NOTRE EPOQUE discours proches de celui du philosophe allemand. Il trouve « les. Canons du °bouddhisme » « Une révélation. Un coup de foudre,. comme la rencontre avec une femme. Tout ce que je lisais, je le savais intimement, sans avoir jamais pu le formuler. Une expérience bouleversante.- Désagréable aussi car elle me séparait de ma famille... Je comprenais. j'avais dû être bouddhiste dans une vie antérieure. » Aujourd'hui, psychiatre et psychanalyste, Jean-Pierre n'a rien perdu de son enthousiasme. « Je suis frappé par la fraternité spirituelle des chrétiens et des bouddhistes. Cela m'a peut-être permis de rapprocher deux parties de moimême. » Pierre est psychiatre aussi, mais il a vingt ans dé moins. En 1984, il pratique le yoga et son professeur l'entraîne un jour à Karma-Ling. «Je suis revenu régulièrement et j'ai découvert à traverS les enseignements de lama Denis qu'il y avait une sorte de cohérence. A l'époque, si ma vie avait été différente, peut-être me serais-je engagé plus avant. Quelquefois je nie dis : tu devrais faire d'autres trucs. Mais j'ai besoin d'une semaine de méditation, une pratique indispen sable, une sorte de vigilance. Chaque jour, je m'irripose de m'asseoir un quart d'heure pour méditer. je me considère comme_bouddhiste, même si je ne le proclame pas. Ce n'est pas simple de mener la vie du monde et de se dire bouddhiste. » - Le photographe Cartier-Bresson, lui, ne fait pas dans la demi-mesure : il se déclare bouddhiste. Jean-Louis Servan-Schreiber confesse à « l'Actualité religieuse dans le monde:» : « je suis catholique par éducation, juif par mariage et bouddhiste par COLLECTION PHOTOBIOGRAPHIE par Berthe Judet JEANNE MOREAU MARIA CASARÈS HÉLÈNE MARTIN ANNIE FRATELLINI chaque volume 108 pages format 21 X 20- 45 photos N/B ÉDITEUR ATELIER DES BRUGES 2, avenue Jean-Jaurès, 92120 MONTROUGE Tél..42 53 19 88 / Fax 42 53 12 66 108 ILE NOUVEL OBSERVATEUR LES QUATRE VÉRITÉS DE BOUDDHA Ou comment atteindre la plénitude du nirvana... Voilà 2500 ans, Siddharta Gautama naît dans une famille royale, au nord-est de l'Inde. Il découvre la misère des hommes : vieillesse, maladie, mort, et veut les libérer. Ses vies antérieures l'ont préparé à la quête qu'il entreprend ; il croit en effet à la sainsara, « le cycle sans commencement nt fin des vies et des morts, dans lequel tout être vivant est prisonnier», selon Dennis Gira. La quête est longue, mais un jour c'est l'illumination, l'Eveil. Il livre alors son enseignement, le dharma.L'essentiel tient dans les « Quatre Vérités». La Dukkha constate que tout est souffrance, insatisfaction. Il n'y a pas de « soi permanent ». La Samudaya donne les raisons de cette misère. L'homme cherche à posséder la permanence. Il ne l'aura jamais, d'où son agressivité, son désir, la -force qui le conduit à la réincarnation. La troisième vérité est évidente : celui qui est capable d'« éteindre ce désir égocentrique » est libéré, il atteint le Nirvana, un état de plénitude. affinité. » Fabien Ouaki, PDG des magasins Tati, organise une rencontre avec le dalaï-lama sur le thème « Ethique et business ». « Ses frères n'aiment pas beaucoup qu'il affiche son intérêt pour le bouddhisme, confie un de ses collaborateurs. Il en a adopté la philosophie, mais il est juif par ses racines... » Dans le monde du spectacle, après Stéphane Audran et Isabelle Adjani, Sophie Marceau et Charlotte Gainsbourg laissent dire qu'elles sont devenues bouddhistes. Mais quelle que soit l'école, les disciples de Bouddha n'aiment pas la personnalisation et les témoignages racoleurs. D'où vient cet engouement des Français pour le bouddhisme ? Dennis Gira, professeur à PInstitut catholique de Paris et spécialiste du bouddhisme, propose quelques explications. Dans l'Occident, l'homme s'est battu Pour maîtriser le monde extérieur, laissant de côté la dimension intérieure. Aujourd'hui, les Occidentaux découvrent la vanité de leur prétention et en rendent responsable, partiellement au moins, l'Eglise. Une seconde raison tient à l'absence