréditaire.
persistante avec ou sans splénomégalie. On
procède alors à un examen comprenant une
numération cellulaire complète du sang périphérique, une biopsie de la moelle osseuse et
une analyse génétique pour rechercher la présence du chromosome de Philadelphie. La
détection de ce dernier confirme hors de tout
doute le diagnostic de LMC. Les critères diagnostiques pour définir l’entrée dans la phase
accélérée sont la présence de blastes dans le
sang périphérique ou dans la moelle osseuse
dans une proportion de 10 % à 19 % ou, entre
autres, la présence d’une thrombocytopénie
(< 100 000 μL)10,11. Quant à la phase blastique,
elle est caractérisée par une proportion de plus
de 20 % de blastes, soit dans le sang ou la
moelle, soit par l’infiltration extramédullaire
de blastes12,13.
Certains facteurs ont été associés à un mauvais pronostic et leur présence diminue de façon
générale l’espérance de vie des patients, ainsi
que leur probabilité de réponse au traitement4.
Ces facteurs sont :
■ l’âge au moment du diagnostic;
■ la présence de symptômes au diagnostic;
■ la présence de blastes ou de basophiles dans
l’analyse du sang périphérique;
■ la présence dans la moelle osseuse de dépôts
de collagène ou de fibrose de réticuline;
■ des périodes de rémission de courte durée.
Dans les études, les chercheurs utilisent différents outils pour stratifier le risque clinique
Diagnostic et buts du traitement
de la LMC. Le plus utilisé est le score de Sokal14.
de la LMC
Il est utilisé chez les patients en phase chroniLa présence de la LMC est fortement soupçon- que et a été mis au pojnt originellement pour
née lorsqu’un patient présente une leucocytose prédire la survie des patients traités par les
22
Québec Pharmacie vol. 58 n° 7 novembre 2011
anciennes thérapies reconnues, comme le
busulfan. Il est demeuré l’outil le plus utilisé,
car il a été démontré qu’il était efficace avec les
thérapies plus récentes, telles que l’interféron-α
et les ITK. Il est basé sur l’âge, la taille de la rate,
le décompte des blastes dans le sang périphérique, ainsi que celui des plaquettes sanguines15.
Un patient ayant un score de Sokal élevé risque
de moins bien répondre à la thérapie et d’avoir
une progression plus rapide de sa maladie.
Évaluation de la réponse au
traitement
Le but du traitement est l’obtention d’une
réponse hématologique complète (RHC), définie comme une normalisation de l’hémogramme du sang périphérique. Il doit aussi y
avoir une disparition complète des signes et
symptômes de la maladie12. Parallèlement, on
évalue la réponse du patient en mesurant sa
réponse cytogénétique, c’est-à-dire la présence
de cellules Ph+16. La réponse moléculaire est
utile pour mesurer la réponse au traitement.
Elle réfère à la détection par PCR (Polymerase
Chain Reaction) de transcrits du réarrangement Bcr-Abl (ARN messager)16. Ces différents
tests permettent d’évaluer l’efficacité des traitements et de les comparer entre eux lors des
études cliniques. En effet, le taux et la rapidité
d’atteinte de réponses majeures ou complètes
de ces paramètres orientent le pronostic des
malades12 . En particulier, la rapidité de l’atteinte d’une réponse cytogénétique complète
est associée à un meilleur pronostic pour le
patient. Le tableau 1 résume les critères utilisés pour ces différents types de réponse au traitement.
Le traitement de la leucémie myéloïde chronique
« Avec l’évolution de la maladie vers les phases accélérées et blastiques, l’ADN
des cellules souches acquiert de nouvelles mutations et celles-ci perdent
progressivement la capacité à se différencier. Ce phénomène entraîne une
augmentation de la proportion de cellules immatures dans le sang périphérique
et la moelle osseuse, et cause l’apparition des symptômes leucémiques. »
Cas clinique (1re partie)
Madame PL a reçu un diagnostic de LMC il y a
un an. Elle a commencé un traitement par le
mésylate d’imatinib (GleevecMD) à la dose de
400 mg par jour, il y a quatre mois. Elle ne
prend aucun autre médicament. Elle tolère
bien son nouveau traitement, mais lors de sa
dernière rencontre avec son médecin traitant,
celui-ci lui a indiqué que sa réponse cytogénétique n’était que mineure, de même que sa
réponse hématologique. Vous mettez en doute
son observance. Elle admet en effet avoir omis
quelques doses en début de traitement à cause
des nausées. Elle vous assure que, maintenant,
elle prend son traitement tel que prescrit.
Quelles sont alors les options offertes à
Madame PL ?
Traitements
Avant l’arrivée du premier ITK, au début des
années 2000, les stratégies de traitement de la
LMC incluaient le contrôle du décompte leucocytaire avec du busulfan ou de l’hydroxyurée, la greffe de cellules souches provenant
d’un donneur allogénique compatible ou la
suppression non spécifique des cellules Ph+ à
l’aide de l’interféron-α (souvent associé à de la
cytarabine)16. Seuls les deux derniers types de
traitement permettaient d’améliorer la survie
des patients, mais à un certain coût. En effet, la
greffe permet une survie à long terme chez
40 % à 80 % des patients, mais les critères d’admissibilité, la disponibilité d’un donneur compatible et le taux de mortalité de 10 % à 40 % en
raisondes complications de la procédure en
font une option qui ne peut être proposée à
tous les pat ients. L e tra itement par
l’interféron-α induit une RCyC chez seulement 5 à 30 % des patients et prolonge leur survie de 7 ans en moyenne16. L’interféron-α pourrait être utilisé chez certains patients ne
répondant pas aux ITK et son association avec
l’imatinib au cours d’une étude a augmenté le
taux de réponse moléculaire17.
www.professionsante.ca
Présentement, l’utilisation d’un ITK est
recommandée en première ligne12,14. Les guides de traitement les plus récents, ceux de
l’ESMO (European Society for Medical
Oncology 2010) et du NCCN américain
(National Comprehensive Cancer Network
2011), recommandent l’utilisation d’un des
trois ITK, mais l’imatinib est la molécule la
plus utilisée en première intention, car c’est
l’agent avec lequel les spécialistes ont le plus
d’expérience12,18.
L’imatinib
Le premier ITK mis au point pour traiter la
LMC est le mésylate d’imatinib (GleevecMD,
Novartis), inhibiteur sélectif de la tyrosine
kinase BCR-ABL. L’ITK inhibe la tyrosine
kinase et bloque la prolifération des cellules
porteuses du chromosome de Philadelphie,
entraînant ainsi leur apoptose2. L’imatinib a
été prouvé supérieur au traitement associant
l’interféron-α à la cytarabine lors de l’étude
IRIS (International Randomized Study of
Interferon and STI571). En effet, après un suivi
de 18 mois, 87,1 % des patients traités par l’imatinib, contre 34,7 % des patients du groupe
interféron-α plus cytarabine, avaient une
RCyM (IC à 95 % de 84,1 à 90,0 et de 29,3 à
40,0, respectivement). L’imatinib a été mieux
toléré pour la durée de l’étude et la dose quotidienne moyenne était de 400 mg19. Un résumé
des résultats de cette étude est présenté au
tableau 4.
Après cinq ans de traitement, l’effet positif
s’est maintenu pour la majorité des patients
de l’étude IRIS. En effet, la RCy était complète
chez 87 % des patients et le taux de survie chez
ceux ayant reçu l’imatinib en traitement initial était de 89 %6. Seulement 7 % des patients
ont progressé vers les phases accélérée ou
blastique. L’incidence d’effets indésirables
graves n’a pas augmenté avec la durée du traitement et l’efficacité de l’imatinib a semblé se
maintenir après huit ans 6,18. Un détail intéressant à relever est que le pourcentage de RCyC
chez les patients ayant un score de Sokal élevé
(mauvais pronostic) est moins élevé, comparativement à des patients ayant un score faible16. Ces patients sont donc plus résistants au
traitement par l’imatinib et ont un plus grand
risque de progression de leur maladie sur
cinq ans après l’introduction de ce médicament (17 % contre 3 % pour les patients avec
un score de Sokal faible)6.
Tableau 1
Stratification des différents types de réponses lors d’un traitement
pour la LMC16,17
Réponse
Catégorie
Caractéristiques
HématologiqueComplète (RHC)
leucocytes < 10 x 109/L
plaquettes < 450 x 109/L
< 5 % de basophiles
CytogénétiqueComplète (RCyC)
0 % de cellules Ph+ en métaphase
Majeure (RCyM)Complète et partielle combinées
Partielle
1 à 35 %
Mineure
36 à 90 %
Aucune
> de 90 %
MoléculaireComplète (RMC)Aucune détection de transcrit
Majeure (RMM)
Diminution d’au moins 3 log vs
valeur initiale
novembre 2011 vol. 58 n° 7 Québec Pharmacie
23
LES pages bleues
Tableau 2
Caractéristiques pharmacocinétiques des ITK20,24,27,32
Imatinib
Dasatinib
Nilotinib
Biodisponibilité orale (%)
98Rapide et importante
30
Demi-vie (heure)
18-40
5-6
15-17
Liaison protéique
95 %
96 %
98 %
BiotransformationFoie : CYP 3A4 Foie, majoritairementFoie : CYP 3A4
(majeur);
via le CYP 3A4
(majeur) et
1A2, 2D6, 2C9, glycoprotéine P
2C19 (mineurs) Élimination
▪ Fèces : 68 % ▪ Fèces : 85 %
▪ Fèces : 93 %
▪ Urine : 13 %
▪ Urine : 4 %
▪ 25 % inchangé
(5 % urine et
20 % fèces)
Induction enzymatique
—
—CYP2C8, 2C9, 2D6
Inhibition enzymatiqueCYP2D6CYP3A4CYP3A4, 2C8, 2C9,
2D6, glycoprotéine P
Les études ont aussi permis de conclure que
plus les réponses cytogénétiques et moléculaires sont importantes et rapides, plus le patient
peut espérer avoir une longue période sans
évolution de la maladie. En effet, l’étude IRIS
révèle que 97 % des patients ayant obtenu une
RCyC après 12 mois de traitement par l’imatinib n’avaient pas progressé vers les phases
accélérée ou blastique après cinq ans. En comparaison, la maladie n’avait pas progressé chez
seulement 81 % des patients ayant obtenu une
réponse cytogénétique partielle6.
La dose initiale d’imatinib est de 400 mg
une fois par jour. Il est recommandé de le
prendre avec de la nourriture afin de diminuer les risques d’irritation gastrique. L’imatinib est principalement métabolisé dans le foie
par l’isoenzyme CYP 3A4. Il est biotrans-
caractéristiques pharmacocinétiques de
l’imatinib et des autres ITK.
Le profil d’effets indésirables des différents
ITK est similaire, mais chacun présente aussi
des effets potentiels importants et distincts
(voir tableau 3). La majorité des patients présentent au moins un effet secondaire. Dans le
cas de l’imatinib, on peut observer des réactions hématologiques importantes, comme de
l’anémie et de la thrombocytopénie. Plus de la
moitié des patients ressentent de la fatigue et
ont de la diarrhée, des nausées accompagnées
ou non de vomissements. Un œdème superficiel est fréquent, mais 1 % des patients a présenté des épanchements pleuraux, un œdème
pulmonaire, un ascite et un gain pondéral
rapide19,21. C’est pourquoi les patients ayant des
maladies cardiaques établies ou sous-jacentes,
souffrant d’insuffisance cardiaque ou âgés de
plus de 65 ans doivent être surveillés de près
dès le début du traitement21.
Il faut parfois interrompre ou diminuer la
dose d’imatinib si les transaminases hépatiques augmentent de manière trop importante.
Il existe une marche à suivre si la numérotation
plaquettaire ou les neutrophiles diminuent
trop21. Le lecteur est invité à se référer à la
monographie du produit pour de plus amples
détails.
L’imatinib est indiqué au Canada en traitement de la LMC (toutes les phases), chez les
adultes et les enfants porteurs du chromosome
de Philadelphie. Il est indiqué aussi pour le
traitement de la leucémie lymphoïde aiguë et
des tumeurs stromales gastro-intestinales.
formé en un métabolite ayant une activité
semblable à la molécule mère20. Il faut donc
éviter l’utilisation concomitante d’un inhibiteur puissant de cette enzyme (kétoconazole,
clarithromycine, érythromycine, ritonavir,
pamplemousse) par risque d’augmenter les
effets indésirables. Inversement, les inducteurs enzymatiques (dexaméthasone, phénytoïne, carbamazépine, rifampicine, mille­
pertuis) risquent d ’entraîner un échec
thérapeutique21. Ce médicament inhibe aussi
le CYP 2D6. Aucune modification de dose
n’est suggérée chez les patients ayant une fonction rénale ou hépatique diminuée (environ
5 % de la dose est éliminée de manière inchangée dans l’urine). La prudence est toutefois de Résistance au traitement
mise avec ces patients, car aucune étude n’a été L’absence de réponse hématologique est définie
menée auprès d’eux. Le tableau 2 présente les comme une résistance primaire à l’imatinib.
Dans ce cas, des mutations particulières empêchent parfois la liaison de l’imatinib à la pro Tableau 3
téine de fusion Bcr-Abl. En effet, plus de
Comparaison des principaux effets secondaires des trois ITK21,24,25,27,33
40 mutations différentes ont été caractérisées et
certaines (dont T3151, présente chez environ
Effets secondaires
Imatinib (%)
Dasatinib (%)
Nilotinib (%)
9 % des patients) entraînent la résistance à tous
TotalSérieux*
TotalSérieux*
TotalSérieux*
les traitements présentement disponibles2. La
Anémie
84
3
90
9
13
0-5
résistance secondaire concerne les patients qui
Neutropénie
58
14
65
21
15
4-12
répondent initialement au traitement, mais perThrombocytopénie
62
8
70
11
27
3-11
dent leur réponse cytogénétique ou moléculaire
Céphalées
36
24
3
21-31
avec le temps20. L’acquisition de nouvelles mutaDiarrhée
3-58
23-27 19-22
tions du gène BCR-ABL serait à l’origine de ce
Douleurs
49
3
14
6
10-18
2-4
deuxième type de résistance. Le phénomène de
musculosquelettiques
résistance concernerait jusqu’à 25 % des patients
Fatigue
25-48
21
6
16-28
0-3
en phase chronique, si l’on considère les critères
Nausées
3-73
22-24
18-31
du regroupement de spécialistes européens
Œdème
1-86
14-37
11
« The European Leukemia Net », qui sont :
Rashs
50
22
28-33
2-5
absence de RHC après trois mois de traitement,
Vomissements
2-58
13
10-21
absence de RCyM après 12 mois ou absence
d’une RCyC après 18 mois22.
