Deuxième conférence nationale médicale inter-fédérale CNOSF
Paris, les 25 et 26 novembre 2005 45
L’électrocardiogramme est important, car il permet de détecter de nombreuses anomalies pour un
coût relativement faible. Il faut cependant prendre en compte la particularité du cœur d’athlète. En
outre, le médecin doit être suffisamment formé à la lecture de l’ECG.
Concernant l’épreuve d’effort, une étude a montré qu’il fallait explorer 200 000 jeunes pour
détecter 1 000 pathologies et sauver une vie. En revanche, explorer 1 000 sujets de plus de 35 ans
suffit pour repérer 100 pathologies et sauver une vie. Il faut donc cibler les épreuves d’effort. Il faut
noter que ces épreuves qui doivent être réellement maximales permettent de détecter d’autres
risques (capacité physique, arythmie), mais que les faux positifs sont nombreux chez le sportif
(10 %) et que ces épreuves peuvent être faussement rassurantes. En effet, une épreuve d‘effort n’est
jamais une « assurance tout risque ». Cet examen détecte mal le risque d’accident coronaire aigu.
Le praticien doit donc toujours insister pour que le sportif soit à l’écoute des ses symptômes.
Enfin, l’échocardiogramme de repos est nécessaire uniquement à visée diagnostic et non pour
suivre l’entraînement. Il peut être fait en cours d’effort lorsque l’indication est posée. Cet examen
est très fiable, cependant chez le sportif le diagnostic différentiel entre « cœur d’athlète » et
pathologie n’est pas toujours simple ; Une bonne expérience de l’échographiste dans ce domaine
est donc nécessaire.
En conclusion, la survenue d’un accident cardiovasculaire sur le terrain renvoie à une prévention
insuffisante, puisqu’elle n’a pas permis de repérer le problème cardiaque. Le bilan cardiovasculaire
est donc important dans le bilan du sportif. Il repose surtout sur l’interrogatoire, sur l’examen
physique et sur l’ECG de repos. Les autres examens doivent être ciblés. Il faut parfois prendre des
avis collégiaux. Le doute est inacceptable, mais le risque zéro est impossible
2ème intervention
Richard BRION : Les pièges de l’électrocardiogramme chez le sportif
Trois éléments essentiels doivent être retenus :
- l’ECG des sportifs est le plus souvent normal (5 à 15 % de tracés avec atypies),
- l’entraînement intense peut modifier l’ECG et parfois simuler des aspects pathologiques,
- l’ECG est un excellent moyen de dépistage des cardiopathies de l’adulte jeune (60 % des
pathologies entraînant une mort subite chez l’adulte jeune peuvent modifier l’ECG).
Les limites du « normal »
La détection d’une atypie de l’ECG chez un sportif doit conduire à se poser cette question : l’atypie
peut-elle être attribuée d’emblée à l’entraînement ? Si c’est le cas, il n’y a pas d’obligation de
contrôles complémentaires. Sinon, l’atypie doit être considérée comme pathologique jusqu’à la
preuve du contraire.