08/12/2009 Développement Cognitif et ses Troubles Licence de Psychologie Béatrice Bourdin 2009-2010 Objectifs Etudier le développement de l’intelligence, de la pensée “Le petit d’homme n’est pas simplement un petit homme” Quels sont les changements ? Comment se produisent-ils ? Etudier les processus impliqués dans l’acquisition des connaissances Plan 1. Introduction 2. Développement de la mémoire 2.1. chez le jeune enfant 2.2. chez l’enfant d’âge scolaire 3. Développement de l’attention 4. Développement du langage 4.1 langage oral 4.2 langage écrit 1 08/12/2009 1. Introduction Comment définir l’intelligence ? * capacité d’adaptation * capacité à acquérir des connaissances, à les organiser et à les utiliser 1. Introduction Le bébé est programmé pour apprendre * capacités innées d’apprentissage * développement de nouvelles compétences Interaction entre ses compétences et son expérience 1. Introduction • Développement cérébral : synaptogénèse - la formation des synapses entre les neurones n’est pas terminée - certaines connexions disparaissent alors que d’autres sont maintenues • Atouts éducatifs et affectifs 2 08/12/2009 1. Introduction Domaines d’implications : * domaine de la psychométrie * domaine des apprentissages * domaine du handicap 2. Développement de la mémoire 2.1 Chez le jeune enfant Est-ce que le jeune enfant dispose d’une mémoire ? Comment étudier la mémoire chez le jeune enfant ? Comment expliquer l’augmentation des capacités mnésiques ? 3 08/12/2009 Amnésie infantile difficultés à se souvenir d’événements de notre petite enfance (2-3 ans) pas de capacité de mémorisation ? Le nourrisson est capable d’acquérir rapidement des connaissances reconnaissance du visage de sa mère reconnaissance de la voix de sa mère reconnaissance de mélodie Comment expliquer l’amnésie infantile ? Refoulement des expériences précoces dans l’inconscient (Freud) Absence de verbalisation de l’expérience infantile Immaturité des aires cérébrales (lobes frontaux) Manque d’indices de récupération 4 08/12/2009 Comment étudier la mémoire chez le jeune enfant ? Nouvelles méthodes d’étude du nourrisson Paradigme d’habituation Paradigme de conditionnement opérant Paradigme d’imitation Indices comportementaux Rythme cardiaque Potentiels évoqués Succion non nutritive Activité perceptive Paradigme d’Habituation Phase de familiarisation délai de rétention Phase test Présentation : - même stimulus - stimulus différent Présentation répétée d’un stimulus Principe : le bébé préfère les nouvelles formes aux formes familières Délai de rétention TFV Phase de familiarisation Phase Test 5 08/12/2009 Illustration avec l’étude de Bushnell & al. (1984) Phase de familiarisation Phase test Tester la mémoire de la forme Familiarisation pendant 15mn / j (2 sem) Tester la mémoire de la couleur Même stimulus Préférence pour le stimulus nouveau Capacité de mémorisation pour la forme et la couleur (4ème cdt° + regardée / 1 ou 2) Tester la mémoire de la forme et de la couleur Reconnaissance de la voix maternelle Capacités mnésiques présentes chez le nourrisson Vitesse d’habituation corrélée avec la performance à des tests d’intelligence + gd capacité de traitement de l’I° développement cognitif plus avancé 6 08/12/2009 Paradigme de conditionnement opérant Travaux de Rollee-Collier basés sur l’apprentissage d’une réponse conditionnée Renforcer un cpt présent dans le répertoire de l’enfant Etablir une association entre les mvts du pied et les mvts d’un mobile Les nourrissons vont-ils se souvenir : 1. de l’association entre mouvements de pied et mouvements du mobile 2. des caractéristiques du mobile Procédure Phase 1 : Mobile non relié à la cheville (niveau de base) Phase 2 : Mobile relié à la cheville : si association alors augmentation des mvts de pied Phase 3 : Mobile détaché après des délais de rétention variable 7 08/12/2009 1. Si le nourrisson a mémorisé l’association entre mvts de pied et mvts du mobile, alors la fréquence des mvts de pied > lors de la phase 3. 