*Le terme « sérieux » indique le pourcentage de patients qui ont dû diminuer la dose ou arrêter temporairement le traitement
Deux approches peuvent être envisagées en
afin d’améliorer le paramètre présenté.
cas de résistance au traitement : augmenter
les doses d’imatinib ou changer pour un autre
24
Québec Pharmacie vol. 58 n° 7 novembre 2011
Le traitement de la leucémie myéloïde chronique
« La descendance des patients atteints n’est pas plus à risque de développer
la leucémie myéloïde chronique (LMC) que la population générale.
De plus, il n’y a pas de corrélation entre l’apparition ou non de la maladie
chez des jumeaux monozygotes. Chez la grande majorité des patients,
la LMC serait donc un désordre acquis et non héréditaire. »
ITK. Une dose plus élevée, réservée aux
patients qui tolèrent bien l’imatinib à la dose
de départ de 400 mg par jour, peut permettre
parfois à plus de patients d’atteindre une
RCyC. En effet, à 800 mg par jour (en deux
doses de 400 mg), 12 % de plus de patients ont
une RCyC après six mois20. Cependant, il n’y
a plus de différence entre les groupes 400 mg
et 800 mg après 12 mois et 24 mois de traitement. Par contre, une autre étude comparant
les mêmes dosages a permis d’obtenir une
réponse moléculaire majeure (RMM) et une
RCyC plus tôt et de plus grande ampleur avec
le haut dosage22. Des études à long terme sur
cette option doivent aussi être faites, car ni la
tolérance ni la survie des patients n’ont encore
été évaluées. Pour l’instant, les recommandations de la monographie canadienne indiquent que l’on peut augmenter la dose à
600 mg ou 800 mg si la maladie évolue et que
le patient n’atteint pas les critères mentionnés
précédemment, toujours à condition que
celui-ci tolère bien le traitement 21. Cependant, le groupe de spécialistes européens
ESMO conclut qu’il n’y a aucune indication à
augmenter la dose, car deux études prospectives aléatoires ont échoué à démontrer la
supériorité des hautes doses par rapport à
celle de 400 mg14.
Le dasatinib
La deuxième option, celle de changer pour un
autre ITK, fait de plus en plus l’unanimité
parmi les spécialistes de la LMC, lors d’un
échec de l’imatinib14. En effet, le dasatinib
(Sprycel MD, Bristol-Myers Squibb) et, plus
récemment, le nilotinib (Tasigna MD, Novartis
Pharma) ont été reconnus pour le traitement
de la LMC, autant en phase chronique qu’en
phases accélérée ou blastique. Ils ne sont toutefois pas indiqués pour la population pédiatrique. Le dasatinib 100 mg par jour a été
comparé à l’imatinib 400 mg par jour chez
des patients nouvellement diagnostiqués
(phase chronique), lors de l’étude DASISION
(DASatinib vs Imatinib Study In TreatmentNaïve CML patients). Après 12 mois de traitement, une RcyC était présente chez 77 % des
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patients prenant le dasatinib, tandis que le
taux était de 66 % dans le groupe imatinib
(p = 0,007)20. À 18 mois, les taux de RCyC
atteints étaient de 78 % et 70 %, respectivement (p = 0,0366). Les effets indésirables
sérieux rapportés étaient toutefois différents
dans les deux groupes23. Le groupe sous dasatinib a connu plus de cas de thrombocytopénie (19 % vs 10 %) et d’anémie (11 % vs 7 %)
sévères. Pour les autres effets secondaires,
plus de patients ont rapporté une rétention
liquidienne (tous sites confondus) avec l’imatinib (43 % vs 23 %), tandis que le dasatinib a
causé plus d ’ épa nchements pleurau x
(12 % vs 0 %). Enfin, plus de nausées et de
vomissements ont été notés avec l’imatinib
par rapport au dasatinib (21 % vs 9 % et 10 %
vs 5 %, respectivement)23.
Le dasatinib est indiqué en traitement de la
LMC en phase chronique, au dosage de 100 mg
une fois par jour, et peut être pris à n’importe
quel moment de la journée, avec ou sans nourriture. Il est métabolisé principalement par le
foie, via l’isoenzyme CYP3A4, sans toutefois
inhiber ou induire celle-ci in vivo 20. Tout
comme pour l’imatinib, il faut être prudent
lors de l’utilisation d’inducteurs ou d’inhibiteurs enzymatiques. On doit éviter les réducteurs d’acidité, tels que les anti-H2 et les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), car ils
peuvent entraîner une baisse des concentrations plasmatiques du dasatinib dont la solubilité est dépendante du pH24. Aucun ajustement
de dose n’est nécessaire chez les patients insuffisants rénaux. La prudence est par contre de
mise chez ceux présentant une dysfonction
hépatique d’intensité modérée à sévère, car
l’élimination du dasatinib se fait principalement par le foie et aucune étude n’a inclus ce
type de population. Une grande prudence est
également de mise chez les patients anticoagulés, en raison d’un risque accru de saignement.
De même, les patients présentant un allongement de l’intervalle QT doivent être surveillés
de près, car le dasatinib a la capacité d’induire
cet effet24. Parmi les effets indésirables les plus
communs, outre ceux mentionnés précédemment, on peut noter la neutropénie, la diar-
rhée, la myalgie, les infections, les céphalées et
les rashs cutanés.
Lors des phases accélérée ou blastique, il est
suggéré d’augmenter la dose de dasatinib à
140 mg si le produit est toléré. La dose de
180 mg peut être aussi utilisée en l’absence de
réponse hématologique ou cytogénétique24,25.
L’efficacité du dasatinib a été évaluée dans ces
phases de la maladie, dans les études de phase II
START (SRC/ABL Tyrosine kinase inhibition
Activity : Research Trials of dasatinib). L’étude
START-A concernait la phase accélérée et
incluait des patients résistants ou intolérants à
l’imatinib. L’étude START-B, quant à elle,
incluait des patients en crise myéloblastique qui
recevaient une dose de 70 mg BID. Finalement,
l’étude START-L regroupait des patients en
crise lymphoblastique. Les résultats de ces trois
études, résumés dans le tableau 4, concluent
que le dasatinib peut être une autre option de
traitement relativement efficace lors d’un échec
de l’imatinib. En effet, une certaine proportion
de patients (autour de 30 %) a présenté une
bonne réponse à ce nouveau traitement4,26.
Le nilotinib
Le nilotinib constitue une option additionnelle de traitement. Cet autre ITK est indiqué
au Canada dans le traitement des phases chronique et accélérée de la LMC chez les patients
PH+ et résistants ou intolérants à au moins un
traitement antérieur, incluant l’imatinib27. Il
est aussi indiqué depuis 2011 en traitement de
première intention chez les patients nouvellement diagnostiqués en phase chronique28. La
molécule a été mise au point afin de lier des
protéines Bcr/Abl portant une grande variété
de mutations déjà répertoriées chez les patients
(à l’exception de la T3151). Le dosage est de
300 mg BID et il est recommandé de prendre
les capsules à jeun, deux heures après avoir
mangé, ou d’attendre au moins une heure
avant de manger27. La dose de 400 mg BID est
prescrite lors d’un échec de l’imatinib ou dans
les phases accélérée et blastique.
L’efficacité du nilotinib dans le traitement de
la phase chronique a été comparée à 400 mg
une fois par jour d’imatinib dans l’étude
novembre 2011 vol. 58 n° 7 Québec Pharmacie
25
LES pages bleues
ENESTnd29. Le tableau 4 présente les résultats
des principales études avec le nilotinib. Le nilotinib a aussi été étudié chez les patients en phase
chronique, accélérée ou blastique, intolérants
ou résistants à l’imatinib. Les études démontrent que cette molécule est efficace en thérapie
de deuxième intention. En effet, une bonne
proportion des patients intolérants ou non
répondants à l’imatinib obtient des résultats
positifs avec le nilotinib (voir tableau 4).
Le nilotinib est biotransformé principalement dans le foie via le CYP3A4 et la glycoprotéine P et il est ainsi sujet à plusieurs interactions médicamenteuses, tout comme l’imatinib
et le dasatinib. Il inhibe aussi plusieurs isoenzymes hépatiques, telles que les CYP3A4, 2C8,
2C9, 2D6, l’UGT1A1 et la glycoprotéine P27.
Malgré l’absence d’études portant sur son utilisation chez les insuffisants rénaux, son emploi
dans cette population n’est pas contre-indiqué,
car le nilotinib et ses métabolites ne sont pas
excrétés par les reins27. Toutefois, en présence
d’insuffisance hépatique, la prudence est de
mise, car on observe souvent une augmenta-
Tableau 4
Résultats des principales études portant sur l’efficacité des trois ITK dans les phases chronique,
accélérée et blastique de la LMC6,8,16,19,23,29,34,35
ITK
Imatinib
Étude
O’Brien et coll., 2003
(n = 1106)
Étude IRIS
Patients en phase chronique
Kantarjian et coll., 2003 (n = 187)
Patients en phase chronique
Druker et coll., 2006 (n = 553)
Patients en phase chronique
Dasatinib
Kantarjian et coll., 2010 (n = 519)
Étude DASISION
Patients en phase chronique
Cortes et coll., 2007
(n = 174)
Patients en phase accélérée résistants
ou intolérants à l’imatinib
Patients en phase blastique (n = 74,
type myéloïde, et n = 42, type
lymphoïde)
Nilotinib
26
Giles et coll., 2010 (n = 60)
Patients en phase chronique ou en
phase accélérée avec antécédent
d’échec de l’imatinib et du dasatinib
Rosti et coll., 2009
(n = 73)
Patients en phase chronique, à la suite
d’un échec de l’imatinib
Saglio et coll., 2010 (n = 846)
Étude ENESTnd
Patients en phase chronique
Québec Pharmacie vol. 58 n° 7 novembre 2011
Traitement
Imatinib 400 mg vs interféron-α+
cytarabine
Imatinib 400, 600 et 800 mg
comparés avec le traitement d’un
groupe (n = 650) interféron-α d’une
étude précédente
Imatinib (doses de moins de
400 mg à 800 mg par jour)
Imatinib 400 mg vs
dasatinib 100 mg DIE
Dasatinib 70 mg BID
Dasatinib 70 à 100 mg BID
Nilotinib 400 mg BID
Nilotinib à 400 mg BID
Imatinib (400 mg BID) vs Nilotinib
(300 ou 400 mg BID)
Issues principales
À 18 mois
RCyC : 76,7 % imatinib
14,5 % interféron-α
(p < 0,001)
RCyC : imatinib : 81 % (moyenne des
trois doses après 19 mois)
interféron-α : 32 % (suivi après
110 mois)
(p < 0,0001)
Suivi de l’étude de O’Brien et coll.
sur 5 ans d’utilisation de l’imatinib :
RHC : 98 %
RCyM : 92 %
RCyC : 87 %
À 12 mois :
RCyC : imatinib : 66 %
dasatinib : 77 % (p < 0,007)
RMM : imatinib : 28 %
dasatinib : 46 % (p < 0,0001)
À 14 mois :
RHM : 64 %
RHC : 45 %
(IC 95 % 56 % à 71 %)
À 6 mois :
Type myéloïde :RHM : 32 %
RCyM : 31 %
Type Lymphoïde :RHM : 31 %
RCyM : 50 %
À 12 mois :
RCyM : chronique : 43 %
Accélérée : 12 %
À 15 mois :
RCyC : 96 %
RMM : 85 %
À 12 mois :
RMM : 44 % nilotinib 300 mg
43 % nilotinib 400 mg
22 % imatinib 400 mg
(p < 0,001)
RCyC : 80 % nilotinib 300 mg
78 % nilotinib 400 mg
65 % imatinib 400 mg
(p < 0,001)
Le traitement de la leucémie myéloïde chronique
« Une étude évalue actuellement l’utilisation conjointe de l’imatinib et du nilotinib
en première ligne de traitement. La logique derrière cette association est qu’elle
limiterait l’apparition de nouvelles mutations dans les cellules souches et pourrait
prévenir le passage des patients vers les phases accélérée et blastique. »
tion de la bilirubine et des enzymes hépatiques
lors de son utilisation chez les patients ayant
une fonction hépatique normale. Tout comme
le dasatinib, le nilotinib peut augmenter la
durée de l’intervalle QT chez ses utilisateurs27.
Des cas de mort subite ont été rapportés et c’est
pourquoi il est contre-indiqué d’administrer le
nilotinib aux porteurs du syndrome du QT
long congénital, de même qu’en présence d’hypokaliémie, d’hypomagnésémie, d’usage
concomitant de tout médicament pouvant
allonger l’intervalle QT ou d’inhibiteurs puissants du CYP3A4. Il faut aussi que le patient
soit soumis à un électrocardiogramme avant
et sept jours après l’introduction du nilotinib,
de même qu’à chaque changement de dose,
afin d’assurer un suivi adéquat27.
Les effets secondaires les plus souvent rencontrés sont des éruptions cutanées, des céphalées, des nausées et vomissements, des douleurs musculaires, de l’alopécie et de la fatigue.
Comme les autres ITK, le nilotinib peut entraîner une neutropénie, de l’anémie ou une
thrombocytopénie, parfois graves et nécessitant un arrêt temporaire du traitement. Une
augmentation des enzymes hépatiques (AST,
ALT, lipase, amylase) est aussi fréquente et doit
être surveillée. Une augmentation du glucose
sanguin est aussi possible27. Le tableau 3 permet de comparer les principaux effets secondaires des trois ITK disponibles au Canada.
En résumé, concernant l’utilisation des ITK,
tous les trois ont démontré leur efficacité dans
le traitement de la LMC. L’imatinib demeure
pour l’instant la pierre angulaire du traitement, car l’expérience clinique avec cette molé-
cule est plus longue et il démontre une bonne cette molécule seule ou en association avec
efficacité et une bonne tolérance. Cependant, d’autres traitements sont en progression30.
les patients résistants ou intolérants ont maintenant deux autres options à leur disposition. Il
Cas clinique (2e partie)
faut choisir l’option appropriée pour chaque
Madame PL a cessé l’imatinib et a commencé à
patient et miser sur l’observance du traitement.
prendre le nilotinib. Après trois mois de traiteEn effet, celle-ci est une des clés de la réussite
ment, sa RCy est majeure (13 %) et ses paramèdu traitement. Des études prospectives ont
tres hématologiques sont revenus aux valeurs
démontré que, moins un patient adhère à son
normales. Elle vous demande si elle pourrait
traitement, plus sa réponse thérapeutique risprendre son TasignaMD avec de la nourriture,
que d’être sous-optimale30.
