les minorités hindoues ou musul- manes présagent-ils l

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compris les animaux. il inclut la
Nature et est dans ce sens d'emblée
écologique. A ce sujet mentionnons l'article de Wikipedia
http://fr.wikipedia.org/wiki/Discus
sion:Humanisme qui commet certaines erreurs factuelles4 mais note
justement que le bouddhisme n'est
pas "anthropocentrique". On a
ainsi vu en Thaïlande des moines
s'opposant à la destruction de la
forêt tropicale conférer à des arbres l'ordination monastique – leur
conférant ainsi le statut de moine.
le meurtre de moines représente
en effet dans le monde théravada
une des fautes les plus graves. car
le bouddhisme a ceci en commun
avec les religions, qu'il reconnaît la
puissance des mythes, signes et
symboles.
cependant ainsi que le rappelle
lenoir (pp. 322 et 343) ce ne sont
ni des révolutions sociales ni "l'intervention d'un Dieu extérieur"
mais "la révolution des consciences" qui rendra possible l'avènement du Bouddha metteya,
l'Amical, et d'une société parfaite,
marquant la fin de notre cycle historique (kalpa, éon).
le bouddhisme, de quelque
manière – littérale ou métaphorique - qu'il conçoive les "renaissances", correspond à la définition
courante de "humanisme", si on y
inclut la dimension non pas nécessairement écologiste mais écologique.
Trois personnalités de l’Asie
contemporaine ont affirmé le
caractère universel des Droits de
l’Homme : lee Teng Hui, président de Taïwan (1988-2000), Kim
Dae Jung, président de la corée du
Sud de 1998 à 2003, et le Dalaï
lama (cf. Herald Tribune 17 mars
99). Dans un article du 10 avril 98
(Idem) Jonathan mirsky note
qu’en inde, en corée du Sud, au
Japon et à Taïwan, le concept de
“valeurs asiatiques” est rarement
invoqué et qu’ un peu partout dans
la région, les associations bouddhistes l’ont ouvertement combattu.
voilà pour la doctrine. mais
comme tout mouvement philosophique et/ou religieux, le bouddhisme s'est incarné dans des institutions humaines. Dans les pays
theravada – Sri lanka, Birmanie,
Thaïlande, laos, cambodge, elles
bénéficièrent de la protection d'états qu'elles avait contribué à fonder. Dans ces régions, encore couvertes de jungles lorsqu'il y pénétra, il n'y avait, en dehors de petites
sociétés tribales, ni nation ni société organisée dans le cadre d'états.
en quelque sorte le theravada y
créa l'état. Un peu comme l'orthodoxie dans les différents pays
d'europe de l'est, le bouddhisme y
représente un élément essentiel de
l'identité nationale et de l'état.
lorsque, par contre, le
mahayana s'introduisit en chine,
au vietnam, au Japon et en corée,
il dut s'adapter à des sociétés évoluées dans le cadre d'états ayant
produit
philosophies,
droit
(public), et religions (taoïsme et
confucianisme). les institutions
bouddhistes durent s'adapter.
même si elles furent souvent protégées par l'état, elles n'y obtinrent
jamais – sauf au Tibet - le statut de
religion (quasi) officielle. en
contrepartie cela leur donna plus
de liberté. le bouddhisme y prit un
caractère “supranational”, en tout
cas ne se confondant pas avec la
nation ou l'état. On retrouve avec
des différences mineures les
mêmes “écoles”, le zen par exemple, dans tous les pays de l'Asie
sinisée.
Par ailleurs, dans le bouddhisme comme dans le christianisme,
en principe du moins, et même si
les pesanteurs sociologiques et les
nationalismes viennent parfois
contredire ce principe, on devient
bouddhiste, ou chrétien, par choix
et non par hérédité.
On peut donc certainement parler d'un "humanisme bouddhiste".
cet humanisme a d'ailleurs au
moins autant d'affinités avec
l'Occident post -Renaissance, postRéforme, post-Traités de Westphalie, qu'il soit chrétien et/ou laïque,
qu'avec des religions historiquement plus proches comme le
judaïsme et l'islam, où l'on hérite
de ses parents l'appartenance religieuse. Sur le sujet de l'individualisme en matière de liberté religieuse, je peux communiquer au
lecteur intéressé mon article sur Le
modèle extrême-oriental des Trois
Religions. 5
Au Sri lanka, en Birmanie et
en Thaïlande, les récents conflits
entre les majorités bouddhistes et
La renContre
du bouddhisme
et de L'oCCident
Frédéric leNOiR
Albin Michel, 2011,
11,80 €
REL3097
Prix Rel.: 10,62 €
les minorités hindoues ou musulmanes présagent-ils l'émergence
d'un fondamentalisme theravada ?
l'avenir le dira6. Notons cependant que dans ces trois pays, si une
partie du Sangha monastique et de
la population se livrent à une propagande nationaliste, de larges
secteurs de l'opinion et de la
communauté monastique s'opposent clairement à de telles dérives
contredisant le message de tolérance et de compassion universelle du
Bouddha. le State Sangha Maha
Nayaka Council (SSmNc) vient
de dénier (14 septembre 2013) au
mouvement nationaliste birman
969, animé par le moine Wirathu,
le droit de prétendre s'exprimer au
nom du bouddhisme birman. et le
Dalaï lama a rappelé à deux reprises (18/9 et 2/10/2013) aux moines
birmans l'opinion d'Asoka (Rock
Edict II) suivant laquelle on
devrait apprécier en chaque religion ce qu'elle a de positif et qu'en
attaquant les autres religions on
fait le plus grand tort à la sienne
propre. On peut trouver la doctrine
du Bouddha en matière de tolérance religieuse dans le Upâli-Sutta
du Majjhima-Nikâya. g
1. Frédéric lenoir, La rencontre du
bouddhisme et de l'Occident, Albin
michel, 2001, p. 98
2. Raymond Schwab, La Renaissance
orientale, Payot, 1950
3. Anguttara Nikâya, Kâlâma Sutta.
4. S'il est interdit de tuer des animaux
pour s'en nourrir, le bouddhiste doit
accepter la nourriture qu'on lui offre. il
est plus important de ne pas blesser
l'hôte qui vous invite que de respecter
un principe de pureté rituelle.
5. [email protected]
6. le lecteur intéressé par la spécificité des bouddhismes nationaux du théravada peut se reporter à mon mémoire de DeA sur le sujet :
http://www.memoireonline.com/09/08
/1514/m_le-bouddhisme-theravadala-violence-et-l-etat28.html#toc67.
Reliures 31 Automne-Hiver 2013
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