de dogmatisme. Alors que l'Eglise enseigne des règles, des lois, Bouddha déclare « Ne suivez pas et n'acceptez pas l'enseignement que j'ai donné par respect pour moi, mais comme pour l'or que l'on frotte pour en juger la qualité, c'est après avoir éprouvé mon enseignement par l'expérience que vous l'accepterez... » Et puis il y a tout simplement des questions naturelles, essentielles sur l'homme, sur Dieu. Comment hier la Shoah fut-elle possible ? Comment aujourd'hui des hommes qui se réfèrent à un même Dieu — d'amour, disent-ils — peuventils s'entre-tuer ? Pourquoi plus d'un milliard d'hommes vivent-ils dans la misère ? Enfin, dit lama Denis, « le fonds chrétien occidental est un excellent terreau » pour l'expansion du bouddhisme. Mais alors, pour quelles raisons PEglise, historiquement si méfiante vis-à-vis des autres religions, laisse-t-elle piétiner son terreau par le bouddhisme? On ne compte plus les rencontres, colloques et séminaires, les articles et les numéros spéciaux de revues chrétiennes (voir l'encadré « Pour en savoir plus »). Certes, Rome n'a pas avec La quatrième venté, Marga, est « la voie » proposée par Bouddha pour atteindre cet état de grâce. A l'origine, pour suivre cette voie et échapper à la samsara, il fallait être moine. Cette interprétation Theravada, ou doctrine des anciens — est encore très vivante aujourd'hui dans le Sud-Est asiatique, sous le nom de « Petit Véhicule », Hinayana. Pourtant, dès le Jet siècle avant JésusChrist se développe le Illahayana, ou « Grand Véhicule » : tout homme est appelé à devenir un bodhisattva, un être éveillé. L'extension du bouddhisme est rapide. Après avoir « conquis » le Sud-Est, il arrive en Chine dès le I er siècle avant Jésus-Christ, rencontre le Tao, et s'adapte : « Ce sont deux eaux pures qui se sont mêlées. » Cette tolérance, cette pratique de l'expérience explique que le bouddhisme n'a jamais été mêlé à des guerres de religion. C'est une religion sans dogme, un cheminement spirituel fondé sur l'expérience. « Une approche caméléon, dit encore en riant lama Denis, transculturelle et atemporelle »... Le bouddhisme passe en Corée, puis au Japon. Ainsi le zen, qui nous est venu de l'empire du Soleil-Levant, est en réalité originaire de Chine. Etrangement, le bouddhisme tibétain; qui se développe aujourd'hui, s'est constitué tardivement, au cours du VIIIe siècle de notre ère. C. -P.' les religions orientales le lourd contentieux qui mine ses relations avec les autres religions du Livre. Certes, depuis le concile Vatican II, l'Eglise admet que l'Esprit peut emprunter d'autres canaux que le sien... Mais tout de même, elle est fondée sur la résurrection du Christ et sur la Révélation. Justement. « Vous savez, dit lama Denis, pour un bouddhiste, la Révélation chrétienne est acceptable, il reconnaîtra facilement que jésus est un grand bodhisattva. Ce qu'il ne peut accepter, c'estque prétende avoir le monopole de la Révélation, qu'elle prenne des copyrights sur Dieu... » Mais qu'est-ce que Dieu ? « Si la conception de Dieu est anthropomorphe, alors elle n'est pas bouddhiste. Au contraire, si on entend par Dieu le non-né, le non-devenu, alors l'approche est bouddhiste. L'Ultime est l'au-delà des catégories conceptuelles et mentales. Nous rejoignons alors les plus grands mystiques du christianisme. » CLAUDE-FRANÇOIS JULLIEN Pour en savoir plus « Comprendre le bouddhisme », par Dennis Gira, Centurion, 1989.« Introduction aux religions orientales », par l'abbé René Girault, Droguet et Ardent, 1991. « Le Dharma et la Vie «» par lama Denis Teundroup (entretiens avec Philippe Kerforne), Albin Michel, 1993. « Dharma », revue éditée par Karma-Ling. « ARM » (« Actualité religieuse dans le monde »), hors-série, octobre 1993 : « Clés pour comprendre le bouddhisme ». « Unité des chrétiens » (revue œcuménique), n° 90 et 91 : « les Religions orientales ». « Migrations et Pastorale », n° 215 :» Bouddhistes en France ». « Documents Episcopat », n° 13, septembre 1991:» la Présence bouddhiste en France ».