Développements futurs
De nouveaux ITK sont à l’étude, dont le bosutinib. Des données préliminaires indiqueraient que son efficacité serait similaire à celle
du dasatinib et du nilotinib, mais avec un profil distinct d’effets indésirables31. Il serait toutefois inefficace chez les porteurs de la mutation
T3151. Le ponatinib est présentement en essai
clinique de phase II et inhibe in vitro les kinases présentant cette mutation 33. Une autre
étude évalue actuellement l’utilisation
conjointe de l’imatinib et du nilotinib en première ligne de traitement. La logique derrière
cette association est qu’elle limiterait l’apparition de nouvelles mutations dans les cellules
souches et pourrait prévenir le passage des
patients vers les phases accélérée et blastique.
L’omacétaxine, un alcaloïde naturel dérivé
d’un conifère, a été utilisé et semble être efficace, même chez les porteurs de la mutation
T315131. En effet, son action est indépendante
de l’inhibition de Bcr-Abl30. Cette molécule
induit l’apoptose des cellules leucémiques par
un mécanisme inconnu. Des études utilisant
contrairement à ce qui lui a été recommandé,
car elle croit que cela l’aiderait à diminuer ses
nausées. Vous lui conseillez de continuer à prendre son médicament à jeun, tel que recommandé, afin de ne pas affecter son efficacité, et
vous insistez pour qu’elle prenne bien toutes les
doses. Vous vérifiez aussi qu’elle ne consomme
pas de jus de pamplemousse ou un produit
naturel qui augmenterait les concentrations sanguines de nilotinib. Vous lui suggérez l’utilisation
de dimenhydrinate au besoin et lui rappelez
qu’avec le temps les nausées disparaissent chez
la majorité des patients.
Conclusion
L’avènement du traitement ciblant directement
l’anomalie génétique de la LMC a constitué une
percée sans précédent en cancérologie. Il a permis d’augmenter de façon importante la survie
des patients dans la phase chronique, leur permettant ainsi de maintenir une bonne qualité
de vie. Pour les phases accélérée et blastique,
d’autres agents plus performants devront être
étudiés afin d’améliorer leur efficacité. ■
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Questions de formation continue
6) Lequel des énoncés suivants est
faux ?
A.La LMC peut être transmise de façon
héréditaire.
B. Le pic d’incidence de la LMC se situe
chez les personnes âgées entre 65 et
74 ans.
C. La LMC se présente de façon typique
en trois phases distinctes : chronique,
accélérée et blastique.
D. Un des premiers signes de la LMC est
l’augmentation du compte leucocytaire sans infection apparente.
7) Lequel de ces énoncés ne décrit
pas un des signes et symptômes
possibles de la LMC au stade
blastique ?
A. Une thrombocytopénie sévère
B. Une splénomégalie importante
C. Des douleurs osseuses
D. Une insuffisance rénale chronique
8) Lequel de ces énoncés concernant
l’imatinib est faux ?
A. C’est un inhibiteur de la tyrosine
kinase.
B. Le suivi des patients de l’étude
IRIS après 5 ans indique que ceux
ayant reçu initialement l’imatinib
démontraient un taux de survie de
89 %.
C. La dose d’imatinib pour le traitement
de la phase chronique est toujours
de 400 mg une fois par jour, en
mangeant.
D. L’imatinib est biotransformé dans le
foie par les isoenzymes CYP 3A4,
1A2, 2D6, 2C9 et 2C19.
9) Lequel de ces effets secondaires
n’est pas rapporté pour le
dasatinib ?
A. Œdème
B. Rash cutané
C. Douleurs musculosquelettiques
D. Augmentation du risque de fracture
de la hanche
10) Lequel de ces énoncés concernant
le nilotinib est vrai ?
A. Son utilisation est contre-indiquée en
présence d’insuffisance hépatique.
B. Des douleurs musculaires et de
l’alopécie sont des effets secondaires
possibles.
C. Il n’est pas nécessaire de faire passer
un électrocardiogramme à tous les
patients débutant le nilotinib,
seulement à ceux qui sont porteurs
d’une élongation du QT congénitale.
D. Le dosage recommandé est de
300 mg BID avec de la nourriture.
Répondez maintenant en ligne. Voir page 62. 
28
Québec Pharmacie vol. 58 n° 7 novembre 2011
Avez-vous entendu parler de...
Le prasugrel (EffientMD)
Au Canada, selon une analyse des données sur les hospitalisations, l’incidence des infarctus du myocarde (IM) chez les sujets de 20 ans
ou plus est de 2,54 cas par 1000 patients1,2. Le taux de mortalité des patients atteints de syndrome coronarien aigu (SCA) est également
élevé. Il est d’environ 7,2 % après 1 an, conséquence principale d’une mort subite, de la manifestation ou de la récidive d’un IM aigu2.
Un traitement efficace est de mise afin de ralentir l’évolution de la maladie et d’en prévenir les complications. Ainsi, plusieurs choix sont
offerts : la pharmacothérapie seule, une intervention coronaire percutanée (ICP) ou un pontage aortocoronarien (PAC).
La formation d’un thrombus au niveau d’une
plaque d’athérosclérose préexistante ou sur un
tuteur est un événement courant, causé principalement par l’activation et l’agrégation plaquettaires. Ainsi, les plaquettes interviennent
dans le déclenchement ou l’évolution des complications thrombotiques de l’athérosclérose et
leur inhibition est essentielle afin de réduire le
taux de complications cardiovasculaires. Une
thérapie antithrombotique efficace est habituellement composée d’aspirine (AAS) et d’une
thiénopyridine3. Les lignes directrices canadiennes actuelles recommandent l’utilisation
de cette association pour une période d’un an
chez les patients s’étant présentés au départ
pour un infarctus du myocarde sans sus-décalage du segment ST (NSTEMI) ou avec susdécalage du segment ST (STEMI), traités médicalement, et chez tous les patients traités par une
ICP en raison d’un SCA. Cette thérapie pourrait également être poursuivie au-delà d’un an
chez les patients présentant un haut risque de
thrombose3.
La ticlopidine est le premier représentant de la
classe des thiénopyridines à avoir fait son apparition sur le marché canadien au début des
années 1990. Ce médicament s’est avéré supérieur à la thérapie conventionnelle antiplaquettaire pour réduire la survenue d’IM et de mort
vasculaire chez les patients souffrant d’angine
instable. De plus, sa supériorité a aussi été
démontrée par rapport au placebo pour diminuer la réocclusion aiguë des pontages coronariens. Toutefois, cette molécule a été délaissée au
profit du clopidogrel à la fin des années 1990.
Elle est rarement utilisée en raison de son incidence importante d’effets indésirables gastrointestinaux et de nombreux autres effets indésirables qu’elle peut causer, tels que la neutropénie,
la thrombocytopénie, l’anémie aplastique et le
purpura thrombocytopénique4. De plus, son
administration biquotidienne et l’absence de
données à la suite de l’implantation de tuteurs
médicamentés confirment l’utilisation marginale de la ticlopidine.
Le deuxième représentant de la classe des thiénopyridines est le clopidogrel. Le bénéfice clinique d’une combinaison antiplaquettaire à l’aide
d’AAS et de clopidogrel chez les patients subissant une ICP et chez ceux se présentant avec un
SCA a été démontré dans les études COMMIT,
CURE et CURE-PCI4 . Toutefois, certains
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patients sous cette thérapie présentent tout de
même des récurrences d’événements thrombotiques. En effet, le clopidogrel, malgré ses avantages, exerce une inhibition plaquettaire
modeste et une variabilité d’efficacité entre les
sujets influencée par le génotype du CYP2C19.
Afin de pallier ces désavantages, deux nouvelles
thiénopyridines ont récemment fait leur apparition sur le marché canadien : le ticagrelor
(BrilintaMD), commercialisé depuis juin 2011, et
le prasugrel (EffientMD), disponible depuis juillet
2010. Ces nouvelles molécules ne présenteraient
pas de variabilité interindividuelle, elles ont un
délai d’action accéléré et une meilleure efficacité
sur le plan de l’inhibition plaquettaire.
Cet article se concentrera davantage sur le
prasugrel étant donné que celui-ci est disponible depuis plus d’un an au Canada et qu’il a été
évalué par le Conseil du médicament du Québec (aujourd’hui l’INESSS), contrairement au
ticagrelor qui vient tout juste d’arriver sur le
marché canadien.
Texte rédigé par Isabelle Voisine, B. Pharm.,
M.Sc., pharmacienne, Centre hospitalier
de l’Université de Montréal (CHUM).
Texte original remis le 30 janvier 2011.
Texte final remis le 27 juin 2011.
Révision : Isabelle Taillon, B. Pharm., M.Sc.,
pharmacienne, Institut de cardiologie et de
pneumologie de Québec (IUCPQ), professeure
de clinique, Faculté de pharmacie,
Université Laval, Québec.
Pharmacologie
et mécanisme d’action
Les interventions au niveau des artères coronaires, telles que l’angioplastie et la pose de tuteurs,
sont souvent à l’origine de dommages à la surface endothéliale, ce qui entraîne un état inflam-
Tableau I
Principaux paramètres pharmacocinétiques du prasugrel
et du clopidogrel
Dose de chargePrasugrel 60 mgClopidogrel 300 mgClopidogrel 600 mg
Dose de maintienPrasugrel 10 mgClopidogrel 75 mgClopidogrel 75 mg
Biodisponibilité
79 %
50 %
50 %
Cmax
1 h
1 h
1h
T1/2
7,4 h
6 h
6h
Temps de pic de
1 h
6 h
2h
l’inhibition plaquettaire Temps d’équilibre de
2-4 jours
5-6 jours
5-6 jours
l’inhibition plaquettaire Métabolisme
Principaux
3A4 et 2B6
2C19
2C19
Secondaires
2C9 et 2C19CYP3A4 et 1A2CYP3A4 et 1A2
ÉliminationMétabolite inactifMétabolite inactifMétabolite inactif
Urine
50 %
68 %
68 %
Fèces
46 %
27 %
27 %
Liaison des protéines
98 %
94-98 %
94-98 %
Novembre 2011 vol. 58 n° 7 Québec Pharmacie
31
Avez-vous entendu parler de...
matoire et rend l’endothélium adhésif pour les
plaquettes5,6. Tout comme le clopidogrel, le prasugrel inhibe l’activation et l’agrégation plaquettaires. Afin d’exercer son activité, le métabolite actif du prasugrel se lie de façon
irréversible par covalence grâce à un pont disulfure au site actif du récepteur P2Y12 de l’adénosine diphosphate (ADP). Ainsi, cette thiénopyridine empêche l’A DP d’induire l’agrégation
plaquettaire durant toute la durée de vie de la
plaquette, soit environ 10 jours. Des études
menées chez des volontaires sains ont également démontré que le prasugrel présente une
inhibition de l’agrégation plaquettaire plus
puissante et constante, comparativement au
clopidogrel administré aux doses standard7. Si
l’on compare le prasugrel au ticagrelor, la principale différence en ce qui a trait au mécanisme
d’action repose sur l’inhibition réversible du
ticagrelor au site du récepteur P2Y127 .
Pharmacocinétique
La cinétique du prasugrel a été étudiée chez
plusieurs patients lors d’études cliniques et ses
principales propriétés pharmacocinétiques
sont comparées à celles du clopidogrel dans le
tableau I8-10.
Après une administration de prasugrel par
voie orale, au moins 79 % de la dose est absorbée, ce qui est supérieur au clopidogrel qui, lui,
est absorbé dans une proportion de 50 %. La
dépend principalement de l’isoenzyme 3A4 du
cytochrome P450. Toutefois, celui-ci ne semble
ni induire, ni inhiber l’isoenzyme.
Il est également important de mentionner que
la pharmacocinétique du métabolite actif du
prasugrel ne semble pas influencée par les variations génétiques du CYP2B6, du CYP2C9, du
CYP2C19 ou du CYP3A4, contrairement à la
pharmacocinétique du métabolite actif du clopidogrel qui, elle, est influencée par le génotype
CYP2C19. Cela signifie qu’environ 30 % des
personnes de race blanche, 40 % de celles d’origine africaine et 60 % des Asiatiques métabolisent plus lentement le clopidogrel12.
La pharmacocinétique du prasugrel a été étudiée chez diverses populations. À l’équilibre,
elle ne diffère pas de manière significative selon
le sexe. Cependant, l’exposition moyenne au
métabolite actif a été supérieure de 19 % chez les
patients de 75 ans ou plus. L’aire sous la courbe
est également plus élevée de 30 % à 40 % chez les
sujets en bonne santé, dont le poids corporel est
inférieur à 60 kg. Ainsi, les patients de 75 ans ou
plus, qui ont un poids inférieur à 60 kg, présentent une exposition accrue au métabolite actif9.
pharmacocinétique du prasugrel est proportionnelle à la dose administrée et celle-ci n’est
pas affectée par la prise de nourriture. Une fois
la dose absorbée, la concentration plasmatique
maximale de prasugrel (Cmax) est atteinte après
1 heure, ce qui est équivalent au clopidogrel.
Cependant, le délai avant l’atteinte du pic d’inhibition plaquettaire est plus court chez les
patients sous prasugrel, comparativement à
ceux sous clopidogrel. Ce délai est de 6 heures
chez les patients recevant une dose de charge de
300 mg de clopidogrel, de 2 heures chez ceux
recevant une dose de 600 mg et de 1 heure chez
les sujets sous prasugrel. L’état d’équilibre en ce
qui concerne l’inhibition plaquettaire est également atteint plus rapidement avec le prasugrel,
soit en 2 à 4 jours. Ce début d’action rapide serait
attribuable à la vitesse de biotransformation du
prasugrel. En effet, le prasugrel et le clopidogrel
sont deux promédicaments devant être métabolisés par oxydation pour être transformés en
leur forme active. Toutefois, le prasugrel est rapidement hydrolysé dans l’intestin puis transformé en métabolite actif en une seule étape du
métabolisme du cytochrome P450, contrairement au clopidogrel qui doit subir deux transformations par les cytochromes P450. Il est également intéressant de mentionner que, de son
côté, le ticagrelor ne doit subir aucune transformation pour être actif, ce qui représente un net
avantage11. La biotransformation du prasugrel
Indications et essais cliniques
Le prasugrel, administré en concomitance avec
de l’AAS, est indiqué dans la prévention secondaire précoce et à long terme des événements
athérothrombotiques chez les patients traités
Figure 1
Métabolisme du prasugrel et du clopidogrel
O
Prasugrel
O
O
CH3
Clopidogrel
S
F
Hydrolyse
Estérases
intestinales
Intermédiaire
Thiolactone
N
Prodrogues
S
CI
Hydrolyse
Première
oxydation
Estérases
intestinales
O
O
S
85 %
métabolite
inactif
CYPs hépatiques
CYP1A2
CYP2C19
CYP2B6
N
CYPs intestinaux
et hépatiques
CYP3A4/5
CYP2B6
CYP2C19
CYP2C9
F
Première et seule
oxydation
N
S
O
N
HS
F
Métabolite actif
Québec Pharmacie vol. 58 n° 7 Novembre 2011
O CH3
O
O
HOO C
32
O CH3
O
N
CYPs hépatiques
CYP3A4/5
CYP2C19
CYP2C9
CYP2B6
Intermédiaire
2-oxo
Seconde
oxydation
CI
O
O-CH3
N
HOO C
HS
CI
Métabolite actif
Le prasugrel (EffientMD)
L’exposition moyenne au métabolite actif du prasugrel étant supérieure
chez les patients de 75 ans et plus et chez les individus
dont le poids est inférieur à 6o kg, ces populations
sont plus à risque de complications, tels que les saignements,
à la suite de la prise du médicament.
par une ICP en raison d’un SCA se manifestant
par une angine de poitrine instable (AI), un
NSTEMI ou un STEMI9.
