VOLUME V
INFORMATIQUE NON AMERICAINE
Première partie
par l' Ingénieur Général de l'Armement BOUCHER Henri
TABLE DES MATIERES
INFORMATIQUE NON AMERICAINE
Première partie
731 Informatique européenne (statistiques, exemples) 122
700 Histoire de l'Informatique allemande 1
701 Petits constructeurs 5
702 Les facturières de Kienzle Data System 16
703 Les minis de gestion de Nixdorf 18
704 Siemens & Halske AG 23
705 Systèmes informatiques d'origine allemande 38
706 Histoire de l'informatique britannique 40
707 Industriels anglais de l'informatique 42
708 Travaux des Laboratoires d' Etat 60
709 Travaux universitaires 63
710 Les coeurs synthétisables d' ARM 68
711 Computer Technology 70
712 Elliott Brothers et Elliott Automation 71
713 Les machines d' English Electric Company 74
714 Les calculateurs de Ferranti 76
715 Les études de General Electric Company 83
716 La patiente construction de ICL 85
Catalogue informatique – Volume E - Ingénieur Général de l'Armement Henri Boucher Page : 1/333
717 La série 29 d' ICL 89
718 Autres produits d' ICL, et fin 94
719 Marconi Company 101
720 Plessey 103
721 Systèmes en Grande-Bretagne 105
722 Histoire de l'informatique australienne 107
723 Informatique en Autriche 109
724 Informatique belge 110
725 Informatique canadienne 111
726 Informatique chinoise 116
727 Informatique en Corée du Sud 118
728 Informatique à Cuba 119
729 Informatique danoise 119
730 Informatique espagnole 121
732 Informatique finlandaise 128
733 Histoire de l'informatique française 130
734 La période héroïque : la SEA 140
735 La Compagnie des Machines Bull 148
736 Autres sociétés françaises avant le Plan Calcul 153
737 Les Administrations 162
738 Le rôle des Armées 170
739 La Compagnie Internationale pour l' Informatique 182
740 La Télémécanique 185
741 La Thomson / CSF, structure d'accueil 186
742 La CII / HB puis Bull 194
743 Autres sociétés françaises d'informatique 203
744 Logabax, imprimantes et ordinateurs de bureau 221
745 Quelques systèmes français à caractère civil 223
Catalogue informatique – Volume E - Ingénieur Général de l'Armement Henri Boucher Page : 2/333
700 - Histoire de l' Informatique allemande
L'Allemagne est un des rares pays à avoir abordé l'informatique avant la
guerre, avec les travaux de l'ingénieur Konrad Züse, dont la première réalisation était
mécanique. Züse avait compris la nécessité d'une véritable programmation, et prèvu à
cet effet un bloc de commande exploitant des trous dans un support commode, carte
ou ruban. Cependant , l'absence d'un soutien industriel, ainsi que le souci
d'indépendance de l'auteur, empéchèrent cette étude de déboucher sur un produit,
malgré un modeste soutien de Hitler.
A la fin de la guerre, Züse a réussi à sauver un de ses prototypes et
entreprend, avant tout autre organisme du pays, de construire une machine à relais
commercialisable qui sera la Z4 ; l' inspiration semble être venue des machines des
laboratoires Bell, et une trentaine de ces très petites machines, programmées par
bandes perforées et travaillant au rythme très lent de quelques instructions par
seconde, verront le jour avant que Züse n'aborde l' électronique avec le Z22 de 1950.
Züse construira et vendra plusieurs machines petites et moyennes, sans jamais
déboucher sur une production de masse, sans doute à cause de son refus de perdre
son indépendance, mais aussi parce que personne en Allemagne à cette époque ne
croit à l'avenir de l'informatique.
Dans l'immédiat après-guerre, ce n'est cependant pas le travail de Züse qui
introduit l'informatique en Allemagne, mais celui des Universités qui, soutenues par le
Plan Marshall à partir de 1949, se lancent, comme leurs homologues américaines, dans
des constructions expérimentales . On peut citer :
- l' Université de Berlin Ouest, qui s'inspire du Z22 de Züse. Voir fiche
- la Technische Hochschule de Darmstadt, où le Professeur Dr A. Walther construit
DERA, dans le cadre de l' Institut de Mathématiques Pratiques. Il s'agit d'une machine
à tambour magnétique et tubes. Voir fiche.
