commencent à investir, alors que le parc est presque entièrement étranger. C'est
Siemens qui prend la position la plus nette et, faute d'expertise nationale, choisit de
prendre la license de RCA pour une famille 4004 qui n'est autre que la mise en
boitiers allemands des logiques Spectra 70, compatibles IBM. Quantitativement, cela
reste un succès modeste.
Par contre, l'essor de l'ordinateur de bureau en Allemagne est supérieur en valeur
relative à celui de tout autre pays. En dehors des spécialistes américains Burroughs et
NCR, et de sociétés à capitaux mixtes comme Triumph Adler et Litton ABS, il y a
des créations nationales : Siemag, filiale de Philips, Kienzle, et surtout le nouveau
venu Nixdorf, qui n'hésitera pas à attaquer le marché américain.
Ce n'est que vers 1967, cependant, après l'affaire Bull en France et le
démarrage d'un plan informatique français, que le gouvernement allemand s'émeut et
commence à envisager une politique nationale, qui va prendre la forme d'un mportant
soutien financier à Siemens, complèté par des achats à Telefunken de petites machines
militaires TR 86.
Vers cette époque, la foire de Hanovre prend progressivement une importance
mondiale, européenne à tout le moins, et ses pavillons informatiques mettent en
évidence le dynamisme de petits constructeurs de mini-machines de gestion qui se
créent dans le sillage de Nixdorf, Wagner, CTM, DDC, etc...
Les progrès de Siemens, cependant, restent modestes, et l'abandon de RCA en
1971 laisse le constructeur allemand dans une situation difficile, car il dépendait
encore beaucoup à ce moment du know how américain. Le gouvernement allemand
devra intervenir plusieurs fois, à coup de subvention, pour imposer des réorganisations
nationales à un constructeur dont l'informatique est nettement déficitaire :
- rachat de Züse, incapable de financer les investissements indispensables, même
après un passage provisoire sous l'égide de Brown Boveri Mannheim. Le dernier
modèle de Züse deviendra le Siemens 404, vendu comme gérant de terminaux au
profit de 4004 plus importants.
- rachat de Telefunken Computer GMBH, l'entreprise commune de Nixdorf et
Telefunken, lancée à Constance en fin 71 autour de la grosse machine scientifique TR
440, qui s'était avérée un échec total.
C'est aussi le gouvernement qui patronne en arrière-plan, du côté de Siemens,
les accords Unidata avec la CII française, accords qui prendront fin au début 1975
après le virage français. Mais, à aucun moment, il n'y aura en Allemagne un plan
formel comparable au Plan Calcul français, et les participations gouvernementales
resteront le plus souvent secrètes, quoique considérables : il est question d'une aide de
1600 MDM entre 1976 et 1980.
Nous disposons d'une étude Diebold sur le parc allemand au 1/1/80, ci-dessous. Il faut
se garder de comparer ce tableau avec ceux d'autres pays, car les catégories qui y
sont définies ne se recouvrent pas avec les leurs. L'intérêt réside dans les
comparaisons internes. Voir table A1.
Les totaux de ce tableau sont très élevés, si on les compare à ceux d'autres
grands pays : cela s'explique par l'incorporation aux SBS (Small Business Systems) de
nombreux terminaux intelligents, comme on le devine en calculant le prix moyen d'un
de ces SBS.
Autre remarque qualitative : le manque d'intérêt des allemands pour les grosses
machines, bien caractérisé par le prix moyen des ordinateurs universels du parc,
Catalogue informatique – Volume E - Ingénieur Général de l'Armement Henri Boucher Page : 5/333