À ce jour, aucune étude clinique randomisée
n’a comparé le prasugrel au ticagrelor. Les seules
études randomisées disponibles sont celles
comparant le prasugrel au clopidogrel. C’est
l’étude d’envergure de phase III TRITON-TIMI
38 (Prasugrel versus Clopidogrel in Patients with
Acute Coronary Syndromes) qui a permis d’établir l’efficacité et l’innocuité du prasugrel13. Cet
essai international, multicentrique, randomisé,
à double insu, avec groupes parallèles, mené
chez 13 608 patients, visait à comparer le prasugrel (bolus de 60 mg PO, suivi d’une dose d’entretien de 10 mg DIE) au clopidogrel (bolus de
300 mg PO, suivi d’une dose d’entretien de
75 mg DIE). L’étude a été menée auprès de
patients à risque modéré ou élevé présentant
une AI, un NSTEMI ou un STEMI et chez lesquels un traitement par une ICP était prévu. Les
critères d’exclusion incluaient un risque accru
de saignement, de l’anémie, une thrombocytopénie, des antécédents de résultats montrant
une atteinte pathologique intracrânienne ou
l’utilisation d’une thiénopyridine dans les cinq
jours précédant l’admission à l’étude. L’âge
moyen des patients était de 61 ans, ils étaient
principalement de race blanche (92 %) et de sexe
masculin (75 %).
Les doses d’attaque du médicament à l’étude
pouvaient être administrées à n’importe quel
moment durant la période comprise entre la
répartition aléatoire et une heure après que le
patient eut quitté le laboratoire de cathétérisme
cardiaque. Ainsi, près de 75 % des patients ont
commencé à prendre le prasugrel ou le clopidogrel au moment de l’ICP, alors que les recommandations actuelles suggèrent l’administration d’un
bolus de clopidogrel de 300 à 600 mg avant l’ICP.
Après l’ICP, tous les patients ont reçu la thiénopyridine étudiée aux doses d’entretien quotidiennes recommandées, ainsi que de l’A AS à
une dose quotidienne variant entre 75 mg et
162 mg. Les visites liées à l’étude ont eu lieu au
moment de la sortie de l’hôpital et, par la suite,
après 30 jours, 90 jours et à intervalles de 3 mois,
pour une durée totale de 6 à 15 mois.
L’issue primaire permettant d’évaluer l’efficacité du prasugrel était un critère combiné com-
posé du taux de décès d’origine cardiovasculaire, d’IM non mortels ou d’accidents
vasculaires cérébraux (AVC) non mortels. Les
issues secondaires portaient sur les thromboses
d’endoprothèse, sur une issue combinée comprenant les décès d’origine cardiovasculaire, les
IM non mortels ou les revascularisations urgentes du vaisseau cible, aux 30e et 90e jours, et sur
une autre issue combinée des décès d’origine
cardiovasculaire, des IM non mortels, des AVC
non mortels ou d’une réhospitalisation en raison d’une complication cardiaque ischémique.
L’étude évaluait également l’innocuité du prasugrel en comptabilisant les saignements
majeurs non liés au PAC, les saignements
majeurs mettant en jeu le pronostic vital et les
saignements majeurs ou mineurs selon la classification TIMI.
Selon les résultats présentés dans le tableau II,
le traitement associant le prasugrel et l’A AS a
entraîné une réduction relative significative de
19 % de l’issue primaire combinée (9,4 % vs
11,5 % [p < 0,001]). Cette différence entre les
groupes de traitement était en grande partie liée
à une réduction significative des IM. La fré-
Tableau II
Résumé des résultats de l’étude TRITON-TIMI 38
Événements
Mort d’origine cardiovasculaire (CV),
d’IM non mortels ou d’AVC non mortels
Mort d’origine CV
IM non mortel
AVC non mortel
Mort de toutes causes
Mort de causes CV, IM non mortel,
revascularisation urgente du vaisseau cible
Mort de toutes causes, IM non mortel,
AVC non mortel
Revascularisation urgente du vaisseau cible
Mort de causes cardiovasculaires,
IM non mortel, AVC non mortel,
réhospitalisation en raison d’une complication cardiaque ischémique
Thrombose de l’endoprothèse
www.professionsante.ca
PrasugrelClopidogrelRisque relatif
(n = 6813)
(n = 6795)
(IC 95 %)
P
643 (9,9 %)
133 (2,1 %)
475 (7,3 %)
61 (1,0 %)
188 (3,0 %)
781 (12,1 %)
150 (2,4 %)
620 (9,5 %)
60 (1,0 %)
197 (3,2 %) 0,81 (0,73-0,90)
0,89 (0,70-1,12)
0,76 (0,67-0,85)
1,02 (0,71-1,45)
0,95 (0,78-1,16)
< 0,001
0,31
< 0,001
0,93
0,64
652 (10,0 %)
798 (12,3 %)
0,81 (0,73-0,89)
< 0,001
692 (10,7 %)
822 (12,7 %)
0,83 (0,75-0,92)
< 0,001
156 (2,5 %)
233 (3,7 %)
0,66 (0,54-0,81)
< 0,001
797 (12,3 %)
938 (14,6 %)
0,84 (0,76-0,92)
< 0,001
68 (1,1 %)
142 (2,4 %)
0,48 (0,36-0,64)
< 0,001
Novembre 2011 vol. 58 n° 7 Québec Pharmacie
33
Avez-vous entendu parler de...
poumon et du côlon étaient ceux qui ont majoritairement contribué à cette différence. Cette
divergence entre les deux groupes a débuté lors
du quatrième mois de l’étude et s’est poursuivie
durant toute sa durée. Plusieurs hypothèses ont
PrasugrelClopidogrel
p
été émises, mais l’explication la plus censée
(n = 6813)
(n = 6795)
repose sur le fait que les patients sous prasugrel
(%)
(%)
saignaient davantage et qu’à cause de cet effet
5,0
3,8
0,002
secondaire, des investigations plus poussées ont
été entreprises. Ainsi, les chances étaient plus
1,4
0,9
0,01
élevées de diagnostiquer un cancer. De leur côté,
0,4
0,1
0,002
les études non cliniques ont indiqué l’absence de
4,0
3,0
< 0,001
carcinogénicité et de stimulation tumorale. À la
2,4
1,8
0,03
suite de ces observations, la Food and Drug
Administration (FDA) a exigé que la compagnie
0,3
0,3
0,74
Lilly réévalue le risque de cancer lors d’une pro1,4
0,9
0,03
chaine étude d’envergure17,18.
D’autres effets indésirables ont également été
rapportés, tels que des éruptions cutanées et de
rativement au clopidogrel, il a permis de préve- l’anémie.
nir 23 IM, au coût de six épisodes d’hémorraMises en garde
gies majeures, selon la classification TIMI.
Brièvement, le ticagrelor a été comparé au clo- et contre-indications
pidogrel lors de deux essais cliniques randomi- Il est absolument contre-indiqué d’administrer
sés, soit DISPERSE-2 et PLATO. Lors de l’étude le prasugrel aux personnes présentant un antéPLATO (n = 18 624), composée de patients pré- cédent d’ICT ou d’AVC en raison du risque
sentant un SCA ou subissant une ICP, le ticagre- accru d’ICT et d’AVC hémorragiques après une
lor a entraîné une diminution statistiquement angioplastie. Chez les sujets de plus de 75 ans et
significative de l’issue primaire combinée com- chez ceux pesant moins de 60 kg, le prasugrel est
posée de la mortalité, d’AVC et d’IM, et ce, en à proscrire en raison d’une exposition accrue au
n’augmentant pas le risque de saignements métabolite actif. Le prasugrel n’est pas recommajeurs. De plus, le ticagrelor a démontré une mandé chez les patients de moins de 18 ans, les
baisse significative de la mortalité totale de 22 % femmes enceintes ou allaitantes et chez ceux
(4,5 % vs 5,9 % [p < 0,001]). Cela représente un présentant une insuffisance hépatique grave de
avantage (évalué de façon indirecte) du ticagre- classe C de Child-Pugh, car celui-ci n’a pas été
lor par rapport au prasugrel, étant donné que ce étudié chez ces populations. Il faut également
dernier n’a pas su démontrer une diminution de éviter d’administrer le prasugrel aux patients
la mortalité et qu’il augmente le risque de sai- présentant un saignement actif, un antécédent
d’hypersensibilité à ce médicament ou au clopignements16.
dogrel, car le risque d’allergie croisée n’est pas
Effets indésirables
exclu. De plus, si un patient doit subir une
L’évaluation de la fréquence des effets indésira- chirurgie, le prasugrel doit être cessé au minibles attribués au prasugrel vient principalement mum une semaine avant l’intervention9. Cela
de l’étude TRITON-TIMI 38. Les effets princi- représente un désavantage par rapport au ticapaux sont énoncés dans le tableau III. En géné- grelor qui peut être cessé 48 heures avant une
ral, la molécule est bien tolérée par les patients. chirurgie grâce à son inhibition réversible de
Les saignements représentent l’effet indésirable l’agrégation plaquettaire11.
grave le plus souvent répertorié. Selon les résultats de l’étude, l’incidence de saignements asso- Interactions médicamenteuses
ciés au prasugrel s’est avérée plus élevée que celle Bien que le prasugrel soit métabolisé par les
du clopidogrel. La prévalence des saignements isoenzymes 3A4, 2B6, 2C9 et 2C19 du cytoassociés au prasugrel est encore plus marquée chrome P450, il ne semble pas être modifié par
chez les patients de 75 ans ou plus, pesant moins l’administration d’autres médicaments passant
de 60 kg, et chez ceux présentant un antécédent par ces voies. Par exemple, le kétoconazole, un
d’AVC et d’ICT. Les sujets sous prasugrel présen- inhibiteur puissant et sélectif du CYP3A4, n’a
tant des antécédents d’ICT ou d’AVC présentent pas modifié l’inhibition de l’agrégation plaquetdes taux plus élevés d’ICT et d’AVC hémorragi- taire entraînée par le prasugrel, ni l’ASC ou le
ques après l’angioplastie que les patients dans le Tmax de son métabolite actif, mais il a été associé
groupe témoin. Le diagnostic de nouvelles à une diminution de 34 % à 46 % de sa Cmax. Par
tumeurs solides a été posé chez 1,4 % des patients conséquent, les inhibiteurs du CYP3A4, tels que
sous prasugrel, contre 0,9 % des sujets sous clopi- le vérapamil, le diltiazem, l’indinavir, la ciprodogrel, lors de l’étude TRITON. Les cancers du floxacine, la clarithromycine et le jus de pample-
Tableau III
Incidence des principaux effets indésirables (%) liés au traitement
par le prasugrel et le clopidogrel lors de l’étude TRITON-TIMI 38
Événements
Saignement majeur et mineur selon
la classification TIMI
Saignement menaçant la vie
Saignement fatal
Saignement nécessitant une transfusion
Saignement majeur selon la classification TIMI non relié à une chirurgie
Hémorragie intracrânienne
Tumeurs quence des AVC et de la mort d’origine cardiovasculaire était plus faible dans le groupe prasugrel, mais de façon statistiquement non
significative. Toutefois, aucun résultat significatif n’a été observé sur la mortalité. Par ailleurs,
une réduction significative de toutes les issues
secondaires a été atteinte dans le groupe prasugrel. Ainsi, une réduction significative de 34 %
des revascularisations urgentes a été notée. De
plus, une diminution significative de 52 % des
thromboses d’endoprothèse a été observée dans
le groupe prasugrel, ce qui lui confère un net
avantage face au clopidogrel. Lors de l’analyse
de sous-groupe, il a également été observé que
les patients présentant initialement un STEMI
semblaient bénéficier davantage du prasugrel
(réduction relative significative de 20,7 % de l’issue primaire combinée)14. Une sous-analyse de
l’étude TRITON a aussi démontré que les bénéfices du prasugrel étaient plus marqués au sein
de la population diabétique. Ainsi, l’utilisation
du prasugrel chez les diabétiques a permis de
diminuer significativement de 28 % l’issue primaire combinée (17,0 % vs 12,2 % [p < 0,001]),
comparativement aux sujets non diabétiques15.
Les bienfaits du prasugrel étaient cependant
accompagnés d’une augmentation significative
du taux de saignements. Lors de l’étude, une
augmentation du risque relatif de 32 % des saignements majeurs a été observée chez les sujets
sous prasugrel et le risque relatif de saignements
fatals serait quatre fois plus élevé pour ce dernier. Une analyse détaillée de ces données a
révélé que les taux accrus de saignements étaient
principalement observés chez les personnes de
75 ans et plus, chez celles pesant moins de 60 kg
et chez les patients ayant déjà subi un AVC ou
une ischémie cérébrale transitoire (ICT). En
excluant ces patients de cette analyse, la différence de taux de saignements entre les deux
médicaments n’était alors plus significative.
L’analyse de l’ensemble des données a révélé
un bienfait net associé au prasugrel, car, compa-
34
Québec Pharmacie vol. 58 n° 7 Novembre 2011
Le prasugrel (EffientMD)
Grâce à une meilleure efficacité du prasugrel sur le plan de l’inhibition
plaquettaire, le traitement l’associant à l’AAS réduisait significativement
l’incidence des infarctus du myocarde et la fréquence des AVC.