2. Si oubli de l’association, alors la fréquence des mvts de pied égal au niveau de base. Les nourrissons se souviennent de l’association : à 2 mois pendant 24h à 3 mois pendant 7 jours à 6 mois pendant 15 jours Dès 2 mois, les nourrissons sont capables de : reconnaître un signal spécifique se souvenir de la relation entre ce signal et la récompense qu’il annonce Cependant, absence de souvenir si changement au niveau du : mobile (e.g.changement d’un ou plusieurs éléments) contexte (e.g.changement de couleur) Mémorisation de ce qu’ils ont appris et où ils l’ont appris 8 08/12/2009 Paradigme d’imitation Peu après la naissance, capacité à imiter des actions simples Dès 6 sem: imitation de comportements comme tirer la langue, ouvrir-fermer la bouche : réalisation + fréquente de cette action dans les 24h qui suivent Pour imiter une action, le nourrisson doit se rappeler ce qu’il a précédemment vue Augmentation de la mémoire chez l’enfant d’âge scolaire Le jeune enfant dispose d’une capacité de mémorisation dès les 1ères semaines avec une durée de rétention variable (plusieurs heures, jours, voire semaines) Enfants plus âgés : méthodes différentes (e.g.rappel de listes de mots) Augmentation des capacités mnésiques avec l’âge : augmentation du nombre d’items pouvant être rappelés 9 08/12/2009 Comment expliquer l’augmentation des performances avec l’âge ? Augmentation de la capacité de la MCT ? Ils ont une moins grande connaissance du contenu à rappeler Ils traitent l’information plus rapidement Ils utilisent moins de stratégies et moins efficacement Ils ont une moins bonne compréhension du fonctionnement de leur mémoire (métamémoire) Augmentation de la vitesse de traitement Avec l’âge, les enfants traitent plus rapidement l’information Importance du processus d’automatisation : allouer plus d’attention au stockage de l’information Augmentation des connaissances sur le monde matériel familier + facile à mémoriser influence de l’expertise sur la mémorisation ex: rappel de configurations de jeux d’échecs 10 08/12/2009 Illustration : Chi (1978) Rôle des stratégies de mémorisation Mise en place de stratégies de mémorisation Activité cognitive sous contrôle du sujet et utilisée dans le but d’améliorer les performances mnésiques Principales stratégies : Autorépétition, Catégorisation et Elaboration Stratégie d’Autorépétition Rappel de 7 images : Enfants de CP, CE1 et CE2 Observation des mvts de lèvres pendant la période qui précède le rappel Résultats : 6 ans = 10 % répètent ; 7 ans = 60 % et 8 ans = 85 % Augmentation de l’auto-répétition avec l’âge Taux de rappel supérieur pour les enfants qui répètent 11 08/12/2009 Effet de ressemblance phonologique Meilleures performances lors du rappel d’images dont les noms présentent des ressemblances phonologiques table - lapin - singe > oie - soie -moi Images codées sous forme verbale Cet effet est observé à 6 ans mais pas à 5 ans Pré-requis à l’autorépétition ERP et Surdité Enfants sourds profonds implantés ERP dès 6 ans chez les sourds oralistes utilisant le LPC ERP à partir de 8 ans chez les enfants sourds utilisant la LSF Enfants sourds profonds non implantés pas d’effet de ressemblance phonologique Entraînement à l’autorépétition Rappel de noms familiers G1 : entraînement d’enfants 6-7 ans G2 : groupe contrôle de répéteurs spontanés Résultats Avant entraînement : G1 < G2 Après entraînement : différence plus faible Capable d’utiliser la répétition si on les y invite 12 08/12/2009 Cependant, pas de généralisation à de nouvelles situations Après 10 essais: arrêt de l’encouragement à utiliser cette stratégie: 60% abandonnent la stratégie Autorépétition apparaît spontanément à partir de 6-7 ans Elle se complexifie progressivement avec l’âge autorépétition passive autorépétition active Utilisation de la stratégie active améliore les performances mnésiques Coût cognitif Les stratégies sont des procédures favorisant la mémorisation. Cependant, les enfants n’en tirent pas de bénéfice immédiatement Trop coûteuse cognitivement pour les enfants les + jeunes / novices 13 08/12/2009 Développement des stratégies mnésiques Déficience de médiation : Manque de capacités cognitives à exécuter ou bénéficier des stratégies. Entraînement inefficace Déficience de production : Pas utilisation spontanée – Entraînement efficace – Performances < Déficience d’utilisation : Etape transitionnelle : utilisation de la stratégie mais pas de bénéfice