On peut noter que cet institut avait largement débuté le calcul analogique avant la
guerre, et que cette tradition s'était poursuivie ; en 1948, le même institut avait
présenté dans un congrès un analyseur différentiel mécanique, probablement réalisé
pendant la guerre, et déjà dépassé.
En 1954, ce même Institut se modernise avec ELARD, un analyseur différentiel
électronique fonctionnant sur le mode itératif. Un matériel analogue, EARI, existe à la
Technische Hochschule d' Ilmenau.
- la Technische Hochschule de Dresde, en Allemagne de l' Est cette fois, construira
dès 1956 la D1, une machine scientifique à tambour magnétique et tubes, qui sera
suivie d' une D2, puis d'une D4 transistorisée.
Voir trois fiches.
- l' Institut Max Planck de Göttingen réalisera dès 1952 une très modeste machine à
tubes et tambour, la G1, qui sera un symbole du relèvement scientifique de l'
Allemagne, probablement à cause du dynamisme avec lequel l' institut, transporté assez
vite à Munich, développera ses idées avec un G1A (1958), un G2 en 1954 et un G3
en 1959. Ce dernier comporte une mémoire à tores. Voir quatre fiches.
Catalogue informatique – Volume E - Ingénieur Général de l'Armement Henri Boucher Page : 3/333
Plus tard, l' Institut réalisera en 1969 BRUSH, un calculateur spécialisé pour
l'exploitation des photos de chambre à bulles. L'unité centrale comprend 16 registres à
décalage où l'on introduit les images numérisées, et 48 unités de traitement qui y
recherchent des alignements ; elle est reliée à la mémoire de travail, tores 8K * 18
bits, 1 µs plus 64 registres 18 bits, 30 ns ; et à l'écran lecteur de photos, à travers
un tampon de 64 mots 18 bits, 0,2 µs. Addition en 70 ns, multiplication 600 ns,
division et racine carrée. Sortie sur bande. Logiciel spécialisé dans une mémoire de
programme séparée, 2K * 18 bits, 100 ns.
- la Technische Hochschule de Munich construira en 1956 PERM, une machine
nettement plus puissante, elle aussi avec des tores magnétiques en plus du tambour.
Voir fiche.
- on peut aussi évoquer le travail accompli à la Technische Hochschule du
Brunswick sur une additionneuse à introduction phonétique des opérandes. Voir
document.
Ces diverses machines furent les supports techniques d'un important
investissement intellectuel qui devait conduire les chercheurs allemands à prendre, vers
1956, l'initiative d'un effort international sur les langages et en conséquence, sur les
compilateurs, effort qui déboucha sur la création d' Algol. Ces chercheurs n'ont pas
prétendu être les inventeurs des concepts, et ont d'emblée invité à participer les
meilleurs théoriciens américains ; mais ce sont eux, et leurs collègues hollandais et
danois, qui ont orienté les travaux du groupe vers l' abstraction et, après la perte
d'intérêt des américains, soutenu l'ambitieux projet Algol 68 jusqu'à son abandon.
Les universités cessent tout effort de construction dès l'apparition de machines
commerciales, essentiellement américaines, sur lesquelles il était possible de poursuivre
ces recherches.
Très occupés à simplement renaître, les industriels allemands ne s'intéressent pas
à l'informatique, leurs besoins étant satisfaits par leurs productions de machines
comptables et de mécanographie. Ce sont donc les étrangers, l' américain IBM et le
français Bull, déjà implantés en Allemagne avant guerre, qui vont introduire les
premières machines industrielles à tubes, respectivement la 650 et le Gamma 3.
L'apparition du transistor, qui permet des réalisations à moindre risque, suscite enfin
quelques efforts nationaux. En plus de Züse, qui avance à petits pas, il s'agit de :
Telefunken, un fabricant de postes radio, qui réalise quelques machines pour des
projets des administra- tions : TR4 scientifique, TR5 pour les postes, TR10 de
gestion.
Siemens, qui crée sa propre architecture avec le 2002, puis le 3003.