Les bénéfices du prasugrel étaient plus marqués au sein
de la population diabétique.
mousse, ne devraient pas exercer d’effets significatifs sur la pharmacocinétique du métabolite
actif. La rifampicine, un puissant inducteur du
CYP3A et du CYP2B6 et un inducteur du
CYP2C9, du CYP2C19 et du CYP2C8, n’a pas
modifié de façon significative la pharmacocinétique du prasugrel, ni l’inhibition de l’agrégation plaquettaire qu’il induit. Par conséquent,
les inducteurs connus du CYP3A4, comme la
rifampicine, la carbamazépine et d’autres inducteurs du cytochrome P450, ne devraient pas
exercer d’effets significatifs sur la pharmacocinétique du métabolite actif.
Toutefois, l’administration concomitante de
prasugrel avec un AINS, de l’aspirine, de la warfarine ou un fibrinolytique accroît le risque de
saignements8,9.
Posologies et coûts de traitement
Le prasugrel administré oralement doit être instauré à une dose unique de 60 mg, puis poursuivi à une dose de 10 mg une fois par jour, pour
une durée de traitement minimale de 12 mois3.
Chez une population pesant moins de 60 kg ou
chez celle âgée de plus de 75 ans, la FDA suggère
de diminuer la dose quotidienne à 5 mg. Toutefois, cette dose n’a pas encore été étudiée lors
d’études cliniques et son efficacité et sa sécurité
n’ont pas encore été évaluées. Il est alors déconseillé de recourir à cette pratique pour l’instant
en raison du manque de données probantes. De
plus, le comprimé de 5 mg n’est pas disponible
au Canada et le comprimé de 10 mg n’est pas
sécable9. Enfin, cette thiénopyridine ne nécessite aucun ajustement posologique chez les
patients atteints d’une insuffisance rénale,
même terminale.
Au moment d’écrire ces lignes, le prix coûtant
unitaire pour le comprimé de 10 mg de prasugrel était de 2,60 $, comparativement à celui du
clopidogrel, qui est de 2,58 $. Le prasugrel est
inscrit dans la section « Médicaments d’exception » de la Liste des médicaments de la RAMQ
depuis le 1er février 2011.
Selon la RAMQ, le prasugrel est indiqué lors
d’un syndrome coronarien aigu, pour la prévention des manifestations vasculaires ischémiques, en association avec l’acide acétylsalicylique, chez les personnes qui ont subi une
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angioplastie percutanée coronarienne. Cependant, contrairement au clopidogrel, il n’y a pas
de code de médicament d’exception et la durée
maximale de l’autorisation est d’un an.
Les principaux conseils à donner aux patients
commençant à prendre le prasugrel sont résumés dans le tableau IV.
Conclusion
Pour l’instant, la place du prasugrel dans l’arsenal thérapeutique du SCA demeure limitée
étant donné qu’il ne peut être prescrit qu’aux
patients ayant subi une ICP avec implantation
de tuteur et qu’il n’est pas encore remboursé par
la RAMQ, au même titre que le clopidogrel.
Cependant, l’étude TRILOGY ACS (phase III)
est en cours afin d’évaluer l’association du prasugrel et de l’AAS, comparativement à celle du
clopidogrel et de l’AAS chez des sujets présentant de l’angine instable ou un NSTEMI et qui
seront traités médicalement. Par ailleurs, c’est
lors de cette étude que le risque de carcinogénicité du prasugrel sera réévalué.
L’efficacité du prasugrel est bien établie par
rapport à celle du clopidogrel parce qu’il présente moins de variabilité génétique, un délai
d’action accéléré et une inhibition plaquettaire
plus constante. Ces caractéristiques font du
prasugrel un agent de choix chez les patients
présentant une thrombose de tuteur sous clopidogrel. Les bénéfices du prasugrel sont également plus marqués dans la population diabétique et chez les patients présentant un
diagnostic de STEMI. Ainsi, cette thiénopyridine pourrait être privilégiée d’emblée chez ces
derniers. Toutefois, il ne faut pas omettre que le
prasugrel concerne une population limitée.
Lorsque le prasugrel est débuté, il est de rigueur
de vérifier l’âge, le poids et la présence d’un antécédent d’AVC ou d’ICT afin de minimiser le risque de complications. Pour l’instant, le coût du
prasugrel par rapport à celui du clopidogrel ne
constitue pas un frein à son utilisation, mais le
prescripteur devra s’ajuster aux contraintes liées
à la gestion des médicaments d’exception.
Toutefois, l’arrivée récente du ticagrelor sur le
marché canadien nous forcera probablement à
réévaluer le rôle du prasugrel au sein de l’arsenal
thérapeutique antiplaquettaire. Un face-à-face
direct, au moyen d’une étude clinique randomisée
comparant l’efficacité et l’innocuité de ces deux
molécules serait intéressant afin d’établir leur
Tableau IV
Conseils au patient
■L’EffientMD vous a été prescrit en association avec l’aspirine afin de prévenir une thrombose
de tuteur (stent) à la suite d’une angioplastie.
■Ce médicament se prend par la bouche, avec ou sans aliments. Il est essentiel de le prendre
tous les jours. Des oublis pourraient mener à une thrombose de votre tuteur, ce qui pourrait
être catastrophique pour votre santé. Prenez-le une fois par jour, toujours au même moment.
Si vous avez oublié une dose, ne doublez pas celle qui suit. De même, si vous n’êtes pas
certain d’avoir pris votre dose de la journée, attendez le lendemain avant d’en prendre
une nouvelle.
■Ce médicament est généralement bien toléré par les patients. Le principal effet indésirable
que l’EffientMD peut occasionner est un risque accru de saignements, tels que des
hématomes, des contusions, des saignements de nez ou des gencives.
■Il est important de ne pas prendre d’autres médicaments qui pourraient augmenter
le risque de saignements sans l’accord de votre médecin ou de votre pharmacien,
tels que les AINS (ibuprofène, MotrinMD, AdvilMD, NaproxenMD), les anticoagulants oraux et
l’aspirine.
■Ce produit est contre-indiqué si vous avez déjà fait un AVC ou une ICT par le passé. Il n’est pas
recommandé si vous êtes âgé de 75 ans et plus et/ou si vous pesez moins de 60 kg.
Novembre 2011 vol. 58 n° 7 Québec Pharmacie
35
Avez-vous entendu parler de...
place respective dans le traitement du SCA. Selon
la littérature médicale actuelle, le ticagrelor présenterait des avantages par rapport au prasugrel :
un risque de saignements moindre, une inhibition
réversible et une molécule ne nécessitant aucune
transformation pour être activée. Cependant, lors
de l’étude PLATO, les patients recrutés en Améri-
que du Nord ont semblé moins bénéficier du ticagrelor que ceux qui avaient été enrôlés ailleurs
dans le monde19. Ces données nécessiteront davantage de recherches. À ce jour, les Lignes directrices
canadiennes mentionnent que le clopidogrel et le
ticagrelor pourraient être utilisés en première
ligne de traitement chez les patients se présentant
avec un SCA ou subissant une angioplastie, tandis
que le prasugrel devrait être réservé en seconde
intention chez les patients présentant un haut risque de thrombose à la suite de la pose d’un tuteur3.
Quant aux instances américaines (ACC/AHA),
elles n’incluent pas encore le ticagrelor dans leurs
plus récentes recommandations20. ■
Références
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10.Sanofi Aventis Canada Inc. Monographie du clopidogrel (Plavix), 4 septembre
2009.
Dans ce numéro de
Gratuit! Québec
Pharmacie
Répondez en ligne à www.Professionsante.ca
L E Ç O N
D E
Approuvé pour
1,5
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of AZD6140, the first reversible oral adenosine diphosphate receptor antagonist,
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the Guidelines for the Management of Patients With Unstable Angina/Non–ST-Elevation Myocardial Infarction (Updating the 2007 Guideline). JACC 2011; 123 (18):
2022-60.
Formation continue UFC
Novembre 2011
No de dossier CCEPP : 1065-2011-304-I-P • Valide jusqu’au 19 septembre 2014.
Traitement anti-inflammatoire
de la sécheresse oculaire
Par Blair Jarvis, B. Sc. (avec mention), M. Sc., BSP
Après avoir suivi cette leçon, les pharmaciens
seront en mesure de :
1. décrire l’étiologie et la physiopathologie de la sécheresse
oculaire chronique;
2. décrire le rôle des traitements pharmacologiques topiques
et systémiques utilisés dans le traitement de la sécheresse
oculaire;
3. comprendre le rôle que peut jouer le pharmacien pour aider
ses clients à diagnostiquer et traiter les symptômes de la
sécheresse oculaire chronique.
Leçon offerte grâce à une subvention à visée éducative de :
Questions de formation continue
11) Parmi les énoncés suivants, lequel est faux ?
A. Le prasugrel inhibe l’agrégation plaquettaire via le
récepteur P2Y12.
B. Le prasugrel doit subir deux transformations au niveau des
cytochromes.
C. Le temps pour le pic de l’inhibition plaquettaire est plus
rapide pour le prasugrel que pour le clopidogrel.
D. La dose de charge de prasugrel est de 60 mg et la dose
de maintien journalière est de 10 mg.
E. Lors de l’étude TIMI-TRITON 38, le prasugrel n’a pas
réussi à diminuer la mortalité de façon statistiquement
significative.
12) Lequel de ces énoncés n’est pas une contreindication ?
A. Âge de plus de 75 ans.
B. Chirurgie prévue dans 3 jours.
C. Poids de moins de 65 kg.
D. Antécédent d’AVC ou d’ICT .
E. Femme enceinte.
Répondez maintenant en ligne.
Voir page 62 
36
Québec Pharmacie vol. 58 n° 7 novembre 2011
Pharmacovigilance
Hallucinations associées à une
formulation à libération retardée
de méthylphénidate (ConcertaMD)
Le méthylphénidate (MPH) est un stimulant du système nerveux central (SNC) indiqué dans le traitement du trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) chez l’enfant à partir de six ans et chez l’adulte1.
Texte rédigé par Elise Rochais, interne en
pharmacie, Université Paris Descartes, et
assistante de recherche à l’unité de recherche en
pratique pharmaceutique, CHU Sainte-Justine,
Aurélie Closon, B. Pharm., assistante de
recherche à l’unité de recherche en pratique
pharmaceutique, CHU Sainte-Justine, Marianna
Zarrelli, MD, pédopsychiatre, CHU Sainte-Justine,
Jean-François Bussières, B. Pharm., M.Sc.,
M.B.A., F.C.S.H.P., chef du département de
pharmacie et de l’unité de recherche en pratique
pharmaceutique, CHU Sainte-Justine.
Texte original soumis le 13 avril 2011.
Texte final remis le 3 mai 2011.
Révision : Christine Hamel, B. Pharm., M.Sc,
Hôpital BMP, Cowansville.
Remerciements à la Dre Marie-Claude Bélisle,
MD, pédopsychiatre, CHU Sainte Justine.
Selon la classification du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Health Disorders, Fourth
Edition (DSM IV), le TDAH est un trouble neurologique se caractérisant par des symptômes
associés à une inattention, une hyperactivité et
une impulsivité persistant pendant au moins six
mois, à un degré inadapté et ne correspondant
pas au niveau de développement de l’enfant2.
Ces symptômes sont présents pour la plupart
avant l’âge de sept ans et entraînent une gêne
fonctionnelle significative pour le patient sur le
plan social, scolaire ou professionnel.
La prise en charge du TDAH est multidisciplinaire : en complément du traitement médicamenteux symptomatique, les thérapies comportementales amélioreraient les symptômes
associés au TDAH et le fonctionnement général
de l’enfant3. Le TDAH est fréquemment associé
en comorbidité à d’autres troubles psychiatriques (trouble oppositionnel avec provocation,
trouble des conduites, abus de substances, trouble anxieux et trouble de l’humeur)4.
Les psychostimulants, tels que le méthylphénidate (RitalinMD), les sels mixtes d’amphétamine (Adderall XR MD) ou la dexamphétamine
(DexedrineMD), sont utilisés en première intention dans le traitement du TDAH, grâce à leur
efficacité et sécurité reconnues5. Depuis, d’autres
classes thérapeutiques ont été mises au point,
telles que l’atomoxétine (StratteraMD), solution
de rechange pour certains patients.
Il existe des formes galéniques de MPH à libération immédiate, telles que le Ritalin, généralement administré en deux ou trois prises par
jour, selon les périodes les plus critiques de la
journée pour le patient, sur les plans scolaire,
comportemental et social. Des formes à libération retardée (Ritalin SR, Concerta, Biphen-
Tableau I
Chronologie des doses de méthylphénidate reçues par J.
Dose journalière
15 mg
20 mg
25 mg
35 mg
38
Matin (mg)
5
7,5
10
15
Midi (mg)
5
7,5
10
15
Québec Pharmacie vol. 58 n° 7 novembre 2011
15 h 30 (mg)
5
5
5
5
Durée
3 jours (J58 à J60)
2 semaines (J61 à J75)
2 mois (M4 à M6)
1 mois (M6)
tinMD) permettent une seule prise par jour, ce
qui facilite une bonne observance du traitement
et permet de couvrir des périodes plus longues,
notamment pour les patients chez qui la durée
d’action des formes à libération immédiate est
trop brève6.
Le MPH est relativement bien toléré, mais certains effets indésirables rares doivent être
connus des prescripteurs et des pharmaciens.
Les hallucinations visuelles sont un effet indésirable rare (fréquence inférieure à 1 % dans les
essais cliniques d’innocuité à long terme) qui
nécessite toutefois d’être connu afin que le
patient soit rapidement pris en charge et que son
imputabilité quant au traitement, à une pathologie sous-jacente ou à l’abus de substances illicites soit rapidement déterminée1.
Présentation du cas
J. est un garçon de cinq ans et neuf mois (21 kg)
suivi pour un TDAH depuis le début de 2010 et
traité par MPH depuis juillet 2010. En août 2010
(J0), il est hospitalisé pour la première fois au
Centre hospitalier Sainte-Justine pour des hallucinations visuelles.
Cet enfant est issu d’une famille originaire
d’Afrique. Tous ses frères et sœurs ont été retirés
de leur milieu familial en avril 2009, après suspicion de négligence et d’abus physiques, et placés
dans des structures d’accueil différentes. Ses frères et sœurs sont également suivis en pédopsychiatrie pour un TDAH associé à d’autres troubles (trouble oppositionnel avec provocation
secondaire, trouble réactionnel de l’attachement,
troubles de l’apprentissage et du langage).
Il a été évalué au CHU Sainte Justine au début
de 2010 pour son attitude d’opposition et son
agitation avec comportement envahissant. On
retrouve de multiples cicatrices anciennes et
brunâtres sur tout le corps. Son état de vaccination est inconnu et il souffrirait d’une allergie
d’origine inconnue traitée par diphenhydramine (BenadrylMD).