Exécution des stratégies trop coûteuse Utilisation de la stratégie : Utilisation spontanée et efficace Catégorisation Lunettes Ballon Canard Niche Chaise Biberon Camion Sucre Affiche Pain Cigare Horloge Poule cheval cochon lapin Brésil Suède Irlande Suisse Tulipe Mimosa Orchidée Rose Lunettes Ballon Canard Niche Chaise Biberon Camion Sucre Affiche Pain Cigare Horloge Poule cheval cochon lapin Brésil Suède Irlande Suisse Tulipe Mimosa Orchidée Rose Réorganisation de la liste en catégories sémantiques 14 08/12/2009 Développement de la catégorisation Rappel liste de mots pouvant être organisés en catégories après avoir introduit un délai entre la présentation et le rappel Avant 10 ans, l’activité spontanée de regroupement en catégories est rare Découvrir ou créer des relations sémantiques entre les items est plus complexe La stratégie de catégorisation évolue avec l’âge + de catégories avec moins d’exemplaires catégories moins stables d’un essai à l’autre critères fonctionnels et non taxonomiques catégories cohérentes avec leur connaissance du monde (ex prototypiques) Rôle de la métamémoire Connaissances des facteurs susceptibles d’influencer notre mémoire individus (ex: âge) tâches (ex : idées, contenu littéral) stratégies (ex: autorépéter un n°) Connaissances acquises principalement entre 5 et 10 ans 15 08/12/2009 Rappel des événements à long terme Dès 3 ans, les enfants se souviennent avec précision d’événements auxquels ils ont participé, sur de longues périodes question générale < questions spécifiques Etude : raconter ce qui s’est passé pendant un examen pédiatrique (3, 5, 7 ans) rappel spontané sous estime les capacités de mémoire des jeunes enfants Témoignages d’enfants-témoins Raconter l’événement auquel ont participé les enfants (jeu, maquillage, photos, déguisement) 10 jours plus tard Questions générales, spécifiques, insinuantes et suggestives d’abus Dès 4 ans, les enfants rappellent l’événement avec précision Erreurs d’omission plutôt que d’inclusion Précautions à prendre Eviter les questions suggestives Permettre à l’enfant de dire qu’il ne sait pas Eviter de répéter les questions Poser des questions simples 16 08/12/2009 Développement de l’attention Attention et Apprentisage L’attention est au coeur des apprentissages Manque d’attention : cause principale des difficultés scolaires Troubles attentionnels associés à de nombreuses pathologies Développement de l’attention Attention conjointe Attention sélective ou focalisée Attention divisée ou partagée Attention maintenue ou soutenue 17 08/12/2009 Attention conjointe Capacité à prêter attention à des événements extérieurs en même temps qu’autrui (Bruner) La majorité des enfants de 12 mois manifestent une attention conjointe 25% des enfants n’y parviennent pas Rôle important dans le développement cognitif Attention sélective permet de trier les informations disponibles dans l’environnement afin de ne traiter que celles pertinentes pour l’activité en cours effet cocktail party écoute dichotique La capacité à sélectionner et à résister à la distraction augmente avec l’âge 18 08/12/2009 L’attention visuelle progresse du CP au collège Attention divisée responsable du partage de l’attention entre plusieurs tâches paradigme de la double tâche amélioration de l’attention divisée entre le CP et le CM2 liée en particulier à l’automatisation des tâches 19 08/12/2009 Attention maintenue permet le maintien du niveau attentionnel au cours du temps tâche de performance continue : repérer une cible parmi un ensemble de distracteurs pendant un temps assez long Les performances se développent considérablement entre 6 et 10 ans Attention et chronopsychologie la capacité attentionnelle varie en fonction du moment dans la journée et du jour dans la semaine l’attention est minimale en début de matinée et en début d’après midi l’attention est maximal en fin de matinée et en fin d’après midi Ce profil “classique” est observé à partir de 11 ans 20 08/12/2009 En MSM, l’attention diminue au cours de la matinée et remonte en début d’après midi (profil inverse) En GSM, l’attention augmente en fin d’après midi Variations hebdomadaires : meilleures performances le jeudi et le vendredi et moins bonnes le lundi 21