De plus, un nouvel étranger s'implante à Francfort : Univac, tenu hors de France par
des accords avec Bull concernant les cartes perforées, s'installe en Allemagne pour
commercialiser les machines de gestion de Bluebell, et d'autre part propose à l' OTAN
les machines à succès qu'il a étudiées pour la Marine américaine, en offrant de les
faire fabriquer chez Telefunken. Cette dernière tentative échouera.
L'arrivée de la série S/360 d' IBM, dont l'usine de Sindelfingen produit le
modèle 30 pour l' Europe, change le point de vue allemand. Si le gouvernement n'est
toujours pas intéressé, les industriels prennent conscience qu'il y a un marché et
Catalogue informatique – Volume E - Ingénieur Général de l'Armement Henri Boucher Page : 4/333
commencent à investir, alors que le parc est presque entièrement étranger. C'est
Siemens qui prend la position la plus nette et, faute d'expertise nationale, choisit de
prendre la license de RCA pour une famille 4004 qui n'est autre que la mise en
boitiers allemands des logiques Spectra 70, compatibles IBM. Quantitativement, cela
reste un succès modeste.
Par contre, l'essor de l'ordinateur de bureau en Allemagne est supérieur en valeur
relative à celui de tout autre pays. En dehors des spécialistes américains Burroughs et
NCR, et de sociétés à capitaux mixtes comme Triumph Adler et Litton ABS, il y a
des créations nationales : Siemag, filiale de Philips, Kienzle, et surtout le nouveau
venu Nixdorf, qui n'hésitera pas à attaquer le marché américain.
Ce n'est que vers 1967, cependant, après l'affaire Bull en France et le
démarrage d'un plan informatique français, que le gouvernement allemand s'émeut et
commence à envisager une politique nationale, qui va prendre la forme d'un mportant
soutien financier à Siemens, complèté par des achats à Telefunken de petites machines
militaires TR 86.
Vers cette époque, la foire de Hanovre prend progressivement une importance
mondiale, européenne à tout le moins, et ses pavillons informatiques mettent en
évidence le dynamisme de petits constructeurs de mini-machines de gestion qui se
créent dans le sillage de Nixdorf, Wagner, CTM, DDC, etc...
Les progrès de Siemens, cependant, restent modestes, et l'abandon de RCA en
1971 laisse le constructeur allemand dans une situation difficile, car il dépendait
encore beaucoup à ce moment du know how américain. Le gouvernement allemand
devra intervenir plusieurs fois, à coup de subvention, pour imposer des réorganisations
nationales à un constructeur dont l'informatique est nettement déficitaire :
- rachat de Züse, incapable de financer les investissements indispensables, même
après un passage provisoire sous l'égide de Brown Boveri Mannheim. Le dernier
modèle de Züse deviendra le Siemens 404, vendu comme gérant de terminaux au
profit de 4004 plus importants.
- rachat de Telefunken Computer GMBH, l'entreprise commune de Nixdorf et
Telefunken, lancée à Constance en fin 71 autour de la grosse machine scientifique TR
440, qui s'était avérée un échec total.
C'est aussi le gouvernement qui patronne en arrière-plan, du côté de Siemens,
les accords Unidata avec la CII française, accords qui prendront fin au début 1975
après le virage français. Mais, à aucun moment, il n'y aura en Allemagne un plan
formel comparable au Plan Calcul français, et les participations gouvernementales
resteront le plus souvent secrètes, quoique considérables : il est question d'une aide de
1600 MDM entre 1976 et 1980.
Nous disposons d'une étude Diebold sur le parc allemand au 1/1/80, ci-dessous. Il faut
se garder de comparer ce tableau avec ceux d'autres pays, car les catégories qui y
sont définies ne se recouvrent pas avec les leurs. L'intérêt réside dans les
comparaisons internes. Voir table A1.
Les totaux de ce tableau sont très élevés, si on les compare à ceux d'autres
grands pays : cela s'explique par l'incorporation aux SBS (Small Business Systems) de
nombreux terminaux intelligents, comme on le devine en calculant le prix moyen d'un
de ces SBS.
Autre remarque qualitative : le manque d'intérêt des allemands pour les grosses
machines, bien caractérisé par le prix moyen des ordinateurs universels du parc,
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