On le décrit comme un enfant vif et actif mais
qui a du mal à se concentrer sur une tâche et
abandonne facilement. Il souffre d’énurésie
nocturne. J. supporte très mal l’autorité de qui
que ce soit, fait des crises, ne se contrôle pas, a
peu de tolérance à l’effort. Il ne présente pas de
Hallucinations associées à une formulation à libération retardée de méthylphénidate (ConcertaMD)
D’après Santé Canada, 12 cas d’hallucinations visuelles
pouvant renvoyer à l’utilisation du méthylphénidate ont été rapportés
de 1990 à 2010, pour des patients de 5 à 13 ans.
problème de sommeil ou d’appétit et son contact
avec la réalité est bon (pas de signe de dissociation). En résumé, J. souffre d’un état de stress
post-traumatique avec traumas complexes associés à de la négligence et à des abus physiques
suspectés, d’un TDAH sévère, d’un trouble
réactionnel de l’attachement secondaire et d’un
trouble oppositionnel avec provocation secondaire.
Un traitement par MPH, à libération immédiate (Ritalin), a été instauré à J-34 avec augmentation graduelle de la dose jusqu’à 20 mg
(soit 1 mg/kg/j) en trois prises par jour (matin,
midi et à 15 h 30). À J-9, il a été remplacé par une
forme à libération prolongée, soit du Concerta
18 mg, en une prise le matin, pour cause de
mauvaise maîtrise des symptômes (effet rebond
au cours de la journée). J. prend également de la
mélatonine au coucher.
J. est hospitalisé au J0 au CHU Sainte-Justine
pour hallucinations visuelles : elles ont commencé dans la nuit de J-2 à J-1, mais l’enfant s’est
rendormi. La nuit suivante, vers trois heures, il
se réveille paniqué, disant qu’il voit des araignées qui lui grimpent dessus et le piquent. À
l’arrivée à l’hôpital, il est très anxieux et cherche
du réconfort, ce qui est inhabituel chez lui
d’après son pédopsychiatre. À l’examen, on ne
trouve aucun symptôme somatique ni trouble
du système nerveux central, aucun signe d’intoxication. Une analyse des urines pour recherche de substances toxiques est demandée et une
consultation avec le pédopsychiatre est prévue
pour le lendemain. En attendant, le traitement
par le Concerta est suspendu, car on le soupçonne d’être à l’origine des hallucinations (la
dernière prise remonte au matin même). Le lendemain matin, il ne présente plus d’hallucinations visuelles franches, mais il a peur de remettre ses vêtements à cause des araignées. Les
résultats relatifs aux substances toxiques urinaires sont négatifs. Il est décidé de le garder en hospitalisation une journée supplémentaire pour
s’assurer de l’élimination des symptômes en
l’absence de Concerta.
À J+2, soit 48 heures après la dernière prise de
Concerta, J. va bien, ses craintes se sont estompées : il n’a pas présenté de signes d’hallucination pendant la nuit, il a bien dormi et est éveillé,
son discours est cohérent. On retient l’hypothèse d’une réaction secondaire à la prise de
Concerta.
L’enfant obtient son congé le jour même, sans
traitement, avec consultation prévue avec son
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pédopsychiatre à J+16 : un traitement par rispéridone (RisperdalMD) est alors entamé à la dose
de 0,25 mg deux fois par jour pour la prise en
charge des difficultés comportementales et
affectives associées au TDAH et, enfin, le MPH
est réintroduit progressivement à J+58 avec la
forme à libération immédiate (Ritalin) selon la
chronologie présentée au tableau I.
Au mois M+6, l’enfant est hospitalisé en
hôpital de jour à la demande du pédopsychiatre pour réajustement de la médication. Il est
alors traité par 35 mg de MPH à libération
immédiate (Ritalin) et par de la rispéridone
(Risperdal) 0,75 mg deux fois par jour. Dans
un premier temps, la diminution de la dose de
rispéridone à raison de 0,5 mg deux fois par
jour n’entraîne aucune modification de l’état
de l’enfant.
Au 21e jour de la seconde hospitalisation, une
journée d’observation sans MPH est prévue. Mais devant l’état de l’enfant au cours de
la matinée, le traitement est repris lors de la
prise du midi et de l’après-midi.
Six jours plus tard, une tentative de diminution de la dose quotidienne de MPH à 25 mg
est engagée.
Au 34 e jour d’hospitalisation, la dose de
25 mg en trois prises est remplacée par une
dose unique de MPH à libération contrôlée
(Biphentin) de 10 mg, augmentée à 15 mg le
lendemain.
Le jour suivant, l’état de J. n’est pas jugé satisfaisant. Il présente notamment une agitation
motrice et une réactivité augmentée l’après-midi.
Il est donc décidé de reprendre le traitement par
MPH à libération immédiate 25 mg par jour en
trois prises (10 mg/10 mg/5 mg) associé à la rispéridone 0,5 mg deux fois par jour.
À ce jour, l’enfant n’a pas refait d’épisodes
d’hallucination sous MPH (Ritalin, Biphentin), mais devant les difficultés à optimiser ce
traitement, le MPH a été remplacé par l’Adderall XR à libération prolongée, à la dose de
10 mg par jour, en une prise le matin.
hallucinations visuelles simples incluent des
images informes (de la lumière, des formes ou
des dessins géométriques). Les hallucinations
visuelles complexes sont formées de personnes, d’animaux, d’objets ou encore de scènes
réalistes7.
Diagnostic différentiel
Pour le cas de J., les hallucinations sont bien
décrites par le garçon (« des araignées méchantes qui me piquent et me font mal »), il les montre
sur ses genoux et son ventre, et il a le regard qui
dévie en leur direction. L’enfant a peur, il est très
angoissé et cherche du réconfort. Malgré tout, il
garde un bon contact avec la réalité.
En questionnant sa mère, on établit qu’il n’y a
pas d’antécédent d’épilepsie dans la famille. On
ne décèle aucun trouble somatique, notamment
au niveau du SNC, ni aucune intoxication par
une drogue de rue (amphétamines et métamphétamines, cannabinoïdes, cocaïne, opiacés,
phencyclidine).
Avec l’arrêt du traitement, les troubles sont
résolus en 36 heures et l’enfant va bien. L’intolérance au Concerta est l’hypothèse retenue.
Mécanisme d’action
Une moindre concentration de dopamine dans
l’espace synaptique au niveau du système
nigrostriatal et de la voie mésocorticolimbique
serait responsable d’un TDAH8. Le MPH entraînerait une réduction du nombre de transporteurs de la dopamine, ainsi qu’une diminution
du nombre de récepteurs dans la région du striatum, ce qui augmenterait la concentration de
dopamine dans la fente synaptique 8. Selon
Rashid et coll., chez certains patients vulnérables, cette plus grande exposition à la dopamine
entraînerait des hallucinations9. Selon Young,
les effets indésirables tels que les hallucinations
seraient dus à une transmission facilitée de l’information visuelle par le système noradrénergique et à des interactions avec les systèmes
monoaminergiques du SNC10.
Discussion
Pharmacocinétique du
méthylphénidate : comparaison
L’hallucination est une perception sans objet Ritalin et Concerta
Définition
réel à percevoir. Les hallucinations dites « psychosensorielles » peuvent toucher n’importe
laquelle des cinq modalités sensorielles (ouïe,
vue, odorat, goût, toucher)7.
On peut classer les hallucinations visuelles
en deux catégories : simples ou complexes. Les
D’après la monographie du Concerta, sa forme
galénique permet de limiter les fluctuations et
d’obtenir une libération plus uniforme tout en
ayant une biodisponibilité relative sur la journée comparable : les données pharmacocinétiques ont été obtenues chez 36 adultes à jeun,
novembre 2011 vol. 58 n° 7 Québec Pharmacie
39
Pharmacovigilance
après une dose de Concerta 18 mg, en comparaison avec trois doses de méthylphénidate à
libération immédiate administrées à quatre
heures d’intervalle6.
La forme galénique du Concerta combine deux
modes de libération du principe actif : l’enveloppe
extérieure libère immédiatement 22 % de la dose
de MPH, puis le noyau en trois couches permet
une libération prolongée au moyen d’une membrane et d’excipients à activité osmotique6.
Cette forme galénique, différente de celle des
autres formulations de MPH à libération retardée (Ritalin SR et Biphentin), entraîne des variations de la pharmacocinétique. C’est pourquoi
les trois produits commercialisés au Canada ne
sont pas interchangeables6. Une étude montre
en effet des différences dans les profils de libération de Ritalin SR et Concerta qui peuvent se
traduire par des différences d’effets cliniques11,12.
Cependant, aucune différence en matière de
tolérance entre les différentes formes galéniques
n’a été démontrée12.
Imputabilité
Les hallucinations visuelles sont des effets
indésirables peu fréquents : une étude menée
sur 407 enfants traités par MPH n’a recensé
qu’un seul cas13. Mais on retrouve quelques cas
d’hallucinations visuelles décrits dans la littérature médicale dès 197114,15. Plus récemment,
Gross-Tsur et coll. décrivent trois cas différents
de garçons entre 7 et 12 ans, traités par des doses
faibles de MPH (inférieures à 10 mg/jour), ayant
vécu des épisodes d’hallucinations, spontanément résolutifs à l’arrêt du traitement15. Le premier patient décrit des serpents qui rampent sur
son corps, le second voit des cafards qui l’encerclent et le troisième, des moustiques et d’autres
animaux rampant également sur lui15. Dans un
cas, un traitement par placebo et dans un autre, la
réintroduction du MPH ont confirmé l’imputabilité du médicament15. Les hallucinations décrites se rapportent toutes à la présence d’animaux
rampants, d’insectes qui grimpent sur le patient
et le menacent. D’après Santé Canada, 12 cas
d’hallucinations visuelles pouvant renvoyer à
l’utilisation du MPH ont été rapportés de 1990 à
2010, pour des patients de 5 à 13 ans16.
Tout en tenant compte du contexte familial de
J., on peut se demander si un problème psychique
associé ou un déficit d’attention ne pourrait pas
être responsable de tels troubles. Cependant, les
hallucinations décrites par J. sont très proches de
ce qui a été décrit dans la littérature médicale et
l’enfant ne présente pas de délires ni de pensées
désorganisées pouvant renvoyer à une maladie
psychiatrique.
En utilisant l’algorithme de Naranjo, nous obtenons en effet un score d’imputabilité de trois, ce
qui signifie une implication possible du Concerta
dans l’observation des hallucinations chez notre
patient17.
40
Il faut préciser que J. est alors âgé de moins de
six ans, or l’utilisation de MPH chez l’enfant de
moins de six ans n’a pas été validée. Cela implique
qu’il n’y a pas eu d’études de tolérance et que la
dose journalière n’est pas définie précisément
pour cette tranche d’âge6,18. Dans la pratique, quel
que soit l’âge de l’enfant, le traitement est commencé à la plus petite dose (0,25 à 1 mg/kg/jour),
puis augmenté progressivement.
Au regard du cas de J., il convient de se poser
plusieurs questions concernant l’association
entre le MPH et les hallucinations visuelles.
L’apparition des hallucinations
est-elle reliée à la dose ?
Dans la littérature scientifique, les cas rapportés
d’hallucinations visuelles surviennent à des doses
thérapeutiques faibles : on retrouve des doses journalières de 0,15 mg/kg/j à 1 mg/kg/j environ (soit 3
à 20 mg/j pour un enfant de 21 kg comme J.)9,15,19.
Il semble donc qu’une dose thérapeutique puisse
engendrer de tels effets, et ce, après des durées
variables d’exposition (de quelques jours à plusieurs années). Le traitement de J. a comporté
jusqu’à 35 mg par jour de MPH, sans aucune hallucination. La dose ne semble donc pas être en
cause. Malgré tout, la monographie du MPH précise que la variabilité interindividuelle est importante et qu’il faut trouver la dose efficace la plus faible, qui varie grandement selon les patients. Une
étude réalisée chez des enfants de moins de six ans
montre un taux d’effets secondaires plus important que celui indiqué dans d’autres études et la
nécessité de titrer très précisément la dose journalière nécessaire, très variable selon les patients,
avec une dose moyenne inférieure à 20 mg/j20. Il
subsiste néanmoins une possibilité concernant
l’administration de la dose : il faut envisager que le
Concerta ait été administré trois fois par jour selon
le même plan de prise que le Ritalin, au lieu d’une
fois par jour, ce qui aurait entraîné une accumulation et une intoxication aiguë. Cette hypothèse est
appuyée par les données obtenues dans un rapport de cas21. De fait, une intoxication avec une
formulation de MPH à libération retardée a induit
des hallucinations visuelles chez une jeune fille de
14 ans suicidaire, sans toutefois laisser de séquelles
à long terme21. Pour confirmer cette hypothèse, il
aurait été intéressant de mesurer les concentrations sanguines de MPH chez J.
Peut-on imputer ces effets à la molécule
(le MPH) ?
De toute évidence, on ne peut considérer que J. est
intolérant au MPH puisqu’il a déjà été traité par du
Ritalin, sans que des hallucinations n’aient été
notées. Par ailleurs, J. n’était traité par aucun autre
médicament au moment de l’épisode, sauf de la
mélatonine donnée au moment du coucher. A
priori, aucune interaction médicamenteuse n’a été
rapportée entre le MPH et la mélatonine, bien que
cela ne semble pas avoir été particulièrement étu-
Québec Pharmacie vol. 58 n° 7 novembre 2011
dié. S’il existait une telle interaction, elle aurait été
présente sous traitement par Ritalin également.
Peut-on imputer ces effets à une forme
galénique, celle du Concerta ?
Bien que l’ajustement de la dose optimale soit difficile chez J., celui-ci supporte sans problème particulier son traitement par MPH à libération
immédiate, mais il ne tolère pas la forme galénique du Concerta. La demi-vie est de deux heures
environ pour les formes à libération immédiate et
de trois heures et demie pour le Concerta. Il est
envisageable qu’une variabilité interindividuelle
(métabolisme, âge) soit responsable d’un retard
dans la libération ou l’élimination du MPH délivré par le système osmotique présent dans un
comprimé de Concerta. Un retard dans la libération du principe actif pourrait par exemple
entraîner une plus grande couverture de la
période nocturne, peut-être plus propice à la survenue d’hallucinations. Il s’avère que, depuis l’incident, on a opté pour une forme à libération
retardée (Biphentin), sans succès thérapeutique
toutefois : il semble en effet qu’une forme à libération retardée ne couvre pas correctement les pics
d’hyperactivité de J. C’est pourquoi son traitement à libération immédiate en trois prises par
jour a ensuite été rétabli.
