subtil qu’il n’y parait : «
Chez les en-
fants porteurs d’un diagnostic de
trouble de l’attention, il y a souvent
une constellation de symptômes
anxieux qui gravite autour du dia-
gnostic principal. Ceci est accompa-
gné de troubles du sommeil ainsi
que de somnolence diurne. Nous
constatons qu’une intervention co-
gnitivocomportementale de groupe
visant les symptômes d’anxiété peut
améliorer certains de ceux-ci. On
constate aussi que certaines varia-
bles du sommeil sont améliorées
alors que d’autres persistent : les en-
fants étudiés s’endorment beaucoup
plus vite, mais ils continuent de pré-
senter un nombre total et une sévé-
rité de symptômes de sommeil
élevés ainsi que de la somnolence
diurne. Cela suggère que nous
sommes en présence de deux
constellations de troubles de som-
meil, avec une partie attribuable à
l’état anxieux et une autre imputable
à d’autres facteurs. Ceux-ci appar-
tiennent-ils à la constellation des
troubles de l’attention? La question
demeure. On attend donc avec
grande fébrilité l’analyse des résul-
tats de l’intervention cognitivocom-
portementale sur les troubles de
l’attention
», de mentionner le Dr
Godbout.
Peu d’études comparables
L’analyse en laboratoire du sommeil
des jeunes TDAH, l’angle adopté par
l’HRDP pour observer le sommeil des
jeunes, est relativement inédite. Tant
chez les adultes que chez les enfants
porteurs d’un trouble de l’attention,
les études sur le sommeil ne sont
pas légion. Et quand il y en a une
qui parait offrir quelques données
sur la question, on constate que ces
informations le sont essentiellement
à partir de questionnaires. Une pro-
cédure qui a ses limites.
Pour la clientèle des troubles
anxieux, la recherche n’est pas
beaucoup plus avancée. Si le som-
meil de la clientèle adulte est étudié,
celui de l’enfant est quasi absent des
radars de la science. Roger Godbout
précise que : «
La recension de la lit-
térature ne nous renseigne pas
beaucoup sur le sommeil des en-
fants anxieux. On sait toutefois que
chez l’adulte, il y a un écart entre les
réponses aux questionnaires et les
résultats en laboratoire. Le patient
dit qu’il dort mal, que son sommeil
n’est pas rafraichissant, mais les ap-
pareils ne le mesurent pas. On
croyait auparavant qu’il s’agissait de
pseudo insomniaque. On se trom-
pait. On n’avait tout simplement pas
l’humilité d’avouer que nos appareils
ne mesurent probablement pas la
plainte du patient.
» Il y a donc tout
un champ d’investigation qui reste
à défricher.
D’autres projets à l’horizon
Le docteur Godbout attend l’avan-
cée des recherches en cours avec
impatience, tout en planifiant les sui-
vantes : «
La vie nocturne est très
riche. Le rêve est une autre fenêtre
sur le cerveau. On connait peu de
choses sur la question. Peu de gens
s’y intéressent. À quoi le patient
rêve-t-il et qu’est-ce que ça veut dire?
Est-ce en continuité ou en compen-
sation avec ce qu’il vit le jour? Est-ce
qu’un jeune psychotique rêve à ses
tourments de la journée ou, au
contraire, réussit-il à compenser un
peu? C’est un pan de la recherche
qui m’interpelle beaucoup. J’aime-
rais aussi trouver d’autres méthodes
d’étudier le sommeil des enfants.
Comment les faire s’exprimer sur
leurs nuits? À leur âge, ça ne se dit
pas facilement en mots. Les ques-
tionnaires, c’est une façon adulte de
procéder. Les enfants ne maitrisent
pas encore le vocabulaire pour bien
décrire ce qui se passe en eux ni les
outils pour estimer subjectivement le
temps qui file la nuit. Mais le dessin,
c’est naturel et spontané pour eux.
Je souhaiterais amorcer un projet à
partir de leurs dessins. Dessine-moi
ta nuit! Comme adultes, nous se-
rions bien embêtés de le faire. Mais
un enfant ne se posera pas de ques-
tion. Il va sauter sur ses crayons. Peu
importe ce qu’ils présentent, après
2500 dessins, je devrais avoir une
meilleure idée de ce qui se passe
dans leurs dodos. Il me faudra trou-
ver des partenaires, élaborer un pro-
tocole, etc. C’est un rêve que je
caresse depuis longtemps. Je suis
convaincu que je vais finir par le réa-
liser
».
Le sommeil :
une saine habitude de vie
Le sommeil n’est pas un simple inter-
rupteur qui clôt les activités céré-
brales jusqu’au matin. Le cerveau
s’active la nuit pour absorber l’expé-
rience de la journée et préparer la
suivante. Par conséquent, on doit
accorder au sommeil l’importance
qu’il mérite, au même titre que les
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