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l’année 1995 dans quatre Registres français (article sou-
mis). L’un des objectifs de cette enquête était de fournir
aux cliniciens et aux épidémiologistes une évaluation
récente et non biaisée de la pratique de la PR en France
et d’en expliquer les éventuelles disparités selon les
régions et le secteur d’activité.
MATERIEL ET METHODES
Les données ont été obtenues à partir d’un échantillon
de 798 cas de Ca P recensés en 1995 dans 4 des huit
Registres français du Cancer : Bas-Rhin (205 cas),
Calvados (199 cas), Isère (196 cas), Tarn (198 cas). Ces
4 Registres qui avaient accepté de participer à l’étude,
étaient implantés dans des départements disparates par
leur situation géographique (Nord-Est, Nord-Ouest et
Sud-Ouest), correspondant à une population de 3 mil-
lions d’habitants. Ces départements différaient égale-
ment par les caractéristiques socio-démographiques et
par l’offre de soins : le Tarn et le Calvados étaient des
départements considérés comme ruraux par rapport au
Bas-Rhin et à l’Isére. La distribution de l’offre de soins
était différente (absence de CHU dans le Tarn, Centre
de Lutte contre le Cancer uniquement dans le Calvados
et le Bas-Rhin). La répartition des secteurs privé et
public et la densité des spécialistes (urologues et radio-
thérapeutes) dans les 4 régions était également diffé-
rente. Tous ces éléments ont permis d’obtenir un
échantillon représentatif de la situation en France, pour
les épidémiologistes consultés.
L’étude s’est intéressée aux patients traités par une PR.
Sur les 180 patients qui ont eu une prostatectomie radi-
cale, l’étude a porté sur les 175 patients opérés dans
l’année du diagnostic. Ils représentaient 21,9% de la
population initiale. Les caractéristiques des patients et
des tumeurs, les modalités de diagnostic et de traite-
ment par secteur d’activité ont été recueillies par des
enquêteurs de chaque registre à partir des dossiers
médicaux. Les informations ont été reportées sur un
questionnaire pré-établi par le CCAFU. Différents indi-
cateurs cliniques ont été retenus : présence de symp-
tômes urologiques, données du toucher rectal, valeur
du PSA pré-opératoire, moyen de diagnostic (biopsies
ou résection endoscopique), résultat anatomo-patholo-
gique des pièces opératoires. Le stade clinique des
tumeurs a été reconsidéré par une relecture centralisée
de l’ensemble des questionnaires faite sur la base de la
classification TNM 1992, compte-tenu de la période
d´étude. L’hétérogénéité des facteurs conduisant à la
réalisation d’une PR a été recherchée entre les 4 dépar-
tements et les secteurs d’activité public et privé en uti-
lisant le test de Wald. Une analyse multi-variée par
régression logistique a permis de tester et quantifier
une éventuelle disparité des pratiques, une fois pris en
compte les déterminants médicaux : l’âge, le taux de
PSA et le stade clinique de la tumeur. Les résultats ont
été exprimés sous la forme d’un odds ratio ajusté
(ORa) comparant les modalités d’une variable à une
modalité servant de référence. L’ensemble de l’analyse
a été réalisé avec le logiciel Stata® [14].
RESULTATS
Les classes d’âge
L’âge moyen de l’ensemble de la population de 798
patients était de 71,6 ans (46-94) et il était de 65,3 ans
(46-76) pour les 175 patients ayant eu une PR. Parmi
ces 175 patients, 77,1% avaient moins de 70 ans et
20% avaient entre 70 et 75 ans. Aucun patient n’a eu de
PR après 76 ans (Tableau 1).
Circonstances de diagnostic
Lors du diagnostic, 63% des patients présentaient des
symptômes, le plus souvent urinaires (95% des cas). Il
n’y avait pas de différence entre les classes d’âge. Le
diagnostic a été fait sur une simple élévation du PSA
dans 32% des cas (p : 0,001).
Le PSA
Le PSA a toujours été dosé avant le diagnostic et récu-
péré dans 96,6% des cas (169 patients). Chez 44,6%
des patients, le PSA avait déjà été dosé. Le PSA
médian était de 18,2 ng/ml, (1-184*) avec une norme
inférieure à 4 ng/ml pour l’ensemble des échantillons.
Le taux de PSA était inférieur à 10 ng/ml chez 35,4%
des patients, inférieur à 4 ng/ml dans 5,7% des cas et
supérieur à 50 ng/ml dans 4,6%. Dans 6 cas, les résul-
tats des dosages étaient inconnus (Tableau 2).
*Un patient de 67 ans présentait un PSA inaugural à
184 ng/ml avec un stade clinique T2 sans métastase
décelée lors du bilan d’extension.
M. Soulié et coll., Progrès en Urologie (2001), 11, 49-55
Tableau 1. La prostatectomie radicale en France en 1995 : les
classes d’âge (n = 175 patients).
Age inférieur à n %
55 ans 10 5,7
60 ans 20 11,4
65 ans 34 19,4
70 ans 71 40,6
75 ans 35 20
80 ans* 52,9
Total 175 100
* 4 patients de 75 ans et 1 patient de 76 ans.