Quelles autres hypothèses sont possibles ?
La survenue d’hallucinations visuelles sous MPH
ne semble pas corrélée à une dose, à une durée d’exposition au traitement, ni même à une forme galénique, d’après les cas suggérés9,15,19. Cela pourrait
indiquer que la survenue d’hallucinations chez J.
est l’effet du hasard et qu’il est possible qu’elles se
reproduisent dans des conditions différentes.
Prévention et traitement
Chez les enfants traités par MPH, il semble préférable de commencer un traitement par MPH à
libération immédiate et n’envisager un changement qu’une fois le patient équilibré, si on cherche
à simplifier son plan de prise et si l’on souhaite
mieux couvrir la fin de journée/début de nuit22,23.
Le titrage graduel des doses devrait également
permettre une diminution du risque de survenue
d’effets indésirables, dont les hallucinations
visuelles.
Dans le cas d’une survenue d’hallucinations
visuelles, il est nécessaire d’interrompre le traitement susceptible d’être en cause. La prise en
charge symptomatique implique également une
surveillance en milieu hospitalier permettant de
procurer un environnement calme et sécurisant
à l’enfant, en l’isolant de préférence des autres
patients. Il est envisageable d’instaurer un traitement par un médicament antipsychotique si
l’état d’agitation de l’enfant le nécessite.
Par la suite, une réexposition au médicament
en cause, sous surveillance, permettrait de
valider son imputabilité dans cet épisode
Hallucinations associées à une formulation à libération retardée de méthylphénidate (ConcertaMD)
d’hallucinations visuelles. Mais devant la gravité du TDAH et le traumatisme subi lors de
cet épisode, cela est difficilement envisageable
pour J. De plus, il ne serait pas justifié de remettre en question sa prise en charge par l’Adderall, qui est actuellement mieux toléré et plus
efficace que le MPH, quelle que soit sa forme
galénique.
Conclusion
afin de prévenir la survenue d’effets indésirables. Il doit en particulier rester vigilant face à
l’éventuelle survenue d’épisodes d’hallucinations visuelles, car celles-ci peuvent se produire
à tout moment, notamment lors de changements de doses ou de formes galéniques de
MPH, même si le médicament était précédemment bien toléré. ■
34(2): 77-80.
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Nous avons présenté un cas d’hallucinations
visuelles associées à la forme galénique particulière de MPH (Concerta), à la dose de 18 mg par
jour en forme retard chez un patient de cinq ans
et neuf mois.
Pour le pharmacien, il est important de s’assurer que la dose de MPH est titrée graduellement
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transporter system in children with attention deficit
hyperkinetic disorder (ADHD). Neuropediatrics 2003;
Questions de formation continue
13) Parmi les énoncés suivants concernant le traitement
du trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité
(TDAH) chez l’enfant, lequel est faux ?
A. Les formes galéniques de méthylphénidate (MPH) à
libération retardée permettent une seule prise par jour, ce
qui facilite l’observance du traitement.
B. Le MPH entraînerait une réduction du nombre de transporteurs de la dopamine ainsi qu’une diminution du nombre de
récepteurs au niveau du striatum, ce qui augmenterait la
concentration de dopamine dans la fente synaptique.
C. Toutes les formes de MPH à libération retardée commercialisées au Canada (Concerta, Ritalin SR et Biphentin) sont
interchangeables.
D. La prise en charge du TDAH est multidisciplinaire et
comprend des thérapies comportementales en complément
d’un traitement médicamenteux symptomatique.
E. Les psychostimulants, tels que le méthylphénidate (Ritalin),
les sels mixtes d’amphétamine (Adderall XR) et la dexamphétamine (Dexedrine), sont utilisés en première intention
dans le traitement du TDAH.
14) Concernant les hallucinations liées à la prise de méthylphénidate (MPH), lequel de ces énoncés est faux ?
A. La survenue d’hallucinations visuelles chez des patients
traités par du MPH est reliée à la dose.
B. Selon certains auteurs, une plus grande exposition à la
dopamine liée à la prise de MPH entraînerait des hallucinations chez certains patients vulnérables.
C. Les hallucinations décrites chez les patients traités par du
MPH se rapportent toutes à la présence d’animaux rampants, d’insectes qui grimpent sur le patient et le menacent.
D. Les hallucinations visuelles liées à la prise de MPH sont un
effet indésirable rare avec une fréquence inférieure à 1 %.
E. D’après les cas rapportés, la survenue d’hallucinations sous
MPH ne semble pas liée à une forme galénique particulière.
Répondez maintenant en ligne. Voir page 62. 
www.professionsante.ca
novembre 2011 vol. 58 n° 7 Québec Pharmacie
41
D’une page à l’autre
Impact des cabinets automatisés décentralisés
sur la diminution des erreurs de médication en soins intensifs
Texte rédigé par Géraldine Ottino,
étudiante en 5e année de pharmacie,
Université de Lyon, et assistante de recherche à
l’unité de recherche en pratique pharmaceutique,
CHU Sainte-Justine, Élise Rochais, interne en
pharmacie, Université Paris-Sud, et assistante de
recherche à l’unité de recherche en pratique
pharmaceutique, CHU Sainte-Justine,
et Jean-François Bussières, B. Pharm., M.Sc.,
M.B.A., F.C.S.H.P., chef du département de
pharmacie et de l’unité de recherche en pratique
pharmaceutique, CHU Sainte-Justine.
Texte original soumis le 11 mai 2011.
Texte final remis le 23 mai 2011.
Révision : Nicolas Paquette-Lamontagne,
B. Pharm., M.Sc., M.B.A., P.M.P.
Objectifs
L’objectif principal est d’évaluer l’impact de
cabinets automatisés décentralisés (CAD) sur
l’incidence des erreurs médicamenteuses. L’objectif secondaire est d’évaluer l’impact clinique
des erreurs détectées et la satisfaction du personnel soignant quant à l’utilisation de la nouvelle technologie.
Plan de l’étude
Étude prospective, contrôlée, à répartition aléatoire, réalisée au sein de deux unités de soins
intensifs médicaux. L’étude a été réalisée durant
une période de cinq mois, comprenant une
phase de rodage de deux semaines (observation
et formation sans collecte de données), d’une
phase d’observation pré-intervention de huit
semaines avec collecte de données, d’une
seconde phase de rodage de deux semaines et
d’une phase d’observation postintervention de
huit semaines.
Lieu
Deux unités de soins intensifs médicaux de 8 et
10 lits, respectivement, au sein d’un hôpital universitaire de 2000 lits situé à Grenoble, en
France.
Participants
Ont été inclus dans l’étude tous les patients
admis au sein des deux unités de soins et toutes
les infirmières de tous les quarts de travail ayant
travaillé durant la période d’étude. Toutefois,
seules les doses sélectionnées, préparées et
administrées durant les périodes d’observation
ont été incluses dans les analyses.
Interventions
L’intervention repose sur l’implantation d’un
CAD au sein d’une unité de soins. L’unité de
soins de type « intervention » a été choisie au
hasard. Le CAD est utilisé en mode hors-profil,
c’est-à-dire sans interface avec le dossier pharmacologique informatisé et sans validation des
ordonnances par un pharmacien. Le CAD est
rempli quotidiennement du lundi au vendredi
par un assistant technique en pharmacie. En cas
de doses manquantes durant la fin de la semaine,
les doses sont dispensées par un pharmacien sur
appel. Il semble que toute dose dispensée par le
CAD est enregistrée au nom de l’infirmière et
du patient visé par la dispensation. Dans le cas
de l’unité de soins de type « contrôle », tous les
médicaments sont dispensés quotidiennement
en réserve d’étage, de façon nominale ou non,
par le personnel technique sans validation pharmaceutique et en libre accès (au commun).
44
Québec Pharmacie vol. 58 n° 7 novembre 2011
Paramètres évalués
La mesure principale retenue pour l’évaluation
de l’impact du CAD est l’incidence d’erreurs
médicamenteuses. Une erreur médicamenteuse
est définie comme un écart entre la sélection, la
préparation ou l’administration d’une dose de
médicament et l’ordonnance active. On a calculé globalement le rapport du nombre de doses
de médicaments comportant au moins une
erreur à l’une des étapes du circuit du médicament sur le nombre total de doses de médicaments utilisées (TOE – total opportunity for
error). De plus, on a calculé le rapport du nombre d’erreurs médicamenteuses par dose (p. ex.,
on a recensé jusqu’à 12 modes de défaillance
[DOE – detailed opportunity for errors] selon les
types de doses, telle la sélection du mauvais
médicament et de la mauvaise teneur) sur le
nombre total de modes de défaillance potentiels. De plus, on a calculé un taux d’erreurs
médicamenteuses liées à l’entreposage (température, protection de la lumière et de l’humidité)
en divisant le nombre d’erreurs documentées
liées à l’entreposage par le nombre total de doses
de médicaments sélectionnées.
On a évalué la gravité des erreurs décelées par
un comité multidisciplinaire indépendant composé d’un intensiviste, d’un méthodologiste,
d’un pharmacologue et d’un pharmacien clinicien à partir de la classification du National
Coordinating Council for Medication Error
Reporting and Prevention (NCCMERP). On a
aussi évalué la satisfaction du personnel soignant à partir d’un questionnaire en phase préintervention, six semaines post-intervention et
huit mois post-intervention. Afin de détecter la
survenue d’une erreur médicamenteuse ou d’un
mode de défaillance, un pharmacien a observé
chacune des doses administrées durant l’étude.
Résultats
L’étude porte sur l’observation directe de la
sélection, la préparation et l’administration de
1476 doses de médicaments comportant un
potentiel de 8753 modes de défaillance, administrées par 68 infirmières à 115 patients durant
la période d’étude.
En ce qui concerne la mesure principale, on a
décelé 295 erreurs médicamenteuses relatives à
la sélection, à la préparation ou à l’administration de doses de médicaments. Toutefois, les
auteurs ne fournissent pas les nombres absolus
d’erreurs décelées en phase pré et post pour
chacune des unités de soins. Ainsi, l’étude
démontre un taux comparable d’erreurs entre
le groupe témoin et intervention en phase pré
(19,3 % c. 20,4 %), mais un taux d’erreurs plus
Impact des cabinets automatisés décentralisés sur la diminution des erreurs de médication en soins intensifs
élevé dans le groupe témoin que dans le groupe
intervention en phase post (18,6 % c. 13,5 %;
p < 0,05). Bien que les auteurs indiquent une
différence absolue de 6,2 % de réduction du
nombre d’erreurs médicamenteuses en faveur
du groupe intervention, la différence n’est pas
significative (IC 95 % : -1,8 % à 14,2 %; p = 0,13).
De plus, l’étude démontre une réduction de la
survenue des modes de défaillance pour un
seul des 12 modes identifiés, soit celui relié à la
préparation d’une dose de médicaments (de
3,8 % en phase pré à 0,5 % en phase post dans le
groupe intervention; p = 0,17). On a décelé
145 erreurs d’entreposage, soit 27,7 % dans le
groupe intervention, contre 34,9 % dans le
groupe témoin en phase pré, et 0,7 % dans le
groupe intervention et 14,4 % dans le groupe
témoin en phase post (p < 0,01).
En ce qui concerne les mesures secondaires,
l’étude évalue la gravité des erreurs observées.
Ainsi, 84 % de toutes les erreurs décelées sont de
catégorie C ou D, à savoir sans conséquence
pour le patient. Aucune erreur décelée n’a causé
de décès. On ne note aucune différence significative quant aux modes de défaillance ayant
causé un tort aux patients dans les unités de
soins sans cabinets.
De plus, l’étude a permis d’évaluer la satisfaction du personnel soignant en phase pré-intervention (taux de réponse de 36 %), six semaines
post-intervention (31 %) et huit mois post-intervention (57 %). Seulement 10 infirmières ont
répondu aux trois sollicitations. La majorité des
répondants ont indiqué souhaiter la poursuite
du projet (97 %).
plus, le personnel infirmier accueille favorable- notées entre cet exemple français (absence de
ment cette nouvelle technologie.
validation pharmaceutique des ordonnances et
dispensation globale plutôt que nominale des
Discussion
produits par des assistants techniques) et la pratiAlors que les CAD sont utilisés sur le marché que québécoise (dossier pharmacologique comaméricain depuis bientôt deux décennies, leur plet, interfacé avec le cabinet, dispensation liée à
utilisation est en croissance au Canada et au l’ordonnance valide, etc.), cet article est intéresQuébec, notamment dans le cadre du projet sur sant parce qu’il présente une réflexion structurée
les Systèmes automatisés et robotisés de distri- sur l’évaluation du CAD. Dans le rapport
bution des médicaments (SARDM). En effet, SARDM auquel nous avons collaboré, nous
dans le Rapport canadien sur la pharmacie hos- avions suggéré la réalisation de recherches évapitalière 2009-2010, 53 % des répondants décla- luatives de ces technologies. Par exemple, nous
rent avoir recours à au moins un CAD.
avons procédé une évaluation de la conformité
Cette étude contrôlée et à répartition aléatoire des CAD implantés au Québec par rapport aux
mais sans insu évalue l’impact d’un seul CAD lignes directrices d’ISMP. Ainsi, le pharmacien
dans une petite unité de soins intensifs. Bien que peut contribuer à l’utilisation optimale, non seules auteurs concluent à la capacité du CAD de lement des médicaments mais aussi des technoréduire les erreurs médicamenteuses, nous pen- logies. Toutefois, nous pensons que la technolosons que la réduction observée est limitée, spé- gie ne remplace pas le pharmacien. Elle doit plutôt
cifique à un seul des 12 modes de défaillance soutenir son activité clinique. ■
identifiés ainsi qu’aux erreurs de type entreposage, et non applicable aux erreurs entraînant Référence
des torts aux patients. On peut se demander si la 1. Chapuis C, Roustit M, Bal G, Schwebel C, Pansu P,
David-Tchouda S, Foroni L, Calop J, Timsit JF, Alleréduction observée est réellement attribuable à
net B, Bosson JL, Bedouch P. Automated drug disla technologie étudiée ou plutôt à d’autres facpensing system reduces medication errors in an
teurs pouvant influer sur la survenue des erreurs
intensive care setting. Crit Care Med 2010; 38(12):
2275-81.
médicamenteuses (p. ex., biais d’observation – à
preuve, on note une réduction des erreurs d’entreposage de 34,9 % à 14,4 % entre les phases pré Lectures suggérées
et post dans le groupe témoin, sans recours à la • Hall K, Harding J, Babich M, Bussières JF, Lefebvre
P, Wilgosh C, et coll. Rapport canadien sur la pharmatechnologie). Compte tenu du caractère plutôt
cie hospitalière 2009-2010. [En ligne. Site consulté
« pilote » de l’évaluation n’incluant qu’un seul
le 11 mai 2011.] www.lillyhospitalsurveyca
cabinet, on ne peut généraliser ces résultats.
