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la cytoponction à l’aiguille fine. Le diagnostic de certitude
est anatomopathologique.
Il existe quatre types assez courants d’adénocarcinomes
thyroïdiens : papillaire, folliculaire, médullaire et anaplasique
(tableau I) [2].
Les cancers thyroïdiens différenciés (CTD) se développent à
partir des cellules thyroïdiennes vésiculaires et se caractérisent
par une sensibilité à la TSH, une captation de l’iode et une
sécrétion de la thyroglobuline. Ils se répartissent en deux
entités anatomopathologiques différentes [1, 3, 4, 5] :
-Le cancer papillaire représente 80 à 85% des cancers
thyroïdiens différenciés. Il s’agit d’une tumeur non
encapsulée, souvent multifocale, bilatérale dans 20 à 80%
des cas. Il est lymphophile (25 à 30%) et d’évolution
généralement favorable.
-Le cancer vésiculaire ou folliculaire représente 8 à 10% des
cancers thyroïdiens différenciés. Il est hématophile et de
pronostic généralement défavorable. Le cancer folliculaire
est souvent unifocal, les métastases ganglionnaires sont peu
fréquentes et les métastases à distance siègent souvent au
niveau des poumons et des os.
Les facteurs de risque d’évolution péjorative sont
principalement l’âge (< 16 ans ou > 50 ans), le sexe masculin,
la taille de la tumeur (> 3-4 cm), le stade du cancer au diagnostic
et le type histologique [1, 3]. L’évolution du cancer différencié
de la glande thyroïde est lente, et son pronostic est généralement
favorable.
La totalisation isotopique correspond à la destruction des
reliquats thyroïdiens restant après une thyroïdectomie totale.
Elle est réalisée grâce à une dose d’iode 131, dite dose ablative,
administrée selon certaines conditions afin de favoriser la
captation par le tissu thyroïdien et moyennant des mesures
spécifiques de radioprotection. Ce traitement a peu d’effets
secondaires et permet d’optimiser la prise en charge des
cancers thyroïdiens différenciés.
IODE 131 RADIOACTIF : PRINCIPE, BASES
PHYSIQUES ET RADIOBIOLOGIQUES
L’iode 131 est un radionucléide artificiel obtenu par fission
d’uranium 235 ou par bombardement neutronique de tellure
stable. La période physique de l’iode 131 est de 8,04 jours,
la période effective est de 7 jours (le temps au bout duquel la
radioactivité présente dans le foyer de fixation a diminué d’un
facteur 2). Il décroît en xénon 131 stable avec émission de
rayonnement gamma de 364 keV (81%), 637 keV (7,3%) et
284 keV (6,0 %) et de rayonnement bêta-moins d’énergie
maximale 606 keV (fig. 1). Le rayonnement ß- est actif dans
un rayon de 0,8 mm, ceci explique pourquoi les lésions de
petite taille captant intensément l’iode seront plus facilement
détruites que les lésions de grande taille [4, 6, 7].
La dose délivrée par l’iode 131 aux reliquats thyroïdiens est
due essentiellement à l’émission bêta-moins. Elle dépend de
l’activité administrée, de la masse de tissu à irradier, et de la
période effective dans le tissu thyroïdien. Le rayonnement
gamma peut être détecté par une gamma caméra, mais il
contribue à l’irradiation de l’organisme et celle du personnel.
Les formes galéniques de l’iode 131 (iodure de sodium) sont
la solution buvable, la solution injectable stérile et apyrogène
et la capsule. Après administration par voie orale, le
radionucléide est absorbé rapidement au niveau de l’estomac
et de l’intestin (75% de la dose en 30 min chez le sujet à jeun).
Il est capté principalement par la glande thyroïde, mais de
faibles pourcentages de la dose administrée sont retrouvés au
niveau des glandes salivaires, de la muqueuse gastrique, du
plexus choroïde, du lait et du placenta. L’élimination de l’iode
s’effectue selon deux modes [8, 9, 10] :
-La fraction fixée dans la thyroïde est éliminée avec une
période effective d’environ 7 jours.
-La fraction répartie dans l’organisme en dehors de la thyroïde
est éliminée majoritairement par voie rénale. Une faible
proportion est éliminée dans les selles, par la salive, la sueur
et l’air exhalé.
L’iode 131 dans le traitement des cancers différenciés de la thyroïde A. MATRANE et coll.
Tableau I. Classification générale des tumeurs malignes de la thyroïde
Tumeurs malignes primitives épithéliales
Carcinome papillaire
-Variantes : vésiculaire, macrovésiculaire, cellules hautes, oncocytique, à cellules
claires, pseudowarthin, sclérosant diffus, à cellules cylindriques, forme solide,
forme cribriforme.
- Autres variantes : à contingent insulaire, à composante épidermoïde et
mucoépidermoïde, à cellules géantes et fusiformes, associé à un carcinome
médullaire.
Carcinome vésiculaire
- A invasion minime, invasif, à cellules oxyphiles, à cellules claires
Carcinome peu différencié
- Variantes : de novo, avec carcinome papillaire, avec carcinome vésiculaire
Carcinome indifférencié ou anaplasique
Carcinome médullaire (à cellules C)
Tumeurs malignes primitives non épithéliales
Lymphomes malins
Tumeurs diverses
Carcinome mucoépidermoïde, mucineux, mucoépidermoïde sclérosant, avec
éosinophilie, tumeurs thymiques ou des dérivés des poches branchiales, tumeur
de Settle, Castle, tératomes primitifs thyroïdiens, angiosarcome, tumeurs des nerfs
périphériques, histiocytose X, maladie de Dorfman-Rosaï, tumeurs fibreuses
solitaires
Métastases
Fig. 1. Désintégration de l’iode 131