• Oren E, Shaffer ER, Guglielmo BJ. Impact of emerging technologies on medication errors and adverse
Dans le contexte nord-américain, l’utilisation
drug events. Am J Health-Syst Pharm 2003; 60:
de CAD repose sur une intégration de l’interface
1447-58.
patient (admission-départ-transfert) et du dos- • Brisseau L, Bussières JF, Lebel D, Atkinson S, Robinette L, Fortin S, Lemay M. Utilisation de lignes
Conclusion
sier pharmacologique informatisé préalablement
directrices dans le cadre de l’implantation de cabinets
Cette étude décrit l’impact favorable d’un cabi- validé par des pharmaciens et alimenté par des
automatisés décentralisés en établissement de santé.
net automatisé décentralisé sur la diminution ordonnances manuscrites, numérisées ou élecCan J Hosp Pharm 2011 (sous presse).
des erreurs de médication en soins intensifs. De troniques. En dépit des différences de pratique
Question de formation continue
15) Parmi les énoncés suivants
entourant l’utilisation et l’évaluation de cabinets automatisés
décentralisés, lequel est vrai ?
A. L’étude démontre un taux d’erreurs
plus faible dans le groupe témoin
que dans le groupe intervention en
phase post (13,5 % c. 18,6 %).
B. Cinquante-deux pour cent de toutes
les erreurs décelées sont de
catégorie C ou D, à savoir sans
conséquence pour le patient.
C. On note une réduction des erreurs
d’entreposage de 34,9 % à 14,4 %
entre les phases pré et post dans le
groupe témoin.
D. Dans le Rapport canadien sur la
pharmacie hospitalière 2009-2010,
63 % des répondants déclarent avoir
recours à au moins un CAD.
E. Environ un tiers des infirmières a
répondu aux trois questionnaires
portant sur la satisfaction à l’égard
du CAD.
Répondez maintenant en ligne. Voir page 62. 
www.professionsante.ca
novembre 2011 vol. 58 n° 7 Québec Pharmacie
45
D’une page à l’autre
Perspective sur la pratique pharmaceutique hospitalière
au Canada 2009-2010
Texte rédigé par Jean-François Bussières,
B. Pharm., M.Sc., MBA, FCSHP, chef du département de pharmacie et de l’unité de recherche
en pratique pharmaceutique, CHU Sainte-Justine.
Texte original soumis le 14 mai 2011.
Texte final remis le 6 juillet 2011.
Révision : Nicolas Paquette-Lamontagne,
B. Pharm., M.Sc., MBA, PMP.
Référence
1.Hall K, Harding J, Babich M, Bussières JF, Lefebvre
P, Wilgosh C, et coll. Rapport canadien sur la phar­
macie hospitalière 2009-2010. [En ligne. Site visité le
11 mai 2011.] www.lillyhospitalsurvey.ca
Lectures suggérées
• Bussières JF, Tanguay C, Lefebvre P. Perspective québécoise et canadienne de la pratique pharmaceutique
en établissements de santé 2009-2010. Pharmactuel
2011; 43(2) (sous presse).
• Pedersen CA, Schneider PJ, Scheckelhoff DJ. ASHP
national survey of pharmacy practice in hospital settings : Prescribing and transcribing--2010. Am J Health
Syst Pharm 2011; 68(8): 669-88.
• Pedersen CA, Schneider PJ, Scheckelhoff DJ. ASHP
national survey of pharmacy practice in hospital settings : Monitoring and patient education-2009. Am J
Health Syst Pharm 2010; 67(7): 542-58.
• Pedersen CA, Schneider PJ, Scheckelhoff DJ. ASHP
national survey of pharmacy practice in hospital settings : Dispensing and administration-2008. Am J Health
Syst Pharm 2009; 66(10): 926-46.
• Lamarre D. La reconnaissance d’une spécialité en pharmacie. L’Interaction 2011; avril. [En ligne. Site visité le
14 mai 2011.] www.opq.org/fr/media/private/doc_
interaction/l_interaction_avril_final_w.pdf
46
Objectif principal
ensacheuses (au moins 131 répondants), armoires
Décrire la pratique pharmaceutique hospita- automatisées décentralisées (au moins 84 réponlière à l’échelle du Canada.
dants), pompes de remplissage (au moins
50 répondants), pompes intelligentes (au moins
Plan de l’étude
108 répondants), lecteurs de codes-barres (au
Enquête réalisée par envoi électronique et site moins 78 répondants), système d’aide à la décision
Web interactif, de mai à juillet 2010, pour clinique (au moins 125 répondants), accès aux
recueillir des données relatives à l’exercice finan- tests de laboratoire (tous les répondants), prescripcier du 1er avril 2009 au 31 mars 2010.
teurs électroniques (au moins 13 répondants), en
soutien à la distribution unitaire quotidienne (au
Participants
moins 111 répondants), avec centralisation à la
L’enquête est réalisée auprès de tous les chefs de pharmacie d’un nombre croissant de préparations
département de pharmacie d’établissements de stériles et non stériles ou de médicaments dangesanté canadiens comportant au moins 50 lits de reux (au moins 147 répondants).
Il y a pénurie de pharmaciens hospitaliers
courte durée (n = 222).
(moyenne de 8,2 % au Canada), mais elle se
Interventions
concentre au Québec (16,4 % de postes vacants).
Le questionnaire de l’enquête est élaboré par un
Les répondants rapportent 45 équivalentscomité éditorial de pharmaciens hospitaliers temps plein par établissement en moyenne :
canadiens répartis dans la plupart des pro­vinces. 2,4 pharmaciens et assistants techniques gestionnaires, 18 pharmaciens, 23,2 assistants techniques,
Paramètres évalués
1,5 agent de soutien et 0,7 résident en pharmacie.
L’enquête comporte 11 sections permettant de
Le pharmacien hospitalier consacre en
documenter la pratique pharmaceutique : don- moyenne 47 % de son temps à des activités clininées démographiques, services cliniques, sys­ ques décentralisées (non reliées à la dispensatèmes de distribution, ressources humaines, utili- tion de soins), 40 % à la délivrance de médicasation sécuritaire des médicaments, technologies, ments, 6 % à l’enseignement, 6 % à des activités
analyses comparatives, initiative 2015 de la Société clinico-administratives et 1 % à la recherche.
canadienne des pharmaciens d’hôpitaux, quesOn a de plus en plus recours au personnel techtions d’actualité, techniciens en pharmacie, éva- nique pour une variété de tâches et on s’intéresse
luation des services. Les données recueillies sont aux nouveaux mécanismes de certification
quantitatives (p. ex., nombre d’équivalents-temps et de reconnaissance par certains ordres profesplein, dépenses de médicaments) et qualitatives sionnels, notamment en Ontario.
(p. ex., absence ou présence de politiques et procéDiscussion
dures, services offerts ou non).
On retrouve quelques enquêtes sur la pratique de la
Résultats
pharmacie hospitalière dans le monde. Pedersen et
L’enquête présente les données de 160 répondants coll. publient annuellement les résultats de l’en(taux de réponse de 72 %), dont 35 au Québec quête américaine, mais l’ensemble des thèmes
(taux de réponse de 56 %).
qu’ils étudient est réparti sur trois années consécuLes pharmaciens hospitaliers canadiens tives de publication. En 2010, l’European Associaoffrent une présence décentralisée et des soins tion of Hospital Pharmacists a mené une enquête à
pharmaceutiques directs aux patients en l’échelle de la Communauté européenne; les résulmoyenne dans trois programmes de soins tats devraient être publiés sous peu.
Au Canada, c’est le 18e rapport sur la pratique
ambulatoires par établissement et sept propharmaceutique hospitalière au pays qui a été
grammes de soins hospitalisés.
Une majorité d'entre eux participent active- publié par le comité éditorial depuis 1985-1986.
ment à 10 activités de soins directs aux patients, Peu de professions de la santé jouissent d’une telle
à trois activités de participation en comité, à quantité de données historiques et publiques sur
quatre activités de gestion de l’information l’évolution de leur pratique. Même si cette enquête
pharmaceutique et de l’utilisation de médica- Web est volontaire, le taux de réponses demeure
ments, à trois activités liées à la recherche clini- élevé au fil des ans et les données recueillies perque et à deux activités d’amélioration de la qua- mettent de confirmer les principales tendances. Le
comité éditorial valide ces données et remet en
lité et de la sécurité des patients.
Les pharmaciens hospitaliers ont accru leur uti- question celles qui sont extrêmes, lorsqu’applicalisation de différentes technologies pour le circuit
Suite à la page 48 
du médicament : robots (au moins 14 répondants),
Québec Pharmacie vol. 58 n° 7 novembre 2011
D’une page à l’autre
que hospitalière. L’Ordre des pharmaciens du et a mis en place, en avril 2011, un troisième
Québec, qui a demandé à l’Office des professions comité sur le sujet afin d’accélérer la délivrance de
ble, pour assurer une analyse de qualité. Bien que de reconnaître la formation de pharmaciens spé- certificats de spécialiste en pharmacothérapie
la pratique hospitalière soit différente de celle en cialistes québécois, croit en cette reconnaissance avancée. n
milieu communautaire, il est important de diffuser ces données qui peuvent avoir un impact sur les
modèles de pratique, l’organisation du travail, la
Question de formation continue
prestation sécuritaire des soins et leur continuité.
Si l’enquête met en évidence plusieurs tendances
16) Lequel des énoncés suivants est vrai ?
qui montrent une hausse progressive de la conforA. Les pharmaciens hospitaliers utilisent de façon accrue différentes technologies pour
mité des pratiques pharmaceutiques, il est étonle circuit du médicament : robots (au moins 14 répondants), ensacheuses (au moins
nant de constater certains retards ou difficultés,
89 répondants), armoires automatisées décentralisées (au moins 84 répondants).
notamment l’implantation limitée de prescripB. Les pharmaciens hospitaliers utilisent de façon accrue différentes technologies pour
teurs électroniques, les difficultés inhérentes à la
le circuit du médicament : pompes intelligentes (au moins 108 répondants), lecteurs
certification du personnel technique, la disparité
de codes-barres (au moins 78 répondants), système d’aide à la décision clinique
relative entre les provinces quant aux droits de
(au moins 12 répondants), accès aux tests de laboratoire (tous les répondants),
prescrire pour le pharmacien hospitalier, la pénuprescripteurs électroniques (au moins 13 répondants).
rie pharmaceutique soutenue au Québec, la diffiC. Il y a pénurie de pharmaciens hospitaliers (moyenne de 8,2 % au Canada), mais elle
culté d’assurer la démarche de bilan comparatif
se concentre au Québec (16,4 % de postes vacants).
des médicaments et de profiter pleinement des
D. Les répondants rapportent en moyenne 45 équivalents-temps plein par établissetechnologies acquises, l’incapacité d’augmenter la
ment, notamment 2,4 pharmaciens et assistants techniques gestionnaires,
proportion de temps dédiée aux activités cliniques
18 pharmaciens et 13,2 assistants techniques.
pour le pharmacien en dépit des ajouts de ressourE. Le pharmacien hospitalier consacre en moyenne 57 % de son temps à des activités
ces et de technologies, les délais inhérents aux
cliniques décentralisées.
changements de pratiques, particulièrement en
prestation sécuritaire de soins.
Cette enquête rappelle à grands coups de donRépondez maintenant en ligne. Voir page 62. 
nées la spécialisation de la pratique pharmaceuti Suite de la page 46
COMPOSITION : Chaque gramme de crème ZUACTAMC renferme 0,75 mg de zucapsaïcine dans une base d’alcool
benzylique, d’alcool cétylique, de stéarate de glycéryle, de myristate d’isopropyle, de stéarate PEG-100, d’eau purifiée,
de solution de sorbitol et de gelée de pétrole blanche.
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Références : 1. Monographie de ZUACTA . sanofi-aventis Canada inc. 30 novembre 2010.
Essai multicentrique comparatif avec randomisation, d’une durée de 84 jours (12 semaines),
mené en mode parallèle et à double insu visant à comparer l’innocuité et l’efficacité de ZUACTAMC
(crème de zucapsaïcine à 0,075 %) (n = 344) à celles d’un produit témoin inactif
(crème de zucapsaïcine à 0,01 %) (n = 351) chez 695 patients recevant des doses stables d’un AINS
(58 %) ou d’un inhibiteur de la COX-2 (42 %) administré par voie orale.
2. Données internes. Winston Laboratories, Inc. Study WL-1001-05-01.
Avril/mai 2011
No de dossier CCEPP : 1065-2011-308-I-P • Valide jusqu’au 7 septembre 2014.
La monographie de produit est disponible sur demande.
Par Anita Brown
Fabriqué par sanofi-aventis Canada inc., Laval (Québec) H7L 4A8.
Distribué par Valeant Canada S.E.C. sous licence de Valeant International (Barbados) SRL.
ZUACTAMC est une marque de commerce de sanofi-aventis, employée sous licence
de sanofi-aventis Canada inc.
Ce dépliant a été rédigé par sanofi-aventis Canada inc.
Après avoir réussi cette leçon, le pharmacien
sera en mesure de :
MC
Diabète de type 2 et
néphropathie chronique
1. discuter de la fréquence et de la signification de la
néphropathie chez les diabétiques de type 2;
2. faire le dépistage de la néphropathie chronique et la prendre
en charge conformément aux lignes directrices canadiennes
actuelles sur le diabète;
3. conseiller les personnes diabétiques atteintes de néphropathie
chronique sur l’importance d’appliquer les modifications qui
s’imposent afin de réduire le risque cardiovasculaire;
4. discuter du traitement du diabète de type 2 à l’aide d’agents
oraux en présence d’une néphropathie chronique.
Leçon offerte grâce à subvention à visée éducative de :
48
Québec Pharmacie vol. 58 n° 7 novembre 2011
Répondez en ligne sur
Questions de Formation continue
4 UFC de l’OPQ
Répondre aux 16 questions de ce numéro
Date limite : le 19 novembre 2012
Veuillez noter que les unités de formation continue sont dorénavant valides pendant un an après leur publication ou mise en ligne.
Adieu télécopieur !
Maintenant, c’est en ligne !
x
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Québec Pharmacie vol. 58 n° 7 novembre 2011
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